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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 6 avril 2020

Un réseau sexuel pour pas craquer


LES 400 CULS



Agnès Giard   6 AVRIL 2020

Par peur de l’infection, beaucoup de personnes ont cessé de s’embrasser, de se toucher, craignant même de dormir ensemble. Comment faire pour rester sexuel (mais sain) ? L’association Erosticratie propose des solutions. Une par jour, sauf le dimanche.

«La «distanciation sociale» est à l’ordre du jour, et c’est également valable pour notre vie sexuelle.» Le 26 mars 2020, la compagnie We Vibe, «premier fabricant de sextoys connectés pour couples», fait parvenir à la presse française les résultats d’un questionnaire envoyé à peine 6 jours plus tôt aux membres de son panel de testeurs hommes et femmes. Sur les 1200 personnes ayant répondu aux questions, «78 % pensent que le nombre de séparations et de divorces va augmenter en raison de la situation actuelle liée au coronavirus». Autre chiffre révélateur : «une personne sur six a le sentiment que son ou sa partenaire est plus souvent en colère contre elle ou lui.» De façon assez contradictoire, les autres résultats de l’enquête soulignent l’augmentation sensible du désir (1). Il y a donc, d’un côté, des personnes qui témoignent de leur inquiétude face à l’avenir du couple et, de l’autre, des personnes qui affirment avoir plus d’envies et de désirs.


dimanche 5 avril 2020

Cynthia Fleury, philosophe : « Dans toute lutte pour la vie, la part sombre des êtres humains se manifeste »

FLASH : Le Sénat supprime le jour de carence maladie des ...

Cynthia Fleury




Un jour, un regard sur la crise du Covid-19. Public Sénat vous propose le regard, l’analyse, la mise en perspective de grands experts sur une crise déjà entrée dans l’Histoire. Aujourd’hui, le regard de… Cynthia Fleury, professeur titulaire de la Chaire Humanités et Santé du Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la Chaire de philosophie à l’hôpital du GHU Psychiatrie et Neurosciences, auteure de « Le soin est un humanisme » et de « Répétition Générale » chez Gallimard.


Solidarité, résilience, lutte collective… La philosophe et psychiatre nous donne ses clés pour sortir au mieux d’une catastrophe pandémique traumatisante.
Cela fait plus de deux semaines que nous sommes confinés. Nous sommes en train de réinventer notre quotidien, nous créons de nouveaux repères. Avons-nous une capacité d’adaptation illimitée ?
Pour l’instant, nous réagissons, nous nous adaptons en effet, nous tentons de maintenir des rituels importants, comme la continuité pédagogique, les liens familiaux, et bien sûr nous nous confrontons à la faiblesse des ENTG (environnements numériques de travail). Nous vérifions que télé-travailler n’est pas moins fatigant, c’est un autre type de fatigue, qui sollicite beaucoup la perception visuelle et auditive, la concentration, le calme face aux défaillances du réseau ou de la plateforme. Personne ne connaît à l’avance sa véritable capacité d’adaptation ; en théorie elle est immense, en pratique, elle renvoie elle-même à des conditions de possibilité individuelles et collectives

Roger-Pol Droit : « La peur ramène au réel, en revanche on ne se délivre pas de l’angoisse »

Chronique d’un huis-clos, 2e épisode. Roger-Pol Droit trouve dans sa bibliothèque matière à réflexion sur la pandémie.

