Plus de 300 réunions autour de la santé sont organisées d'ici la fin de l'année dans le cadre du Conseil national de la refondation lancé par Emmanuel Macron. Franceinfo a assisté à l'une d'elles dans la Meuse.
Ils sont une vingtaine, attentifs, les yeux rivés sur deux animatrices, chacune campée à côté d'un tableau blanc. Dans la salle des fêtes de Bar-le-Duc (Meuse), la journée du mercredi 7 décembre est consacrée au recueil des doléances des citoyens et des professionnels de santé, dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR). L'objectif est d'entendre un maximum de personnes et de faire remonter les initiatives locales dans ce domaine à la région, puis au ministère de la Santé. Certaines donneront peut-être lieu à des projets de loi ou des référendums, d'autres propositions garderont leur échelle locale.
60 personnes vivant avec une maladie mentale enchaînées ou en cage, dont des enfants. C'est la découverte effroyable faite par des chercheurs de Human rights watch, qui dénonce une "forme de torture" et appelle les autorités à appliquer la loi.
Au Ghana, des personnes vivant avec une maladie mentale continuent d'être victimes de traitements inhumains, a accusé Human rights watch dans un communiqué publié le 1er décembre 2022. L'ONG appelle les autorités à faire respecter la législation.
60 malades enchaînés ou en cage
Dix ans après l'adoption d'une loi sur la santé mentale, établissant que les personnes atteintes de troubles psychosociaux ne devraient pas faire l'objet d'un traitement inhumain, l'organisation de défense des droits humains affirme que le gouvernement ghanéen ne fait pas assez pour assurer sa mise en œuvre. Les chercheurs ont visité cinq "camps de prière" et centres de guérison traditionnels dans les régions de l'Est et du centre du Ghana, où plus de 50 personnes ont été interrogées. Au cours de ces visites, ils disent avoir trouvé "plus de 60 personnes enchaînées ou en cage, dont des enfants". Shantha Rau Barriga, directrice des droits des personnes handicapées à HRW, dénonce une "forme de torture".
Selon une grande consultation lancée dans une association des malades du diabète, 80% d'entre eux sont favorables à un changement de nom.
Changer le nom de certaines maladies qui souffrent d'une mauvaise réputation, c'est le débat qui monte au Japon dans la communauté médicale. De plus en plus de patients expliquent qu’ils doivent affronter en permanence deux choses : la maladie et le regard des autres, qui interprètent inconsciemment la désignation de leur affection. Schizophrénie, démence, variole du singe... C'est le plaidoyer de plusieurs associations de malades au Japon, notamment ceux du diabète. L'association a organisé une grande consultation des patients : 80% d’entre eux ont expliqué qu’ils étaient favorables à un changement rapide du nom de leur maladie.
Pour comprendre, il faut parler un peu japonais. La maladie que l’on connaît en France sous le nom de diabète s’appelle ici "to nyon byo", soit la “maladie de l’urine sucrée". Pourquoi ? Car, il y a très longtemps, des médecins avaient observé que les fourmis semblaient attirées par le goût sucré de l’urine des personnes atteintes de cette maladie. Depuis, on sait que c'est faux : tous les malades du diabète ne relâchent pas du glucose dans leur urine. Mais le nom est resté. Les patients expliquent que le mot "urine" dans le nom de leur maladie porte une image sale qui leur colle à la peau, comme si leur affection était liée à un style de vie négligé.
Un livre d’art à destination des enfants ? C’est le pari audacieux de la Fondation Paul Duhem à Quevaucamps et de Bruno Gérard qui, à travers les animaux, se proposent d’initier les plus jeunes à l’art brut.
Des ateliers sont également proposés aux primaires. - S.CO.
Pourquoi un livre à destination des enfants ? La Fondation Paul Duhem, qui gère notamment met en avant des personnes fragilisées ayant développé une réelle œuvre originale et personnelle, à travers la peinture, le crayon, le stylo-bille même parfois. Ces créations sont aujourd’hui visibles dans de grands musées ou institutions d’art. Mais se rendre dans ce type d’établissement, peut être intimidant. « C’est pourquoi la Fondation Paul Duhem désire bousculer les frontières en touchant les enfants », explique Bruno Gérard qui a piloté ce livre original, baptisé « L’Arche ». « L’accès à l’art n’est pas un privilège lié au statut social ou à l’âge. Penser que les enfants ne sont pas assez “matures” pour apprécier une œuvre est faux », ajoute l’auteur. « Ils l’appréhendent en fonction de leur âge et de leur sensibilité. Les exposer à l’art, c’est leur permettre d’élargir leur champ d’expériences ».
