Vendredi, 15/04/2022
Une extraordinaire mutation scientifique et médicale est en route. Elle va permettre, bien plus vite qu’on ne le pense, de proposer aux patients des médicaments entièrement conçus sur mesure et fabriqués la demande. Parallèlement, chacun d’entre nous disposera dans quelques années, dès sa naissance, d’un véritable "jumeau numérique" qui permettra de tester virtuellement les innombrables combinaisons thérapeutiques qui seront utilisées pour prendre en charge de la façon la plus efficace possible les différentes pathologies.
Le premier médicament commercialisé imprimé en 3D a été approuvé aux Etats-Unis par la FDA en 2015. Sa substance active est le lévétiracétam. Le choix de l’impression 3D pour ce médicament a permis d’obtenir un comprimé qui se dissout plus facilement et convient mieux aux patients souffrant de troubles de la déglutition. Partout dans le monde, des équipes de recherche travaillent sur la conception et la production personnalisées de médicaments et les progrès dans ce domaine sont impressionnants. Des pharmacologues et des bioingénieurs de l’University of East Anglia (UEA, Norwich) développent par exemple une technologie permettant d'imprimer des pilules en 3D (Voir Science Direct). Cette nouvelle technique de fabrication par impression 3D de médicaments, sous forme de structures poreuses, permet de contrôler la vitesse de libération de l’agent actif, une fois le médicament absorbé par voie orale.
L’objectif des chercheurs est d’optimiser les différents paramètres qui contribuent à l’efficacité d’un médicament, porosité, dose, durée de libération. Cette approche permet également de simplifier sensiblement la posologie, en intégrant plusieurs médicaments dans une poly-pilule unique, pour les patients qui sont obligés de prendre plusieurs molécules différentes. Cette nouvelle approche thérapeutique et pharmacologique est bien mieux adaptée aux patients âgés, de plus en plus nombreux, qui prennent souvent de nombreux médicaments chaque jour, ainsi qu’aux patients souffrant de maladies graves, comme le cancer, ou les maladies neurodégénératives.
Une autre équipe britannique, dirigée par Lee Cronin (Cronin Lab de l’Université de Glasgow), a mis au point une plate-forme de laboratoire robotique qui produit molécules et médicaments. Fin 2018, ces chercheurs avaient publié une étude remarquée sur le "chemputer", une plate-forme de laboratoire robotique capable de synthétiser des composés organiques à partir de méthodes standardisées et d’un outil logiciel de description chimique, nommé XDL (Voir Science). En octobre 2020, ces chercheurs ont franchi une étape supplémentaire vers l’ingénierie chimique numérique, grâce à un nouveau logiciel qui sait traduire les articles universitaires en programmes exécutables directement par le "chemputer". Le système traduit les instructions en XDL ; celles-ci sont alors transmises au chemputer qui exécute les actions mécaniques correspondantes (Voir Science).
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