[...] Sur YouTube, on le connaît sous le pseudo de TyranOzor. Des vidéos, encore artisanales, où le jeune homme, infirmier depuis huit ans, souligne les incohérences de son univers. Avec humour, parfois. Verve, souvent. Virulence, presque toujours.
[...] Qu'à cela ne tienne. l'infirmier se lance dans un nouveau projet : tourner une web-série sur la psychiatrie. "Nous allons tourner tout au long de l'année pour pouvoir la sortir à partir de septembre 2021. Le format sera assez similaire à celui de Kaamelott. Des vidéos à plan fixe, qui durent entre trois et quatre minutes. On espère en tournée trente. Ça parlera de la psychiatrie, un petit groupe de soignants qui se retrouve dans le domaine médical le plus mis de côté. Histoire de débunker les clichés."
La série devrait s'appeler, tout simplement, Psy63.
Après 365 jours de dur labeur à raison d’une page de bande dessinée produite par jour sur son blog, Lisa Mandel publie en juillet Une année exemplaire, son rapport personnel d’un défi personnel consistant à ne plus succomber à ses addictions. Nous avons retracé avec la bédéiste son parcours et l’avons questionnée sur ce pari dessiné.
Le parcours de Lisa Mandel est linéaire : elle entre au lycée Denis Diderot à Marseille, section arts appliqués avec un baccalauréat en poche en 1995, puis intègre l’école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg avec comme spécialisation l’illustration pour la jeunesse. À cette époque, « on disait que cette voie était pour les filles tandis que la bande dessinée était pour les garçons. » C’est lors d’un stage à Milan presse (Toulouse) qu’elle commence à faire des illustrations, tirant profit des vacances estivales des illustrateurs du journal.
L’aventure des dessins pour enfants débute en fanfare l’année de son diplôme avec la série décalée et burlesque Nini Patalo dans le magazine Tchô !. Nous sommes en 2001. Quelques œuvres plus loin, Lisa s’oriente peu à peu vers la bande dessinée tout public teintée d’une touche de sociologie. Le premier exemple notable est probablement HP (2009-2013), qui traite de l’histoire de la psychiatrie à Marseille dans les années 70. Cette œuvre évoque le passage d’une psychiatrie asilaire, où l’enfermement est roi, à une psychiatrie de secteur, où l’accompagnement vers la réhabilitation devient la clé.
Christophe Debien est psychiatre au CHU de Lille. Il publie "Nos héros sont malades" chez humenSciences. Passionné de cinéma et de séries télévisées, il se penche sur les maladies mentales de personnages célèbres comme Rambo ou Carrie, l'espionne de la série Homeland.
Invité de France Bleu Nord, Christophe Debien, déjà à l'origine de la chaîne Psylab sur Youtube, a l'ambition de faire connaitre la psychiatrie à tout le monde parce qu'"il y a beaucoup de fantasmes autour de la spécialité".
Dans son ouvrage, le psychiatre lillois évoque les maux les plus fréquents de notre société, au travers de certains personnages de fiction. Un chapitre est consacré à "John Rambo, l'incarnation du trauma". Loin de l'image du soldat violent, c'est surtout un homme souffrant de stress post-traumatique qui évolue sur grand écran.
Les modes de prise en charge sont multiples, variés, chacun correspondant à des besoins bien spécifiques.
Derrière l'étiquette «psy» se cachent en réalité différentes écoles et professions. De la psychiatrie à la psychothérapie en passant par leurs sous-genres, les patient·es ont la possibilité d'être pris·es en charge par un éventail très large de praticiennes et praticiens, chacun avec des spécificités, qualités et défauts.
Dans son essai Pop & Psy, le psychiatre Jean-Victor Blanc revient sur ce flou qui règne encore chez le grand public:
«Psychiatre, psychologue, psychanalyste, psychothérapeute… Beaucoup de confusion entoure les métiers de la santé mentale. Même pour les patients qui consultent, la distinction n'est pas toujours claire lorsqu'il s'agit de savoir ce qui se cache derrière “mon psy”. À l'écran également, incarné par Meryl Streep (Petites confidences (à ma psy)), Jennifer Lopez (The Cell), ou Halle Berry (Gothika), pour ne citer que la fine fleur du cinéma des années 2000, la distinction n'est pas claire. Cela pose de réels problèmes dans l'accès aux soins, car il s'agit de professions bien différentes, qui répondent à des situations bien précises. Or, aller consulter à l'aveuglette revient à entrer dans une salle de cinéma au hasard. Il y aura certes un film, mais peu de chance que l'on saisisse de quoi il s'agit, ni que ce soit celui que l'on voulait voir.»
