Les salariés en grève du service psychiatrie de l'hôpital de Saint-Étienne voulaient profiter de l'inauguration d'un nouveau bâtiment de gériatrie pour se faire entendre. La direction du CHU a préféré annuler l'inauguration. Visiblement, il en faut plus pour décourager le collectif Psy Cause.
Le service psychiatrie du CHU de Saint Étienne est en grève depuis un mois et le mouvement est loin de faiblir. Un rassemblement doit avoir lieu le vendredi 12 octobre 2018, à l'occasion de l'inauguration d'un nouveau bâtiment de gériatrie. L'événement a semble-t-il gêné la direction qui a annulé l'inauguration mais le rassemblement aura tout de même lieu.
La rédactrice en chef du «Libé des historien·nes» évoque son travail pionnier sur l’histoire des femmes et des classes populaires. Retour sur un demi-siècle de carrière d’une grande intellectuelle qui a puissamment renouvellé la discipline.
Spécialiste mondialement reconnue de l’histoire des femmes et des classes populaires, Michelle Perrot est l’auteure d’une œuvre qui a permis de renouveler la discipline en donnant la parole à ceux et celles qui en ont été le plus souvent privés : les ouvriers, les détenus, les femmes. Quand nous la rencontrons chez elle, à quelques pas du jardin du Luxembourg à Paris, nous sommes frappés par sa chaleur et sa bonhomie lumineuse. Elle nous raconte simplement, et avec générosité, son histoire et l’histoire qu’elle a portée et animée avec passion depuis plus d’un demi-siècle, où domine son engagement citoyen, depuis la guerre d’Algérie, avec Pierre Vidal-Naquet, son collègue à l’université de Caen, jusqu’à #MeToo, qu’elle a mis en une du Libédes historien·nes, dont elle est aujourd’hui la rédactrice en chef.
Vous êtes passée de l’histoire du monde ouvrier à l’histoire des femmes, de l’histoire sociale «par en bas» à l’histoire du genre. Quel a été le fil rouge de votre recherche ?
Je suis d’abord séduite par l’histoire économique et sociale qui s’impose à moi comme une espèce d’évidence parce qu’elle est sérieuse, «scientifique», qu’elle met le social au cœur, l’économique comme explication, et le culturel comme superstructure. Par ailleurs, pour la fille que j’étais, au lendemain de la guerre, la classe ouvrière triomphait. Le choix de travailler sur celle-ci s’imposait, c’était un choix scientifique, idéologique et éthique. 1968 a été un tournant dans mon rapport à l’histoire. Je vais à Jussieu, j’adhère complètement au mouvement des femmes qui s’installe dans les universités, j’y participe et, par-delà l’engagement, la question devient pour moi «qu’est-ce que je peux dire, en tant qu’historienne, sur les femmes ?». S’il y a un fil rouge, c’est dans l’histoire que j’ai souhaité faire de ces zones de silences et de ces zones d’ombres, de ces vies ordinaires qui font l’histoire.
Plutôt qu’adopter l’angle de la domination masculine, Manon Garcia a choisi d’examiner l’ambiguïté de la soumission féminine. Cette spécialiste en philosophie féministe participe ce week-end à une discussion autour de “l’empowerment” dans le cadre du Festival 52.
Empowerment : un an après le début de la vague #MeToo, le mot est sur toutes les lèvres, même si on ne trouve pas encore de traduction française officielle à ce drôle de terme, qui cristallise une prise de conscience fondamentale pour les femmes. Le collectif 52 – puisque lesfemmes représentent 52 % de la population, a décidé d’y consacrer un festival, les 12 et 13 octobre au Lieu secret, dans le 14e arrondissement de Paris. Au programme de la première édition : des débats, des concerts, des projections, des lectures... pour « célébrer la puissance des femmes et s’affranchir des stéréotypes de genre ». Avec des acteurs du monde culturel et artistique, comme Dani, Agnès Jaoui ou encore la réalisatrice Léa Domenach, il s’agira de questionner la condition féminine, les rapports de domination, la liberté.
