Démarrée il y a un peu plus de trois mois, étendue progressivement à toute la France, la grève des urgences se poursuit alors que la canicule sévit. Les personnels protestent contre la logique de rentabilité qui est imposée au système de santé français, dont ils sont tout autant victimes que les patients. Plus de 21 millions de passages annuels aux urgences, des dizaines de milliers de lits supprimés en dix ans, 73% d’infirmiers et aides-soignants en souffrance morale et physique… De nombreuses données illustrent le malaise.
En vingt ans, un doublement du nombre de passages
Depuis 1996, le nombre de passages aux urgences a doublé, passant de 10 à plus de 21,4 millions en 2017 (les urgences publiques constituent plus de 80% du total des structures privées et publiques). Une augmentation prévue mais aggravée par la réforme de la permanence des soins en 2002 : «Depuis que l’ancien ministre de la Santé Jean-François Mattei a supprimé l’obligation de garde incombant aux médecins libéraux, à certaines heures les gens ne trouvent plus de cabinet ouvert. Ils n’ont d’autres choix que de venir aux urgences», explique Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf).