Dans un discours de 2015, Barack Obama déclare que l’accès à l’Internet « ne constitue pas un luxe, mais une nécessité. » Et le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies adopte en 2016 une résolution soulignant l’importance du libre accès au réseau.
Mais si l’accès à l’Internet est devenu ainsi une composante « presque ubiquitaire de la vie moderne », en permettant de « rapprocher les individus comme jamais auparavant », il persiste pourtant, rappelle un psychiatre exerçant à la prestigieuse Université Stanford (Californie, États-Unis), quelques situations où cet accès reste bloqué, notamment lors de certaines hospitalisations en psychiatrie. Il existe en effet un équilibre délicat à trouver entre le respect des libertés individuelles (imposant par principe un libre accès au réseau, comme aux autres moyens de communication et d’information) et la prise en compte de conditions particulières, liées à la maladie mentale.
« Les années passent et rien ne change : les plus précaires sont les plus mal soignés, les progrès sont faibles, les reculs et les menaces sont là ».Tel est le constat que tire Yannick Le Bihan, directeur des opérations de Médecins du Monde (MDM), à l'occasion de la parution du 18e rapport de l'observatoire de l'accès aux droits et aux soins de l'ONG, cette journée mondiale du refus de la misère.
Depuis cet été, les infirmiers peuvent suivre une formation pour réaliser certains actes réservés jusque-là aux médecins. L’objectif est d’améliorer l’accès aux soins en réduisant la charge de travail des médecins sur des pathologies ciblées.
Je déprime, tu déprimes, elle nous « fait » une petite dépression… À force d’être utilisé dans le langage courant, le terme « dépression » a fini par se vider de sa substance. Pour mesurer la prévalence de cette maladie, plus volontiers appelée « épisode dépressif caractérisé » (EDC) en clinique, le Baromètre santé s'appuie sur la description du CIDI-SF et ce, depuis 2005. Il est ainsi « la seule étude européenne pouvant présenter des résultats comparables sur une durée aussi longue », selon Astrid Chevance et Raphaël Gaillard qui signent l'éditorial.
Psychologue ou psychiatre, psychothérapie ou psychanalyse. On connaît ces différentes dénominations, mais on ne sait pas forcément ce qu’elles désignent et vers qui ou quoi se tourner en cas de besoin. Décryptage
«J’ai suivi une psychothérapie il y a quelques années à la suite d’une rupture, j’avais trop d’insomnies. J’ai consulté une fois par semaine pendant huit mois.» Philippe*, 28 ans, travaille dans le milieu de la culture à Genève. Il y a une année, il retourne voir son psychiatre à cause de troubles obsessionnels compulsifs.
Psychanalyse ou psychothérapie ?
Mais cette fois-ci, le spécialiste juge qu’une psychothérapie ne sera pas suffisante et lui propose une aide plus profonde: la psychanalyse. Quelle différence? Lors de la psychanalyse, inventée par Freud, le patient est allongé sur un divan et le psychanalyste se trouve derrière lui, hors de son champ de vision. Il intervient moins qu’en psychothérapie. Le but: «L’absence de contact visuel permet aux émotions et pensées de surgir plus facilement. Il y a moins d’influence d’une personne en face», note Bernard Reith, psychiatre-psychothérapeute FMH et psychanalyste.
Alors qu'un rapport d'étape sur la hausse des arrêts maladie est attendu fin octobre, le patronat passe à l'offensive et propose ce mercredi dix mesures pour maîtriser ces dépenses, ciblant les assurés, l'assurance-maladie mais aussi les médecins ! Cette sortie intervient alors que le gouvernement a envisagé cet été de ne plus rembourser une partie des arrêts de travail courts et de transférer partiellement la dépense aux entreprises (piste finalement écartée).
A l’aube du troisième millénaire, les hommes d’Etat doivent imaginer une politique de migration pour que la Méditerranée cesse d'être un cimetière.
Tribune. Le débat sur la migration est stupéfiant et pourtant il dure, s’enlise et même s’encastre dans l’ordinaire de notre culture politique contemporaine. Il paralyse l’Europe qui en parle tout le temps, mais n’en délibère jamais. Il envahit les propagandes partisanes et s’impose comme une sorte de friandise électorale dont se délectent les populistes de tous poils, de droite et maintenant d’une certaine gauche. Il tétanise les gouvernements qui craignent que le respect de la vérité ou qu’un sursaut d’humanisme ne leur vaillent une chute dans les sondages. Depuis le début de ce siècle encore tout jeune, 50 000 êtres humains sont morts au fond de la Méditerranée et l’imagination de la gouvernance humaine se limite à renforcer les contrôles, consolider « Frontex » ou désarmer l’Aquarius. Qu’est donc devenu le Conseil européen, incapable d’imaginer ce que pourrait être une politique de migration à l’aube du troisième millénaire ?