Manon Garcia, docteure en philosophie, fait partie des celles qui vont intervenir autour de la notion de puissance féminine. Spécialiste en philosophie féministe, et tout particulièrement dans la pensée de Simone de Beauvoir, elle vient de publier On ne naît pas soumise, on le devient(collection « Climats », Flammarion, 2018).
Paris, le samedi 13 octobre 2018 – Sans que leur publication ne soulève (finalement) une polémique aussi importante que leur précédent ouvrage, les professeur Bernard Debré et Philippe Even sont récemment revenus sur le devant de la scène avec un ouvrage consacré aux antidépresseurs. Usant, sur un sujet pourtant éloigné de leurs spécialités, d’un ton comme à leur habitude, très critique, les deux praticiens évoquent notamment la « grande illusion » des antidépresseurs. Ils dénoncent entre autres les « mensonges » des « essais cliniques ». Au-delà, parmi les différentes accusations portées par Bernard Debré et Philippe Even contre l’industrie pharmaceutique concernant le champ de la dépression, figure l’idée d’une psychiatrisation à outrance de la société, d’une "fabrication" de la dépression. Cette idée n’est pas neuve et a déjà été développée par de nombreux essayistes. Sur le blog Pharmacritique hébergé par 20 minutes on pouvait ainsi lire en 2008 la longue analyse de Janet Currie, cofondatrice aux Etats-Unis du Psychiatric Awareness Medication Group sur ce qu’elle appelait la « marchandisation d’une dépression redéfinie à des fins commerciales ».
«Si Clara…», parano et exil chez la Canadienne Martha Baillie
Hors de chez elle, dans les moments de panique, Clara bloque entre deux paliers «l’ascenseur à voix». Et voilà que le vil Kevin, la morveuse Bridgette et tous les autres n’ont plus qu’à tempêter inutilement. L’accès à leur étage de prédilection, la tête de Clara, leur est provisoirement interdit. «Nous les malades mentaux nous sommes comme les réfugiés», dit celle-ci à Daisy, écrivain en convalescence qui ressemble à l’auteur. Poussée par sa psychiatre, la fine Clara a accepté de se glisser dans la peau de Julia, sa sœur, pour contenir tout ce qui échappe en elle, et écrire un roman. Le livre est bon, Daisy accepte de le prendre en charge sous un faux nom pour la publication. C’est l’histoire de Kamar, une jeune Syrienne, que la guerre et l’exil à Toronto vont mener tout droit dans le dérèglement mental, comme Clara elle-même, qui repousse vigoureusement les accusations d’appropriation culturelle.
Victimes d'idées reçues et d'un manque de sensibilisation, les maladies psychiatriques ne sont souvent, en France, dépistées qu'au bout de plusieurs années. Une perte de temps préjudiciable au malade que dénonce le psychiatre et chef de service au CHU de Clermont-Ferrand Pierre-Michel Llorca.
Avec un ratio d’un psychiatre pour 100.000 habitants, voire plus, le Sénégal est encore très loin de l’objectif «un psychiatre pour 10.000 habitants» fixé par l’OMS en matière de prise en charge des victimes de troubles mentaux. Or, on ne peut prétendre à une bonne santé sans une bonne santé mentale car celle-ci est le bien-être au complet. C’est la conviction de Dr Souleymane Loucar, Psychiatre, interne des hôpitaux et responsable du Service psychiatrique de l’hôpital régional de Louga, interrogé par Sud FM Sen Radio hier, mercredi 10 octobre, Journée mondiale de la santé mentale. D’où la nécessité de prévenir, en agissant sur les jeunes pour détecter très tôt les problèmes et troubles mentaux. En ce sens que les maladies mentales commencent souvent à l’adolescence (14 ans) et celles graves souvent à l’âge de 15 ans.
Le dernier livre du philosophe italien Giorgio Agamben vient de paraître. Il porte sur le sentiment amoureux dans la poésie et la philosophie médiévales.
