Alors que le « Ségur » de la santé est en cours, les soignants ont défilé un peu partout en France mardi 16 juin pour rappeler au gouvernement sa promesse d’un plan massif d’investissements pour l’hôpital et réclamer des augmentations.
En 1901, c’est le quotidien La Lanterne qui prenait la défense des personnels soignants. Il publie une série d’articles pour dénoncer les conditions de travail des infirmières des hôpitaux parisiens : une demi-journée de congé par semaine, un salaire ridicule, un logement déplorable… Dans son édition du 6 septembre, il trouve l’oreille de leur directeur qui se dit lui-même scandalisé.
En attendant que la question capitale des contagions hospitalières par les tuberculeux, soulevée par la Lanterne, nous fournisse le sujet d’une seconde série d’articles, cette fois consacrée aux sanctions, car nous sommes bien résolus à ne point nous borner à une vaine critique et à poursuivre la réalisation des réformes, délaissons un instant les malades et occupons-nous du personnel soignant.
Hier, la commémoration de l’appel du 18 juin. Aujourd’hui, le 19 juin qui appelle à d’autres « chemins vers la liberté » : où comment solliciter les contre-pouvoirs en terrain psychiatrique hostile avec le CGLPL, les QPC (et autres abréviations...)
Le Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté a le pouvoir d’émettre des recommandations en urgence quand les droits fondamentaux sont mis en péril pour les personnes privées de liberté. Un lieu de privation de liberté comme un hôpital psychiatrique peut priver d’une partie de la liberté, celle nécessaire pour soigner un moment psychopathologique où le consentement de la personne est impossible ou trop fragile. Mais priver d’une liberté n’est pas sacrifice de toutes les libertés.
Or, « pour le bien », « parce que c’est plus facile » ou « parce que sinon c’est trop complexe » des libertés sont mises à mal d’autant plus facilement que le vieux fond asilaire de la psychiatrie imprègne toujours les têtes et les murs.
Décision QPC du Conseil constitutionnel du 19 juin 2020 sur un recours individuel porté par me Raphaël Mayet (avocat au Barreau de Versailles), soutenu par les interventions du CRPA, de la Ligue des droits de l’homme et d’Avocats, droit et psychiatrie.
Sans surprise le Conseil constitutionnelle censure l' article L 3222-5-1 du code de la santé publique sur la traçabilité de l'isolement et de la contention en psychiatrie, introduit par amendement du député PS Denys Robiliard dans la loi Santé du 26 janvier 2016, au visa de l'article 66 de la Constitution ("le juge judiciaire est garant des libertés individuelles"). L’abrogation de cet article est différée au 31 décembre 2020 pour laisser au Gouvernement le temps de prendre une nouvelle disposition législative.
"C'est inacceptable et illégal", a réagi, vendredi 19 juin sur franceinfo, Pierre-Michel Llorca, chef de service psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand après le rapport de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) sur des atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes hospitalisées dans un hôpital psychiatrique du Val-d’Oise durant la crise sanitaire due au Covid-19, notamment le recours à l'isolement thérapeutique. "Quand on lit le rapport, on voit bien que certaines situations semblent directement liées à un manque de moyens", a aussi estimé Pierre-Michel Llorca.
franceinfo : comment expliquer la situation constatée par la contrôleure des prisons dans son rapport ?
Pierre-Michel Llorca : dans son rapport, elle évoque précisément les fonctions de la psychiatrie. On demande aux psychiatres de soigner de plus en plus les gens dans la cité depuis longtemps. Il y a d’un côté ce fameux virage ambulatoire, qui est demandé à toutes les disciplines médicales, mais aussi d’un autre côté pour des raisons de pression sécuritaire de maintenir les gens enfermés. Enfermés parce qu'on a peur des malades qui sont stigmatisés, de leur dangerosité, etc. Et on voit bien que dans une situation comme celle du Covid-19, on vient sur une logique d'enfermement qui n'est effectivement pas justifiée d'un point de vue médical, ce qui est tout à fait inacceptable. C'est inacceptable et illégal. Il y a des conditions très précises pour priver les gens de liberté fixées par la loi.
Des patients de cet établissement de Moisselles (Val-d’Oise) se sont retrouvés enfermés dans leurs chambres alors qu’ils ne présentaient pas de suspicion de Covid-19 et sans l’avis médical écrit d’un psychiatre.
