Buffy Summers, tueuse de vampires
(Sarah Michelle Gellar).
PHOTO THE RONALD GRANT
ARCHIVE . PHOTONONSTOP
Il y a vingt ans apparaissait une héroïne du quotidien, une justicière du «care». Inversant tous les stéréotypes, la série télé «Buffy contre les vampires» démocratisait l’héroïsme.
Presque hasard de calendrier subjectif qui, en pleine campagne présidentielle, a rapproché le 8 mars, la journée des droits des femmes, désormais un rien convenue, et l’anniversaire, deux jours plus tard, des 20 ans de la première diffusion du premier épisode de la série Buffy the Vampire Slayer (1997-2003). Buffy, qui réussissait à mêler tous les genres et éléments de la culture populaire - show de vampires, drame de lycée, histoires d’amour, rock, cinéma et TV -, était d’abord une œuvre féministe. Nombreuses sont les séries qui ont œuvré à promouvoir de superbes héroïnes : femmes d’action (de Sydney Bristow à Michonne), femmes de pouvoir (de C.J. Cregg à Olivia Pope), fières lesbiennes (de Willow à… toutes les héroïnes de Orange Is The New Black), femmes mûres redoutables (de Ruth Fisher à Catelyn Stark), tordues vulnérables (de Carrie Mathison à Claire Underwood). La liste est longue de ces personnages féminins qui n’ont pas besoin de contrepartie masculine pour s’inscrire dans notre expérience. La série télévisée du XXIe siècle, en avance sur le cinéma, est un lieu d’émergence privilégié de la parole, de l’expressivité… et de l’héroïsme des femmes.
Buffy, chef-d’œuvre de Joss Whedon, a une place toute particulière dans ce tableau : première illustration majeure de cette présence des femmes, mais aussi étape du développement du féminisme, et même, moment théorique de cette histoire. Whedon l’avait d’emblée conçue comme une œuvre destinée à transformer moralement un public large : en mettant à l’écran une jeune femme ordinaire et capable de se battre à mort contre les vampires. Buffy ressemble au départ à la jolie blonde qui se fait massacrer à la 8e minute du film d’horreur mais la série inverse le stéréotype en lui faisant casser du vampire.
C’est cette transgression permanente, à l’écran, qui permet explicitement à Whedon de promouvoir aux yeux des adolescents une autre vision des femmes, une forme d’éducation morale : «Le phénomène principal auquel j’espérais prendre part, c’est une modification de la culture populaire, une acceptation de l’idée d’une héroïne féminine, pas simplement une protagoniste, mais une véritable héroïne».