En lisant des romans comme ceux de Dostoïevski, avec des analyses semblables à de la psychanalyse, on se sent décrypté et on adhère à l'auteur.
La réponse d'Éric Orthwein:
Parce qu'il a vécu quasiment tout ce qu'il raconte dans ses livres et qu'il analyse ses expériences avec une profondeur inégalée. C'est la réponse courte. Aussi, pour répondre correctement à cette question, rien de tel qu'une réponse personnelle concernant ma rencontre avec Dostoïevski.
Si je ne saurais dire à quel moment précis j'ai rencontré Dostoïevski, en revanche je me souviens très bien du premier de ses livres que j'ai abordé, c'était Le Joueur; par fainéantise surtout, car c'est l'un de ses plus courts, à peine 200 pages –alors que l'auteur est réputé pour ses pavés de 1.000 pages…
À l'époque, j'étais encore sous l'emprise de Proust, battu en brèche une première fois par Belle du Seigneur d'Albert Cohen qui m'a fait une forte impression. Mais Proust résistait encore. Entre-temps, j'ai découvert celui qui m'a rendu jaloux par son style, Romain Gary, mais pas de quoi inquiéter le petit Marcel sur l'ensemble.
C'est alors que je m'attaque à Dosto (pour les intimes), avec Le Joueur, un petit roman de rien du tout, pensais-je, que je vais avaler en deux heures. Ceci dit, concernant la difficulté, la lecture de Dosto n'est pas très difficile, tout le monde peut le lire. Or, à peine entamées les premières pages, j'ai eu de drôles de sensations en lisant. J'avais l'impression qu'il parlait de moi, qu'il me parlait directement. Je ne pouvais rien lui cacher.