Bonjour,
De nombreux lecteurs nous ont demandé si l’épidémie de Covid-19 avait un impact mesurable sur le nombre de décès en France. Pour avoir un ordre d’idée, il y a eu, en 2019 (les chiffres varient d’année en année), 610 000 décès en France. Soit une moyenne de 1 670 par jour.
Ce sujet d’une éventuelle surmortalité liée au Covid-19 fait partie du suivi de l’épidémie en France. A terme, ce sera sur la base de ces données (davantage que sur le décompte en temps réel que les autorités tentent de faire actuellement) qu’on pourra se faire une idée du bilan de l’épidémie en France. Mais le recul est encore insuffisant pour avoir des statistiques et les interpréter. Même si des premiers chiffres circulent.
La première source est l’Insee. Face au Covid-19, l’institut statistique a mis en place un dispositif d’information exceptionnel, «consistant à diffuser chaque semaine le nombre de décès quotidiens enregistré dans chaque département, afin de contribuer en toute transparence à la mise à disposition de données pendant l’épidémie de Covid-19». L’Insee effectue des comparaisons avec les deux années précédentes. La première note sur le sujet a été publiée le 27 mars. 

Sur les seize premiers jours de mars : plus de décès en 2018 et 2019 qu’en 2020

Ce travail se heurte à un écueil : les données ne peuvent être obtenues en temps réel. L’Insee dispose ainsi du nombre de décès quotidiens (des données encore provisoires) avec onze jours de décalage. Les mairies ont légalement une semaine pour transmettre les décès à l’Insee, mais il faut y ajouter le temps de la transmission par voie de courrier pour les décès (certes marginaux) qui sont encore communiqués par ce canal. En se basant sur les seuls décès transmis par voie dématérialisée (environ 90% des décès étaient transmis ainsi en 2019), l’Insee parvient à réduire le décalage à sept jours. Des chiffres un peu plus récents, mais qui posent un problème : la comparaison d’une année sur l’autre du nombre de décès enregistrés par voie dématérialisée peut-être biaisée par le fait que ce mode de transmission tend a augmenter d’année en année. Une hausse statistique peut ainsi traduire une modification de l’usage (généralisation de la dématérialisation), et pas une hausse du nombre de décès à proprement parler. Ce qui explique que l’Insee communique plus volontiers sur l’ensemble des décès (transmission papier et numérique) pour laquelle les données sont plus comparables. Mais avec une dizaine de jours de retard, donc.
Au niveau national, écrit l’Insee, le nombre de décès survenus entre le 1er et le 16 mars 2020 est inférieur aux décès survenus entre le 1er et le 16 mars 2018 ou en 2019. Ainsi, entre le 1er et le 16 mars 2020, 26 900 personnes sont décédées, contre, sur la même période, 28 600 en 2019 et 32 900 en 2018.