Laure Dasinieres — Édité par —
Que feriez-vous si un collègue vous faisait part d'idées ou d'intentions suicidaires ? Comment réagiriez-vous face à un ami en prise avec une crise d'angoisse ?
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Laure Dasinieres — Édité par Émile Vaizand —
Que feriez-vous si un collègue vous faisait part d'idées ou d'intentions suicidaires ? Comment réagiriez-vous face à un ami en prise avec une crise d'angoisse ?
LEDEVOIR
17 avril 2023
QUEBEC
L’autrice est professeure titulaire à la section de droit civil de l’Université d’Ottawa et de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et accès à la justice.
Les dernières semaines ont été chargées en événements et en discussions au sujet de la santé mentale et de la justice, et des voix s’élèvent pour réclamer plus de surveillance des personnes ayant reçu un verdict de non-responsabilité criminelle et des modifications au Code criminel. Mais qu’en est-il vraiment ? Des changements législatifs permettraient-ils d’éviter des drames ?
Si des meurtres ont été commis dans les derniers mois par des personnes libérées sous conditions par la Commission d’examen, il ne faut pas oublier que l’association entre violence et maladie mentale n’est pas démontrée, au contraire, les personnes souffrant de troubles mentaux étant plus souvent victimes qu’autrices de violence.
L’objectif de cette série de textes est de démystifier le droit et les pratiques judiciaires relatifs à la santé mentale pour mettre en perspective le recours aux pratiques coercitives en psychiatrie.
Ryan Syrek 17 mars 2023
De nouvelles études ont mis en évidence des liens potentiellement inquiétants entre les cauchemars fréquents et récurrents et la cognition future. Ces résultats, ainsi que des informations récentes sur des stratégies d’intervention, sont à l'origine du sujet clinique de cette semaine.
Des études antérieures avaient établi un lien entre les troubles du sommeil (dont les cauchemars) à l'âge adulte et l'apparition de maladies neurodégénératives. Une analyse récente suggère un lien possible entre ce type de rêves dans l'enfance et les problèmes de santé cognitive. [1]
L’analyse prospective et longitudinale s'est appuyée sur des données de toutes les personnes nées en Grande-Bretagne au cours d'une semaine donnée de 1958. À l'âge de 7 ans (en 1965) et de 11 ans (en 1969), les mères ont été invitées à déclarer si leur enfant avait fait des "mauvais rêves ou des terreurs nocturnes" au cours des trois derniers mois. Parmi 6991 enfants (51% de filles), 78,2% n'avaient fait aucun mauvais rêve, 17,9% ont fait des cauchemars transitoires et 3,8% ont fait des mauvais rêves récurrents. À l'âge de 50 ans (2008), 262 participants avaient développé des troubles cognitifs et 5 d'entre eux avaient reçu un diagnostic de maladie de Parkinson.
Publié le 17 avril 2023
Collectif
Tous les traitements ont leur place en psychiatrie dès lors qu’ils font l’objet d’une évaluation scientifique, affirment quarante-deux jeunes psychiatres qui répondent, dans une tribune au « Monde », au rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, mettant en cause la prescription médicamenteuse chez l’enfant.
Dans son rapport du 7 mars (« Quand les enfants vont mal : comment les aider »), le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) décrit une augmentation de la prescription de psychotropes chez les enfants et les adolescents. Il conviendrait de mettre en miroir ces prescriptions (2,5 % des enfants et adolescents, selon le HCFEA) avec la prévalence très élevée des troubles psychiatriques dans cette population (13 % selon le rapport de la Cour des comptes du 21 mars).
Ce Haut Conseil suggère que cette augmentation de la consommation de psychotropes serait forcément néfaste et affirme qu’il n’y a « pas de preuve d’une étiologie biologique des troubles mentaux » chez les enfants.
Deux personnalités qualifiées au sein du HCFEA, Sébastien Ponnou et Xavier Briffault accusent les tenants de la psychiatrie biologique, qui serait impliquée, selon eux, dans les pires dérives et la « surmédication », avec des résultats thérapeutiques limités. Sans doute les partisans de la différence entre le corps et l’esprit espèrent-ils réactiver le vieux conflit dualiste et opposer psychanalyse et biologie.
