Hier soir, l'utilisation de l'expression "individu de race noire" par le ministère de la Justice a provoqué un tollé sur la Toile. Et pour cause : le terme de "race" n'a aucune légitimité scientifique. Mais certains pensent que le concept est à sauvegarder pour lutter contre le racisme même.
"Il s’agit d’un individu de race noire, porteur de lunettes de vue, 1 mètre 75, cheveux noirs et courts". L’alerte enlèvement du ministère de la Justice, publiée le 18 octobre au soir, a suscité et suscite encore un tollé sur les réseaux sociaux. Le sujet est sensible, particulièrement résilient, et suscite immanquablement l'émoi. Réflexions, ici, sur la polysémie du terme, que nous mettons à l'épreuve des sciences dures (à laquelle il ne résiste pas), et à celle des sciences humaines.
L'homogénéité de l'espèce humaine
Dans Continent sciences, en 2008, Stéphane Deligeorges s’entretenait avec le biologiste moléculaire Bertrand Jordan, auteur de L'humanité au pluriel : la génétique et la question des races (Le Seuil, 2008) sur cette question persistante. Une émission qui débutait par l'évocation de la figure de Joseph Arthur de Gobineau, père de la pensée racialiste et auteur, en 1855, d'un nauséabond Essai sur l'inégalité des races humaines qui engendra le mythe aryen. Des "travaux" qui furent suivis par tout un courant qui s’appuyait sur une certaine façon de lire la théorie de l'évolution de Darwin, "pour affirmer l’existence des races, leur origine dans l’évolution, et le fait que les Noirs et les Chinois sont moins évolués que les Européens."
L'unicité de l'espèce humaine, dans Continent sciences le 19 octobre 2016
Durée : 1h
"Ce qui est caractéristique dans la notion de race, si on creuse un petit peu, c'est que c'est une notion essentiellement culturelle, mais qui prétend toujours être fondée sur la biologie." Bertrand Jordan