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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 17 septembre 2023

Comment les parents CSP+ fabriquent des bons élèves

Darons daronnes

Par Clara Georges

Depuis quelques jours, ma fille aînée, qui entre en CE2, se trimballe partout avec un Petit Robert. « Papa, maman, vous pouvez me dire un mot pour que je le cherche ? » C’est ainsi que nous sommes désormais très au point sur les différents usages de « ratatouille », la composition du « jais » et la définition de « lignite ». Un soir, en allant lui faire un bisou, je l’ai trouvée au lit avec deux tomes de La Guerre des clans et… un Larousse illustré. « Ce soir, je lis le dictionnaire ! », m’a-t-elle annoncé avec entrain.


Au bureau, quelques jours plus tard, j’ai lu sur Lemonde.fr la tribune intitulée : « M. Gabriel Attal, redonnez à l’écrit, dès l’école primaire, ses lettres de noblesse ». Elle est signée par une palanquée de gens tout aussi célèbres que disparates : Elisabeth Badinter, Abd al Malik, Isabelle Carré, Renaud, Jacques Attali, Jamel Debbouze, Anne Sinclair, Martin Solveig… « Une grande partie de nos enfants ne lisent plus et peinent à écrire. Ils peinent à écrire au sens d’articuler leur pensée et de raisonner », s’alarment-ils. Dans ce texte transparaissent l’urgence et la détresse. « Apprendre à écrire, c’est apprendre à penser, à fixer ses idées, à communiquer, à s’émanciper. (…) C’est pouvoir se relier à soi-même et à l’autre par les mots. Que se passera-t-il demain si ces notions essentielles à la fondation de tout être humain, de toute société, de toute civilisation sont battues en brèche ? »

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Mariage : le nom du mari l’emporte sur le féminin

par Marlène Thomas  publié le 14 septembre 2023

Dans les couples hétérosexuels américains, près de 8 femmes sur 10 déclarent avoir pris le nom de famille de leur époux. En France, si les données récentes manquent, elles indiquent la même prédominance.

Cet article est issu de L, la newsletter féminisme et sexualités de Libé publiée le samedi. Pour recevoir Linscrivez-vous ici ! Et rejoignez le groupe WhatsApp en cliquant .

Les hommes gardent la main sur l’identité des femmes. Dans les couples hétérosexuels américains, près de 8 femmes sur 10 déclarent avoir pris le nom de famille de leur mari à l’issue de leur mariage. Si comme en France cette union civile et /ou religieuse perd peu à peu du terrain au profit du concubinage, cette nouvelle enquête du Pew Research Center auprès de 3 500 personnes mariées et non mariées fait état d’un étonnant statu quo. Parmi les femmes interrogées, 14 % seulement avaient conservé leur nom de naissance tandis que 5 % ont choisi d’associer leurs deux noms. Assez logiquement, les données s’inversent pour les hommes : 92 % conservent leur nom de famille, 5 % l’ont troqué pour celui de leur conjointe et moins de 1 % a opté pour l’option double nom. Il est donc toujours de coutume pour les femmes de passer du nom du père au nom du mari.

Quelles sont les limites de la connaissance ?


 


Vendredi 15 septembre 2023

Provenant du podcast

La Conversation scientifique 

Aerial View of River Estuary or Delta,Iceland - Peter Adams

Plutôt que de délaisser l’idée de rationalité, mieux vaut sans doute la refonder afin qu’elle ne puisse plus servir d’alibi à toutes sortes de dominations. Mais comment faire ?


Avec

  • Giuseppe Longo Mathématicien, un logicien et épistémologue, chercheur à l'École Normale Supérieure à Paris

L’émergence de la démarche galiléenne, au XVIIe siècle, nous avait permis de nous considérer, Descartes aidant, comme des êtres d’antinature. Non pas au sens où nous serions opposés à la nature, où nous serions contre la nature, mais où nous participons d’une essence différente : nous serions métaphysiquement autres. Mine de rien, cette coupure-là a constitué un aiguillage discret, mais décisif, qui a orienté la suite de l’histoire. Le monde s’est comme dissocié : d’un côté, la nature, décor de nos existences, gorgée de ressources disponibles, et qui s’appréhende sous le seul angle physico-mathématique ; de l’autre, l’homme, renvoyé à lui-même, à la solitude de sa raison et de ses affects.

