La figure traditionnelle du praticien libéral, seul dans son cabinet, tend à disparaître. Hyperspécialisation, délégation de tâches, salariat : de nouveaux usages s’installent chez la jeune génération
LE MONDE| | Par Valérie Segond
Mettre ses compétences au service de ceux qui souffrent : comment ne pas encourager cette vocation quand la demande de soins augmente toujours plus, avec le vieillissement de la population et la hausse des maladies chroniques ? Et que les médecins vieillissent eux aussi – près d’un praticien sur deux a plus de 55 ans ? La France, qui affiche la quatrième plus vieille pyramide des âges des médecins de toute l’OCDE, est à la veille d’un vaste renouvellement générationnel.
Ce secteur d’activité est l’un des seuls à voir le nombre d’emplois offerts et les rémunérations progresser, même en temps de crise. Et pourtant, la France pourrait bientôt manquer de praticiens. Le numerus clausus fixant le nombre de médecins à former chaque année est si serré – même s’il a augmenté entre 2000 et 2006, puis à nouveau récemment – que le nombre de nouveaux diplômés rapporté à la population reste 20 % plus bas en France que pour l’ensemble de l’OCDE. Le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) l’affirme, le pays compte de moins en moins de professionnels en activité régulière : – 10 % entre 2007 et 2017.
Premier Baby Museum Tour à La Haye en juillet. ROBIN VAN LONKHUIJSEN / AFP
Il y a d’abord eu « l’euphorie et les angoisses » de réaliser qu’il serait bientôt père. Puis ont surgi les questions « pratiques » : « Comment nous organiser, se repartager les tâches quotidiennes, qui fera le ménage, les courses, donnera le biberon, changera les couches, comment se partager les nuits agitées ? », se souvient Jérôme L.
C’est à ce moment-là que l’ingénieur de 42 ans a commencé à se renseigner sur le congé paternité. Et c’est « avec un certain effroi » qu’il a découvert « que non seulement il ne dure que onze jours, mais onze jours consécutifs, c’est-à-dire week-end compris ! ». Certes cumulables avec le congé de naissance, « trois jours, youpi », grince-t-il, ironique.
« Mais comment gérer ce tremblement de terre dans notre vie en seulement onze jours ? S’attend-on vraiment à ce que les pères, deux semaines après l’arrivée de leur enfant, reprennent le travail comme si de rien n’était ? »
Comme Jérôme, de nombreux pères qui ont répondu à notre appel à témoignages sur le congé paternité ont fait part de leur frustration quant à ces congés jugés trop courts pour découvrir leur nouveau-né et s’approprier leur rôle. Mais aussi leur culpabilité de devoir retourner si vite à la vie active en laissant la maman, encore éprouvée par la naissance, « coincée à la maison, obligée de tout gérer ».
Une femme sur cinq a déjà été victime d’agression physique ou sexuelle. Le trouble de stress post-traumatique qui en découle ainsi que ses effets sur le fonctionnement cérébral et cognitif est mieux compris. Un préalable à une meilleure prise en compte des victimes.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| |Par Sylvie Chokron (Directrice de recherches au CNRS, Laboratoire de psychologie de la perception, université Paris-Descartes et Fondation ophtalmologique Rothschild)
Carte blanche. L’actualité apprend à certains et rappelle à la plupart d’entre nous qu’à tout moment, des femmes, de toutes conditions et de tous milieux, sont victimes de violences physiques, morales ou sexuelles. D’après une étude réalisée sur 42 000 femmes par l’agence des droits fondamentaux de l’Union européenne en 2014, une femme sur cinq a déjà été victime d’agression physique ou sexuelle. En France, ce chiffre est légèrement supérieur à ce qui est observé à l’échelle européenne.
Est-ce la raison pour laquelle on observe une féminisation de plus en plus large des sports de combat ? Aujourd’hui, un adhérent sur deux à la Fédération de boxe française est une femme. Cet engouement refléterait-il un attrait pour ce type d’activité ou le besoin de se sentir capable de se défendre ? Selon ce raisonnement, savoir se battre physiquement suffirait à se protéger. Ainsi, les femmes militaires seraient mieux armées contre ces actes.
