Alors que les boutiques de cannabis « légal » fleurissent en France, Yann Bisiou, spécialiste du droit de la drogue, décrypte le succès de cette substance.
Yann Bisiou est maître de conférences en droit privé et sciences criminelles, spécialiste du droit de la drogue à l’université Paul-Valéry-Montpellier-3. Il décrypte le succès du cannabis « légal » alors que des boutiques ouvrent partout en France.
Comment expliquer la multiplication, ces dernières semaines, de boutiques vendant du cannabis sans THC (la substance psychoactive du cannabis interdite par la loi) ? La législation a-t-elle changé ?
Non, elle n’a pas changé. C’est la conséquence d’un effet de mode et du développement d’une industrie et d’un commerce de produits à base de CBD [le cannabidiol, une autre molécule du cannabis, non prohibée] dans plusieurs pays européens. L’arrivée de ces produits sur le marché français n’a pas été anticipée alors que leur statut est juridiquement complexe.
Le cannabis (marijuana, haschisch) est la plus commune des substances psychoactives. Perçue comme sans danger pendant la grossesse, son usage, d’après les réseaux de surveillance américains a augmenté de 62 % entre 2002 et 2014. Cependant, plusieurs travaux suggèrent des effets négatifs sur la fonction neurocognitive au cours de la prime enfance. Certaines enquêtes épidémiologiques mais pas toutes, ont montré une augmentation de fréquence de la prématurité et des petits poids de naissance. De plus, les dérivés du cannabis passent dans le lait de mère. Aux USA, plusieurs états ont légalisé l’usage du cannabis thérapeutique puis récréationnel. Depuis, au Colorado, les revenus tirés des ventes légales ont augmenté en quelques années traduisant une croissance de la consommation.
Une étude de Terra Nova montre l’intérêt pour l’usage médical du chanvre. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a reconnu un « retard » de la France sur le sujet.
Pour ou contre ? Le sujet est complexe, mais les Français sont unanimes : selon une étude IFOP pour Terra Nova et Echo citoyenpubliée lundi 11 juin, ils sont 82 % à se déclarer favorables à l’autorisation du cannabis à usage médical encadré (sur ordonnance), contre une courte majorité (51 %) en faveur d’une régulation du cannabis récréatif. Ils sont aussi 73 % à estimer que l’Etat devrait financer la recherche sur ses usages thérapeutiques.
Des milliers de personnes réunies à l’occasion du rassemblement annuel pro-marijuana 4/20 à Vancouver le 20 avril.Photo Darryl Dyck . CP . ABACAPRESS.COM
A Montréal, la légalisation de la marijuana à des fins récréatives prévue en septembre ravit producteurs d’Etat et consommateurs, sans pour autant inquiéter les dealers, persuadés de toujours trouver un marché. Mais nombre de parents et de scientifiques craignent que les produits dérivés, séduisants, ne torpillent l’enjeu de santé publique.
Dans la capitale, deux boutiques proposent d’acheter herbe et haschich de manière totalement légale. Quel est leur secret ? Notre journaliste a mené l’enquête.
Consommer du cannabis en toute légalité, sans perler de sueur à chaque fois que l’on croise un uniforme… C’est désormais possible à Paris, avec l’ouverture cette semaine de deux boutiques d’un nouveau genre. Situées rue d’Aboukir (2e) et rue Amelot (11e), Bluedreamlab et Cofyshop vendent en effet herbe, haschich, huile ou encore baume à base de cannabis. Intrigué, je me suis donc rendu chez Bluedreamlab, au cœur du Sentier.
En arrivant, je m’attendais à trouver un essaim de porteurs de sarouels 100% chanvre, dreadlocks au vent et T-shirts de Tryo ou de Ska-P clamant l’amour de la Marie-Jeanne. Rien de tout cela au final, une simple boutique presque vide, à la devanture claire, où il est impossible de deviner qu’elle est dédiée à la vente de cannabis.
Chaque année en France, plusieurs centaines d’enfants sont victimes du syndrome du bébé secoué. Il s’agit de la première cause de morbidité et de mortalité dans le contexte de maltraitance à enfant, principalement chez les enfants de moins de 8 mois. La HAS (Haute Autorité de Santé) et la SOFMER (Société Française de Médecine Physique et de Réadaptation) ont actualisé en 2017 les recommandations de la commission d’audition de 2011 pour la prise en charge du bébé secoué. Cette actualisation a fait l’objet d’une présentation lors de ce congrès.
Comme l’a rappelé le Pr Jean-Sébastien Raul, le secouement est un geste d’une grande violence entrainant un mouvement brutal du rachis cervical avec une accélération angulaire de la tête qui explique les lésions constatées.