Publié le 3 avril 2020


Angoisse.
Angoisse. Lorenzo Antonucci/Cultura/Photononstop

LA PEUR N’EST PAS L’ANGOISSE

La peur, nous l’avions oubliée. Chacun, bien sûr, conservait ses craintes. Certains cultivaient même de singulières phobies. Mais les grandes terreurs, collectives, profondes, terribles étaient devenues histoires anciennes. Même nos fantasmes d’effondrement, nos récentes paniques collapsologiques avaient des airs de train fantôme pour fêtes foraines. En peu de jours, tout a changé. Tous, nous apprenons la frayeur.
Elle prend divers visages : peur d’attraper le virus, d’en être gravement atteint, de voir l’un de ses proches disparaître. Mais aussi : crainte de perdre son emploi, de voir son budget amputé, de ne plus discerner l’avenir. Ou simplement, heure par heure, se demander si l’on n’aurait pas touché la mauvaise poignée, croisé une personne contaminante, si l’on ne serait pas, déjà, sans symptôme, porteur, vecteur. Alors, nous disons que l’angoisse nous submerge. Nous ne voyons plus d’issue.
Pourtant, peur et angoisse ne sont pas synonymes, et leur différence offre peut-être une issue praticable. En relisant les Modernes, on constatera combien les deux se distinguent – si fortement qu’il deviendra difficile de les confondre, comme on le fait trop souvent. S’il fallait tout expliquer, ce serait fort long, en cheminant de Kierkegaard (Le Concept de l’angoisse, 1841) à Sartre (L’Etre et le Néant, 1943), en passant également par les deux élaborations successives de l’angoisse chez Freud et par de nombreuses pages d’Heidegger (Etre et Temps, 1927, notamment § 40).

Les héroïnes oubliées de l'aide à domicile et des Ehpad

Par Maryvonne Lyazid, Présidente de la Fondation AGES, Alsace grand est seniors — 2 avril 2020 





Les héroïnes oubliées de l'aide à domicile et des Ehpad Photo Vincent Jarousseau

Ces professionnels du «care» qui s'occupent des personnes âgées isolées, malades et handicapées ne sont pas considérés comme des «soignants». La plupart manquent d'équipement, de soutien financier, psychologique et logistique.

    Tribune. Hier matin, elles étaient quelques-unes, auxiliaires de vie et aides à domicile et en Ehpad, près de Mulhouse, à s’être présentées à 8 heures dans un hypermarché pour profiter du créneau horaire alloué aux soignants pour faire des courses. Elles ont été refoulées ; elles ne sont pas soignantes, ni infirmières, ni médecins. Et pourtant le soin, elles le vivent et le dispensent au quotidien aux personnes âgées isolées, malades, handicapées. Il est si dur et si injuste à vivre ce refus lorsqu’il s’ajoute à la difficulté d’avoir des masques pour se protéger et protéger des personnes parmi les plus fragiles, qu’il alourdit les horaires rallongés pour cause d’équipes resserrées, aux lourdes heures de trajet de domicile en domicile pour accompagner les bénéficiaires.

Les clowns du Rire Médecin continuent leurs bêtises avec les moyens du bord

 


Ils font rire enfants hospitalisés et soignants depuis 30 ans. Les 104 comédiens-clowns de l’association Le Rire Médecin interviennent dans 47 services de 16 hôpitaux en France avec quelque 80 000 spectacles personnalisés par an dans les établissements. Depuis le début du confinement malheureusement, les clowns ne peuvent plus se rendre auprès de leur public… Pas question pour autant de raccrocher leurs nez rouges. Le Rire Médecin déploie des trésors d’inventivité pour s’adapter à cette situation inédite et pour maintenir le lien avec les enfants, leurs proches, mais aussi avec les soignants. Caroline Simonds, Fondatrice de l'association et comédienne-clown professionnelle depuis 50 ans, nous raconte.

Les clowns du Rire Médecin
Les équipes du Rire Médecin gardent contact avec les soignants dans les services pour avoir des nouvelles des professionnels de santé et des enfants.

Leïla Slimani : « L’épidémie de coronavirus vient accentuer une tendance : nous touchons de moins en moins la peau de l’autre »

Dans son journal du confinement, la romancière revient sur la distance qui s’est creusée entre les êtres, au point où les contacts ont pratiquement disparu.

