Paris, le samedi 30 septembre 2017 – Fin août, le ministre de l’Intérieur suggérait qu’une collaboration plus étroite entre les psychiatres et les services de police serait nécessaire pour mieux prévenir le passage à l’acte terroriste. Ces déclarations ont suscité le trouble dans la communauté médicale, en raison notamment de la méconnaissance de la réalité de la maladie mentale qu’elle suppose et de la stigmatisation qu’elle encourage vis-à-vis des patients. Pour nous, le docteur Paul Machto, fondateur du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, qui avait vu le jour au moment où Nicolas Sarkozy défendait une réforme des soins en psychiatrie (qui a été beaucoup combattue par les praticiens), revient sur cette confusion entre soins psychiatriques et lutte antiterroriste en démontrant son absurdité, son caractère réducteur et en invoquant les esprits protecteurs de nombreux spécialistes de l’âme.
Par le docteur Dr Paul Machto*
Le nouveau pouvoir veut doter l’arsenal de lutte contre le terrorisme d’un nouveau champ : les malades mentaux et la psychiatrie !
Lorsque les politiques sont confrontés aux limites de prévoir l’imprévisible, ils se rabattent sur les personnes malades et les psychiatres !
Ces derniers, d’ailleurs, sont tantôt suspectés de faire preuve de légèreté irresponsable sinon de "laxisme" en faisant sortir de leurs services des individus "potentiellement" dangereux, tantôt de maintenir hospitalisés contre leur gré des personnes malades.
Certes, la dérive des pratiques depuis une vingtaine d’années contribue grandement à cette opinion avec un retour à l’enfermement, amplifié depuis la loi de juillet 20111, la banalisation des mises à l’isolement, et surtout ce scandale des contentions que le Collectif des 39 a dénoncé2 et qui a été ensuite mis en évidence officiellement par le rapport essentiel de Mme Adeline Hazan, Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté, publié le 25 mai 20163.