Il est interdit d’« enfermer des patients en psychiatrie au titre du confinement sanitaire », a rappelé vendredi la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL). Elle a adressé des recommandations aux hôpitaux psychiatriques après avoir constaté de « graves » abus.
Lors d’une visite à l’hôpital psychiatrique Roger Prévot de Moisselles (Val-d’Oise) le 18 mai, Adeline Hazan, a observé des « atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes hospitalisées », dont certaines ont été enfermées d’office. Ces abus sont le résultat « d’une confusion entre le régime de l’isolement psychiatrique institué par le code de la santé publique et le confinement sanitaire décidé par les pouvoirs publics » dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, regrette la contrôleure générale dans son rapport.
Deux projets de réorganisation du GHU Mondor, le départ d’une unité psychiatrique de l’hôpital Albert Chenevier vers une clinique privée de l’Essonne, et celui d’un service d’addictologie d’Emile Roux vers Chenevier, doivent être discutés en Comité technique d’établissement ce vendredi 19 juin et ne font pas l’unanimité. Les syndicats s’inquiètent et la sénatrice Laurence Cohen a écrit à la direction pour demander des comptes.
Départ d’une unité psychiatrique dans une clinique privée
Le premier projet concerne le transfert d’une des unités de psychiatrie de l’hôpital Albert Chenevier (Créteil) qui compte à ce jour de 5 unités de chacune 20 lits. Cette unité des Cèdes, semi-ouverte, n’a pas rouvert à la rentrée de septembre 2019, après les fermetures traditionnelles de l’été. L’hôpital souhaite en effet confier cette unité à une clinique privée de Crosne, appartenant au groupe Orpea Clinea. A la place de cette unité qui serait supprimée, le GHU Mondor souhaite développer un hôpital de jour pour patients aigus. Enjeu pour l’AP-HP, développer l’ambulatoire pour diminuer les hospitalisation à temps complet et résoudre le sous-dimensionnement du service, en sur-occupation chronique, en transférant une partie des patients ailleurs
Le centre médico-psychologique de l'enfant et de l'adolescent à Château-Gontier-sur-Mayenne doit provisoirement fermer ses portes, faute d'effectifs selon la direction de l'hôpital de Laval qui gère la structure. Le docteur Nathalie Hulot, cheffe de service, se confie à France Bleu Mayenne.
photo d'illustration
Trois psychiatres partagent leur temps sur plusieurs sites dans le département dont le CMP de Château-Gontier-sur-Mayenne. Trois psys pour 2.000 enfants et ados dont il faut s'occuper. Insuffisant estime le directeur de l'hôpital de Laval dans un courrier : "Cet effectif ne permet pas d'organiser toutes les consultations médicales nécessaires et de superviser des soins de qualité", écrit André-Gwenaël Pors.
Un projet de loi est toutefois toujours en attente d’approbation.
L
e ministre fédéral des Pensions, Daniel Bacquelaine, répond favorablement à la demande de la Fédération nationale des Infirmières de Belgique que la pénibilité de leur métier soit reconnue, rapportent les titres Sudpresse jeudi. Mais un projet de loi est toutefois toujours en attente d’approbation.
L’ex-député socialiste Dominique Raimbourg co-préside une mission nationale portant sur le lien entre la prise de toxiques et l’irresponsabilité pénale. Une question « extrêmement complexe ».
C’est une mission pensée au début de l’année et dont le lancement a été retardé par l’épidémie de coronavirus et le confinement. Initiée par le ministère de la Justice, elle est chargée de faire un bilan de l’état du droit et des pratiques de psychiatrie médico-légale concernant l’impact de l’absorption de drogues ou d’alcool sur la responsabilité pénale d’un auteur d’infraction.
Cette mission s’est réunie pour la première fois en début de semaine dernière. Elle se compose de trois magistrats, deux psychiatres, une avocate et deux co-présidents. Un de droite, Philippe Houillon (LR). Et un de gauche, le Nantais Dominique Raimbourg, ancien député socialiste du sud-Loire. Tous deux sont avocats et anciens présidents de la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Pour interroger et comprendre les questions éthiques posées par la présence des agents conversationnels dans nos environnements domestiques, les notions d’ange gardien, d’ami ou d’espion sont-elles pertinentes ?
Lors de ce débat, l’entreprise mécène Orange présentera un cas pratique, l'assistant Djingo, et sera questionnée par deux chercheurs.
