BABY FLOUZE
Sommeil, alimentation, santé : le bébé est la cible de tout un tas d’injonctions édictées par des experts jamais d’accord.
TexteErwan SeznecIllustrationSébastien Calvet
Il n’est pas abonné aux Jours. D’ailleurs, il ne sait pas lire. Et comme il parle à peine, jamais le bébé ne prendra son téléphone pour démentir des informations le concernant. Chacun peut écrire ce qu’il veut sur lui, sans crainte d’être contredit. Enfin, presque. Comme le sujet passionne, les experts en bébé plus ou moins qualifiés sont si nombreux et si prolixes qu’ils finissent, fatalement, par se contredire entre eux.
En 2009, par exemple, une équipe franco-allemande a conclu que les pleurs des bébés se modulaient en fonction de la langue entendue pendant la gestation et les premières semaines. Les travaux, publiés dans la revue scientifique américaine Current Biology, suggéraient une influence de la langue natale quasiment dès la naissance, voire pendant la gestation. Du grand n’importe quoi, selon Priscilla Dunstan. Cette ancienne chanteuse lyrique australienne, mezzo-soprano, a décrypté la langue universelle des bébés, indépendante de tout contexte culturel. Elle a repéré dix sons, certains présents dès la naissance. « Néh » veut dire « j’ai faim », « Eairh », « je suis ballonné », et « Aoh », « j’ai sommeil », dans toutes les langues. C’est universel, dit-elle. Qui a raison, qui a tort, allez savoir.