par Philippe Lançon publié le 17 mai 2021
De la figure de proue Vigée Le Brun à ses consœurs oubliées, le musée du Luxembourg rend hommage à ces artistes qui se sont battues pour exister entre la Révolution et la Restauration, au travers d’œuvres intimes et subtilement politiques.
«Peintres femmes», et non «Femmes peintres» : la fonction avant le genre ; mais ce qui frappe d’abord dans l’exposition du musée du Luxembourg, outre la qualité de certains tableaux, portraits surtout, paysages aussi, c’est moins le sens du combat que la charge romanesque. Elle est d’abord due à l’accélération historique de l’époque choisie : Révolution, Empire, Restauration, de quoi décoiffer la bourgeoise la mieux peignée. En résumé, de la vie d’Elisabeth Vigée Le Brun, la plus célèbre des peintres femmes exposées, aux premiers romans de George Sand, écrits sous son nom d’épouse, Aurore Dudevant. C’est l’époque où les Françaises qui peignent, discriminées dans l’accès au métier, font des autoportraits. En France, il a fallu attendre la seconde moitié du XVIIIe siècle. En Italie, en Espagne, elles avaient commencé plus tôt. Les «grands sujets», comme la peinture d’histoire, leur sont partout étrangers ou interdits. Elles s’émancipent par les «petits».