Par Arnaud Gonzague Publié le 24 juillet 2023
La soirée « Une seule santé » organisée à Paris le 13 octobre par « l’Obs » et OneHealth, a été l’occasion de rappeler qu’établir une distinction trop nette entre humains, animaux et écosystèmes est non seulement caduc, mais dangereux.
« Il y a une cinquantaine d’années, cela paraissait ridicule de rapprocher les destins des humains et des animaux. Cela revenait à nous rabaisser au rang de l’animal. » Boris Cyrulnik garde le souvenir d’une époque où son intérêt pour l’éthologie, cette science qui s’attache aux comportements animaux et humains, paraissait plus qu’incongru à quelques-uns de ses confrères médecins. Le plus célèbre des neuropsychiatres français est venu en témoigner – via un duplex émaillé, hélas, de nombreux soucis techniques – auprès du large public qui s’est rassemblé le 13 octobre dernier dans l’auditorium de « l’Obs », à l’occasion de notre soirée « Une seule santé ».
Boris Cyrulnik n’est pas le seul à rappeler, ce soir-là, que la distinction entre gent humaine, animale et l’environnement, devenue une évidence à partir du XIXe siècle, n’avait pas toujours existé. « Dans l’Antiquité, le One Health [l’idée d’une santé globale] tel que nous le concevons aujourd’hui, était quasiment une constante, a exposé Christophe Degueurce, directeur de l’Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort et vice-président de la Société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires. On croyait alors que la santé reposait sur l’équilibre entre quatre ‘‘humeurs’’, identiques chez tous les êtres vivants. A la fin du XVIIe siècle encore, quand a surgi la maladie de Carré [pathologie virale], les médecins se sont appuyés sur l’étude de la végétation. Le lien entre climat, végétation et maladie semblait naturel. » La modernisation des sciences, et surtout leur complexification a débouché sur une surspécialisation synonyme de cloisonnement.