La nouvelle saison du Sablier (Centre national de la marionnette ) a sonné. Et avec elle, les premières résidences d’artistes. Lucie Hanoy et l’équipe de la Big Up compagnie, sont à̀l’atelier jusqu’au 15 octobre pour travailler sur leur prochain spectacle Juste une mise au point.
Après L’Imposture et Object side story, deux spectacles accueillis au festival RéciDives, Lucie Hanoy revient à Dives pour préparer son prochain spectacle.
À partir de sa propre histoire et de témoignages de spécialistes des psychoses, la comédienne-marionnettiste travaille un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : la schizophrénie d’un frère, le désarroi d’une famille et le regard que la société porte sur « la folie ».
par Annabelle Martella, envoyée spéciale à Arles publié le 11 octobre 2021 à 4h12
Après huit ans de travail à la prison d’Arles, Caroline Guiela Nguyen a réussi à y filmer une fiction avec des détenus et des acteurs professionnels. «Libération» a assisté à une émouvante projection du film à la centrale.
On passe des portes. Des blindées, d’autres à barreaux. On n’a pas réussi à les dénombrer – dans une prison on ne s’arrête pas dans les couloirs pour compter – et on arrive dans la salle de projection dans l’incapacité totale de se faire une idée générale de la géographie de la maison centrale d’Arles. On nous montre au loin, derrière un jardin entouré de barbelés, le gymnase du centre pénitentiaire. C’est ici, entre deux confinements et en pleine canicule qu’a été tourné avec des comédiens prisonniers et professionnels le premier court-métrage de la metteuse en scène Caroline Guiela Nguyen. Dans une salle où on a tiré les rideaux, on découvre le film en même temps que les quatre comédiens encore détenus, accompagnés d’une bonne partie de l’équipe dont la productrice Sylvie Pialat, qui travaillent sur ce projet depuis mars 2018. Les Engloutis appartient au cycle «Fraternité» de l’artiste, du nom de la saga théâtrale post-apocalyptique de Nguyen qui se joue en ce moment à Paris.
par Mathilde Frénois, correspondante à Nice et photos Eleonora Strano. Hans Lucas
publié le 10 octobre 2021
Dans son collège REP +, la professeure de français Gaëlle Assoune prône une pédagogie bienveillante, s’appuyant sur les sciences cognitives et les neurosciences affectives.
Elle n’est pas le genre de prof à installer une bibliothèque dans sa chambre. La table du salon avec ordinateur portable fait office de bureau, trop encombrant. Trop lourd, le cartable a vite cédé sa place au tote bag. Chez Gaëlle Assoune, 42 ans, il y a bien un tableau noir, mais c’est celui de sa fille de 4 ans, peint pendant le confinement. «J’ai surtout ma clef USB. J’ai des copies bien sûr, mais je fais de plus en plus de dématérialisé, expose-t-elle. Ça me permet d’avoir accès aux ENT [espaces numériques de travail, ndlr], aux blogs, aux tchats, aux forums. Cette pratique hybride permet plein de fonctionnalités.» Gaëlle Assoune n’entre pas dans les cases. Prof de français dans un collège REP + de Nice, elle a été sélectionnée parmi les 50 finalistes du Global Teacher Prize pour sa manière«d’élargir les horizons de l’enseignement au-delà des limites du système national». Son dossier est ressorti au milieu de 8 000 candidatures.
Le livre "La fracture" de Frédéric Dabi est basé sur une grande enquête d'opinion de l'IFOP auprès de la génération des 18-30 ans, en 2021. Menée à plusieurs reprises depuis les années 1950, puis interrompue pendant deux décennies, l'enquête de cette année révèle une véritable fracture avec les autres générations.
Génération à part, sans étiquette
"Ce qui est frappant, c'est que cette jeunesse est insaisissable, on lui accole facilement des étiquettes mais elle est beaucoup plus diverse que cela", commence Frédéric Dabi. "Ce livre montre qu’on ne peut pas réduire cette jeunesse à la génération sacrifiée, génération pleurnicheuse, ou génération Covid.”
Sélection | Conformismes, certitudes, haines ou sottise : la bêtise c'est toujours celle des autres, à la rigueur celle de l'air du temps. Comment penser cet objet toujours situé hors de soi ? 10 émissions pour répondre à cette ancienne question philosophique : pourquoi y a-t-il de la bêtise plutôt que rien ?