Emile Durkheim est mort il y a tout juste un siècle. Mais sa pensée sociologique, qui cherche le principe des actions en société en dehors de l’individu lui-même, reste d’actualité.
LE MONDE| |Par Baptiste Coulmont (contributeur Sciences) et sociologue, maître de conférences à l’université Paris-VIII)
Carte blanche.Emile Durkheim, « père fondateur » de la sociologie française, né en 1858, est mort il y a cent ans, en novembre 1917. Il ne faut pas le cacher, même pour le lecteur cultivé d’aujourd’hui, ses textes déroutent. Des écrits antiféministes le montrent combattant la libéralisation du divorce. Sa foi dans le progrès l’incitait à qualifier de « primitives » toutes les civilisations non européennes et non contemporaines. Son élitisme le poussait à mépriser les « agents subalternes » du monde social. Et son œuvre a connu des éclipses : au sortir de la seconde guerre mondiale, aucun jeune sociologue ne s’en réclamait. Son mot d’ordre, « il faut considérer les faits sociaux comme des choses », était déconsidéré. Les faits sociaux ne sont pas des « choses », clamait la nouvelle génération, ce sont des états vécus, des phénomènes auxquels l’homme vient donner sens. Et que penser de cette idée bizarre selon laquelle « la société » serait dotée d’une nature indépendante des individus qui la composent ?
On ne tue pas par amour, et le « drame » n’est pas un qualificatif pénal… Sur Facebook et Internet, des féministes recensent et dénoncent la couverture médiatique des meurtres conjugaux.
M le magazine du Monde | |Par Lorraine de Foucher
SIMON LANDREIN
On est sans arrêt attaquées et harcelées par desmasculinistessur Internet, alors on préfère ne pas dévoiler notre identité », prévient l’une des administratrices de Féminicides par compagnon ou ex, une page Facebook animée par un collectif féministe qui dénonce le traitement des meurtres conjugaux. Alors ce sera « elles ». Elles, donc, procèdent avec des alertes Google : près de soixante-dix expressions telles que « femme morte », « femme disparue » ou encore « il tue sa compagne », rentrées dans le moteur de recherche. Tous les matins, une trentaine de mails tombent dans leurs messageries, qu’elles épluchent consciencieusement. Ce matin de décembre, elles publient le 123e « féminicide » de l’année 2017 : « vendredi 15 décembre à Cavaillon (Vaucluse), Lou (18 ans) a été égorgée par son petit ami, Mickaël (17 ans). Il s’est ensuite pendu », écrivent-elles.
Les bénéficiaires du programme ont fait le point sur leur vie après un an. Tous ont vu un mieux-être. (W.T/France-Antilles)
Dominique ne s'est même pas rendu compte qu'elle sombrait dans la dépression. Elle pense d'abord à la fatigue, au surmenage. Au fil des mois, elle sent que quelque chose ne va pas. « Je sentais bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. J'ai commencé à me replier sur moi-même, à me confiner à la maison... » .
La jeune femme, avec l'aide de son père, accepte de se faire hospitaliser durant plusieurs mois. « J'avais perdu 15 kilos. Je commençais à délirer, à perdre la mémoire. Je ne pouvais plus me prendre en charge. Je ne voulais pas m'habiller, me coiffer » raconte-t-elle aujourd'hui sans honte. Sa dépression l'éloigne de tout : son compagnon, son travail... « Je ne voulais plus voir ma famille, sortir de chez moi » . La femme souriante et dynamique qu'elle était va se transformer en une femme renfermée, quasiment éteinte. Après son hospitalisation, Dominique va continuer sa prise en charge au centre médico-psychologique (CMP) de Sainte-Marie. « C'est là que j'ai commencé à comprendre ce qui se passait dans ma tête, notamment avec la psychologue, Madame Lucien » . Marie-Hélène souffre elle aussi de dépression.
Paris, le mercredi 20 décembre 2017 - Cinq médecins ont été mis en examen pour avoir délivré, moyennant finance, de faux certificats médicaux attestant le diagnostic de pathologies mentales à des étrangers en situation illégale, leur permettant ainsi de demeurer en France.