Co-signé avec Jean-Baptiste Brenet – qui écrit le chapitre sur Averroès – et préfacé par Alain de Libéra, il est publié chez Verdier sous un titre saturé de résonnances : Intellect d’amour. Comme un subtil jeu de piste dans les références de grands auteurs de la philosophie médiévale, il s’attache à éclairer un poème réputé « obscur » de Guido Cavalcanti, l’ami de Dante : Donna me prega. Ce faisant, il aborde une question centrale à l’époque, celle du pouvoir de notre intelligence dans « l’entrelacement du désir de la connaissance et de la connaissance du désir », telle qu’elle constituait un horizon d’attente commun aux philosophes notamment arabes et aux poètes courtois du dolce stil novo.
L’OMS veut profiter de la Journée mondiale de la santé mentale pour sensibiliser autour des problèmes de dépression et de troubles de l’anxiété. Par ailleurs, la France figure toujours parmi les plus gros consommateurs d’antidépresseurs au monde. Avons-nous tous besoin d'un psy ?
C’est l’automne. Les jours déclinent. Les vacances d’été sont déjà loin. Celles de Noël se font attendre. Au travail, ça ne s’arrange pas. A la maison, c’est de pire en pire. Gros coup de déprime : il est peut-être temps d’aller voir un psy. Oui mais quel psy ? Psychologue, psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute ? De quelle obédience ? Lequel est le moins cher ? laquelle est remboursée par la Sécurité sociale ?
Bienvenus dans le maquis français de la psychothérapie. Ce ne sont pourtant pas les praticiens qui manquent. Mais en dépit d’un réseau de professionnels conséquent, la France reste un des principaux pays consommateurs de psychotropes : c’est paradoxal, d’autant que l’Assurance maladie recommande de privilégier le recours aux psychothérapies plutôt qu’aux antidépresseurs.
Dans « La Philosophie devenue folle », le philosophe et historien des sciences souligne les dérives de quelques penseurs anglo-saxons influents.
LE MONDE| | Par Elisabeth Roudinesco (Historienne et collaboratrice du « Monde des livres »)
La Philosophie devenue folle. Le genre, l’animal, la mort,de Jean-François Braunstein, Grasset, 400 p.
Disciple de Georges Canguilhem (1904-1995), philosophe et historien des sciences, professeur à la Sorbonne, Jean-François Braunstein s’en prend, dans La Philosophie devenue folle, ouvrage salutaire, fort bien documenté, aux dérives des penseurs du monde universitaire anglophone qui, au nom du progrès, de l’égalité ou de l’altruisme, prétendent abolir les frontières entre les sexes, entre les animaux et les hommes, entre la vie et la mort.
Il attaque les plus célèbres d’entre eux : Judith Butler, Peter Singer, John Money, Anne Fausto-Sterling, Donna Haraway… Très éloigné des réactionnaires, il ne condamne pas l’intérêt légitime que la société occidentale porte à l’identité, à la souffrance animale ou aux manières de mourir sans douleur. Mais c’est avec fureur et humour qu’il fustige ces professeurs de haut niveau, inventeurs de discours insensés. D’où une galerie de portraits sortis tout droit d’un roman de Kafka.
John Money, le genre sans le sexe
Braunstein retrace d’abord l’itinéraire de John Money (1921-2006), psychologue d’origine néo-zélandaise convaincu que le sexe anatomique n’aurait aucune incidence sur l’identité subjective. Seul comptait à ses yeux le rôle social : le genre sans le sexe. Il suffirait donc, selon lui, d’élever un garçon comme une fille et réciproquement pour que l’un et l’autre acquièrent une identité différente de leur anatomie.
"Demain j’étais folle : Un voyage en schizophrenie" est le témoignage écrit d’Arnhild Lauveng de son propre vécu en tant que psychotique, diagnostiqué avec une schizophrénie pendant de nombreuses années. Aujourd’hui devenu psychologue et se considérant guéris de cette maladie, ses confrères divergent quant à leur opinion sur son état psychique : A-t-elle été réellement schizophrène ? Est-elle toujours schizophrène, rétablis mais avec une "fragilité" ? Est-elle réellement guérit ?
Son histoire raconte une expérience profondément humaine, mais dans un système défaillant.