En tant que jeunes psychiatres, au fait des avancées majeures de notre discipline, nous nous étonnons de ces prises de position qui sont à rebours des connaissances scientifiques récentes et ne permettent pas d’améliorer les soins proposés aux personnes concernées par les troubles psychiques.
Actualités 23 mars 2023
Le numérique a fait de la médecine conventionnelle une médecine augmentée bien réelle. Il implique cependant un certain nombre de questionnements et responsabilités nouvelles pour le prescripteur, qui ont été évoquées dans le cadre du Congrès de la Société Francophone du diabète(SFD, 21-24 mars 2023, Montpellier).
La littérature met parfaitement en lumière l’essor de l’Intelligence Artificielle (IA) dans le champ de la médecine, et plus particulièrement dans le diabète et l’obésité. La puissance de l’IA permet d’ores et déjà d’aider les médecins dans des démarches diagnostiques – de la rétinopathie diabétique par exemple-, pronostiques -AdDiarem dans la prédiction de l’évolution du diabète après chirurgie bariatrique- ou d’ajustement thérapeutique – dans les pompes à insuline. Mais elle peut aider à aller au-delà : car l’obésité est liée à une multitude de paramètres biologiques, cliniques, environnementaux, psychologiques et sociaux qui induisent des phénotypes, des stades de progression et des trajectoires disparates, et une variabilité de réponses thérapeutiques et de parcours de soins. La médecine conventionnelle prend en charge les patients en accord avec la médecine des preuves, qui repose sur des moyennes, et qui est orientée selon le phénotype. L’IA pourrait aider à proposer une médecine véritablement personnalisée grâce à des algorithmes intégrant la multitude des paramètres d’intérêt, notamment ceux des -omics (génome, transcriptome, microbiome…). « On a besoin de cette collaboration avec l’IA,supervisée par une garantie humaine, loyale et transparente, a reconnu le Pr Karine Clément (Pitié-Salpêtrière, Paris). Mais il faut que l’on puisse lui faire confiance. Il va être nécessaire que développeurs et médecins aient le même langage, les mêmes enjeux. Il faut un partenariat précoce pour construire ces outils ». Et notamment sélectionner l’objectif de l’algorithme : il sera très différent s’il vise à réduire ou identifier une situation de gravité, ou s’il vise la qualité de vie du patient. « Jusqu’à quel point l’IA décidera de notre santé ? Elle peut nous aider dans certaines situations pour stratifier les patients, aider au pronostic, répondre à des problèmes de désertifications. Elle peut surtout être un outil qui nous aide à retrouver du temps avec nos patients » a -t-elle insisté.
Agnès Lara 14 mars 2023
À retenir
Kelli Whitlock Burton 19 mars 2023
L'American Psychiatric Association (APA) a publié une actualisation de ses recommandations pour la prise en charge des troubles du comportement alimentaire (TCA), la première mise à jour en 16 ans.
Ces recommandations actualisées portent principalement sur l'anorexie mentale, la boulimie et l'hyperphagie boulimique et comprennent des recommandations pour le dépistage et le traitement.
« Les troubles alimentaires sont souvent méconnus et non traités », a déclaré la Dre Catherine Crone, présidente du groupe de travail, dans un communiqué de l'APA.
Serge Cannasse 12 avr. 2023
À l’issue de la conférence « Tous acteurs de la santé des professionnels de santé » (31 mars 2023), Agnès Firmin le Bodo, ministre déléguée en charge de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, a posé le constat d’un effort national à accomplir pour améliorer l’état de santé de ces derniers. En effet, un quart d’entre eux signalent qu’ils sont en mauvaise santé. Sont mis en cause le surmenage, la confrontation à la violence, le déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée, l’organisation et les conditions de travail. Sont particulièrement concernés les professionnelles et les étudiants des métiers de la santé.
Destinée aux enfants entre 6 et 11 ans, cette sensibilisation aux joies de l’observation scientifique joue sur le don des petits à faire dialoguer la science et l’imaginaire.
