Par Olivier Postel-Vinay. Publié dans le magazine Books n° 41 , mars 2013.
Agir humainement, est-ce contre nature ? L’altruisme désintéressé nous semble aller de soi, mais contredit apparemment les principes de la théorie de l’évolution.
Pourquoi tant de gens font-ils l’aumône ? Par empathie, pitié, sentiments auxquels se mêlent parfois le souci de se donner bonne conscience ou de se faire bien voir du bon Dieu. Jusque-là rien de surprenant. On peut aussi inverser la question. Pourquoi tant de gens ne font-ils pas l’aumône, ou rarement ? Par manque d’empathie ou de pitié ; par égoïsme ou avarice ; par cynisme, parce qu’on ne voit pas ce que ce geste nous rapporte ; par lucidité, si l’on perçoit le racketteur sous le mendiant ; par mépris, si l’on pense que le geste de mendier est dégradant ; par conviction, si l’on croit que donner incite le clochard à demeurer dans son état au lieu de chercher à s’en sortir. Nous avons donc d’excellentes raisons de donner ou de ne pas donner. Là où les choses deviennent surprenantes, c’est quand on replace la première question, « pourquoi tant de gens font-ils l’aumône ? », dans le contexte plus général de l’évolution de l’homme.