La psychiatrie, Lecter et les autres
Les psychiatres sont des médecins qui suivent six années de cursus général de médecine avant de se spécialiser pendant quatre années supplémentaires dans le diagnostic et le soin des maladies mentales. À ce titre, il leur est possible de prescrire des médicaments. Leurs consultations sont aussi remboursées (partiellement ou totalement) par la sécurité sociale.
Au cinéma, le plus célèbre des psychiatres s'appelle Hannibal Lecter, qui décide ensuite de se réorienter et de devenir tueur en série. Le psychiatre est souvent un personnage contre lequel on s'oppose. Dans Rois et Reine d'Arnaud Despleschin, le personnage interprété par Catherine Deneuve est la cible de nombreuses attaques, souvent sexistes, à propos de ses compétences, par un Ismaël (Mathieu Amalric) lui reprochant son internement.
La Cellule d'urgence médico-psychologique du Cantal est un service hospitalier qui dépend du Samu. Cette unité, composée d'une trentaine de soignants volontaires, intervient auprès de la population civile en cas d’expériences traumatisantes : catastrophes naturelles, attentats, accidents industriels, suicides sur la voie publique…
C’est un service méconnu du service des urgences hospitalières, la Cellule d’urgence médico-psychologique (Cump) du Cantal est basée, comme le Samu, au centre hospitalier Henri-Mondor d’Aurillac. Ce service est sous la responsabilité de la cadre de santé Élodie Roueyre et du docteur en psychiatrie, Clémentine Fournier-Terasak. Jonathan Duchenne est, pour sa part, chef du pôle des urgences de l’hôpital aurillacois, auquel est rattachée la cellule. Dans le Cantal, ce sont une trentaine de soignants qui sont mobilisables à n’importe quel moment pour venir en aide à ces personnes. Au total, ce sont deux psychiatres, six psychologues, le reste du service est composé par des infirmiers. Ces professionnels de santé sont répartis entre les centres hospitaliers d’Aurillac, Mauriac et Saint-Flour.
La mesure entrera en vigueur en juillet 2021. Sept jours devront obligatoirement être pris par les pères, sur le modèle en vigueur pour le congé maternité.
Ces derniers mois, plusieurs membres du gouvernement avaient exprimé leur souhait d’allonger la durée du congé paternité. C’est finalement le président de la République, Emmanuel Macron, qui a annoncé son doublement de quatorze à vingt-huit jours, mercredi 23 septembre, lors d’un déplacement dans un centre de protection maternelle et infantile (PMI) de Longjumeau (Essonne).
Lilie et sa mère, Chrystelle, dans leur maison d’Aubignan (Vaucluse), le 14 septembre.
Photo Sandra Mehl pour Libération
Après des années de souffrance, Lilie, 8 ans, a révélé sa véritable identité à son entourage, qui l’a accueillie avec bienveillance. Mais du côté de l’administration, son combat ne fait que débuter.
Transidentité : «Ma fille rêvait d’enlever sa peau avec une fermeture Eclair»
Un soir de février - c’était un mardi, elle s’en souvient encore -, Chrystelle, 42 ans, éducatrice, voit son enfant de 7 ans sombrer en plein désespoir. «Depuis quelques semaines, elle allait mal. Mais ce soir-là, elle pleurait beaucoup. Elle m’a dit qu’elle voulait mourir, qu’elle préférait la mort plutôt que de vivre "ça", que rien ne pouvait être pire. Elle parlait de s’étrangler avec la ceinture de son peignoir, de se jeter sous une voiture… C’était un appel au secours très effrayant.» En regardant son enfant - yeux bleus, sourire d’ange, cheveux blonds et bouclés, corps frêle -, Chrystelle pense d’abord à des problèmes scolaires ou à du harcèlement. Elle lui demande alors de citer trois choses qu’il faudrait changer pour que tout s’arrange. «Elle m’a répondu mes cheveux, mon prénom et mon pénis.» La mère encaisse. Elle répond que pour la coiffure, ce sera facile. Puis l’interroge sur le changement de prénom : «Elle m’a répondu : "Je sais comment je m’appelle en fille : Lilie. Avec un "e" à la fin."Je lui ai demandé depuis combien de temps elle avait ce prénom en tête, raconte Chrystelle. Elle m’a répondu : "La maternelle." Ensuite, pour le pénis, je lui ai dit que je n’avais pas de solution tout de suite…»
Depuis dix ans, Hannah Kozak documente l'enfer vécu par sa mère, au destin brisé par une relation violente.
