Jean-François Delfraissy en février 2015. Photo Jean-François Monier. AFP
Alors que le Premier ministre doit annoncer ce mercredi «un plan d'importance sur l'hôpital», le président du Comité d'éthique, Jean-François Delfraissy, en appelle à des mesures fortes, entre autres financières.
Longtemps chef de service de médecine interne à l’hôpital Kremlin-Bicêtre près de Paris, le professeur Jean-François Delfraissy préside le Comité consultatif national d’éthique. Pour la première fois, il évoque la crise hospitalière.
Vous vous dites inquiet…
Je suis préoccupé, et la forte démotivation que l’on ressent un peu partout m’inquiète réellement. Au cours des trois dernières années, j’ai vu une dégradation dans les équipes hospitalières. Il y a une série de raisons, et elles sont anciennes. A mes yeux, ce qui a porté tort, ce furent d’abord les 35 heures appliquées sans accompagnement. Cela a été aussi l’introduction de la logique de rentabilité dans le monde hospitalier avec les effets délétères que cela a provoqué. Puis il y a eu la loi HPST, dite Bachelot, qui a écarté les médecins de la gouvernance, et entraîné des relations difficiles avec les administrations de ces hôpitaux. Mais aussi des raisons exogènes : l’hôpital ne devrait pas être un monde à part, ni un bunker. Il n’a peut-être pas vu le monde changer et s’est imparfaitement adapté aux bouleversements sociologiques comme le coût du logement, la féminisation des métiers de la santé… Et il a aussi un peu perdu de vue que sa fonction principale est le service rendu au patient et non sa propre organisation.