Une nouvelle voix et à travers elle une nouvelle présence habitent déjà avec certains d’entre nous — chez certains d’entre nous. Quand on l’appelle, elle répond à des noms différents : Alexa, Cortana, Djingo... Elle est passive et à l’écoute, très souvent par une représentation fortement genrée, elle a une voix féminine, mais son nom, en français, est bien masculin : c’est un assistant vocal. Il remplit une fonction innovante. Il sert à effectuer une désintermédiation particulièrement complexe. Pour qu’entre nous et les machines la médiation optique et tactile de l’écran disparaisse, il passe par le sens le plus énigmatique : l’ouïe, et par le geste le plus primordial : la voix.
C'était à la mode, une chronique des usages oubliés |Au Moyen Âge, comme toutes les informations importantes, proclamées dans l'espace public, le prix du vin est crié dans les rues ou devant les débits de boisson par des agents dédiés à cette tâche. Au XVe siècle, c'est étrangement à ce même officier municipal que revient la responsabilité d'annoncer les cortèges funéraires. L’archéologue Sasha Kaki revient sur cette pratique, et sur la façon dont les épidémies affectent les usages mortuaires.
L'histoire est faite de dates, de hauts faits, de catastrophes et de grands hommes, mais aussi et surtout d'anecdotes, de vies ordinaires, de gestes et d'habitudes. De ces usages qui naissent et disparaissent, parfois sans laisser de traces, et qui pourtant disent tant de l'époque qui les a vus naître... En cédant au charme du détail, ce podcast propose de découvrir des modes et des usages oubliés qui résonnent avec la crise de la Covid-19, et de les soumettre au regard d'une historienne ou d'un historien.
Paris, un matin de 1234 dans le quartier des halles
Les marchands s’activent dans leur boutiques, les Parisiens vaquent à leurs occupations, on croise des femmes affairées qui portent des paniers, quelques hommes à cheval, d’autres montés sur des mules, des mendiants, quelques poules et parfois même une truie vagabonde… Un homme traverse la rue, il va à la taverne de la Pomme de pin, c’est un homme du prévôt des marchands, habillé aux armes de la ville. Dans la taverne sont déjà attablés quelques clients. L’homme du prévôt regarde le tenancier mettre un tonneau en perce, il contrôle le contenu du tonneau, goutte le vin, perçoit la taxe et retourne dans la rue avec un échantillon du tonneau dans un pichet et un godet. Et là, au milieu des cris des marchands ambulants, dans le martèlement des artisans, des tintements de cloches et des conversations, à chaque carrefour, il s’arrête et annonce le prix du vin, le nom de la taverne où on peut l’acheter et surtout, il le fait goûter aux passants. Cet homme est un officier de la ville, c’est un des crieurs de vin de Paris, auxquels Philippe Auguste a octroyé le cri et la mesure du vin. Leur statut est établi dans le livre des métiers du prévôt Etienne Boileau, qui définit le cadre de travail des crieurs, leurs obligations, leurs attributions… et leur soumission au roi, au service duquel ils se mettent les jours où ce dernier vend son propre vin, car pour éviter la concurrence, il interdit aux taverniers de vendre ce jour-là… Le roi a son monopole, après tout on n'est pas roi pour rien.
La lutte contre la pandémie dans ce pays s’appuie sur un confinement obligatoire parmi les plus longs au monde. Les professionnels de santé s’inquiètent d’une hausse des troubles anxieux et dépressifs.
« Je fais des insomnies, je me sens anxieuse… je fume davantage, je mange mal. » Profitant de quelques rayons de soleil automnal, son masque rabattu sur le cou le temps de finir sa cigarette roulée, Leonela Godoy, 31 ans, décline la liste des maux qui l’affligent depuis le début du confinement obligatoire. Décrété pour toute l’Argentine le 20 mars et toujours strictement appliqué à Buenos Aires et dans sa grande banlieue au moins jusqu’au 28 juin, cet isolement forcé pèse sur la santé mentale des habitants.
Selon une étude de l’Observatoire de psychologie sociale appliquée de l’université de Buenos Aires, 60 % des Argentins estiment que leur état de santé mentale a empiré depuis le début de la crise sanitaire. Le rapport indique que quatre des principales émotions ressenties par les habitants de la capitale sont l’incertitude, la lassitude, la fatigue et la dépression. Alors que l’Argentine traverse déjà une grave crise économique et sociale depuis 2018, les sondés sont inquiets et pessimistes : 70 % s’attendent à ce que leurs revenus chutent ou continuent de chuter dans les prochains mois.