L’humoriste qui fête ses vingt-cinq ans de scène à l’Olympia, raconte l’histoire compliquée de sa famille et ses années de galère.
... Toujours en analyse ?
Oui j’adore ma psy. On est au-delà du transfert, maintenant on est amis, elle lit mes scénarios, vient voir mes films !
Je ne serais pas arrivé là si…
… si je n’avais pas fait rire ma mère, enfant, quand elle n’allait pas bien.
Pourquoi n’allait-elle pas bien ?
Ma mère est tombée amoureuse de mon père, et réciproquement, à l’âge de 18 ans. Il était algérien et avait 36 ans. Elle s’est retrouvée enceinte alors qu’elle était mineure [la majorité civile était alors fixée à 21 ans]. Ma mère avait le choix d’aller dans une maison de fille-mère ou de partir avec mon père et d’être bannie par une partie de sa famille catholique pratiquante. Elle a choisi l’amour. Elle a été bannie par ses parents pour qui cette liaison était un drame familial. Cela a été très dur pour elle.
C’est grâce à son métier que votre père a rencontré votre mère ?
Oui. Mes grands-parents avaient retiré ma mère de l’école à 14 ans – alors qu’elle était très douée – parce qu’en tant qu’aînée, elle devait aider au garage familial. C’est en faisant le plein de gasoil du 38 tonnes de mon père qu’ils se sont rencontrés. C’est joli, non ? C’est une scène de film. Mon père était arrivé en France de Kabylie, comme boxeur professionnel, à l’âge de 18 ans. Puis il avait passé son permis poids lourds et était devenu chauffeur routier.
Comment faisiez-vous rire votre mère ?
J’ai grandi dans un quartier de corons. J’ai eu une enfance difficile mais pas malheureuse. Difficile à cause du manque d’argent et parce que je ne pouvais pas aller voir mes grands-parents, qui habitaient dans la même ville. Chez nous, il y avait des amis, notamment les patrons de mon père, mais pas de repas de famille. Toutes ces tensions familiales m’ont évidemment beaucoup marqué. Quand vous êtes rejeté et que vous découvrez que dans la plupart des autres familles cela n’existe pas, vous grandissez en vous demandant : Pourquoi n’est-on pas aimé ? Qu’est-ce qu’on a fait pour ne pas être aimé ? Pour faire rire ma mère, j’imitais les adultes. Elle était bon public et aimait blaguer sur des choses dramatiques.