Publié le 3 avril 2020

La peau. C’est l’organe le plus lourd et le plus étendu du corps humain. Deux mètres carrés de surface et des milliards de connexions neuronales. La peau nue du nourrisson que l’on pose sur le ventre de sa mère. La peau que l’on dévoile à la caresse du soleil, au regard de celui qu’on aime. La peau qui frissonne d’avoir été seulement frôlée, effleurée. Nous avons, dès l’enfance, l’intuition que réside dans le toucher un pouvoir palliatif. Lorsqu’ils ont peur, la nuit, des monstres et de l’obscurité, les enfants prennent vos mains qu’ils apposent sur eux, sur la peau nue de leur dos, sur leur nuque qui frissonne.
Je pense à cet ami, mort d’un cancer il y a exactement un an, et dont la douleur ne se calmait que lorsque nous lui faisions de longs et délicats massages. Il était d’une maigreur terrifiante, son corps ne lui inspirait que souffrance et dégoût mais il confessait qu’il trouvait, dans les gestes de tendresse, un éphémère apaisement. Une aide soignante nous avait expliqué que lorsque nous sommes touchés, nous secrétons de la sérotonine, autrement appelée hormone du bonheur. La préhension, l’expérience de notre propre existence physique à travers, non pas seulement le regard, mais la main de l’autre, est essentielle à notre équilibre.
Aujourd’hui, la crise sanitaire nous oblige à nous tenir à distance les uns des autres. Nous devons intégrer des gestes barrières et éviter de nous toucher. Mais l’épidémie de coronavirus ne vient en fait qu’accentuer une tendance. Toutes les études le prouvent : nous touchons de moins en moins la peau de l’autre. A bien y regarder, ce qu’on caresse le plus au cours d’une journée, c’est sans doute l’écran de notre téléphone portable. Nous avons pris l’habitude d’un paiement sans contact. A la boulangerie, nous ne sommes plus étonnés de glisser notre argent dans une machine qui nous rend la monnaie, mais pas notre sourire.

samedi 4 avril 2020

Des biais cognitifs à l’origine de notre comportement face à l’épidémie?

Figaro Vox   Par Hugo Bottemanne et Philippe Fossati Publié le 3 avril 2020

Au début de la crise, notre cerveau nous a encouragés à négliger les informations inquiétantes, considèrent les psychiatres Hugo Bottemanne et Philippe Fossati. D’où une forme d’insouciance collective.
Des Parisiens profitent d’un après-midi au bord du canal Saint-Martin malgré l’injonction à ne pas sortir et les informations inquiétantes en provenance du monde entier. 15 mars 2020
Des Parisiens profitent d’un après-midi au bord du canal Saint-Martin malgré l’injonction à ne pas sortir et les informations inquiétantes en provenance du monde entier. 15 mars 2020 THOMAS SAMSON/AFP
Hugo Bottemanne est interne en psychiatrie. Diplômé en philosophie, il travaille sur la manière dont nous générons et modifions nos croyances à l’Institut du Cerveau et de la Moelle.
Philippe Fossati est professeur de psychiatrie à Sorbonne-Université et chef d’équipe à l’Institut du Cerveau et de la Moelle. Il dirige le département de Psychiatrie Adulte de l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP. Lauréat 2016 du Prix Halphen, il est spécialiste de la dépression.
Dimanche 15 mars, 24 heures avant le discours de mobilisation générale du président de la République Emmanuel Macron et tandis que la Chine a décrété l’état d’urgence sanitaire, beaucoup de Français se rendent aux urnes puis profitent de la chaleur du soleil dans les parcs. Certains observateurs s’étonnent alors du décalage entre les informations provenant du monde et la manière dont nous percevons les risques associés au COVID-19, condamnant l’inconséquence d’une partie de la population et des instances gouvernementales. Rétrospectivement, alors que l’expansion de la pandémie a plongé notre pays dans un climat de crainte et une crise sanitaire sans précédent, l’insouciance qui a prévalu pendant de nombreuses semaines questionne. Avons-nous été victimes de la manière dont fonctionne notre cerveau?

Le cerveau, une machine prédictive?

Notre esprit est tissé par nos croyances à propos du monde. À chaque instant de notre vie, elles définissent ce que nous attendons, ce que nous percevons et ce que nous choisissons. Une théorie influente en sciences cognitives, dite du «cerveau bayésien», suppose que notre cerveau fonctionne comme une «machine à inférences» qui élabore continuellement des croyances à propos de son environnement. Celles-ci lui permettent de générer des hypothèses sur le monde qui sont utilisées pour filtrer la perception et guider nos actions. À chaque fois que notre cerveau détecte une différence entre ce qu’il croit et ce qu’il perçoit, le décalage crée une erreur de prédiction qui lui permet de réviser son modèle. Notre cognition est ainsi constituée d’un cycle perpétuel d’inférences (nous percevons et nous agissons en fonction de nos croyances) et de mises à jour (nous modifions nos croyances en fonction de ce que nous percevons et de ce que nous faisons).

