Interview de John Johnson, infirmier, coordinateur de projet, Médecins sans frontières (MSF)
La République Démocratique du Congo (RDC) connaît sa dixième épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola.
Dans le tumulte de l’actualité hexagonale, l’information est presque passée inaperçue. Et pourtant cette flambée est la plus importante de toute l’histoire du Congo et le virus ne se cantonne plus aux villages reculés et atteint désormais le cœur de grands centres urbains, déjà en proie à une guérilla vieille de 20 ans.
L’intelligence artificielle suscite beaucoup d’espoirs, mais aussi de craintes, chez les médecins. Trois chercheurs (deux Américains et un Britannique) proposent une mise au point sur ce qu’il est actuellement raisonnable d’en attendre.
Pour commencer, qu’entend-on par intelligence artificielle ? Le terme approprié serait plutôt « apprentissage machine » ( machine learning – ML ), ou apprentissage automatique. En effet, il ne s’agit plus de faire appliquer des recommandations d’experts par l’ordinateur, mais de traiter un nombre considérable de données (d’où l’importance du « big data ») au moyen d’algorithmes permettant à l’ordinateur d’améliorer en même temps ses performances.
Dans une tribune au « Monde », quatorze chefs de service hospitalier réclament un grand plan en faveur des urgences, qui sont en permanence saturées.
Par CollectifPublié le 16 janvier 2019
Tribune.Les récents drames survenus dans des services d’urgence sont un malheur pour les patients et leurs familles. Pour nous aussi, chefs de service d’urgences, et nos équipes, dont la raison d’être est de soigner et de sauver, ils sont chaque fois des tragédies. Or, de tels accidents peuvent maintenant se répéter partout et à tout moment, car le gouffre se creuse entre les besoins et nos moyens.
Auparavant, l’encombrement des services d’urgences (SU) n’était évoqué qu’au moment de la grippe ou de la canicule. Désormais, nos services sont saturés en permanence. Or, cette saturation n’a pas qu’un effet sur le confort ou le délai d’attente : elle augmente considérablement le risque d’erreurs médicales et use les équipes. Quand un seul médecin doit prendre en charge simultanément dix malades, le risque d’accident devient immense. Nous travaillons désormais en permanence sur le fil. Aucune autre spécialité médicale ne connaît une telle exposition au risque.
En France, la moitié des 176 000 jeunes placés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) sont pris en charge par des familles d'accueil. Ces assistants familiaux étaient 50 000 en 2012 et sont environ 45 000 aujourd'hui. Une situation de pénurie se profile et les départements peinent à recruter.
Elles accueillent au quotidien près de 85 000 enfants et jeunes majeurs en France. Les familles d'accueil, que l'on appelle désormais les assistants familiaux, sont de moins en moins nombreuses. Estimées à 50 000 il y a sept ans, elles seraient aujourd’hui environ 45 000.
Selon l'inspection générale des affaires sociales (IGAS), qui a mené une enquête en 2013, "le constat commun à tous les départements, avec des degrés inégaux de gravité, est bien celui du net vieillissement des assistants familiaux face à des besoins qui ne diminuent pas" , et pour cause, le nombre de placements a augmenté de 4,6% entre 2016 et 2017. Ce métier, largement professionnalisé au cours des quarante dernières années, reste vocationnel mais se complexifie. Les assistantes familiales dénoncent un métier de plus en plus compliqué : précarité, enfants atteints de troubles psychiatriques, manque de moyens, les difficultés sont multiples.
Devant les avancées prodigieuses des biotechnologies, Alain Finkielkraut interroge deux psychanalystes pour définir la nouvelle place du père alors qu'il peut être évincé, remplacé et facultatif dans la procréation.
Un père, une mère c'était, il y a peu encore, élémentaire. Cela ne l'est plus en dépit des banderoles et des slogans de la Manif pour tous.