De la rencontre à la rupture, en passant par la déclaration, quels sont les mots pour dire l'amour ? De l'analyse poétique à son étude linguistique, les discours amoureux n'ont pas fini de nous surprendre.
Avec
Julie Neveux Linguiste, professeure de littérature
Paul B. Preciado, philosophe, écrivain et commissaire d’art. Il a été commissaire de la documenta 14 Kassel-Athènes entre 2015 et 2017, mais aussi commissaire du pavillon Taïwan à Venise en 2019. Il a été choisi comme invité intellectuel du Centre Pompidou en 2020.
En Europe, de plus en plus d’adolescents souffriraient de dysphorie de genre. Face à ce phénomène, parents, médecins et psychiatres sont partagés sur les méthodes à suivre pour accompagner au mieux ces enfants, souvent en grande souffrance psychologique.
La dysphorie de genre, c’est le sentiment d’inadéquation entre son genre de naissance et celui auquel on s’identifie. Cela concernerait aujourd'hui de plus en plus d'enfants et d'adolescents qui souhaitent faire leur transition et changer de genre. C'est ce que constate en Suède, Mikaël Landen, chef du département de psychiatrie et de neurochimie à l'université de Göteborg : "Avant il s’agissait d’un phénomène très rare. Nous avions un, deux, peut-être trois enfants par an qui demandaient des soins pour une dysphorie de genre en Suède. Mais quelque chose s’est produit autour de 2010. J’ai calculé que l’augmentation était de 2 300 % ou quelque chose comme ça“.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, on connut de véritables épidémies de nostalgie, une émotion alors mortelle. Comment cette maladie est-elle devenue ce qu'elle n'est plus ? L'historien Thomas Dodman a mené l'enquête. Il est rejoint par l'écrivain Guy Birenbaum.
Avec
Thomas Dodman historien, maître de conférences à Columbia University (New York)
Si la nostalgie n'est plus ce qu'elle était, elle le fut. Et constitue donc à ce titre un formidable objet d'histoire. L'objet d'un livre tout simplement titré « Nostalgie, histoire d'une émotion mortelle » et signé Thomas Dodman. Il est rejoint cette semaine par Guy Birenbaum, auteur de « Toutes les histoires sont vraies », un roman en éclats autobiographiques de pure nostalgie.
« Nostalgie. Histoire d’une émotion mortelle » de Thomas Dodman (Seuil)
À : Institut national d'histoire de l'art - 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Colloque international et interdisciplinaire
Lacunes
Auditorium Jacqueline Lichtenstein, INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris
Les définitions usuelles de la « lacune » renvoient au manque, au vide, à l’absence voire à la défaillance, la détérioration ou l’insuffisance. C’est aussi une déficience du savoir. Cette notion est bien plus complexe que ce que cette liste laisserait entendre. S’il s’agit d’un manque, il est dynamique, signifiant voire créateur. La lacune n’est pas simplement une absence mais plutôt une trace en négatif de ce qui fut présent ou entier et qui, pour une raison ou une autre, a disparu. Elle pose la question de l’origine et de la nature de ce qui fut, autant que de son devenir et des pratiques qu’elle appelle : retrouver, restituer ou non, remémorer. La lacune est un embrayeur de pensée nouant le passé et le présent de façon sans cesse renouvelée. Ce vide met en abyme la complétude, l’authenticité, idéales, réelles, imaginaires. Toute lacune ne saurait être une perte, une négation. À l’échelle, longue, de l’histoire comme de la vie, brève, des hommes, sans lacunes, l’encombrement des esprits et des lieux rendrait l’existence impossible. Les multiples manières de faire lacune, d’en rendre raison, de la taire ou de la ressentir, engendrent une nécessaire réflexion sur le temps et les lieux dans lesquels elle s’inscrit. Réalité de notre présent, sujet de réflexion et défi pour des chercheurs d’horizons très variés, elle est aussi un moteur créatif pour les artistes. L’UMR 9022 Héritages s’empare de cette notion plurielle pour son premier colloque international et résolument pluridisciplinaire.
ENQUÊTEEux ne s’attardent pas au boulot, sèchent des déjeuners entre collègues pour retrouver leur enfant, se mettent à temps partiel. Les pères qui veulent accorder du temps à leur progéniture bousculent les habitudes des entreprises.
