Par Eric Favereau —
Ce dimanche, dans le lieu assez incertain de la Parole errante à Montreuil (Seine-Saint-Denis), s’est tenu un colloque autour de «l’Enfance effacée», une manière «politique et poétique» pour parler de la crise profonde que traverse la pédopsychiatrie en France.
Ce fut une journée chaleureuse, éclatée, avec un mélange d’histoires racontées et d’analyses politiques. Une mère de famille, Valérie Gay, est ainsi venue témoigner. Elle est mère de quatre enfants dont le dernier n’est pas tout à fait comme les autres. «On a eu droit à tous les diagnostics, maintenant on dit autisme Asperger.» Puis : «Théo était mutique, on était dans une énorme solitude. Chaque fois que l’on essayait une institution, ou que l’on frappait à la porte d’une administration, on nous renvoyait à des normes. Cela n’allait pas à notre fils. Il a fallu que l’on entre en résistance», dit cette femme. Peu auparavant, le Dr Roger Ferreri, longtemps chef d’un service de psychiatrie infanto-juvénile dans le département de l’Essonne, avait dressé un bilan inquiétant : «Après nous être battus contre la nuit sécuritaire [en décembre 2008, Sarkozy, alors président, dans son fameux discours à l’hôpital psychiatrique d’Antony, avait présenté les malades comme des êtres dangereux dont la société devait se protéger, ndlr], voilà qu’aujourd’hui il faut se battre contre la nuit… gestionnaire.» Voulant par ces mots dénoncer le poids démesuré de l’administration.