Antoine Pelissolo 13.12.2016
Photo prise le 13 novembre 2008 de l'hôpital psychiatrique de Saint-Egrève où était interné le patient qui a tué un étudiant à Grenoble la veille. | PHILIPPE MERLE / AFP
Une affaire en cours vise un médecin pour le crime commis par l'un de ses patients.
Le tribunal correctionnel de Grenoble dira le 14 décembre si un psychiatre du centre hospitalier de Saint-Egrève, en Isère, est condamné à une peine avec sursis à la suite du «meurtre» commis en 2008 par un de ses patients. L’homme de 56 ans, souffrant de schizophrénie, était sorti de l’établissement où il avait été hospitalisé d’office. Il avait ensuite poignardé un étudiant dans une rue de Grenoble, acte pour lequel il a été déclaré pénalement irresponsable. L'hôpital et le médecin ont été renvoyés devant le tribunal pour homicide involontaire, a précisé un avocat au Monde.
Le docteur Lekhraj Gujadhur, aujourd’hui retraité, était le responsable du pavillon où était hospitalisé le patient. Le représentant du ministère public a requis 18 mois de prison avec sursis contre ce médecin, poursuivi pour homicide involontaire. L’hôpital encourt une amende de 100.000 euros avec sursis.
C’est la deuxième fois, en France, qu’un médecin hospitalier est poursuivi pénalement à la suite d’un meurtre commis par un de ses patients. Avant le Dr Gujahdur, une psychiatre d’un hôpital de Marseille, dont le malade s’était échappé et avait tué un membre de sa famille, en 2004, avait été initialement condamnée à un an d’emprisonnement avec sursis. Elle fut ensuite relaxée en raison des délais de prescription.
De la difficulté de prédire la dangerosité
L’évaluation de la dangerosité d’une personne souffrant de troubles psychiatriques est un exercice très difficile, comme l’expliquent les experts auditionnés par la Haute autorité de santé (HAS) en 2010 sur ce sujet. La commission réunie par la HAS a publié des recommandations pour améliorer cette prédiction, et l’Académie de médecine, un rapport sur le même thème. L’évaluation de la dangerosité dans le cadre de l’expertise psychiatrique pénale a également fait l’objet en 2013 d’une thèse de médecine soutenue à l’université Grenoble Alpes par Sophie Crampagne.