Un monde où tout le monde voit tout le monde
C’est pourtant bien de cela dont il s’agit : d’avoir le courage et la lucidité de penser une mondialisation dont tout le monde parle, sans jamais savoir la regarder en face et en tirer les conséquences. Nous sommes entrés dans un monde d’interdépendance et de communication généralisée pour lequel la mobilité des personnes est devenue un principe irréversible avec lequel il faut apprendre à vivre.
Par Emmanuèle Peyret— On enlève ses bijoux, on se frotte les papattes avec du savon pendant au moins une minute, sous les ongles aussi, oui, et on sèche avec un tissu propre.Photo Mandel Ngan. AFP
C'est aujourd'hui la dixième journée mondiale du lavage de mains, organisée pour faire de ce geste un réflexe qui peut sauver des vies. Et éviter la propagation de certaines infections.
Depuis le XIXe siècle, des prêtres catholiques, en conformité avec les ordonnances du Saint Siège, essayent d’étouffer le vent de liberté sexuelle qui se lève sur l’Occident. Certaines pratiques médicales posent problème : que faire du toucher vaginal ? Et du prélèvement de sperme ?
Narcisse est un jeune homme fou amoureux de son image reflétée dans l'eau, il ne survivra pas à cet amour... Narcisse est-il coupable de trop s'aimer ou de confondre l'image et la réalité ? Dans les « Métamorphoses », Ovide fait du mythe une réflexion psychologique et philosophique sur l’amour.
C’est Ovide qui dans les Métamorphoses (qui paraissent aux alentours du 8ème siècle après JC) donne ses lettres de noblesse au mythe de Narcisse malgré l’évocation de son histoire avant sa propre interprétation.
Le récit des Métamorphoses est complexe : il raconte les mythe sous forme de scènes elles-mêmes insérées dans une trame narrative. L’épisode de Narcisse met en scène une réflexion philosophique et psychologique sur l'amour...
L'invité du jour :
Jacqueline Fabre-Serris, professeure à Lille 3, spécialiste de la Rome antique
Co-directrice de Lire les mythes aux éditions Presses universitaires du Septentrion, Mythe et poésie dans les Métamorphoses d’Ovide aux éditions Klincksieck.
Les mythographes à l'origine de l'histoire de Narcisse
Le mythe de Narcisse trouve son origine bien avant Ovide : il existe deux textes de mythographes, des transmetteurs qui répertorient les mythes, les classifient et essaient de les interpréter, un mythographe contemporain d’Ovide appelé Conon, et un mythographe postérieur qui s’appelle Pausanias.
Conon inscrit le mythe de Narcisse dans la catégorie des histoires sur les insensibles : des jeunes gens qui sont insensibles à l’amour et au désir de l’autre. Chez Conon, Narcisse repousse ses amoureux et donne à l’un d’entre eux une épée, l’invitant à se tuer, ce qu’il fait non sans avoir invoqué Eros qui se venge en inspirant à Narcisse un amour interdit qui le conduit à sa mort.
Pausanias, lui, s’interroge sur la vraisemblance de l’histoire de Narcisse. Il trouve idiot de raconter qu’un adolescent pourrait se regarder dans une source et ne pas se reconnaître. Il propose une autre version : Narcisse a une sœur jumelle qui décède. Il se regarde dans l’eau pour y retrouver alors les traits de sa sœur. On a là un amour incestueux et impossible.
Jusqu’où ira la science ? Deux souris femelles ont donné naissance à des souriceaux. L’expérience a été menée par des scientifiques chinois et relayée en fin de semaine. Inédite, ouvre-t-elle pour autant un champ infini de possibles pour la reproduction des mammifères voire de l'humain ?
Elle n’avait jamais fumé, jamais pris la moindre drogue, « j’avais l’alcool un peu facile, quand même ». Pourtant, après six ans de hauts et de bas, d’arrêts et de rechutes, Lucie est formelle (le prénom a été changé) : « Je suis addict et je ne peux plus m’en sortir seule. » Pour cette femme de 34 ans, la rencontre avec les médicaments opiacés a eu lieu il y a six ans, après une opération des yeux. « J’avais mal, l’ophtalmo m’a prescrit du Dafalgan codéiné, se souvient-elle. Tout de suite, j’ai accroché. La diminution de la douleur mais aussi un apaisement corporel, un bien-être. Mais j’ai arrêté à la fin du traitement. C’est quelques mois plus tard, lors d’une crise de névralgie que j’ai recommencé. » Cette fois, l’ingénieure médicale ne se contente pas des prescriptions. « C’est devenu une béquille. Si j’avais mal quelque part, ou un coup de mou, ça me faisait du bien. D’abord de façon épisodique, puis régulière, puis tous les jours. En quelques mois, je suis devenue accro. Sans produit, j’étais en manque : des bouffées de chaleur, des douleurs musculaires, des pics de tension… Je ne supportais pas d’être comme une droguée, j’ai décidé d’arrêter. »
Les opiacés représentent les deux tiers des 72 000 morts par overdose outre-Atlantique. Devant ce chiffre record, villes, Etats et autorité fédérale se mobilisent.