L'extension irrésistible des droits individuels conjuguée avec les avancées prodigieuses des biotechnologies ont fait apparaître des configurations inédites et tout à fait surprenantes, par exemple un couple de femmes homosexuelles qui ont recours à la procréation médicalement assistée, la conjointe, avocate, de celle qui porte l'enfant demande et obtient un congé paternité. Quelques mois plus tard elle est enceinte ce qui lui donne droit à un congé maternité.
La Grande table reçoit Nicolas Gauvrit, psychologue et mathématicien français spécialisé en science cognitive qui a co-dirigé "Des têtes bien faites (défense de l’esprit critique)" (PUF, janvier 2019)
Attentats, réchauffement climatique, vaccins, etc. Des théories du complot à la désinformation, de la simple parano à la persistance des idées reçues… L’époque est à la remise en question. Nos cerveaux sont-ils programmés pour croire ou pour douter ? Quel système d’autodéfense mettre en place pour que la raison ait le plus souvent gain de cause ?
On ouvre la réflexion à l’occasion de la parution de l’ouvrage Des têtes bien faites (défense de l’esprit critique) (PUF, janvier 2019), qui rassemble les contributions de chercheurs mais aussi d’enseignants, de vidéastes ou encore de webmasters. Un ouvrage collectif publié sous la direction scientifique de l’auteur de La démocratie des crédules, le sociologue Gérald Bronner.
Depuis 2017, un principal de Haute-Saône a banni les smartphones des murs de son établissement. Une expérience pionnière.
Par Pascale KrémerPublié le 18 janvier 2019
Des adolescents privés de portable qui ne se sentent pas punis, mais « libérés ».Qui se reconnaissent, en souriant, « capables de vivre sans ». « Large ! », même. Et aucune sonnerie de réveil pour interrompre ce doux rêve parental. On ne dort pas, ces collégiens existent, il faut simplement aller jusqu’à Faucogney-et-la-Mer pour les rencontrer, au fond d’une vallée de Haute-Saône, sur le plateau dit des Mille Etangs.
« Au bout du bout du département le plus rural. C’est un peu le Ushuaïa français, ici », plaisante Rudy Cara devant le collège qu’il dirige. Un gros Rubik’s Cube tacheté d’orange, de bleu et de jaune, posé au cœur d’un bourg de 500 habitants, avec vue sur l’entrepôt SEB, sur le Trésor qui a fermé et la gendarmerie qui s’apprête à le faire. En Terre de feu franc-comtoise, le principal du collège Duplessis-Deville est un pionnier : dès novembre 2017, il a bouté les smartphones hors de son établissement. Un peu plus d’un an avant que la loi (3 août 2018) n’impose l’interdiction dans tous les collèges et écoles de France.
Economiste, mère d’un jeune schizophrène, cette femme engagée préside un collectif qui veut faire changer le regard sur cette maladie stigmatisée.
Par Sandrine CabutPublié le 21 janvier 2019
« A chaque fois que l’on veut parler de schizophrénie, il faut toujours commencer par déconstruire les idées reçues. Et comme l’attention des gens est limitée, on s’arrête à ce niveau, sans finalement jamais expliquer ce que c’est », soupire Fabienne Blain. Venant de la présidente du collectif Schizophrénies, qui s’est donné pour mission de faire avancer ce sujet sur tous les fronts, le constat pourrait inquiéter. Mais à prendre le temps de l’écouter, on est vite rassuré. Sous des dehors réservés, cette économiste, 55 ans, fait montre d’une détermination sans faille.
Au programme de ce jeune collectif, qui rassemble sept associations : informer, améliorer les prises en charge, médicales et autres, des patients, l’accompagnement social, l’insertion professionnelle ; mais aussi changer la représentation de cette affection psychiatrique, trop souvent perçue, à tort, comme un dédoublement de personnalité, l’emblème de la folie violente.
Un certain type d’humour a tendance à présenter les femmes comme stupides, agressives ou à les réduire à un objet sexuel, selon le Haut Conseil à l’égalité.