Riad s’estime chanceux. Chanceux que ses enfants, âgés de 12, 9 et 7 ans, soient nés dans des périodes de « moindres besoins » au travail.Grâce à cela, ce cheminot de 39 ans en région parisienne a pu poser son congé paternité – deux semaines à l’époque. Récemment, un collègue, qui fait les trois-huit comme lui, n’a pu prendre que trois jours à la naissance de son enfant. Riad (qui a, comme d’autres interlocuteurs, requis l’anonymat) est aussi chanceux de ne pas être une femme, ou un papa solo. Une collègue, qui s’était vu refuser de passer en horaires de jour, est venue travailler avec son bébé, car payer une nounou aurait ramené sa nuit de travail à − 20 euros. Certains pères célibataires laissent leurs enfants adolescents seuls la nuit, la boule au ventre.
Difficultés à attirer des médecins et des soignants généralement, manque de moyens humains, financiers et de formation… Dans nos colonnes, début décembre, la CGT du centre hospitalier spécialisé (CHS) Pierre-Lôo avait évoqué des problèmes auxquels fait face la psychiatrie du service public dans la Nièvre. La direction a voulu apporter des précisions sur quelques points. Mais reconnaît certaines difficultés.
Bénédicte Soilly-Loiseau, directrice du CHS Pierre-Lôo précise qu’« on a toujours un rendez-vous d’urgence, avec une infirmière d’accueil et d’orientation (IAO) », quand on arrive dans un CMP. « Si vous êtes en pleurs, par exemple, elle ne va pas vous dire de revenir dans plusieurs mois. Elle va vous prendre en urgence. Derrière, il y a une équipe d’infirmiers psy qui fait une évaluation. Après, si besoin, ils vont appeler le médecin de garde ». La directrice incite les Nivernais à « pousser la porte des CMP ». Son autre remarque concerne les antennes en ambulatoire. La CGT déplorait que certaines aient été fermées. « Aucune n’a été fermée pendant le Covid ou depuis », précise la directrice du CHS Pierre-Lôo. Il n’y a pas de fermeture de structure, mais il y a des demi-journées d’ouverture », tient-elle à nuancer.
parHélène Devynck, Journaliste, autrice de "Impunité" (Seuil, 2022) publié le 10 décembre 2022
Vendredi, à Nice, les forces de l’ordre ont tendu une bâche noire sur la devanture d’une librairie pour cacher des collages féministes avant la visite de Gérald Darmanin dans la ville. Mais l’opération n’a fait que montrer ce qu’elle voulait cacher : l’impunité accordée aux puissants, explique la journaliste, qui accuse PPDA de l’avoir violée en 1993.
La librairie Les Parleuses de Nice était bondée quand j’y suis venue mardi dernier. On avait poussé les tables, on s’entassait debout après avoir sorti toutes les chaises et distribué les plaids contre le froid de ce début décembre. Anouk et Maud, les libraires ont le féminisme érudit, joyeux, généreux et contagieux. Il y a eu de la fierté, de la gaîté et des larmes aussi quand, comme ça arrive immanquablement depuis la sortie de ce livre, les «moi aussi» étranglés de douleur ont été chuchotés avant de fermer boutique.
Le ministre de l’Intérieur était annoncé dans le quartier ce vendredi. Les colleuses de la ville ont été invitées à décorer la devanture. Au-dessus de mon livre, elles ont peint son titre sur des feuilles A4 : «Impunité.» A côté, elles ont collé des slogans de manifestations : «Qui sème l’impunité récolte la colère» et aussi «Victimes, on vous croit. Violeur, on vous voit.» Elles ont ajouté «Sophie, on te croit».
Poursuivi notamment pour usage, importation et détention de cannabis, ainsi que pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie, Philippe Pruvot comparaissait mercredi devant le tribunal de Coutances. Atteint de fibromyalgie, il soignait sa maladie et ses proches en fabriquant des gélules.
Ils sont serrés l’un contre l’autre sur le banc. L’audience de Philippe a pris du retard. Pour quelques minutes encore, c’est un jeune homme à la barre. Incarcéré à la maison d’arrêt du coin, accusé de s’être servi de sa compagne au parloir pour glisser un bout de shit derrière les murs, vite relaxé. En ce mercredi d’automne, la petite salle du palais de justice de Coutances (Manche) est quasi vide. A l’entrée, le policier en faction liste à bas mots les affaires judiciaires du moment. «Beaucoup de stupéfiants.»
