La santé à saute-frontière 3/5. De nombreuses femmes se rendent à l’étranger pour bénéficier d’une FIV, d’une PMA ou d’une préservation de fertilité, pratiques encore très encadrées en France.
Devant la clinique IVI de Pozuelo, banlieue chic de Madrid, une patiente, quadragénaire célibataire, tire une petite valise à roulettes pour monter dans le taxi qui l’attend, ce jeudi 9 mai. C’est la fin de son séjour en Espagne et le début de sa grossesse, souffle une réceptionniste.
A l’intérieur du bâtiment, moderne et lumineux, c’est un peu la tour de Babel. Dans la salle d’attente, on parle espagnol, mais aussi anglais, allemand, italien et beaucoup français. Ici, chaque année, 6 000 cycles de reproduction sont lancés. « Un quart de nos patientes sont étrangères, à 40 % des Françaises », résume la directrice adjointe, Yolanda Minguez, qui défend avec ferveur un « droit » à la maternité.
Bien qu’il soit au beau fixe, ce n’est pas le soleil qui motive les patientes françaises à se soumettre à une technique de procréation médicalement assistée (PMA) en Espagne, mais une législation beaucoup plus souple qu’en France. La PMA est permise pour les femmes célibataires ou les couples de femmes. Les fécondations in vitro (FIV) y sont autorisées jusqu’à 50 ans, contre 43 ans dans l’Hexagone. Il est possible de réaliser des tests de compatibilité génétique poussés et des diagnostics préimplantatoires, qui ne sont autorisés en France qu’en cas d’antécédents médicaux familiaux très graves. La conservation d’ovocytes par vitrification, afin de repousser une possible grossesse, y est permise sans raison médicale.