La dépression est un trouble mental courant, qui peut être lié à des facteurs aussi bien psychologiques que biologiques ou environnementaux. Toutefois, certaines dépressions sévères sont résistantes aux traitements pharmacologiques, et incitent au développement de nouvelles thérapies.
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Raphaël Gaillard Professeur de psychiatrie à l'Université Paris-Descartes et responsable du pôle psychiatrie de l'hôpital Saint-Anne
Bruno Aouizerate Directeur adjoint du laboratoire Nutrineuro à l’université de Bordeaux
Chaque année, cette maladie affecte 2,5 millions de Français. Elle concerne 5 % des adultes, touche aussi les enfants, et les traitements présentent des limites : faut-il repenser notre approche thérapeutique de la dépression ?
Le procès de l’accusée de 44 ans, jugée pour avoir mis le feu à son immeuble du XVIe arrondissement de Paris en 2019, provoquant dix morts, s’est ouvert lundi. Les jurés ont plongé dans une vie chaotique, entre hospitalisations pour addictions et rechutes.
Cette nuit-là, elle a quitté son immeuble du XVIe arrondissement de Paris, un briquet à la main, sans se retourner. Elle n’a pas vu les flammes qui commençaient à monter du bûcher qu’elle venait d’allumer sur le palier du deuxième étage. Elle n’a pas senti les épaisses fumées. Elle n’a pas entendu les cris et les suppliques des voisins pour être sauvés. Le 4 février 2019, dix personnes ont péri et des dizaines d’autres ont été blessées dans l’incendie du 17 bis, rue Erlanger. Aujourd’hui, les rescapés et proches des victimes – parmi 118 parties civiles – se tiennent serrés sur les bancs de bois. Tellement serrés que la cour d’assises semble trop petite pour contenir autant de malheur. Alors, pour la première fois, elle a dû se retourner. «Je suis vraiment désolée, prononce Essia Boularès, j’ai mis le feu sans intention de donner la mort», «sans réfléchir aux conséquences». C’était un «geste insensé» pour se venger de son voisin pompier, décrit-elle.
Depuis plusieurs mois au Royaume-Uni, les mobilisations se succèdent dans les services publics pour réclamer plus de moyens et des hausses de salaire. Après leur mobilisation du 15 décembre, les infirmières débrayent ce lundi 6 février.
« Protéger l’hôpital public » : c'est le mot d’ordre de la mobilisation des infirmières et infirmiers ce lundi 6 et mardi 7 février. Les conditions de travail deviennent insoutenables, explique Ben, infirmier urgentiste qui manifeste devant l’hôpital de St Thomas, à deux pas du Parlement britannique : « Depuis que j’ai commencé à travailler ici, il y a cinq ans, les conditions n’ont fait que de se dégrader. Constamment, je rentre chez moi en n’ayant fait que le strict minimum pour mes patients. Certains jours, il y a tellement de monde et nous sommes en tel sous-effectif que nous ne pouvons rien faire de plus que de faire en sorte que l’état des patients n’empire pas. En tant qu’infirmier, c’est très dur de rentrer chez soi et de se dire que vous n’avez pas pu faire de votre mieux. »
La capacité et les manières de croire se fabriquent au fil des années, en fonction de l'éducation donnée à l'enfant. L'anthropologie, la psychologie du développement et la sociologie nous éclairent sur ce cheminement.
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Fabrice ClémentProfesseur à l’Institut des sciences de la communication et de la cognition de l'Université de Neuchâtel
Manes Nadel Lycéen, membre du syndicat la voix lycéenne
François KrausDirecteur du pôle Politique et Actualité à l’IFOP
Sophie Jehel Maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris 8, spécialiste des pratiques numériques
Publiée dans la revue scientifique Cell en janvier, cette étude met en avant une population de cellules nerveuses de la peau qui relient la caresse au plaisir sexuel, ouvrant la voie à des techniques pour traiter le stress ou l’anxiété.