Une exposition conçue pour sensibiliser les 6 -11 ans aux joies de l’observation scientifique, voilà qui n’est pas si fréquent. Celle qui s’est ouverte, mardi 4 avril, à la Cité des sciences et de l’industrie, entend rallier ce jeune public autour de la question des métamorphoses. Mutations à l’œuvre dans le monde du vivant ou dans la matière ; changements d’humeur ; transformations de l’énergie ; métamorphoses des personnages de contes : autant d’évolutions présentées à cet âge, lui-même soumis à de grandes transformations.
« Adolescence » est un signifiant dont ni Freud ni Lacan ne font usage en tant que concept psychanalytique. Il s’associe volontiers à celui de « crise », dont la forme dessine les contours de notre lien social, héritier du siècle des lumières et du discours de la science. En fonction des époques, l’adolescence a pris des visages différents dans le champ social. Sous les masques sociaux qui la dessinent s’expriment une mutation psychique profonde, celle de la puberté, mutation qui convoque la structure inconsciente de chacun.
Mercredi 19 avril 2023
Provenant du podcast
Le Reportage de la Rédaction
Longtemps la société a pensé que les « fous » étaient des individus irrationnels, dont les délires ne pouvaient pas être compris des autres. Le regard, heureusement, sur la maladie mentale a évolué au cours des siècles passés.
Mais ce n’est que depuis les années 1980, qu’on utilise l’imagerie pour décrypter les troubles psychiatriques. Et c’est encore plus récemment, depuis le début du XXIè siècle que l’on peut regarder, grâce à des techniques toujours plus puissantes, comment fonctionne le cerveau et même comment se produisent - par exemple - les hallucinations.
Par Arnaud Leparmentier(New York, correspondant) Publié le 18 avril 2023
L’espérance de vie aux Etats-Unis s’établit à 76,1 ans, au plus bas depuis 1996. Les armes, les accidents de voiture et les overdoses décimant les plus jeunes sont les principales causes de cette situation.
Le chiffre est connu, l’espérance de vie américaine est en chute libre depuis plusieurs années et s’établissait à 76,1 ans en 2021, soit le plus bas niveau depuis 1996, selon les données du NCHS (Centre national de statistiques sur la santé) de 2022. Le recul depuis 2019 est de 2,7 ans, du jamais vu depuis le début des années 1920, et le Covid-19 n’explique pas tout.
Publié le Mercredi 19 avril 2023
La psychiatrie publique était jusqu’à présent une exception dans le système de santé français. Sous le nom de psychiatrie de secteur, elle mettait à la disposition des patientEs un système de soins public et gratuit, permettant d’assurer sur tout le territoire la prévention, l’accueil, les soins et le suivi des patientEs.
Cette prise en charge était permise par la présence d’une même équipe « pluridisciplinaire »1 sur un territoire d’environ 60000 habitantEs, travaillant dans et hors hôpital. Les centres médico-psychologiques (CMP), les équipes de soins à domicile, les hôpitaux de jour implantés dans les villes et les quartiers donnaient la possibilité de pratiquer, dans la proximité, une psychiatrie « ouverte » en lien avec la cité (familles, médecins, travailleurEs sociaux, éluEs, associations). L’hospitalisation dans le service d’un centre hospitalier n’était, dans ces conditions, qu’une modalité de soin possible pour un temps limité.
21/04/2023
Selon les syndicats de kinésithérapeutes, d’infirmiers libéraux et de médecins, le plan de lutte contre la fraude sociale, qui sera bientôt présenté par le ministre des Comptes publics, pourrait contenir une mesure autorisant la suspension automatique de la prise en charge des cotisations sociales d’un professionnel libéral par la CPAM dès qu’une fraude est identifiée, et ce sans attendre les résultats de la procédure judiciaire.
LIEGE université
Medecine
20 avril 2023
BELGIQUE
Au sein du Pôle Liège-Luxembourg, cette formation est organisée conjointement par quatre partenaires - ULiège, HELMo, HEPL et HERS - et aboutit à une co-diplomation. L’excellence clinique conjuguée à l’expertise de ces partenaires variés et complémentaires confère aux futur.e.s diplômé.e.s le profil attendu par le secteur des professionnel.le.s de la santé.
Le Master en Sciences Infirmières (MSI) offre une réponse concrète à une demande appuyée du secteur, à un besoin socioéconomique avéré et à un enjeu sociétal.