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De Scorsese à James Gray : David Grann, l’écrivain préféré des cinéastes

Vendredi 15 septembre 2023

Lily Gladstone et Leonardo DiCaprio dans le film “Killers of the Flower Moon" - APPLE TV+

Adapté au moins six fois au cinéma, David Grann est sans doute l’auteur préféré d’Hollywood. Sa dernière adaptation portée par Martin Scorcese, « Killer of the Flower Moon », sortira le 18 octobre prochain dans les salles françaises. Comment écrit-on un film pour les plus grands ? 


Avec

  • David Grann auteur et journaliste 

La non-fiction, un genre au plus proche de la réalité des faits

David Grann, qui a d'abord fait ses classes dans le journalisme, est issu d'une nouvelle génération d'écrivains. Sa démarche intègre ainsi une part d'investigation, pour décrire au mieux la réalité d'un événement. Il se confie sur sa méthode d'écriture : "j'essaie d'utiliser les techniques de la fiction, c'est-à-dire avoir des histoires qui mettent l'accent sur des personnages, mais tout est vraiment lié à une source historique. Je suis allé dans les archives et j'ai trouvé des documents qui ont véritablement survécu au naufrage. Quand vous les ouvrez, vous respirez la poussière et vous pouvez reconstruire méticuleusement ce qui s'est passé".

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La conférence IA & éducation

Illustration d'un homme et d'un robot se regardant 

L’intelligence artificielle bouleverse notre rapport à la connaissance et nos interactions avec les autres.

Cette innovation présente des enjeux techniques, éthiques, de souveraineté et plus encore. 

Les questions sont posées. Comment doit réagir le monde de l'éducation ? Que faut-il pour impulser une dynamique ? Pouvons-nous penser ce progrès ou sommes-nous condamnés à le subir ?


Le Journal des psychologues n°406

Date de parution : Septembre 2023

Genre et identité. Questions pour l’adolescent

Résumé

L'identité de genre, à l’adolescence, est une problématique déroutante, une clinique actuelle face à laquelle de nombreux professionnels se sentent démunis pour comprendre et accueillir les nouvelles demandes d’aide, dans un contexte où le sujet se définit comme non binaire, intersexe, transgenre, non genré et où certains expriment : « Je suis un garçon, mais mon état civil dit je suis fille », ou encore « J’ai changé de prénom, je suis Jean, mes parents m’ont nommé Jeanne ».


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La distance

Date de parution: 
26/04/2023


Charlotte Costantino

Hélène Parat

Anaïs Restivo Martin


La distance

Résumé

Que peut nous dire la psychanalyse contemporaine de la question de la distance, et tout particulièrement des enjeux de variations de distance dans la relation à soi-même ou à l’objet, notamment à l’objet « analyste » ? La distance est une notion qui peut ainsi nous permettre de remettre au travail la question de l’intrapsychique et de l’intersubjectif. 


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Art-thérapie Pour l’art, la santé mentale sur le divan de la scène

par Claire Moulène   publié le 14 septembre 2023 à 18h23

Au Palais de Tokyo, un nouvel espace d’inclusion par l’art, le Hamo, sera inauguré ce vendredi 15 septembre. Partout ailleurs, des initiatives similaires, parfois en lien avec le milieu hospitalier, germent dans les lieux d’art, bien décidés à prendre à bras le corps cette question aux enjeux majeurs.

C’est la dernière lubie en date des musées et des centres d’art. En cette rentrée, trois ans après le début de la pandémie et ses effets dévastateurs sur la santé mentale, en particulier des jeunes, on assiste à une déferlante de prescriptions en art-thérapie, création d’espaces d’inclusion et autres activités muséales sur ordonnance. Au Louvre-Lens, la Galerie du temps est ainsi devenue «un lieu-refuge, d’épanouissement et de mieux-être, selon une perspective thérapeutique confortée par les neurosciences et la médecine». Et si le musée collabore depuis 2014 avec le centre hospitalier de la ville, il propose désormais un programme intitulé «Louvre-Lens-Thérapie» qui invite les participants «à vivre un moment d’introspection avec des œuvres d’art».