Basé à Lyon et très investi sur les réseaux sociaux, le diététicien psycho-nutritionniste Jérémy Gorskie déplore la popularisation du jeûne sans encadrement ni réelle méthode.
D’après un document du ministère de la Santé daté d’octobre 2018 intitulé «Promotion de la santé mentale en Algérie : faire face aux nouveaux défis, développer des réponses adaptées», notre pays disposait jusqu’en 2016 d’un peu plus de 5000 lits en soins psychiatriques, tous établissements confondus.
«En 2016, le pays comptait 5299 lits d’hospitalisation psychiatrique, soit 13,1 lits pour 100 000 habitants (50 à 150 lits/100 000 habitants en Europe), dont 591 lits (11%) sont situés dans des hôpitaux généraux et 206 (4%) au niveau des CHU», peut-on lire dans ce document.
Uganda’s community initiative helping HIV patients overcome depression
Margaret était submergée par la dépression et accablée par la stigmatisation. Enceinte, sa lutte pour vivre avec le VIH lui laissait peu de goût à la vie, au point d’envisager la mort. « Je m’enfermais à la maison tous les jours. Je voulais tuer mon enfant et me tuer parce que je pensais que je ne servais plus à rien dans cette vie et je ne voulais pas que mon enfant souffre comme moi », dit-elle.
Dans son village du nord de l’Ouganda, un groupe de conseils à base communautaire aide les gens vivant avec le VIH avec une thérapie psychosociale à mieux gérer et surmonter les troubles de santé mentale. Vivre avec une maladie infectieuse chronique peut être difficile. Les personnes vivant avec le VIH sont confrontées à davantage de risques de développer des troubles mentaux comme la dépression et l’anxiété, qui font partie des troubles de santé mentale les plus répandues auxquels ces personnes font face. Margaret dit devoir sa survie à ce groupe.
Longtemps sous-estimées, les différences individuelles d'organisation du cerveau peuvent être aujourd'hui explorées à travers l'étude des connexions anatomiques structurelles mais aussi des connexions fonctionnelles entre les différentes aires du cerveau
Après les Assises nationales de la santé mentale et de la psychiatrie, qui ont eu lieu les 27 et 28 septembre, les 32e Semaines d’information sur la santé mentale vont continuer d’informer sur les droits des personnes porteuses d’un handicap psychique. Cela dans toute la France, du 4 au 17 octobre.
A 10 ans, elle choisit de porter le hijab au sein d’une famille croyante et pratiquante de Mantes-la-Jolie. Aujourd’hui, la jeune doctorante en sociologie, cofondatrice de «Hijab and the City», publie un manifeste antiraciste et féministe, «Dévoilons-nous», où elle souhaite questionner le voile avec sérénité et conviction.
Voilée, Mariame Tighanimine faisait de la boxe française. A 21 ans, elle crée Hijab and the City avec sa sœur, premier web magazine féminin s’adressant aux femmes françaises de culture musulmane. Elle entre à Sciences-Po avec un foulard dans les cheveux. A 24 ans, elle apprend à nager. A 33 ans, doctorante en sociologie à Paris, elle publie Dévoilons-nous (L’Olivier) où elle décrit le long processus qui l’a conduite à abandonner ce tissu qui symbolisa si longtemps sa foi. Durant dix-huit ans, elle a connu les humiliations et même les crachats, expérience qu’elle raconte dans un précédent ouvrage Différente comme tout le monde (Le Passeur, 2017). Elle souhaite que son nouveau livre soit un «manifeste antiraciste et féministe».
Pourquoi avoir retiré votre voile après l’avoir porté dix-huit ans ?
Il ne me correspondait plus. Me dévoiler était ce qui marquait la fin d’un processus de décroyance. Le voile était pour moi l’accessoire qui montrait et confirmait que j’étais musulmane et que je pratiquais. Il était très difficile d’accepter que ce monde n’était plus le mien : les croyances reçues en héritage, l’éducation donnée par mes parents qui n’étaient pas dans le prosélytisme. Ils avaient une pratique paisible mais traditionnelle. J’étais désenchantée : je ne croyais plus du tout, plus en Dieu, plus en rien. J’ai vite retrouvé de l’enchantement grâce à la science. Je me suis tout même demandée : à quoi bon le retirer après toutes ces années investies ? Je me sentais flouée : tant de choses auxquelles j’avais pu croire, que j’avais pu faire et qui m’avaient causé du tort socialement, tout cela pour rien ? Et puis, voilée ou pas, j’étais toujours susceptible d’être victime de discriminations, puisque je suis d’origine immigrée, issue d’un milieu populaire.