Hannah Kozak a derrière elle une longue carrière de cascadeuse. Iron Man, Twin Peaks ou encore La Guerre selon Charlie Wilson, elle a prêté son corps à de périlleuses scènes hollywoodiennes. Habituée aux souffrances physiques, il est pourtant des douleurs qu’elle ne parvenait pas à digérer malgré les années : celles concernant sa relation avec sa mère.
À neuf ans, sa maman, une sorte de "Sophia Loren guatémaltèque, belle, passionnée, vive et fougueuse", quitte son père pour un autre homme qu’elle épouse. Ce dernier est très violent. La petite Hannah, qui raconte s’être sentie abandonnée par sa mère, est témoin des coups qu’il lui assène lorsqu’elle passe des week-ends avec eux.
Un jour, "il a donné son dernier coup trop violemment", tel que le rapporte le titre du livre photo signé par Hannah Kozak. Sa mère souffre désormais de lésions cérébrales irréversibles et la partie droite de son corps est totalement paralysée. Elle vit dans un centre de soins depuis ses 41 ans et Hannah Kozak raconte lui avoir peu rendu visite avant il y a une dizaine d’années.
La photographe raconte avoir quasiment ignoré sa mère pour se mettre à distance de la colère et de la tristesse qu’elle ressentait en la voyant. En 2009, après un accident sur un tournage qui l’empêche de travailler un moment, elle décide de renouer avec elle. C’est (à quelques années près) à l’âge où sa mère a vu son destin lui échapper complètement que Hannah Kozak s’est emparée du sien. Pendant dix ans, elle a documenté sa relation avec sa mère.
Alors que le Gouvernement étudie une éventuelle réforme du dispositif d'irresponsabilité pénale, le Syndicat de la magistrature s'alarme, étude récente à l'appui, d'une "surpénalisation" pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques.
Lors du congrès* annuel de l'Union syndicale de la psychiatrie (USP), une table ronde a réuni le 11 septembre des représentants des magistrats, avocats, usagers de la psychiatrie et des psychiatres afin d'évoquer différentes problématiques actuelles liées aux restrictions des droits des personnes souffrant de troubles psychiques. À cette occasion, la secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, Sarah Massoud, a notamment abordé la question de l'irresponsabilité pénale pour trouble mental, sur laquelle se penche actuellement une mission ministérielle (lire l'encadré). Auditionné tout récemment par cette mission, le syndicat — classé à gauche — a notamment évoqué une étude commandée par le ministère qui illustre la "surpénalisation" de la maladie mentale.
Des échanges entre des psychiatres et une avocate impliquée dans la défense des droits des patients en soins sans consentement ont mis en lumière les problématiques que peuvent soulever les mainlevées de mesures. Près de dix ans après la loi de 2011, les enjeux à la fois sanitaires et éthiques des mainlevées restent d'une grande actualité.
La nécessité de questionnements partagés et d'échanges entre le champ médical et
le champ judiciaire reste d'actualité, près de dix ans après la loi du 5 juillet 2011.(Tetra/BSIP)
À l'occasion du congrès de psychiatrie et de neurologie de langue française organisé à Lille (Nord), des professionnels de la psychiatrie et du droit ont échangé le 18 septembre sur les problématiques posées par les mainlevées de soins sans consentement. Près de dix ans après l'instauration dans la loi du contrôle du juge des libertés et de la détention (JLD) des mesures de soins sans consentement, les enjeux sanitaires et éthiques en la matière restent en effet très présents. L'actualité de ces questionnements partagés entre le champ médical et le champ judiciaire est d'autant plus prégnante que se profile une nouvelle réforme, qui doit conduire à un contrôle par le juge des mesures d'isolement et de contention (lire notre article).
Professeur de lettres, essayiste et romancier, auteur de "Les bons profs" (Plein jour, 2019)
Dans le contexte du procès des attentats de janvier 2015, le professeur de lettres et écrivain Aymeric Patricot regrette la « gêne » et l’« indifférence » des élèves envers les débats d’idées sur la religion.