En se basant sur l’hypothèse de Stekel, l’anthropologue français démontre l’importance du prénom dans nos choix affectifs.
publié le 8 décembre 2022 à 5h43
Il est très rare qu’un anthropologue s’intéresse de si près, textes en main, à la psychanalyse. Bernard Vernier est spécialiste depuis longtemps de la question des ressemblances dans la famille et plus largement, dans la parenté. Mais, dans ce livre, il va plus loin que dans ses observations de terrain : il a décidé de faire ressortir, statistiques à l’appui, la logique à laquelle obéit l’économie affective des sociétés qui utilisent les prénoms d’origine familiale. On est littéralement fasciné parce que Vernier appelle le «fétichisme onomastique» en amour. Stekel, contemporain de Freud avait déjà parlé du déterminisme du nom (1911). Quant à Groddeck, il avait écrit en 1916 : «On épouse la plupart du temps un prénom… […] A trois ans on a aimé un certain Hans et plus tard on épousera un Hans. Entre le premier et le dernier Hans, il y a toute une série de Hans.» Dans une lettre à Thomas Mann, Freud avait lui-même analysé le mariage de Napoléon qui s’est décidé à épouser Joséphine, une jeune veuve plus âgée que lui sur laquelle il avait transféré une partie du tendre attachement qu’il portait à son frère aîné Joseph (l’absence de descendance était la cause du divorce, on le sait).
Le «goblin mode» désigne une attitude consistant à se laisser vivre et à ne surtout pas s’en excuser. Un terme à rebours des injonctions à s’améliorer constamment et à se présenter en toute situation sous son meilleur jour.
Se mettre «en mode gobelin», ça vous dit quelque chose ? Non ? Ça doit être parce que, comme nous, vous êtes trop vieux pour passer vos journées sur TikTok. C’est là, semble-t-il, que le terme a gagné en popularité, au point d’avoir été élu «mot de l’année 2022» du dictionnaire britannique Oxford, édité par Oxford University Press, rapportait le Guardian lundi. Pour la première fois, c’est le public qui choisissait, et il a plébiscité (devant «métavers») ce terme qui désigne, selon le quotidien, «un type de comportement qui ne s’excuse pas d’être complaisant envers soi-même, paresseux, négligé, ou glouton, typiquement d’une façon qui rejette les normes ou les attentes sociales».
ENTRETIEN « Je ne serais pas arrivée là si… » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Marie Cau, élue du Nord, revient sur sa jeunesse douloureuse et la prise de conscience de sa transidentité.
Elue maire de Tilloy-lez-Marchiennes dans le Nord en 2020, Marie Cau, 57 ans, est devenue la première femme transgenre à accéder à un tel mandat. Une double reconnaissance qu’elle savoure après un long combat pour s’assumer et s’aimer.
Je ne serais pas arrivée là si…
Si je n’avais brusquement compris, en lisant la phrase de saint Jean « la vérité t’affranchira », que je ne pouvais plus continuer à me mentir à moi-même et aux autres. Que mon mensonge était une prison, comme l’était ce corps d’homme dans lequel j’étais née alors que tout en moi était féminin. Il était urgent que je me libère en assumant enfin qui j’étais : une femme trans.
Une pause rapide, pour reprendre son souffle, c’est environ 1/5e de seconde. A partir de 2 secondes, c’est un silence – qui peut rapidement devenir gênant. A quoi servent les silences ?
Dans « Ecran total », les journalistes du « Monde » décryptent ces images omniprésentes dans nos vies. Cette semaine, Nicolas Santolaria applaudit cette émission à part de France 2, où des personnes autistes renouvellent complètement l’exercice de l’interview.
On est rarement surpris en regardant la télé. Dans le poste, les journalistes parlent comme des enceintes connectées et les invités, tout aussi robotisés, leur répondent en débitant leur argumentaire sur l’air de l’authenticité. Alors, quand on tombe, en zappant, sur « Les Rencontres du Papotin » (France 2), on sent tout de suite qu’on est là face à quelque chose de profondément différent, un espace où la parole semble s’être libérée de ses chaînes, virevoltant entre poésie pure et sincérité désarmante.
Diffusé sur le service public depuis la rentrée et lancé par les cinéastes Eric Toledano et Olivier Nakache, ce magazine d’interviews reprend le principe du journal papier Le Papotin (parution aléatoire), dont la rédaction compte une cinquantaine de journalistes non professionnels atteints de troubles du spectre autistique (TSA). Cette fois devant les caméras, ces amateurs, en réalité bien plus perspicaces que les « pros », interviewent une personnalité, avec une seule règle de conduite : « On peut tout dire au “Papotin”, mais, surtout, tout peut arriver ! »