par Anaïs Moran
Sa vie, aujourd’hui ? Il dirait qu’elle est comme «endormie». Figée dans l’air immobile de ses deux dernières années. Empêchée, piégée entre quatre murs érigés par le Covid-19. «Tout mon quotidien est à l’arrêt», témoigne Frédéric Baudrillard, 47 ans, masque blanc sous regard azur, posté à l’autre bout d’un banc public de Pontault-Combault, en Seine-et-Marne. Atteint d’une mucoviscidose, transplanté des deux poumons en 2016, l’homme fait partie de ceux qu’on appelle les immunodéprimés. Son corps est une muraille battue en brèche. Ses défenses, déficientes et altérées par sa maladie, sont stimulées par la prise journalière de cinq comprimés. «Mon équilibre a toujours été fragile, vulnérable face aux virus et bactéries en tout genre, souffle-t-il. L’arrivée du Sars-CoV-2 m’a fait basculer dans une autre dimension.»