Par Solène CordierPublié le 17 janvier 2019
« Savez-vous ce que disent les blondes après l’amour ? Au suivant ! »Voilà le genre de contenus de haute volée que l’on trouve sur le site Blague info, l’une des premières occurrences qui apparaît dans Google à la recherche du mot « blague », relève le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dans un premier état des lieux du sexisme en France, rendu public jeudi 17 janvier. Ce travail, destiné à nourrir la réflexion des pouvoirs publics, était prévu par la loi Egalité et citoyenneté de janvier 2017.
Marche post-#MeToo, à Washington le 28 novembre.Photo Nikki Kahn. Zuma. Rea
Aux Etats-Unis, dans le sillage du mouvement #MeToo, de nombreuses femmes ont décidé de ne plus enfouir leur colère, mais de s’en servir enfin comme d’une force politique dans l’espace public. Trois essais publiés à quelques semaines d’intervalle font l’éloge de cette libération explosive.
La téléconsultation dans le cadre du parcours de soins est remboursée depuis le 15 septembre dernier mais cette pratique est encore à la marge. Une enquête réalisée par B3TSI auprès d'un panel de patients atteints de maladies chroniques révèle que seulement 8 % d'entre eux ont déjà eu recours à une téléconsultation lors des 12 derniers mois. La raison principale évoquée est celle du manque d'informations. 52 % des interrogés affirment que leur médecin ne leur a jamais proposé cette alternative à la consultation en présentiel. 21 % ne savaient pas du tout que cela existait, 19 % préféraient voir un médecin physiquement. Seuls 2 % indiquent ne pas savoir si c'est remboursé et 1 % des sondés avouent ne pas être à l'aise avec l'informatique.
Les médecins négligent-ils trop la relation humaine avec leurs patients ? Un article publié dans le New York Times par deux psychologues sociaux de l'université de Stanford, Lauren C. Howe et Kari Leibowitz, fait le rapprochement entre qualité des échanges et efficacité des traitements médicaux. Un médecin sympathique et chaleureux obtiendrait de meilleurs résultats dans les traitements qu'un médecin froid et collé à son écran d'ordinateur pendant la consultation. « Avoir un médecin chaleureux et rassurant améliore votre santé », assurent les deux psychologues.
Le gouvernement s’étoffe avec la nomination ce jour, par l’Élysée, d’un député LREM, Adrien Taquet, au poste de secrétaire d'État en charge de la Protection de l'enfance, auprès de la ministre de la Santé et des Solidarités, Agnès Buzyn.
Comment bien raconter sa défonce ? Les psychonautes, amateurs de nouvelles expériences psychédéliques et « navigateurs de l'âme », cultivent cet art délicat depuis des décennies.
« Je me sens dans un état confusionnel intense. Terrassé physiquement, mais c’est super agréable. La colline en face de moi ressemble à un crapaud de plusieurs kilomètres, prêt à engloutir la ville. Et les heures s’écoulent, alternant crises de fous rires et contemplations… » Après une nuit de trip, Flower Power* s’endort dans un champ.
De retour chez lui, il s’empresse de relater son expérience à l'écrit. Il indique les informations de base : « Substance : 4-AcO-MiPT. Dose : 25 mg. Poids : 51 kg. Taille : 1m69. Âge : 26. » Puis les mots s’enchaînent sur son clavier. Flower Power raconte son arrivée sur le lieu, sa prise de drogue, ses sensations, hallucinations… Et balance le texte en ligne. C’est ce qu’on appelle un trip report (TR).
Il est rare de voir une revue comme JAMA Psychiatry, à l’avant-garde des recherches dans la spécialité, citer un auteur de l’Antiquité. Mais il est vrai qu’il s’agit d’Hippocrate de Cos (–460 –377 av J.C), le « père de la médecine » lui-même !