Selon l’Agence France Presse (AFP), l'enquête démontrerait que grâce à la complicité de praticiens peu scrupuleux « ce réseau sévissait depuis au moins 2012 avec la complicité de présidents d'associations et de rabatteurs, permettant à des étrangers d'Afrique de l'Ouest et du Maghreb en situation irrégulière de rester en France en faisant valoir un statut de personnes malades ».
Cette affaire met en exergue le problème aigu de la procédure d'évaluation médicale des immigrés en situation irrégulière.
Les jeunes diplômés d’écoles de commerce prestigieuses qui choisissent des carrières peu lucratives désarçonnent leur entourage.
LE MONDE| |Par Hélène Seingier
A « La Ruche », un espace de coworking insolite au coeur de Paris, où de jeunes entrepreneurs sociaux viennent rompre leur solitude et demander conseil à leurs pairs, le 31 juillet 2014. PIERRE ANDRIEU / AFP
« Mes parents m’avaient payé des études et je commençais en service civique dans une association… Je culpabilisais un peu : ils craignaient que je mange des pâtes toute ma vie », se souvient Pauline Voldoire, diplômée de l’Ecole de management de Grenoble en 2012. Elle est désormais salariée d’Activ’Action, l’association pour chercheurs d’emploi qu’elle a cofondée, et ses parents soutiennent son engagement dans le domaine social.
Il y a trente ans, le pari était encore plus fou. Le « social business » n’existait pas, les études dans le secteur encore moins. Plus récemment, alors qu’il était étudiant à HEC et malgré un projet défini et des financements potentiels, Henri de Reboul n’arrivait pas à faire passer son idée de créer une ONG. « Je me suis proposé pour la filière entrepreneur, on m’a ri au nez, raconte-t-il. Chez mes parents, la dimension chrétienne les empêchait de rejeter complètement mon choix, mais ça a été conflictuel tout de même. »
Un choix courageux
Dans les années 2000, le marché du travail en la matière semblait encore assez binaire : « Tu étais soit Mère Teresa, bénévole toute ta vie, soit un tradeur qui roule en Porsche », caricature Alexandre Guilluy, diplômé de l’Edhec. Il a fallu toute l’ouverture d’esprit de ses parents pour accepter qu’il démarre sa carrière dans une association pour gamins des rues à Calcutta. « Il a fait le choix de ne pas gagner beaucoup d’argent, on le respecte ! », énonce Brigitte, sa mère.
Depuis une dizaine d’années, un entre-deux se crée entre Mère Teresa et le tradeur. Les entreprises sociales et les associations, qui se professionnalisent, embauchent pour leur communication ou leur contrôle de gestion. En parallèle, les masters d’économie sociale fleurissent. « Plus personne chez nous n’est critique d’une démarche comme ça, assure Isabelle Chevalier, de Neoma Business School, à Reims. Au contraire, on incite les étudiants à se libérer de leurs représentations sur les écoles de commerce. »
Avec une capacité de vingt places, l’hôpital de jour devient la 24e structure extra-hospitalière pour adultes de l’établissement public de santé mentale (EPSM) Val-de-Lys-Artois. C’est la première à Saint-Omer. Il se situe rue de l’Arsenal. Il s’ancre comme alternative revendiquée à l’hospitalisation complète, facteur de stigmatisation et d’isolement social. L’inauguration a lieu mardi 19 décembre à 15 h.
INFO MÉTROPOLITAIN. Incroyable, mais vrai : vendredi après-midi, trois automobilistes affolés ont appelé le 17, le numéro de police-secours pour indiquer qu’un homme, les bras en croix et levés au dessus de la tête en bordure du pont Youri Gagarine, à la périphérie Est de Montpellier s’apprêtait à sauter pour se suicider…
Les appels sont parvenus au centre opérationnel de la gendarmerie -COG- du groupement de l’Hérault qui ont immédiatement avisé leurs collègues de la Sécurité publique. Des patrouilles de police dépêchées du commissariat central n’ont trouvé aucun désespéré candidat au suicide, mais ont fait illico le rapprochement avec l’imposante statue de Youri Gagarine, scellée en bordure de ce nouveau pont !