Imaginez une crème qui produise le même effet que l’étreinte chaleureuse d’un ami, le toucher rassurant d’un parent, ou encore la tendresse d’une étreinte amoureuse. Bon, ce n’est pas encore tout à fait d’actualité, mais voilà ce à quoi une étude menée par des scientifiques de l’Institut Zuckerman de Columbia et deux institutions partenaires pourrait ouvrir la voie. Leurs travaux réalisés sur des souris – et publiés dans la revue scientifique Cell en janvier – mettent en avant les voies neurobiologiques qui sous-tendent le toucher social agréable, sexuel et gratifiant. Plus précisément, cette étude met au jour une population de cellules nerveuses de la peau reliant la caresse aux centres du plaisir du cerveau. Ainsi, pour Libération, Leah Elias, chercheuse postdoctorale à l’université Johns Hopkins de Baltimore ayant participé à l’étude, revient sur la découverte de la capacité de ces fibres nerveuses de la peau à relier la caresse au plaisir sexuel, et à activer le centre de récompense du cerveau.
Depuis 2017, la diffusion de la recherche scientifique fait partie des priorités du gouvernement qui y consacre un peu plus de 10 millions d'euros par an. Le ministère de la Culture finance ainsi chaque année des collaborations entre artistes et chercheurs. La rencontre est toujours au rendez vous.
La rencontre entre l'art et la science n'a rien de nouveau. Mais depuis 2017 le ministère de la Culture dispose d'une enveloppe de 160 000 euros par an pour financer des projets de recherche conjoints entre artistes de théâtre et chercheurs. Fort de son succès tant auprès des artistes que des scientifiques, cet appel à projet "Recherche en Théâtre et Arts associés", d'annuel va devenir biennal.
Un programme spécifique pour forcer la rencontre
Né de la volonté de rapprocher chercheurs et créateurs, d'inventer de nouvelles formes, d'aller à la rencontre de nouveaux publics et même de dépasser le cadre imposé des aides à la création, ce dispositif de soutien s'inscrit dans la Loi de programmation pour la Recherche qui veut mieux diffuser la connaissance scientifique et qui oblige l'Agence nationale pour la Recherche à débloquer chaque année 1% de son budget.
A l'occasion de la parution du livre 14 du séminaire de Jacques Lacan, Aurélie Pfauwadel, maître de conférence au département psychanalyse de l'université Paris 8, nous explique comment comprendre Lacan sans être spécialiste.
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Aurélie PfauwadelPsychanalyste
Les éditions du Seuil reprennent la publication du séminaire de Lacan ces jours-ci le livre XIV vient de paraître, un tome intitulé "La logique du fantasme". Pour comprendre pourquoi cette publication résonne bien au-delà des cercles psychanalytiques, nous sommes allés retrouver Aurélie Pfauwadel, professeure à Paris 8 et autrice d'une thèse sur Lacan et Foucault.
L'Abitibi-Témiscamingue se positionne au troisième rang des régions avec le plus haut taux de suicide. Tout juste derrière le Nord-du-Québec.
Le Centre de prévention du suicide du Témiscamingue a visité des milieux de travail typiquement masculins pour adresser la problématique du suicide, généralement plus élevé chez les hommes que chez les femmes.
PHOTO : RADIO-CANADA / BIANCA SICKINI-JOLY
La 33e Semaine nationale de prévention du suicide, qui a pour thème « Mieux vaut prévenir que mourir », se poursuit jusqu'à samedi, alors que cette problématique affecte particulièrement l'Abitibi-Témiscamingue.
Le Centre de prévention du suicide du Témiscamingue a profité de cette occasion pour visiter des milieux de travail typiquement masculins. La directrice générale Anabelle Landry-Genesse se dit agréablement surprise de l’ouverture exprimée envers ses ateliers.
Les victimes et les personnes à risque de victimisation peuvent bénéficier d’interventions adaptées.
À retenir
Les pédiatres doivent être capables de reconnaître les enfants et les adolescents à risque d’être victimes de trafic et d’exploitation et d’adopter une approche de soins tenant compte des traumatismes.
Les protocoles qui précisent les rôles des professionnels de santé peuvent faire gagner du temps et améliorer les résultats.
Pourquoi est-ce important ?
Le trafic et l’exploitation affectent la santé des enfants dans le monde entier.
Les professionnels de santé disposent de peu d’informations pour reconnaître les cas de trafic et d’exploitation et y répondre.
Comment raconter l’intimité des créateurs ? Patrick Grainville et Laura Ulonati explorent les liens qui unissent de grands artistes : une plongée dans l’histoire personnelle de Francis Bacon, de Giacometti et de leur muse Isabel Hawsthorne, et des sœurs Virginia Woolf et Vanessa Bell.