Notre illustre précurseur serait en effet responsable de «l’introduction du concept de pronostic » dans la pratique médicale. Consacrant une réflexion à cette « science du pronostic » appliquée à la psychiatrie, une équipe britannique donne ainsi la parole à Hippocrate : « Il m’apparaît comme une démarche excellente pour le médecin de cultiver l’art du pronostic... d’être en mesure de prévoir et d’annoncer, en présence d’une maladie, son évolution future. »
Aux États-Unis où les tueries de masse sont devenues tristement banales[1], chaque tragédie vient rappeler à quel point la prolifération inquiétante des armes à feu constitue un problème très sensible, sur fond (légal et « culturel ») du Second Amendement de la Constitution[2].
Éviter la stigmatisation
Proposant deux articles complémentaires sur la réglementation juridique pouvant limiter ce droit constitutionnel du port des armes à feu, en cas de maladie mentale, et le rétablir au contraire en cas de guérison, une psychiatre et une juriste américaines rappellent que cette législation (combinant les lois propres aux différents états des USA et celles émanant du gouvernement fédéral) varie en fait considérablement.
Ce vendredi 25 janvier se tenait la deuxième journée des Savs/Samsah (1) du Loir-et-Cher. Réunies à Blois il y a deux ans, les associations se donnaient cette fois rendez-vous à Romorantin, à l’auditorium de la Fabrique.
Organisée par les Samsah et Savs de la Mutualité française Centre-Val de Loire, avec l’Apajh (2) et en partenariat avec le centre hospitalier de Romorantin, cette journée de conférences était consacrée à l’intégration sociale des malades psychiques par l’activité, la culture, le plaisir.
Des chercheurs ont développé un outil ayant recours à un capteur portable et à l’apprentissage automatique, qui peut détecter l’anxiété et la dépression masquées chez les enfants.
Dans le cadre d’une étude visant à évaluer l’efficacité de l’outil, 63 enfants, dont certains d’entre eux étaient connus pour avoir des troubles d’internalisation, ont été conduits dans une pièce faiblement éclairée, tandis que le facilitateur faisait des déclarations pour susciter l’attente, telles que « j’ai quelque chose à te montrer » et « ne faisons pas de bruit pour ne pas le réveiller ». Au fond de la pièce se trouvait un terrarium doté d’un couvercle que le facilitateur a rapidement retiré pour en sortir un faux serpent. Les enfants étaient ensuite rassurés par le facilitateur et recevaient l’autorisation de jouer avec le serpent.
La technologie a déterminé que le mouvement avant le dévoilement du serpent était le plus révélateur d’une psychopathologie potentielle. Les enfants atteints de troubles de l’internalisation avaient tendance à se détourner de la menace potentielle.
Initiation aux pendules, atelier de cartomancie ou d'écriture de grimoires… Ground Control se transforme en manoir de la sorcellerie. Au cœur de la friche, une exposition dédiée à la revue “Sorcières” met en lumière le lien, très au goût du jour, entre féminisme et sorcellerie.
Depuis quelques années, les nouvelles sorcières, nom donné au cycle programmé par Ground Control, ont envahi les cercles féministes voire la scène politique. Entre le développement du Witch bloc, groupe féministe radical se revendiquant de la sorcellerie, les ateliers d’étude des plantes médicinales et la parution du brillant livre de la journaliste Mona Chollet Sorcières, la puissance invaincue des femmes, impossible de passer à côté du phénomène. En remettant sur le devant de la scène la revue sur la création féminine Sorcières avec un accrochage de ses unes, articles et illustrations marquantes, la friche située à proximité de la Gare de Lyon saisit l'importance croissante de la figure de la sorcière dans la société.
A Bron, près de Lyon, le plus gros hôpital psychiatrique de France, financièrement étouffé, ne parvient plus à soigner ses patients convenablement.
Lame de fond budgétaire conjoncturelle qui s'abat sur le premier hôpital psychiatrique de France, comme sur tous les hôpitaux du pays. Gel financier qui a conduit à la suppression de plus de 80 postes, soit 3 % des équivalents temps plein du Vinatier. "La psychiatrie est toujours la cinquième roue du carrosse !” déplore le psychiatre Jean-Pierre Salvarelli, vice-président de la commission médicale d’établissement du Vinatier.