Une activité physique régulière réduit le temps d’endormissement et améliore la qualité du sommeil. Un outil à ne pas négliger, alors que la crise sanitaire a affecté de façon durable les nuits des Français.
Dix mille pas et plus. Bien dormir deviendrait-il un privilège ? Déjà quelque peu plombé ces dernières années, le sommeil des Français s’est encore dégradé avec la pandémie.
Les soins oncologiques de support (SOS) restent disparates tant en matière d’offre que d’accessibilité. La stratégie décennale de lutte contre les cancers qui a été établie début 2021 vise à garantir la qualité, l'accessibilité, et l'évolutivité de cette offre sur le territoire, et les modalités de ce nouvel effort ont été décrites dans le cadre du Congrès National des Réseaux de Cancérologie, qui s’est tenu à Montpellier les 23 et 24 septembre 2021.
Pour accompagner cet essor, la stratégie décennale a prévu l'établissement d'un référentiel organisationnel des soins de support. Sylvie Pelletier (ACORESCA) et Émilie Houas-Bernat (INCa) en ont présenté les grandes lignes. Travaillé conjointement avec des groupes de travail pluriprofessionnels et des représentants d'usagers, ce document, s’articule autour de trois axes : le premier concerne le repérage et l'évaluation renforcée des besoins en SOS pendant et après le traitement. Le repérage pourra être fait par le patient ou professionnel à partir d'un questionnaire ou d’un autoquestionnaire en cours d’établissement. Son analyse par l'équipe soignante ouvrira si besoin sur une évaluation renforcée et, le cas échéant, vers un conseil ou vers l’intervention d’un professionnel. L’attention doit être portée à ce que les besoins réels du patient soient bien ciblés, et non pas les besoins pressentis par le professionnel de santé.
Art, exil et psychiatrie autour de François Tosquelles
Du 14 octobre 2021 au 6 mars 2022
les Abattoirs
Cette exposition inédite dévoile une histoire méconnue qui a fait date dans la psychiatrie au 20ème siècle et ses liens nouveaux avec l’art brut et l’art moderne. Elle prend pour point de départ le parcours du psychiatre catalan François Tosquelles (1912-1994).
L'exposition s’écrit sur les chemins de l’exil, ceux de la Retirada espagnole, puis de la Seconde Guerre mondiale, et présente le rôle que ce médecin a tenu dans l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban-sur-Limagnole, en Lozère, au milieu des patients.
Elle rend ainsi hommage à ses héritages artistiques et intellectuels encore forts aujourd’hui. Les Abattoirs accueillent la première étape de ce projet d’envergure internationale, qui rassemble plus de 100 œuvres, aussi bien d’art moderne que celles créées par les patients dans l’hôpital, ainsi que des films inédits, des livres, des archives, des photographies et un volet d’art contemporain.
Ce projet réunit quatre institutions de trois pays et circulera en 2022 au Centre de Cultura Contemporània de Barcelone et au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid et en 2023 à l’American Folk Art Museum à New York.
"Ce qui caractérise la psychanalyse, c’est qu’il faut l’inventer. L’individu ne se rappelle de rien. On l’autorise à déconner. On lui dit : ‘’Déconne, déconne mon petit ! Ça s’appelle associer. Ici personne ne te juge, tu peux déconner à ton aise.’’ Moi, la psychiatrie, je l’appelle la déconniatrie. Mais, pendant que le patient déconne, qu’est-ce que je fais ? Dans le silence ou en intervenant – mais surtout dans le silence –, je déconne à mon tour."
(François Tosquelles, dans "François Tosquelles. Une politique de la folie", réalisé par François Pain, Danièle Sivadon et Jean-Claude Polack, 1989)
Daniel Zagury analyse, en praticien, les causes du déclin de la discipline. Et ses conséquences.