Notre dernière rubrique se terminait par cette question « Qu’est-ce qui garantit au sujet tenté par une cure analytique que son analyste n’est pas “bouché” ? Et si la garantie ne peut pas venir seulement de l’institution parce que “l’institution est un agencement collectif de résistances”, comme le disait Serge Leclaire (1924-1994), l’un des membres de la Troïka des trois meilleurs élèves de Lacan des années 60, “d’où viendrait alors la garantie dont le public a besoin et qui est légitime” ? »
Paris, le samedi 9 juin 2018 – L’accès aux soins des patients présentant une souffrance psychologique, quelle que soit sa gravité, est entravé de nombreux obstacles en France. Le recours aux psychologues est restreint par la méconnaissance de leurs compétences et de leur rôle, mais également par des aspects financiers : leurs actes de psychothérapie ne sont pas pris en charge par l’Assurance maladie. Le parcours fléché via les Centres médico-psychologiques (CMP) relève pour sa part bien souvent de l’épreuve, en raison notamment de délais d’attente qui ne cessent de s’allonger. Les psychiatres libéraux ne peuvent pour leur part répondre à l’ensemble des demandes, tandis que pour ceux qui pratiquent des dépassements d’honoraires, la question du coût peut se poser également.
Le 12 avril dernier, la direction du CHU la Colombière (Montpellier), annonçait en catimini la fermeture de l’unité de traitement des troubles anxieux et dépressifs (Uttad). Une décision allant contre toute logique, économique, éthique et médicale.
Le 10 avril dernier, le service psychiatrie de l’hôpital la Colombière de Montpellier recevait un mail de la direction les félicitant des résultats enregistrés et des économies faites ces dernières années. « Dans ce mail, tout était formidable. Nous allions avoir 500 000 euros pour le développement de nos unités, 1 million d’euros pour la recherche, etc. », explique Emmanuel Mariani, délégué CGT de l’hôpital. « Deux jours plus tard, la même direction informait le personnel soignant de la fermeture de l’Uttad (unité de traitement des troubles anxieux et dépressifs – NDLR). » Une décision incompréhensible au regard de ce service de 19 lits, créé il y a vingt-deux ans et considéré comme un des fleurons de l’hôpital.
En 2014, l’unité recevait le prix « qualité et innovation » couronnant son excellence en la matière. « Un mois avant cette décision, 7 000 euros ont même été investis dans de la balnéothérapie, preuve supplémentaire que l’Uttad fonctionnait bien ! » renchérit le syndicaliste.
La politique de « réforme » à marche forcée que le gouvernement prévoit cet été en milieu hospitalier a donc déjà commencé à Montpellier. Le tout par le biais de méthodes de management bien connues fait d’injonctions contradictoires, d’infantilisation du personnel et de mensonges… par omission. La direction de l’hôpital, engoncée dans une logique gestionnaire à court terme, se justifie, brandissant le drapeau de l’efficacité et du « partage des tâches ». « On nous a fait comprendre que le secteur privé proposait une offre pléthorique sur la ville en matière de lits et traitements pour les troubles anxio-dépressifs et que, par conséquent, l’hôpital public devait innover et investir ailleurs », reprend Emmanuel Mariani.
L’envol est la dernière exposition de la maison rouge qui fermera définitivement ses portes le 28 octobre 2018. Antoine de Galbert a choisi d’en partager le commissariat avec Barbara Safarova, Aline Vidal et Bruno Decharme. Ces spécialistes d’art brut ou d’art contemporain ont imaginé ensemble une exposition qui traite du rêve de voler, sans jamais s’intéresser à ceux qui y sont réellement parvenus.
Conformément à l’esprit de décloisonnement défendu par la maison rouge, L’envol regroupe des oeuvres d’art moderne, contemporain, brut, ethnographique et populaire. Dans une déambulation au fil des différentes thématiques, se succèdent environ 200 oeuvres entre installations, films, documents, peintures, dessins et sculptures.
Peur du changement climatique, de la pollution, des maladies : pour le philosophe, l’absence de grand récit qui réconforte crée une angoisse de vivre. Quitte à craindre les risques du progrès ?
Petite inquiétude ou grande angoisse, rationnellement fondée ou savamment entretenue, la peur accompagne notre quotidien. Ce qui fut, et reste, l’arme de prédilection des populismes de tout poil est devenu un instrument de persuasion publicitaire pour une société hygiéniste et une inépuisable mine d’or pour la production hollywoodienne. Vivons-nous dans une société trop timorée ? Nous sommes-nous laissés gagner par une culture de peur ? Le philosophe Pierre-Henri Tavoillot (photo DR),maître de conférence à l’université Paris-Sorbonne, vient de consacrer un triple CD (Frémeaux & Associés) à cette question.
La Commission des citoyens pour les droits de l’homme a-t-elle une vision actuelle de ce qui se passe au sein de l’Établissement public de santé mentale ? Archives photo Le DLLe communiqué est aussi ronflant qu’inquiétant. “La Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH) organise une manifestation devant l’Établissement public de santé mentale (EPSM) de la vallée de l’Arve […] afin de dénoncer les pratiques inhumaines et dégradantes au sein de cet établissement.”Lire la suite ...
Par Juliette Deborde— Los Angeles, Californie, Etats-Unis. 2006Photo Olivier Culmann.Tendance Floue
Ces tâches domestiques, largement assumées par les femmes, représentent 10 000 milliards de dollars de manque à gagner pour l'économie mondiale selon l'ONG Oxfam, qui appellait les dirigeants du G7 à enfin les prendre en considération.