Comme tous les ans, en août, le chiffre officiel est tombé. Glaçant. En 2017, 72 000 personnes sont mortes d’une overdose aux Etats-Unis. Parmi elles, deux tiers ont succombé à une surdose d’opiacés naturels ou de synthèse. Un chiffre en hausse de près de 15 % par rapport à 2016, année record, selon les données des CDC (Centers for Disease Control and Prevention), qui inlassablement exposent les défaillances du système de santé américain.
Soumis à la pression scolaire, sociale et familiale, de plus en plus d’adolescents s’enfoncent dans une souffrance physique et psychologique inédite. Émilie, 15 ans et hospitalisée pour "burn-out", raconte.
Émilie est élève en première S dans un lycée de la région parisienne. Bien qu’elle soit bonne élève, ses parents la poussent à en faire toujours plus.
Quand je n’avais pas la meilleure note, je me disais que j’étais nulle, que je ne réussirai jamais.
Un jour, Émilie craque. Elle est épuisée, ne se sent plus capable d’aller au lycée. Avant la rentrée scolaire, elle est hospitalisée dans un centre qui prend en charge les pathologies propres aux adolescents de 12 à 17 ans.
J’ai l’impression d’être adulte dans ma tête, de ne pas avoir eu d’enfance.
Chaque personne atteinte de schizophrénie est unique, mais toutes présentent différents symptômes handicapant au quotidien. Or les traitements actuels, des antipsychotiques, ne sont efficaces que pour une partie des patients. Pour mieux traiter cette pathologie, il s’agit de mieux la comprendre. Thomas Marissal, de l’université de Genève en Suisse, et ses collègues viennent de franchir un pas dans ce sens : ils ont mis en évidence une désynchronisation des neurones chez des souris atteintes d’une forme de schizophrénie, et l’ont même corrigée, les rongeurs ne présentant alors plus certains symptômes de la maladie.
Attention, urgence absolue. La santé mentale des jeunes est une priorité oubliée. Priorité car la détection et la prévention permettrait d’éviter à des adolescents de voir leur pathologie empirer en grandissant - en France, d’après les statistiques, près de 12,5 % des enfants et adolescents sont en souffrance psychique. Priorité car la prévention du suicide des jeunes n’est pas suffisamment développée et insuffisamment financée – des milliers de morts pourraient être évitées. Priorité car, que l’on parle de pathologies lourdes ou peu graves… courantes, banales, il est très compliqué pour les parents de s’orienter dans le parcours des soins. Priorité, car les services de soins justement sont saturés et que nous manquons de structures et de professionnels spécialisés dans le domaine de la pédopsychiatrie en France et en Europe – ce sont les Défenseurs des enfants qui ont, cette semaine, lancé l’alerte sur ce sujet. Priorité enfin, à maintenir les jeunes concernés dans les situations d’apprentissage et faire de l’école un environnement plus inclusif.
De Rouen à Saint-Étienne, en passant par Niort, Nantes ou encore Amiens, l’année dernière également en Sarthe, dans le Cher, en Gironde ou à Rennes, les mouvements de grève s’enchainent dans des hôpitaux psychiatriques, confrontés à un manque de moyens, notamment humains, devenu insupportable (lire sur le sujet notre récent article).
Dans ce contexte, la parution, le 12 septembre, d’un ouvrage intitulé Psychiatrie : l’état d’urgence, a attiré l’attention des médias [1]. Ses auteurs, les psychiatres Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca, ont été reçus à la matinale de France Inter, de France Culture, dans les colonnes du Monde, ou encore de L’Express. Les deux auteurs estiment également que le système psychiatrique français est « à bout de souffle ». « Il y a une une baisse du nombre de lits de prise en charge en psychiatrie avec des créations en face de places en ambulatoire [hors hôpitaux] en nombre bien inférieurs », dit à Basta ! Pierre-Michel Llorca
Coédité par l’Institut Montaigne, un think tank néolibéral
L’ouvrage Psychiatrie : l’état d’urgence peut pourtant difficilement se présenter comme le porte-parole des personnels en grève dans les hôpitaux psychiatriques à travers la France. Le livre est introduit par un avant-propos de Nicolas Baverez, un économiste fervent promoteur du néolibéralisme, chroniqueur au Figaro et au Point. Dans une chronique de juin pour Le Point, l’économiste critiquait par exemple le remboursement des soins de santé. Dans les colonnes du même journal, il défendait l’ouverture à la concurrence du rail. Nicolas Baverez est aussi membre du comité directeur de l’Institut Montaigne, un groupe de réflexion (ou « think tank ») par ailleurs coéditeur de l’ouvrage. Créé en 2000 par Claude Bébéar, fondateur du géant des assurances Axa, l’Institut Montaigne est financé par de très grandes entreprises françaises comme Air France, Bolloré, Carrefour, SFR, Sanofi, Bouygues, Dassault, Orange, Veolia, Vinci, Total, Engie, LVMH, la Banque Lazard ou le Crédit agricole, ainsi que par des entreprises moins connues comme Elsan, le « leader de l’hospitalisation privée en France », dont quelques cliniques psychiatriques privées.