« Comment on massacre la psychiatrie française », de Daniel Zagury, L’Observatoire, 261 p.
Célèbre pour son apport à la clinique médico-légale, ainsi que pour son courage face aux polémiques qui ont déferlé sur lui à propos de ses expertises de grands criminels – Guy Georges, Patrice Alègre, Michel Fourniret et bien d’autres –, Daniel Zagury, psychiatre honoraire des hôpitaux et auteur de nombreux ouvrages, est aujourd’hui un homme en colère. En témoigne le titre de son dernier livre, Comment on massacre la psychiatrie française. Néanmoins, c’est avec rigueur et sans outrance qu’il décrit la situation actuelle.
par Alexandre Kauffmann, envoyé spécial à Albipublié le 7 octobre 2021
Parmi les patients de l’unité pour malades difficiles tarnaise figurent de nombreux criminels, notamment ceux dont les troubles ne les rendent pas pénalement responsables. Dans cet espace clos, les soignants les aident à retrouver une forme de liberté.
Derrière les portes de cet établissement perdu au milieu des champs, huit patients sur dix ont commis des homicides ou des tentatives d’homicide. Doit-on respecter des consignes particulières dans nos échanges avec les pensionnaires ? «Evitez simplement de les interroger sur les faits qui les ont conduits ici, surtout devant les autres patients», précise le docteur Olivier Tellier, chef de cette unité pour malades difficiles (UMD) située en périphérie d’Albi, dans le Tarn. Et l’humour, peut-on s’autoriser à en faire usage pour dissiper d’éventuelles tensions ? «Avec beaucoup de précautions, certains patients sont très premier degré…» prévient le psychiatre. Il déverrouille enfin la porte à l’aide d’un badge électronique. Nous voilà au milieu d’une quarantaine d’hommes que les services de psychiatrie classiques ont temporairement renoncé à soigner. Trois quarts d’entre eux souffrent de schizophrénie. Ils restent ici en moyenne une dizaine de mois, le temps que leur état se stabilise.
Benjamin Weil Psychiatre Publié le 06 octobre 2021
Dans une tribune pour « Le Monde », le psychiatre de secteur Benjamin Weil réagit à la tenue, les 27 et 28 septembre, des Assises de la psychiatrie et de la santé mentale qui ont, selon lui, fait la part belle aux démarches neuroscientifiques, négligeant « la question de la souffrance psychique des gens », et ceux qui la soignent au quotidien.
Tribune. La psychiatrie disparaît au profit de la santé mentale. C’est un constat partagé par le plus grand nombre, qu’ils voient dans cette évolution une solution ou un problème. La santé mentale s’organise en deux pôles, coordonnés : une compréhension politique du fait psychique à l’échelle de la santé publique, du grand nombre et une compréhension scientifique exclusivement nourrie par les neurosciences.
La prise en charge financière des consultations psychologiques est un progrès. Mais avec un plafond à 40 euros, sans dépassement d’honoraires, cela revient à mettre en place une psychologie libérale à deux vitesses. Des alternatives existent.
par Emilie Consoloni-Ritter, Célia Briot, Marie Louvet, Matthieu Chevassus, Senja Stirn et Arnaud Stehly, membres du Cercle des neuropsychologues libéraux d’Alsace (CNLA), Ann-Sylvie Man, membre du réseau des psychologues libéraux d’Alsace spécialisées dans les TSA et Fanny Reder
D’abord, le plafonnement tarifaire : 40 euros la première consultation et 30 euros les suivantes, sans dépassement d’honoraires, le psychologue étant libre d’adhérer à ce dispositif ou pas. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que le psychologue est un professionnel de première ligne sur la question de la santé mentale. La crise sanitaire l’a encore rappelé. La prise en charge des séquelles traumatiques après les dernières vagues d’attentats aussi. Ces professionnels, lorsqu’ils exercent la fonction de psychothérapeute, sont régulièrement les derniers maillons des soins lorsque la réponse médicamenteuse ne suffit pas. En côtoyant la détresse psychique de près, ce sont aussi les premières figures dans le repérage et la prévention du suicide en France, deuxième cause de mortalité chez les jeunes. Ce sont également ces professionnels qui interviennent dans la prise en charge des addictions comme le tabac, ainsi que l’alcool. On en connaît aujourd’hui les ravages sur la santé publique des Français.