Lundi 17 avril 2023
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Par Clémentine Goldszal Publié le 17 avril 2023
Amarrée sur les quais de la Seine, cette péniche accueille un hôpital de jour qui pratique la « psychothérapie institutionnelle » où patients et soignants sont « coacteurs » des soins. La curieuse embarcation et ses passagers sont les héros du film de Nicolas Philibert, « Sur L’Adamant », primé lors de la Berlinale et en salle le 19 avril.
C’est jour de grève des transports, ce 23 mars, mais il en faut plus pour empêcher les habitués de L’Adamant de rejoindre cette péniche en bois sombre, amarrée depuis l’été 2010 au port de la Râpée, à Paris, au pied du pont Charles-de-Gaulle, sur la rive droite de la Seine. De l’extérieur, L’Adamant est un grand rectangle percé de multiples fenêtres surplombées de volets de bois. La grille est ouverte et on y entre sans avoir à montrer patte blanche. Il arrive même que des touristes, déambulant sur les quais, franchissent la passerelle, prenant l’embarcation pour une buvette.
Mais qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il y ait grève, chaque jour une quarantaine de patients passe quelques heures ou la journée entière dans ce centre de jour du Pôle Paris Centre, à la fois hôpital de jour et centre d’accueil thérapeutique à temps partiel. En janvier 2022, deux cents patients adultes étaient inscrits à L’Adamant.
Publié le
L'hôpital psychiatrique Gérard Marchant, à Toulouse, vient d'inaugurer son unité EMOT. Depuis un an, une équipe mobile accompagne des détenus souffrant de troubles psychiatriques sévères au moment de leur libération. Les semaines qui suivent leur sortie de prison constituent une période critique où les risques de mortalité sont majeurs.
Après la prison, ses barreaux et ses murs, le vertige. Pour les anciens détenus, la période qui suit la libération est synonyme de grande vulnérabilité, avec un risque plus important de mortalité. Et c'est encore plus vrai lorsqu'ils souffrent d'une maladie psychiatrique.
Lundi 10 avril 2023
Provenant du podcast
Sans oser le demander
MONTRÉAL — Emmanuelle Bernheim, titulaire d’une chaire de recherche du Canada, craint que les récentes tragédies ayant frappé le Québec stigmatisent les gens souffrant de maladie mentale.
Par exemple, la sergente Maureen Breau de la Sûreté du Québec a été poignardée le 27 mars lors d’une intervention par un homme qui aurait éprouvé des problèmes de santé mentale. Cet individu, qui a été abattu par la police, avait été déclaré non criminellement responsable au moins cinq fois pour des infractions passées.
Écrit par Adrien Gavazzi
Commettre des fautes de français (l'usage du pluriel à "retenue"), tout en faisant la chasse aux expressions que plébiscitent les adolescents : dans cet établissement scolaire, on n'est semble-t-il pas à un paradoxe près. • © DR
Toujours aussi inventifs pour s'approprier la langue française, les jeunes puisent aujourd'hui dans les réseaux sociaux pour se forger un discours bien à eux. Ajoutez-y l'argot de Marseille, et vous y perdrez votre latin.
Autant jouer cartes sur table : l'auteur de ces lignes confesse ne pas avoir d'enfant. Mais il côtoie suffisamment de parents pour savoir combien ils peinent, parfois, à déchiffrer le langage codé de leurs ados. Non pas qu'ils bougonnent ou qu'il maugréent : ils argotent. Et s'amusent à faire de vos conversations du dimanche, autour du gigot, des dialogues de sourds :
"Mon crush m'a nexté, j'ai trop l'seum alors je l'ai ghosté !
- Quoi ?
- Quoicoubeh !"
Et ainsi de suite.
(PS : pour la compréhension des lignes qui précèdent, on proposera la traduction suivante : "le mec / la nana sur qui je suis en kif est passé.e à autre chose, je suis deg, alors j'ai fait le mort".)
Si vos ados vous parlent chinois, ne leur jetez pas la pierre. Laissez béton, dirait Renaud. Et souvenez-vous du parler branché ou du parler coolpost-Mai 68, aujourd'hui ringardisé ("Wah l'aut' eh, vise un peu la dégaine !").