Publié: 21 mai 2023
En France, la proportion d’étrangers dans les prisons françaises était de 23 % en 2019, contre 7,4 % dans la population totale. Lionel Bonaventure/AFP
L’immigration suscite des craintes persistantes, en partie liées à la perception qu’immigration et délinquance vont de pair. La Commission nationale consultative des droits de l’homme rappelait ainsi, en 2022, que 52 % des Français considéraient l’immigration comme la principale cause d’insécurité.
Plus récemment, le projet de loi repoussé sur l’immigrationproposait de « rendre possible l’éloignement d’étrangers constituant une menace grave pour l’ordre public ». Pourtant, les recherches en sciences sociales montrent que l’immigration n’est pas la cause de la délinquance. C’est ce décalage entre réalités et perceptions que nous avons cherché à comprendre dans la lettre d’avril 2023 du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).
La perception d’un lien entre immigration et délinquance repose principalement sur l’observation d’une surreprésentation des étrangers (immigrés n’ayant pas acquis la nationalité française) dans les statistiques sur la délinquance. En France, la proportion d’étrangers dans la population totale était, en 2019, de 7,4 %, mais s’élevait à 14 % parmi les auteurs d’affaires traitées par la justice, à 16 % dans ceux ayant fait l’objet d’une réponse pénale et à 23 % des individus en prison.
De nombreux facteurs, certains quasi mécaniques, peuvent expliquer cette surreprésentation sans que le statut d’immigré ne soit en lui-même lié à une probabilité plus forte de commettre une infraction.