Contagion : une peur atavique

Publié le 04/04/2020

«Les historiens sont mauvais prophètes. Ainsi, un excellent historien des maladies, William Beveridge, a publié en 1977, année où le sida couvait déjà sur les côtes américaines, un ouvrage intitulé Influenza, the last great plague (La grippe, la dernière grande pestilence). » (Mirko Grmek, Histoire du sida, 1989)[1]

Lèpre, paludisme, typhoïde... Les diverses maladies épidémiques « ont forgé le destin des civilisations », rappelle Mirko Grmek[1]. Flash-back sur quelques stars anciennes ou plus récentes du festival mondial du film d’horreur des affections contagieuses. Frissons garantis d’angoisse collapsologique...

Le concept de contagion

Philippe Labro rappelle que le médecin n’est jamais omniscient, surtout face à une pandémie nouvelle : « On ne sait pas tout. Dans mes contacts avec l’univers de la médecine, j’ai toujours écouté celui qui disait : ‘‘Vous savez, je ne sais pas tout !’’.
Malgré certains précurseurs comme Ibn-al-Khatib (à Grenade) expliquant au XIVème siècle que « le contact avec des malades peut suffire à donner la maladie, alors que l’isolement maintient à l’abri et que le mal peut se transmettre par les vêtements ou la vaisselle », le principe de la contagion n’a pas toujours été compris. Émergeant lentement, ce concept de contagion semble installé dès le XVIème siècle, époque où (écrit Pierre Theil[2]) la maladie « n’est plus perçue uniquement comme un châtiment divin, mais comme l’effet d’un ‘‘miasme’’ » et où apparaît plus nettement la conscience d’une transmission possible d’un individu à l’autre, non par « l’effet d’un mystérieux décret de la Divinité », mais par l’intervention systématique d’un « agent subtil » : pour ce cheminement épidémique, « Dieu a besoin de ‘‘miasmes’’ (nous dirions aujourd’hui de microbes). »

Handicaps psychiques : des mesures pour aider les familles à gérer le confinement

Avec la fermeture des établissements médico-sociaux en externat, 65 000 enfants et 30 000 adultes sont rentrés à domicile. Leurs conditions de sortie ont été assouplies et des solutions de répit sont mises en place. 
Par  et   Publié le 5 avril 2020
A Givors, près de Lyon, le 31 mars.
A Givors, près de Lyon, le 31 mars. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Le confinement se conjugue mal avec la prise en charge à domicile des handicaps psychiques. Le 2 avril, journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, Emmanuel Macron a fait un premier geste vers les dizaines de milliers de familles confrontées à cette épreuve, en annonçant un assouplissement des conditions de sortie « pour les personnes en situation de handicap et leur accompagnant ».
Troubles autistiques, trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), déficience intellectuelle, atteinte psychiatrique : pour tous ceux qui rencontrent « une aggravation de leurs troubles du fait du confinement », les sorties ne sont plus limitées à une heure, ni contraintes au périmètre d’un kilomètre, ni régulées dans leur fréquence et leur objet. L’attestation habituelle de déplacement reste de mise, mais consigne est donnée aux préfets et aux forces de l’ordre d’une prise en compte spécifique.
Samedi 4 avril, lors d’un point presse avec le ministre de la santé, la secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, Sophie Cluzel, a fait un pas de plus en annonçant l’organisation de solutions « de répit » pour les familles : gardes prévues au domicile, ainsi, le cas échéant, qu’un accueil temporaire des personnes handicapées, pour des périodes de 7 à 14 jours renouvelables. Mais ces mesures ne résoudront pas tous les problèmes auxquels doivent faire face ces foyers, confrontés depuis la mi-mars à la fermeture des instituts médico-éducatifs (IME) et autres structures d’accueil de jour.

Coronavirus / Hautes-Alpes : La psychiatrie face à la pandémie, comment le centre hospitalier Buëch Durance fait face à ces difficultés ?

DICI

Publié par Laurie Charrié le sam, 04/04/2020


Si de nombreuses personnes souffrent face au confinement la situation peut être nettement plus inconfortable pour les patients souffrant de maladies mentales. En effet moins de contacts physiques et de présence sociale n'aident pas à la guérison, de plus il peut être difficile pour les soignants de respecter les gestes barrières face à des personnes souffrant de certaines pathologies mentales et qui ne sont pas toujours en capacité de respecter ces gestes ayant pour but de limiter la transmission du virus. 

