Par Clara Georges Journaliste au Monde
Combien de langues parlez-vous ? Que vous me répondiez une ou cinq, que votre langue maternelle soit le cantonais, le français ou l’ourdou, il y a de fortes chances pour que vous en oubliiez une dans votre décompte. Une langue que vous parlez, mais que vous n’avez jamais apprise : le mamanais – ou plutôt, dans sa dénomination plus inclusive, le parentais.
Cette langue-là est parlée dans le monde entier, depuis des temps immémoriaux, et ne requiert rien d’autre que la présence d’un bébé dans la pièce pour être parfaitement maîtrisée. Je vais tenter de vous la faire entendre, même si, sans le son, c’est moins évident. « Coucou, mon petit chou, tu as bien dormi ? Tu as fait de jolis rêves ? Oh mais oui, tu gazouilles ! Viens, je t’emmène, on va aller chercher ton biberon. » Entendez-vous ces notes ascendantes-descendantes, ces ralentissements inhabituels, ces tempos accentués ? Hé bien voilà, bravo, vous parlez le parentais, une façon d’accentuer les sonorités chantantes de sa propre langue, en montant davantage dans les aigus, tout en structurant ses phrases plus simplement et en les énonçant plus clairement.
Attention : rien à voir avec le « parler-bébé », qui, lui, donnerait quelque chose comme : « Kikou le bébé, il a bien fait son dodo ? Il a tété sa totote ? Il veut son bibi ? Oh oui le bibi ! » Non, le parentais est une forme d’expression correcte, mais un peu caricaturée, comme une langue en version fluo.
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