En 2015, 1 017 mineurs français étaient identifiés pour des signes objectifs et préoccupants de radicalisation. En 2020, la Fédération française de psychiatrie a publié un rapport « Psychiatrie et radicalisation », qui écartait le fait que cet engagement constitue un trouble mental et insistait sur l’importance de ce « fait social total, qui nous concerne tous, et qui concerne toutes les institutions publiques », a rapporté Alice Oppetit (pédopsychiatre Pitié Salpêtrière), au cours du congrès de l’Encéphale, qui a eu lieu à Paris du 24 ou 26 janvier 2024. Il existe un lien entre le processus d’adolescence et l'engagement radical.
« Sont-ils mad, sad, bad ?» (fous, tristes, méchants) a interrogé la spécialiste. En rapportant les données de la littérature et son expérience clinique, elle a répondu à cette question par la négative en décrivant l’existence d’un profil psychopathologique drastiquement différent des adultes radicalisés. En premier lieu, une revue montre que ces jeunes ne sont majoritairement pas atteints de troubles psychiatriques abolissant leur discernement. Par ailleurs, une étude française a comparé les adolescents poursuivis pour association de malfaiteurs en vue d'une entreprise terroriste et des jeunes placés dans des centres éducatifs fermés pour des délits « ordinaires ». Parmi les adolescents radicalisés, il y avait une proportion plus élevée de filles, davantage de jeunes aspirant à des carrières dans les services de soins (infirmiers, aides-soignants). Ces adolescents radicalisés ont démontré de meilleures capacités d'empathie, des compétences intellectuelles supérieures et des aptitudes interpersonnelles plus développées.