Confinement : l'hôpital de Landerneau adapte la prise en charge en psychiatrie



Par France Bleu Breizh IzelFrance Bleu Armorique
Le confinement et les risques du coronavirus amènent les hôpitaux à revoir entièrement leur organisation. Dans ces circonstances, la prise en charge des patients en psychiatrie se fait au cas par cas, de façon personnalisée comme à l'hôpital de Landerneau.
Le pôle psychiatrie de l'hôpital de Landerneau privilégie les suivis à domicile
Le pôle psychiatrie de l'hôpital de Landerneau privilégie les suivis à domicile - Capture d'écran Google Maps
Comment accueillir et soigner les patients en service psychiatrie, en plein confinement, avec les risques liés au coronavirus ? L'hôpital de Landerneau, qui doit venir en soutien du CHRU de Brest pendant cette épidémie, adapte la prise en charge de ses patients pour éviter tout incident.

vendredi 3 avril 2020

Financement, gouvernance : ce que 20 ans de réformes de l'hôpital public ont changé

par Léa Guedj  publié le 
Depuis 20 ans, l’hôpital public a connu une succession de réformes qui en ont modifié le fonctionnement et le financement. Pour certains économistes et syndicats, l’hôpital est de plus en plus géré “comme une entreprise”, dans une “logique de rentabilité”.
En 20 ans, l'hôpital public a fait l'objet de plusieurs réformes successives, suscitant le mécontentement d'une partie du personnel hospitalier.
En 20 ans, l'hôpital public a fait l'objet de plusieurs réformes successives, suscitant le mécontentement d'une partie du personnel hospitalier. © AFP / Amaury Cornu / Hans Lucas
Le 12 mars, Emmanuel Macron déclare dans une allocution que “la santé gratuite sans condition (...) ce ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe (...). Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché”
Un discours qui prend le contre-pied des réformes engagées ces 20 dernières années, lesquelles, selon Jean-Paul Domin, économiste de la santé et membre des "Économistes Atterrés", participent d’un même mouvement de fond expliquant à la fois le mal-être des soignants et les dysfonctionnements que connaît l’hôpital public.

Coronavirus. À New-York, les infirmiers dénoncent le manque d’équipement

Publié le 
En ces temps de pandémie, avec désormais près de 100 000 cas confirmés de Covid-19 et plus de 2 300 morts dans le seul État de New York, les manifestations sont rarissimes, et les consignes de distanciation strictes.
À l’appel d’un syndicat, infirmiers et infirmières s’étaient postés le long de la clôture de l’hôpital universitaire Montefiore, dans le quartier du Bronx, à distance les uns des autres, masqués et ruban noir au bras par solidarité avec tous les malades.
« Nous protéger contre l’ennemi »

Tous avaient un panneau pour dénoncer le manque de « PPE » - les équipements de protection rationnés dans de nombreux hôpitaux new-yorkais - et réclamer aux dirigeants politiques qu’ils en fassent produire d’urgence.


Inquiètes pour les sans-abri, les CPTS parisiennes alertent sur l’engorgement du 115

| 03.04.2020




  • sans abri
GARO/PHANIE

Pendant cette période de confinement, personne, en principe ne doit être à la rue. Quid des personnes sans abri ? Cinq CPTS parisiennes alertent ce vendredi dans un communiqué commun sur leur situation. Elles expliquent que généralistes, infirmiers, pharmaciens, soignants de premier recours, reçoivent dans leurs cabinets et MSP des personnes sans abri qui viennent les voir car de nombreuses structures d’aide sont fermées.