Trio des Ardents (Seuil), le nouveau roman dePatrick Grainville, dresse le portrait d’Isabel Rawsthorne, peintre britannique qui est aujourd’hui moins connue pour son œuvre que pour les liaisons qu’elle entretenait avec deux autres artistes figuratifs majeurs du XXème, Francis Bacon et Alberto Giacometti. Tantôt muse, tantôt amante, Isabel s’insinue dans l’œuvre des deux artistes, source inépuisable d’inspiration au centre de ce trio artistique.
directrice de recherches au CNRS, Laboratoire de psychologie de la perception, université Paris-Descartes et Fondation ophtalmologique Rothschild
L’appréciation de la beauté est-elle subjective ou dépend-elle de proportions parfaites suivant par exemple les lois du nombre d’or ? La neuro-esthétique nous en apprend sur la réaction de notre cerveau face à l’objet de notre admiration, explique la chercheuse en psychologie Sylvie Chokron dans sa Carte blanche au « Monde ».
Une équipe américaine a mis en évidence, chez la souris, le rôle de neurones sous la peau et suivi leur chemin jusqu’au centre de la récompense dans le cerveau.
La satisfaction d’un massage, le ravissement d’un attouchement, la douceur d’une caresse… La capacité du toucher à provoquer un plaisir presque immédiat peut sembler une évidence. Pour les neuroscientifiques, pourtant, elle demeure largement mystérieuse. Le chemin qui conduit de notre épiderme au centre de la récompense, au plus profond de notre cerveau, reste semé d’interrogations.
Une étude du King’s College de Londres, dont les premiers résultats sont révélés dans le documentaire « Mind Games. The Experiment », diffusé sur Amazon Prime Video, explore les effets de l’activité physique sur les performances cognitives de compétiteurs de haut niveau en sport cérébral.
Dix mille pas et plus. A quel point l’exercice physique peut-il contribuer à aiguiser l’esprit des athlètes de sport cérébral ? La question est au cœur d’un documentaire, Mind Games. The Experiment, diffusé depuis le 19 janvier sur la plate-forme Amazon Prime Video. Portée par l’équipementier Asics, l’expérience scientifique, qui concerne au total 77 personnes, a été menée par Brendon Stubbs, chercheur au King’s College de Londres, qui étudie les liens entre activité physique et santé mentale.
Les organoïdes, répliques miniatures simplifiées de nos organes, pourraient permettre de mieux comprendre d’où viennent des troubles comme la dyslexie ou l’autisme.
Dyslexie, autisme ou maladies rares… D’où viennent les troubles du neurodéveloppement qui touchent de plus en plus d’enfants ? Ce reportage diffusé en partenariat avec CNRS Le Journalnous emmène à la rencontre de médecins et de scientifiques qui étudient la formation du cerveau avant la naissance à l’aide d’une technologie révolutionnaire : les organoïdes, répliques miniatures simplifiées de nos organes, cultivées en laboratoire.
La célèbre revue littéraire rend un très bel hommage à neuf auteur.es d’Art Brut qui se sont livrés à l’écriture. Diaristes ou epistoliers, poètes et écrivains, tous jouent avec les mots et la pensée. La « Revue de Belles-Lettres » publie de nombreux écrits ainsi que des images de manuscrits, pour la plupart inédits.
J’ai le plaisir d’y présenter: Aloïse Corbaz, Charles Steffen, Samuel Daiber, Adolf Wölfli, Pascal Vonlanthen, Barbara Suckfüll, Constance Schwartzlin-Berberat, August Walla.
A cette occasion,une rencontre publique et la présentation de l’ouvrage auront lieu au Cercle littéraire de Lausanne, samedi 10 décembre 2022, à 10:15. Café, friandises et croissants offerts. Inscription nécessaire par e-mail: info@c-l-l.ch
Extrait de mon texte au sein de la revue:
« Les œuvres des neuf écrivains et poètes [1] réunis ici montrent la grande diversité des écrits d’Art Brut. Le genre des textes (épistolaire, narratif, poétique, asémique) et l’origine des auteurs (Suisse, Allemagne, Autriche, États-Unis) offrent un éventail de leur richesse, avec un grand nombre d’inédits, dont quelques-uns sont traduits en français pour la première fois. Plusieurs auteurs font preuve d’une grande attention esthétique, reliant étroitement l’écriture et la figure, enlaçant sur la feuille de papier le texte au dessin ou à la peinture. Certains s’attachent plus particulièrement à la qualité visuelle et matérielle des lettres et des mots, alors que d’autres se concentrent sur l’expression verbale, perturbant règles et normes conventionnelles pour inventer un nouveau langage.