Reportage «Que va-t-il se passer si nous disparaissons ?» : dans l’Essonne, le cri d’alarme d’une association d’aide aux femmes victimes de violences

par Marlène Thomas  publié le 14 septembre 2023

L’association Léa Solidarité Femmes, qui accompagne des femmes ayant subi des violences conjugales, a frôlé le redressement judiciaire cet été, faute de subventions.

Le changement s’affiche dès la porte d’entrée de cette majestueuse bâtisse blanche. «Nouveaux horaires : 9h-17h.» Spécialisée dans l’accompagnement et l’hébergement de femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales, l’association Léa Solidarité Femmes, à Montgeron (Essonne), ouvrait ses portes jusqu’à 19 heures ainsi que le samedi avant cet été. «Ouvrir après 17 heures nous permettait d’accueillir un maximum de femmes après leur journée de travail», déplore Sylviane Tarraud, cheffe de service.

Discriminations Grande cause ? La Cour des comptes étrille la politique sur l’égalité femmes-hommes sous Emmanuel Macron

par Anne-Sophie Lechevallier et Marlène Thomas   publié le 14 septembre 2023

Réalisée après une demande citoyenne, la première enquête de l’institution, basée sur le quinquennat 2017-2022, pointe, implacable, une accumulation de plans sans continuité ni pilotage sur les violences, inégalités, discriminations…

Le moment était assez convenu, un 8 mars. L’annonce, elle, l’était moins. En 2017, en campagne pour devenir président de la République, Emmanuel Macron annonçait sur la scène du théâtre Antoine à Paris qu’il ferait de l’égalité entre les hommes et les femmes «la grande cause du quinquennat», parce que, dira-t-il dans un meeting le mois suivant à Châtellerault, «ce n’est pas un sujet accessoire, parce que c’est un sujet de vraies injustices, de vraies inégalités».

Critique «Un métier sérieux», de Thomas Lilti : le sens des devoirs

 




par Camille Nevers   publié le 17 septembre 2023

Le réalisateur signe un film choral, avec Vincent Lacoste, François Cluzet et Adèle Exarchopoulos, sur le corps enseignant d’un collège, qui ne décolle vraiment que grâce aux élèves. 

Le cinéma n’est pas un fonctionnariat, mais peut se vivre comme magistère. Avec la salle de tribunal et la salle de commissariat, il a une prédilection pour la salle de classe. L’école − ses personnages de maîtres dévoués, de professeurs vannés − est, avec la police, la justice et l’hôpital, l’institution la plus décortiquée du cinéma hexagonal. Hollywood y adjoint l’armée, la politique, et la religion (moins). Rien de sorcier, ce sont les lieux de société fondamentaux, règles et normes, lois, droits : la démocratie en actes. Le monde modèle réduit d’une salle de profs, d’une estrade ou d’un réfectoire. C’est aussi le sujet de fiction où l’adage selon lequel les bons sentiments ne font pas les meilleurs films se vérifie le mieux.

Billet Téléphone plein pot : vos gueules, les haut-parlants !

par Sabrina Champenois  publié le 12 septembre 2023

On imagine bien que dans le métro, on n’entend rien, et qu’on a parfois besoin de ses mains pour autre chose. Mais par pitié, chers fans des conversations privées en haut-parleur réglé à fond : fermez-la.