Vingt-quatre policiers ont été mobilisés, plusieurs chambres fouillées, et seulement sept grammes de résine de cannabis saisis.
24 agents de police mobilisés, trois bâtiments hospitaliers contrôlés... et sept grammes de résine de cannabis saisis. Une opération antidrogue menée jeudi à l'hôpital Saint-Jacques de Nantes (Loire-Atlantique) a été largement raillée sur les réseaux sociaux, des internautes la jugeant disproportionnée face au montant de la saisie, une quarantaine d'euros environ. Des contrôles menés dans les chambres de patients soignés en psychiatrie ont également été critiqués.
L'intervention a eu lieu jeudi, «sur réquisition de la direction du CHU et du procureur de la République», rapporte le quotidien local Presse Océan. Lors de cette «vaste» opération de recherche, vingt-quatre fonctionnaires de police, appuyés par deux chiens spécialisés dans la détection de drogue ont été mobilisés. Trois bâtiments de l'hôpital ont été contrôlés, et des perquisitions menées dans des chambres de «deux unités de psychiatrie en milieu ouvert». Le patient dans la chambre duquel la saisie a eu lieu a été «convoqué au commissariat», selon le quotidien.
Malgré le maigre butin, la Direction départementale de la sécurité publique de la Loire-Atlantique s’est félicitée samedi de l'opération sur Twitter, à grand renfort d'emojis. La police a notamment salué une «belle collaboration» avec le CHU de Nantes, dont dépend l'hôpital Saint-Jacques.
[#Opération]de sécurisation & de recherche de stupéfiants à l’hôpital St Jacques à #REZE - 24 policiers mobilisés 10 personnes+3 bâtiments contrôlés avec l'appui de 2 chiens stup - 7gr de résine découverts dans la chambre d'1 patient belle collaboration avec @CHUnantes
Dans un texte de 1952, « Le Père Noël supplicié », dont « Le Monde » publie des extraits, l’anthropologue analyse cette « divinité d’une classe d’âge », qui ne saurait se résumer à une mystification dans laquelle les adultes entretiennent les enfants.
LE MONDE| |Par Claude Lévi-Strauss (Anthropologue (1908-2009))
Boris Séméniako
Le Père Noël est vêtu d’écarlate : c’est un roi. Sa barbe blanche, ses fourrures et ses bottes, le traîneau dans lequel il voyage, évoquent l’hiver. On l’appelle « Père » et c’est un vieillard, donc il incarne la forme bienveillante de l’autorité des anciens. Tout cela est assez clair, mais dans quelle catégorie convient-il de le ranger, du point de vue de la typologie religieuse ? Ce n’est pas un être mythique, car il n’y a pas de mythe qui rende compte de son origine et de ses fonctions ; et ce n’est pas non plus un personnage de légende, puisque aucun récit semi-historique ne lui est attaché.
Où en est l’Intelligence artificielle ? Quels sont les marqueurs importants grâce auxquels on peut suivre l’évolution du domaine ? C’est à cette tâche que s’est attelée l’université Stanford, qui a décidé de publier un « index de l’IA (.pdf) » chaque année.
Au moins, une première chose dont on peut se réjouir, c’est que le rapport n’est pas difficile à lire ! En effet, son coeur est essentiellement composé de graphiques accompagnés de courtes légendes.
Une première partie concerne les progrès de l’IA, non pas d’un point de vue technique, mais de celui de l’intérêt académique ou commercial qu’elle suscite. Et là, pas de doute, l’IA connaît un triomphe.
[...] En fait, ce n’est pas le rapport en lui même qui est le plus intéressant. Finalement, on n’y apprend pas grand-chose. Il ne fait que refléter la « hype » qui entoure cette discipline et nous montrer des progrès, certes existants, mais moins extraordinaires qu’annoncés. LaTechnology Review, qui a publié un article sur le rapport, titre d’ailleurs : « le progrès en IA est moins impressionnant que vous ne le pensez« .
C’est en fait la dernière partie du texte qui s’avère la plus intéressante. Il s’agit d’une série d’interviews recueillant les avis de divers experts sur ces différentes métriques.