La Halle Saint Pierre met à l'affiche - et à l'honneur - la collection particulière d'Alain Bourdonnais constituée par ses acquisitions dès le début des années 1960 et aujourd'hui réunies au sein de La Fabuloserie, "musée de l'art-hors-les-normes" installé dans le domaine sis à Dicy dans le département de l'Yonne qui, en 2023, fête son quarantième anniversaire.
Les commissaires Sophie Bourbonnais et Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre, ont composé un florilège d'oeuvres d'une cinquantaine artistes qui présente un conséquent panorama de l'art brut, ou selon une autre terminologie, des arts singuliers.
REPORTAGE Le collège Emmanuel-Maffre-Baugé à Paulhan a construit un programme de prévention qui va de la 6ᵉ à la 3ᵉ et évoque tour à tour l’intimité, le consentement, la contraception, les effets de la pornographie… Une dynamique qui établit une confiance entre enseignants et élèves, et contribue à libérer la parole.
« Madame, c’est quoi la vulve ? » Thao triture, un brin inquiet et timide, le morceau de papier où est écrit ce mot et dont il ne sait pas bien quoi faire. Tour à tour, douze élèves de 6e du collège Emmanuel-Maffre-Baugé de Paulhan dans l’Hérault doivent venir, en ce matin de février, placer les étiquettes que l’enseignante leur a confiées sur les silhouettes d’une femme et d’un homme projetés au tableau. Thorax, abdomen, pubis, pénis, bras, anus… L’idée est de déterminer quelles sont les parties intimes. « Alors, qui pour aider Thao ? », lance Julie Delcasso, professeure de sciences de la vie et de la terre (SVT). Silence. « Tout le monde sait ce qu’est un pénis et personne ne sait ce que c’est une vulve ? » Et après une pause : « C’est le sexe de la femme », explique-t-elle devant un auditoire où les gloussements sont moins présents que ce à quoi on pourrait s’attendre.
REPORTAGE Dans la structure parisienne de pédopsychiatrie qui se consacre au mal-être des jeunes, les consultations ont augmenté de 30 % depuis le début de la pandémie. La spécificité de cette maison des adolescents est de mêler soins médicaux et ateliers de hip-hop, de musique ou d’arts plastiques pour retrouver l’estime de soi.
La tête dans le bac à shampoing, elle savoure son massage les yeux fermés. Louise (les prénoms ont été modifiés) ne lave pas souvent ses cheveux bouclés. « C’est compliqué avec la douche, on dit qu’elle est bipolaire, s’amuse-t-elle. On ne sait jamais si on aura du chaud ou du froid ! » Les mains expertes de la coiffeuse dorlotent son cuir chevelu. D’habitude, Louise ne supporte pas qu’on la touche : « Je ne fais jamais de câlins, je n’aime pas les massages sur le corps, mais là, ça va. » Dans ce cocon ressemblant à un vrai salon de coiffure, avec ses fauteuils design et sa publicité de shampoing, Louise, 16 ans, se laisse aller : « Ça fait du bien, j’ai juste à me détendre. »
C’est la première fois qu’elle met les pieds – de gros chaussons en forme de licorne – dans l’atelier de Marie (qui préfère ne pas donner son nom), la « socio-coiffeuse » qui bichonne les ados de la Maison de Solenn. « Je fais du lissage, du massage, du bouclage, je coupe, mais je ne colore pas, déclare-t-elle d’une voix douce, que veux-tu faire ? » Lisser !« C’est joli, dit Louise, ça fait un peu princesse. »
Marie distille ses conseils(« une goutte d’huile d’olive sur tes longueurs ») et suscite les confidences. « Quand je suis venue te chercher, vous papotiez entre filles ? », demande-t-elle. « Une ado partage sa chambre avec une autre qui agit comme sa mère : “Tiens-toi bien, assieds-toi correctement”, confie la jeune fille. Elle avait besoin de réconfort. »
Louise est hospitalisée depuis un mois pour un violent mal de ventre l’empêchant de marcher. Demain, c’est le grand jour. Comme l’ont dit ses parents : « Arrivée en fauteuil roulant, notre fille repart debout. »