C’est une confrérie qu’on voit, ou plutôt qu’on entend, s’étoffer depuis plusieurs mois. Au départ j’étais stupéfaite, façon poule face au couteau, maintenant ça vire à l’ire, l’envie de baffer est imminente. Qui ? Ces personnes qui mènent leurs conversations téléphoniques haut-parleur activé – au max, évidemment, vu qu’il s’agit de couvrir les bruits ambiants – conversations adjacentes, couinements du métro, flux des voitures. Et blablabli et blablabla, l’échange peut durer des plombes, en toute décontraction, comme j’en ai récemment fait l’expérience, de bon matin dans une rame parisienne : une dame qui devisait avec une copine, elles se racontaient la famille, les enfants, les soucis d’autres copines, la pauvre etc. Au bout d’un moment, je toque à l’épaule de ma voisine : «Euh, excusez-moi madame, mais j’entends absolument tout, là…» Regard stupéfait, bouche bée – tandis que dans le haut-parleur, ça continuait à jacasser. Et puis, la dame : «Ah mais pardooooooooon, je ne me suis pas rendu compte, pardon, pardon.» L’accueil a été bien moins chaleureux à une autre occasion – «C’est quoi ton problème, mal baisée ?»

vendredi 15 septembre 2023

Un guide pour accompagner la sexualité des personnes handicapées

PUBLIÉ LE 12/09/2023

L'AFM-Téléthon* consacre son dernier guide «Savoir et comprendre» à la sexualité des personnes atteintes de maladies neuromusculaires.

handicap, signalétique, place handicapée

C'est un document qui s'adresse plutôt aux personnes concernées mais qui peut aussi aider les professionnels à aborder la question de la sexualité des personnes atteinte de handicap. Puberté, émotions, identité sexuelle, anatomie des sexes, rencontre, désir, préserver le désir, acte sexuel, aides techniques… autant de questions à la fois intimes et concrètes abordées sans tabou. «Ce document n’a pas vocation à parler de tout mais plutôt à montrer que si beaucoup d’obstacles et de préjugés restent à surmonter, sexualité et maladies neuromusculaires sont parfaitement compatibles», défend le guide.

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Psycom recense les associations d’entraide

Publié le 

Psycom propose un recensement, pour la France, des associations d’entraide entre personnes concernées par un trouble psychique ou un trouble du neurodéveloppement (TDAH, autisme), ou leurs proches. Il permet de repérer une association près de chez soi ou une communauté en ligne pour y trouver du soutien, et proposer le sien. Mis à jour régulièrement, il compte 58 associations, ce qui en fait le guide le plus complet du web, sur cette thématique.

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Québec recrute du personnel de la santé dans des pays « vulnérables », déplore l’OMS

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec mène une campagne de recrutement au Bénin, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo, une pratique découragée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Frappé par une pénurie de personnel de la santé ces dernières années, le Québec s’est tourné vers l’étranger pour combler ses besoins.

Depuis 2017, Recrutement santé Québec, une filiale du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), a attiré plus de 1900 travailleurs, dont des infirmières, des préposés aux bénéficiaires et des sages-femmes, qui proviennent de 24 pays d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Europe.

Et ce n’est pas terminé.

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Psychiatrie : ces révélations chocs sur le centre hospitalier de Cadillac

L'insoumission


Psychiatrie. La santé mentale est-elle en danger en France ? Oui : près d’un établissement psychiatrique sur quatre a fermé plus de 10% de ses capacités. Cadillac, en Gironde, ne fait pas exception. Manque de 50 à 60 postes, soit près de 10% du corps soignant, plusieurs services fermés depuis 2019, 25 arrêts maladies liés aux conditions de travail qui se dégradent, fermeture de la Polyclinique Médico-Psychologique de Bazas, fermeture de 19 lits de l’Unité pour Malade Difficile de l’unité « Moreau » : voilà une partie des nouvelles qui ont mis le feu aux poudres du personnel de santé.

Mardi 5 septembre 2023, les soignants en grève de l’hôpital psychiatrique de Cadillac se sont réunis dans une salle municipale pour lancer un cri d’alerte. Accompagnés par des syndicalistes de la CGT et FO, et en présence du député LFI-NUPES de Gironde Loïc Prud’homme, les soignants ont rappelé le danger : leur hôpital se détruit petit à petit depuis quatre ans. Notre article. 