Publié le 21 septembre 2020
Tribune. Le professeur avance en âge et chaque année, chaque rentrée scolaire, grandit le fossé qui le sépare de ses élèves. Dans leurs discours, il entend quelque chose d’étrange et de nouveau. Mais c’est précisément l’un des charmes du métier que de rester en contact avec ces adolescents. Face à la classe, le professeur éprouve un certain état de la jeunesse – après tout, la centaine d’élèves qu’il pratique en moyenne chaque année représente un bel échantillon. Il peut alors mesurer ce qu’il partage avec elle comme ce qui l’en sépare.
Par la force des choses, cet écart grandit à mesure que la carrière se déroule. Et l’amusement le dispute à l’angoisse : amusement de découvrir chaque année de nouvelles expressions, de nouvelles passions, de nouveaux réflexes ; angoisse devant les différences de perception, que le professeur a tendance à interpréter comme de nouvelles formes d’ignorance ou d’indifférence par rapport à des valeurs qu’il juge essentielles.
Si pour tous les élèves de France cette rentrée scolaire est particulière, elle l'est doublement pour les élèves en situation de handicap et leur famille.
Nous avons évoqué les difficultés rencontrées par les élèves et les enseignants suite au confinement dans nos trois premières émissions de la saison… Comme chaque crise, celle du Covid frappe plus durement les personnes déjà fragiles en situation normale – si le normal existe –. Il nous semble donc pertinent de nous pencher sur l’accueil des élèves en situation de handicap justement en ce moment. Leur inclusion en milieu scolaire est-elle – encore plus - mise à mal par le protocole sanitaire ?
Une marche blanche aura lieu jeudi 24 septembre, à Annecy, en mémoire de Morgane Nauwelaers, tuée d’une balle dans la tête le 26 août. Diplômée en 2010 de l’Ecole de psychologues praticiens, cette psychologue de 33 ans exerçait dans la ville de Haute-Savoie, dans un cabinet qu’elle partageait avec son conjoint. Le couple avait un bébé de 18 mois.
Mercredi 26 août, vers 11 heures, alors qu’elle est en pleine consultation, un homme armé d’un fusil de chasse fait irruption dans son cabinet. Il a 75 ans et vient de la ville voisine de Chambéry. Il n’est pas un patient de Morgane Nauwelaers, mais cette dernière a eu connaissance de « faits de nature sexuelle commis par le septuagénaire sur mineure de 15 ans dans le cadre familial », explique la procureure d’Annecy, Véronique Denizot.
FUTURA SANTE Julien Hernandez Publié le 21/09/2020
Une récente étude longitudinale vient d'être publiée dans la prestigieuse revue The Lancet concernant la confiance qu'accordent les populations du monde entier à la vaccination. La France compte parmi les pays les plus défiants.
Cette récente étude longitudinale, publiée dans The Lancet, suit des populations du monde entier depuis 2015. Aujourd'hui, elle nous présente l'évolution de la confiance vaccinale à travers le monde entre 2015 et 2018. Que valent vraiment ces résultats ? Nous avons fait le point avec Lucie Guimier, docteure en géopolitique spécialisée en santé publique et Lise Barnéoud, journaliste scientifique, auteure de l'ouvrage « Immunisés ? Un nouveau regard sur les vaccins ? »
Futura : Comment réagissez-vous à la position de la France dans cette enquête ?
Lucie Guimier : Ce sont des résultats intéressants et sérieux, l'anthropologue Heidi Larson est une chercheuse reconnue dans ce domaine. La teneur quantitative de cette analyse est importante pour saisir les tendances spatio-temporelles de la perception vaccinale, qui est un phénomène fluctuant. Néanmoins, cela ne peut remplacer les enquêtes de terrain où l'on peut mieux saisir les finesses, les nuances, analyser les contextes géopolitiques, socio-économiques, etc. et tirer des conclusions plus qualitatives, plus précises, et qui nous informent sur « l'air du temps » de ce sujet dans une société donnée. Pour répondre à des questions du type « Comment en vient-on à avoir une baisse/augmentation de la confiance envers la vaccination ? », les études qualitatives sont déterminantes. Et les auteurs en sont bien sûr conscients.
Lise Barnéoud : Indéniablement, l'étude est intéressante par son caractère longitudinal et reproductible dans le temps. Cependant, il est clair qu'on manque de nuances, les questions sont très globalisantes, il est difficile, via de tels questionnaires, de distinguer des antivaccins de personnes hésitantes se posant des questions au sujet de la vaccination.