Soignants dans la tempête

LES PIEDS SUR TERRE par Sonia Kronlund 

Elles sont infirmières, psychiatres, kinés et médecin de campagne. Paroles de quatre soignantes en première ligne, où l'on se demande, entre autre, si les applaudissements entendus chaque soir leur apporte soutien, réconfort, ou bien agace ce personnel médical en manque cruel de moyens. 
Une infirmière se rappelant pourquoi elle est là
Une infirmière se rappelant pourquoi elle est là  Crédits :  Juanmonino - Getty
Marie est infirmière en soins intensifs, payée 1700 euros net par mois. Son service d'hématologie, dévolu aux maladies du sang, a récemment été transformé en "unité Covid". 
Le premier jour, on a eu une micro-formation. Mais on ne savait pas du tout dans quoi on allait, quels étaient les traitements, la prise en charge. On avait encore plein de question qui subsistaient. 
Ca s'est passé du jour au lendemain, et ça a été très brutal, et ça a chamboulé toute ma pratique. (...) J'ai l'impression de passer toute la journée d'une chambre à une autre, sans avoir le temps de connaître mes patients. 
Entendre ces applaudissements, ça me permet de dire que je fais un beau métier. C’est maintenant qu’il faut faire bouger les choses. C’est le moment de se battre. De faire preuve de toute l’humanité qu’on a. De montrer ce qu’on sait faire. C’est le moment. 
Médecin généraliste à la campagne, près de Grenoble, Jeanne travaille dans un village de 2500 habitants. Tout est calme, mais elle se demande si et quand la vague va arriver sur elle.
C'est difficile d'anticiper, de savoir si on ne va pas être débordé du jour au lendemain, par un afflux de malades
La semaine dernière, c'était très calme. On entendait que la vague allait arriver. Et finalement, je ne sais pas si on est dans une espèce de calme avant la tempête, ou si la tempête n'arrivera pas chez nous. 
Maeva est psychiatre à Paris, dans un hôpital de l'APHP. Elle travaille en particulier avec des patients usagers de drogue. Chez elle, la colère est montée petit à petit, jusqu'à exploser, un soir, alors qu'elle rentrait chez elle. 
Jeudi soir j'étais dans la rue, après une journée difficile. J'ai entendu les applaudissements et la colère est montée, très fort. J'ai commencé à crier dans la rue, qu'on ne voulait pas applaudissements, mais des moyens pour l'hôpital. On m'a insultée.

Coronavirus : l'Académie de médecine pour le port obligatoire du masque, même « alternatif »

| 03.04.2020

Le port d'un masque « grand public » ou « alternatif » aux masques médicaux en pleine pénurie, devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant la période de confinement et lors de sa levée, a recommandé ce jeudi l'Académie de médecine.
« Il est établi que des personnes en période d'incubation ou en état de portage asymptomatique excrètent le virus et entretiennent la transmission de l'infection. En France, dans ce contexte, le port généralisé d'un masque par la population constituerait une addition logique aux mesures barrières actuellement en vigueur », estime l'Académie.
Or, en situation de « pénurie de masques » comme actuellement en France, la priorité d'attribution des masques chirurgicaux ou FFP2 plus protecteurs doit aller aux professionnels et structures de santé, souligne l'Académie. Mais elle « recommande que le port d'un masque "grand public", aussi dit "alternatif", soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement ».

Amani Ballour, aux soins du peuple

Par Hala Kodmani, photo Rémy Artiges pour "Libération" — 2 avril 2020





Photo Rémy Artiges pour Libération



Cette pédiatre syrienne, devenue directrice d’un hôpital rebelle près de Damas, a fait l’objet d’un documentaire nommé aux oscars.

Visage de mater dolorosa échappée d’une église d’Orient. Regard encore pétrifié par tout ce qu’il a vu. Voix douce habituée à réconforter les enfants blessés. Amani Ballour que l’on retrouve au petit-déjeuner à son hôtel parisien est la même que dans les sous-sols de l’hôpital de guerre qu’elle a dirigé jusqu’en 2018 dans la banlieue de Damas sous les bombes. Dans un rare grand sourire, elle confie : «Ça me fait tellement de bien de pouvoir parler en arabe.» La pédiatre syrienne de 33 ans parcourt depuis des mois les capitales mondiales pour plaider la cause humanitaire des Syriens, à Idlib en ce moment. Elle ne change pourtant ni d’allure ni d’humeur. Foulard bien serré autour de la tête et long manteau étroit sur son corps menu, elle garde cette tenue habituelle et majoritaire des femmes des milieux conservateurs de la Syrie défavorisée. Elle s’est présentée ainsi même au milieu des stars en robes de soirée décolletées sur le tapis rouge des oscars en décembre. Le film The Cave («la grotte»), dont elle est l’héroïne, figurait parmi les cinq nommés dans la catégorie documentaire.