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Prisons surpeuplées : la contrôleuse générale Dominique Simonnot demande une nouvelle fois la mise en place d’une régulation carcérale

par Chloé Pilorget-Rezzouk   publié le 14 septembre 2023

Dans un avis publié au «Journal officiel», ce jeudi 14 septembre, l’autorité indépendante alerte de nouveau sur la surpopulation dans les prisons françaises et ses conséquences dramatiques. Et exhorte à l’instauration d’un dispositif contraignant avec «l’objectif qu’aucun établissement ne dépasse un taux d’occupation de 100 %».
publié le 14 septembre 2023 à 6h00

Les constats accablants et récurrents sur les prisons françaises trouveront-ils un jour un écho politique à la hauteur ? Avec plus de 74 000 détenus au 1er août pour un peu plus de 60 000 places disponibles, la densité carcérale a connu une progression proche de 3 % en un an. Malgré sa condamnation le 6 juillet par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour des conditions de détention indigne, deux ans et demi après un premier camouflet historique, la France n’en finit pas de remplir ses prisons. Parmi les nombreuses maisons d’arrêt (qui accueillent les personnes en attente de leur procès, donc présumées innocentes, et celles condamnées à deux ans de prison maximum) pleines à craquer, dix affichent même un taux au-dessus des 200 %, selon les dernières statistiques de la chancellerie.

"Loup y es-tu ?" : une plongée onirique en pédopsychiatrie

Par 13 septembre 2023

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La psychiatrie fait encore peur. Mais pas dans le film de Clara Bouffartigue, "Loup y es-tu ?", en salles le 13 septembre 2023. En brisant les fantasmes, ce docu profondément humain fait la part belle aux liens entre jeunes patients et soignants.

A l'heure où la psychiatrie est à l'agonie, souffrant d'un manque criant de moyens et de personnels, Clara Bouffartigue parvient à réenchanter le sujet, en resserrant la focale sur l'humain. La réalisatrice a posé sa caméra au Centre Claude Bernard, situé dans le 5e arrondissement de Paris. Les patients et familles du centre médico-psycho-pédagogique (CMPP), le premier né en France en 1946, font l'objet du documentaire Loup y es-tu ?. Après cinq années passées auprès des jeunes en souffrance psychique accueillis dans cette structure, la documentariste livre sa réalisation aux salles obscures à compter du 13 septembre 2023.

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Essai Drame de Montreux : «Ne réveille pas les enfants» d’Ariane Chemin, les vertiges de l’enquête

par Emmanuel Fansten   publié le 13 septembre 2023

De la défenestration de toute une famille en 2022 à Montreux jusqu’à l’assassinat de leur illustre aïeul, l’écrivain Mouloud Feraoun, par l’OAS en 1962, la journaliste Ariane Chemin remonte dans son nouveau livre la piste de la «paranoïa transgénérationnelle».

Une tragédie peut en cacher une autre. Le 24 mars 2022, cinq Français d’une même famille sautent à tour de rôle du septième étage de leur immeuble de Montreux, en Suisse, où ils s’étaient installés quelques années auparavant. Une femme de 41 ans d’abord, puis sa sœur jumelle, la fille de 8 ans de cette dernière, son fils de 15 ans, et enfin son mari, le père des deux enfants. Seul l’adolescent a miraculeusement survécu à la chute. Ce sidérant fait divers sert de point de départ à un passionnant et troublant livre de la journaliste du Monde Ariane Chemin, qui tente d’en percer les mystérieux ressorts. Avec un angle singulier et largement ignoré par la presse, qui a pourtant abondamment traité l’affaire : les jumelles suicidées sont les petites-filles de l’écrivain Mouloud Feraoun, lui-même assassiné en 1962 par l’OAS, juste avant la signature des accords d’Evian qui mirent fin à la guerre d’Algérie. «Si elles avaient été les petites filles d’Albert Camus, tout le monde aurait exploré cette généalogie», estime Ariane Chemin, attablée à une terrasse du Quartier latin, à Paris. Convaincue de l’importance déterminante d’une telle ascendance, elle s’est donc appliquée à tisser les deux drames, enquêtant sur l’un pour mieux comprendre l’autre, comme si ces événements survenus à soixante ans d’écart étaient indissociables.