"Nous sommes plus que contents de l'issue du conflit. Hier encore, nous n'avions ni interlocteur, ni création de poste". Pour Jean-Yves Herment, un des premiers grévistes de la faim dans le conflit de l'hôpital du Rouvray, hospitalisé d'urgence le 4 juin dernier, la victoire est savoureuse.
Un compromis a été trouvé entre l'intersyndicale de l'hôpital psychiatrique de Rouen, où des salariés se mobilsaient pour demander des créations de postes, et l'Agence régionale de santé (ARS), a indiqué vendredi l'ARS à l'AFP.
30 créations de postes et deux nouvelles unités de soin
La CFDT a confirmé qu'un accord avait été trouvé. Interrogé par un correspondant de l'AFP, Sébastien Ascoet, délégué syndical CGT, qui participait aux négociations, a précisé que l'accord portait notamment sur la création de 30 postes et d'une unité pour adolescents.
Interrogé par l'AFP, l'ARS n'a pas confirmé dans l'immédiat le contenu de l'accord mais a promis de le révéler par le biais d'un communiqué.
Selon la CGT, l'accord comprend aussi la création d'une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), c'est-à-dire une unité qui prend en charge des personnes incarcérées nécessitant des soins psychiatriques en hospitalisation complète.
Le Comité national de pilotage de la psychiatrie, présidé par Cécile Courrèges, directrice générale de l'offre de soins, et le Dr Yvan Halimi, a validé le 6 juin un plan d'action pour la réduction du recours aux soins sans consentement ainsi qu'aux mesures d'isolement et de contention.
L'objectif : limiter les prises en charge sans consentement et développer les alternatives à ces pratiques. Début 2017, la mission d'évaluation des députés Denys Robiliard et Denis Jacquat constatait une augmentation du recours à ces soins : En 2015, 92 000 patients étaient soignés sans leur consentement (5,4 % de la file active totale suivie en psychiatrie), contre 80 000 en 2012, soit une augmentation de 15,9 %, alors que la hausse de la file active des patients suivis en psychiatrie n'est que de 4,9 %, selon les chiffres de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES)*. En outre, les députés s'inquiétaient d'une banalisation des admissions pour péril imminent (SPI) (procédure allégée) avec un doublement des patients concernés entre 2012 et 2015.
Depuis avril dernier et jusqu’au 20 août prochain, le Centre Pompidou-Metz dévoile une exposition autour des « couples modernes » formés par des artistes du XXème siècle, de ceux qui ont fait de leur amour le moteur de leur création artistique à ceux que la passion a détruit.
Les artistes féminines, qui ont longtemps été les grandes oubliées de l’histoire de l’art, y sont mises à l’honneur en tant que créatrices.
Je suis tellement angoissé que lorsque je ne le suis pas, je m'angoisse de ne pas l'être. Je peux m'angoisser autant pour la vétusté apparente de mon frigidaire que pour le devenir de mon âme après ma mort. Et si j'angoisse d'être angoissé, c'est pour mieux apprécier ce moment où délivré partiellement de mes angoisses, je m'imaginerai toutes sortes de raisons pour sentir l'angoisse renaître en moi. Ainsi s'établit un cercle vicieux qui embastille la personne angoissée dans une sorte de prison d'où elle ne souhaiterait sortir de peur de ne pouvoir réintégrer un jour prochain sa cellule.
L'angoissé n'a pas la vie facile. Une constante inquiétude le ronge de l'intérieur, son esprit ressemble à une éolienne sans cesse battue par les vents et dont les pâles s'agiteraient dans tous les sens au point de s'envoler d'elles-même dans la splendeur d'un ciel hachuré d'une pluie cinglante.
Photo HDL’association Hygiène sociale de Franche-Comté va s’installer dans la partie inutilisée du pôle de psychiatrie Grandvallier. Reste à savoir quand… Photo L.C.
« Pourquoi ne pas créer une structure spécialisée pour le handicap psychique à Pontarlier ? » Cette question, Olivier Volle, directeur du Centre hospitalier intercommunal de Haute-Comté, a réussi à y répondre. Et également à résoudre un autre problème : que faire des locaux construits en 2012 et inutilisés à ce jour au pôle psychiatrique de Grandvallier ?
Les réponses tiennent en une solution : l’association d’hygiène sociale de Franche-Comté (AHSFC) va s’installer dans ces locaux. Cette association gère des structures médico-sociales, et notamment des maisons d’accueil spécialisées (MAS). « Nous souhaitons accompagner des personnes adultes en situation de handicap psychique sur le territoire du Haut-Doubs, explique David Chausson, son directeur-adjoint. Cela conduit à la création d’un lieu de vie spécialisé. » Prévue pour septembre, l’installation a pris du retard. Elle ne sera pas effectuée avant la fin de l’année. Des travaux d’installation d’un ascenseur devraient commencer dans les semaines à venir.