Dans son livre, Arnhild Lauveng détaille avec précision son vécu dans la schizophrénie et notamment, les rouages psychologiques vécus par rapport à son parcours, qui fait que l’on bascule dans la schizophrénie par rapport à une situation donnée.
Groupe de Pédiatrie générale (GPG), membre de l’AFIREM (Association française d’information
et de recherche sur l’enfance maltraitée), L’Haÿe-les-Roses
Depuis la commission d’audition et les recommandations publiées en 2011, les connaissances en matière de lésions induites par le secouement ont beaucoup progressé et il a paru nécessaire à la Haute Autorité de santé (HAS) et à la Société française de médecine physique et de réadaptation (SOFMER) de réunir un groupe de travail afin d’actualiser les recommandations et d’améliorer la pratique. La population concernée est celle des enfants de moins de 2 ans.
Des migrants dans un centre de Médecins sans Frontières pour mineurs sans famille, le 3 juillet à Pantin, près de Paris.Photo Christophe Archamault. AFP
L'organisation internationale dénonçait en juillet la façon dont les adolescents migrants étaient traités par l'administration à Paris. Trois mois plus tard, elle juge que trop peu d'efforts ont été faits par les autorités.
Exposé à L’atelier Musée – Musée d’Art Brut Singulier et autres, à Montpellier jusqu’au 10 janvier 2019, Helmut Nimczewski nous donne à voir plus d’une trentaine d’oeuvres d’un artiste minutieux et ordonné. Un artiste qui travaille sans esquisse et qui aime les teintes vives, à l’image de sa joie de vivre. Heureux et patient, ses dessins racontent sa fascination pour la foule et son penchant pour la répétition.
Maniaque, distant et réservé, Helmut Nimczewski est un artiste bien singulier. Heureux par nature, sa force réside dans sa différence. Fasciné par les foules, c’est dans les années 80 qu’il se met à dessiner ce qu’il immortalise grâce à son Polaroïd. Église, gare, stade de foot, piscine collective,… tout y passe et se ressemble. Des dessins, réalisés avec des crayons de couleurs et des feutres, où il détaille minutieusement les spectateurs d’un match de football ou d’un championnat de natation alignés en rang serré sur les gradins. Les conducteurs et les passagers des véhicules représentés semblent quant à eux circuler en parfaite harmonie. Les routes aux voies bien tracées, les rails rectilignes et les océans sereins amènent une dimension d’ordre que rien ne semble venir perturber. Son « penchant pour la collection et la répétition » le classe incontestablement comme un artiste d’art brut.
Né en Allemagne en 1946, Helmut Nimczewski, dit Helmut, sujet à un retard de développement dû probablement à des lésions cérébrales causées par son épilepsie, diagnostiqué à l’âge de cinq ans.
Jeudi, le Centre hospitalier Pierre-Lôo, établissement public de santé mentale de la Nièvre, accueillait une journée sur le thème de la recherche en soins infirmiers en psychiatrie. Un vaste sujet qui a réuni une soixantaine de participants.
Cette journée-conférence a fait suite à la mise en place voici neuf mois d'un groupe de recherche (*) dans ce domaine. Elle a été marquée par l'intervention de Jean-Paul Lanquetin, infirmier chercheur du Groupe de Recherche en Soins Infirmiers dans le Rhône.
Sur un thème, certes pointu pour le profane, mais en phase totale avec le travail effectué quotidiennement à Pierre-Lôo, le conférencier a présenté sa recherche sur « l'impact de l'informel dans le travail d'infirmier en psychiatrie ».
Résumé : Une personne atteinte de trouble psychique se suicide chaque heure. A l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre, Clubhouse France sort un film, "L'Impasse", pour faire entendre sa voix et surtout proposer une autre issue...
Le domaine de la psychiatrie publique subit depuis quelques années une situation critique tant au niveau national que dans la région Hauts-de-France. Les dispositifs sont saturés et les signaux de rupture, régulièrement médiatisés, se multiplient, comme c’est le cas pour le Centre Hospitalier Philippe Pinel d’Amiens, en grève depuis plus de 110 jours.