Le premier film sorti de l'école de cinéma de Luc Besson n'a rien à voir avec le style pompier de l'auteur du «Cinquième élément». Mais s'inspire de l'esprit buissonnier qui anima jadis le boss d'EuropaCorp.
Le paradoxe intrigue: comment l’usine à gaz Besson a-t-elle accouché du réalisme poétique de Willy 1er, sélectionné à l’Acid à Cannes et sorti en salles ce mercredi ? Sans faire de bilan hâtif, la première et unique production conçue pour l’instant par des élèves diplômés de l’Ecole de la Cité – une initiative qui laissait songeur à l’époque – se révèle être une bonne surprise.
Le récit qui suit l’itinéraire d’un quinqua marginal vers l’insertion, après la mort de son jumeau, a échappé à un « formatage Besson». Trois de ses quatre jeunes metteurs en scène sont en effet diplômés de la première promotion de l’Ecole de la Cité: il y a d’abord les jumeaux Ludovic et Zoran Boukherma, 24 ans, originaires du Lot-et-Garonne, qui ont tous deux étudié l’anglais à l’université Jussieu, à Paris. «J’étais parti pour faire une deuxième année d’anglais, ça me déprimait. J’ai tenté le concours sans vraiment y croire», raconte Zoran Boukherma. Parmi la soixantaine d’étudiants sélectionnés, les deux frères rencontrent Hugo Thomas, 27 ans qui, exilé de sa Haute-Savoie natale s’était orienté vers le droit, découragé d’avoir raté la prépa nantaise CinéSup. «Quand on n’habite pas à Paris, le milieu du cinéma paraît inaccessible», explique-t-il. Enfin, Marielle Gautier, 29 ans, a d’abord été comédienne en Italie avant d’intégrer la formation en scénario.