Siège auto, poussette, nacelle, kit de coloriage, brassière de natation… Lesquels emmener ? Avant de partir en vacances, de nombreux parents se cassent la tête sur les équipements de puériculture. Comment trouver un équilibre entre la place qu’on réserve à soi dans la valise et celle dévolue aux bambins ? Pour éviter d’accumuler les objets, de plus en plus de jeunes parents se tournent vers la location. Greenweez, le leader français de la vente en ligne de produits bio et écoresponsables, s’est lancé fin juin dans ce mode de consommation alternative jugé très porteur, avec un service axé sur la puériculture.
«Nous souhaitons devenir une place forte de la consommation responsable, avance Romain Roy fondateur de Greenweez. Nous sommes au fait que notre monde se meurt à cause des notions de propriété et de possession.» Pour mettre en place ce service, la marketplace s’est associée à la startup Lizee, spécialisée dans la proposition de solutions contre la surconsommation. Pour le moment, le site de location propose des produits utilitaires de tous les jours (biberons, écharpe de portage, tire-lait, thermomètre…) et de divertissement (conteuses, jouets, tableau éducatif…). Le fonctionnement de l’interface est simple : le consommateur reçoit son produit à domicile et paie un abonnement mensuel tant qu’il utilise l’objet. Lorsque son usage devient obsolète ou qu’il est délaissé par son enfant, il le retourne à l’envoyeur qui le le désinfecte et le remet en circulation.
«Un progrès énorme»
Il manque sur l’interface de Greenweez, ce qu’on appelle la grosse puériculture : sièges autos, poussettes, etc. Elle devrait suivre prochainement. Selon la Fédération des industries jouet et puériculture (FPJ), le marché était estimé en 2019 à plus de 328 millions d’euros. Romain Roy : «Sur la grosse puériculture, c’est très compliqué d’avoir des articles conçus de manière écoresponsable. Les articles sont très majoritairement fabriqués hors d’Europe avec des matériaux polluants. Mais même si le sujet prête à débat, j’estime que louer ce type d’articles et arrêter de les posséder est déjà un progrès énorme, et nous privilégions les articles les plus écoresponsables possibles. Je reste convaincu que le développement de ces systèmes de location est inéluctable à l’avenir si nous voulons réduire durablement nos émissions.»
Si ce service n’en est qu’à ses balbutiements, certains acteurs sont déjà bien installés. Depuis 2011, Familib se présente comme la première plateforme internet de location de matériel de puériculture, disposant de plus de 70 points de retrait en France (et 2 en Espagne) dans des boutiques et grandes enseignes pour jeunes enfants, des hôtels, des offices de tourisme, des clubs de tourisme ou encore au sein de conciergeries. D’abord présentes sur le segment de la location dans des boutiques physiques, d’autres sociétés spécialisées comme Kidelio (disponible dans 17 points de relais en France) existent depuis 2009. Le modèle économique privilégié par les plateformes est celui de l’abonnement.
75 000 tonnes de jeux jetées chaque année
Sur les trois dernières années, le business de la location d’objets pour enfants a connu un regain d’intérêt important. Pour preuve Manny, qui propose de la grosse puériculture livrée à domicile depuis l’été dernier ; Petite Marelle, spécialisé dans la location de jouets depuis 2019 ; ou encore Petit Sioux, qui a investi il y a trois ans le terrain de box évolutives, personnalisées et écoresponsables pour les enfants de 0 à 6 ans. Cofondée par Audrey Bernard, éditorialiste dans le secteur de la puériculture et la parentalité, et Sophie Pin, ex-responsable développement durable dans la grande consommation, Petit Sioux entend agir contre la surconsommation et ses dégâts. Selon le ministère de la Transition écologique, 75 000 tonnes de jeux sont jetées chaque année en France. Le marché du jouet, lui, réalisait, selon FJP, un chiffre d’affaires de 3,62 milliards d’euros en 2020.
Les jeunes parents millenials (nés entre le début des années 1980 et la fin des années 1990) sont les principales cibles des sites de location d’objets de puériculture. Mais le mouvement est général. En 2018, après une étude réalisée auprès de 4 034 Français, l’Observatoire société et consommation (Obsoco) indiquait l’émergence de l’abonnement et de la location dans les pratiques de consommation en général, au moins dans les intentions. L’inflation ne peut que doper l’élan de l‘économie du partage, qui cherche à limiter la production de déchets et à réaliser des petites économies sur tous les postes de dépenses.