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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 28 juillet 2015

L’héritage de la pensée de 68 est-il épuisé ?

Le Monde.fr | 

Dans quelles conditions avez-vous rencontré ce que l’on appelle « la pensée 68 » ?

Elisabeth Roudinesco : En 1966 paraissaient simultanément Les Mots et les Choses de Michel 
Foucault et les Ecrits de Jacques Lacan, une avant-garde littéraire et théorique qui proposait une nouvelle lecture de l’histoire à partir des structures. Il y avait quelque chose de novateur et d’équivalent à ce qu’on avait connu en 1945 avec Jean-Paul Sartre : un nouvel engagement. Mais avant d’être politique, celui-ci a d’abord été universitaire, à travers une nouvelle manière d’enseigner. A l’époque, j’étais en licence de lettres à la Sorbonne, or ce secteur était épouvantablement figé dans son académisme. Les professeurs de lettres considéraient que la modernité s’arrêtait à la fin du 19ème siècle. Les étudiants qui, comme moi, lisaient le Nouveau roman et découvraient des approches inédites comme celle de Michel Foucault ou Roland Barthes, étaient en révolte contre ce type d’enseignement poussiéreux. Impossible de prononcer le mot de « Nouveau roman » en classe. Et nous n’étudions même pas Marcel Proust à l’université ! Dès l’année 1967-1968, à la Sorbonne, un sentiment de supériorité des élèves par rapport aux enseignants était né, surtout envers les professeurs de linguistique, qui méprisaient Roman Jakobson ou Claude Lévi-Strauss, alors que nous les admirions. Paradoxalement, nous cherchions de bons maîtres, de vrais maîtres, pas des professeurs à polycopiés qui répétaient sans arrêt le même cours.

Cela dit, la pensée 68 n’existe pas, il s’agit d’une construction après coup. Avec Les mots et les Choses de Michel Foucault, j’ai découvert un auteur à la fois philosophe, historien et écrivain. Il avait un style, quelque chose qui avait un sens. C’était magnifiquement écrit. A l’époque, je lisais également les hellénistes, comme Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet. Mais j’avais parfaitement conscience que tous ces auteurs ne se ressemblaient pas, qu’ils avaient des conflits théoriques entre eux. C’était ce qui me plaisait, cette possibilité de faire naître le débat. Pour moi, Mai 68 a été avant tout l’occasion avant de destituer les mauvais professeurs.

Marcel Gauchet : Elisabeth Roudinesco a bien rappelé la dimension universitaire de Mai 68 qui fut aussi une révolte intellectuelle contre des universités complètement fossilisées et décalées par rapport à une scène intellectuelle d’une productivité prodigieuse. Quoique j’aie pu penser de cette galaxie d’auteurs par la suite, ils m’ont fait entrer dans la vie intellectuelle sous le signe de l’enthousiasme. 1966, c’est la date de la percée de la réflexion structuraliste. Elle avait été amorcée de longue date par Lévi-Strauss, mais elle prend à ce moment-là sa force de programme, avec la relance de la psychanalyse par Lacan et la reprise du modèle linguistique par la théorie littéraire, sans parler de l’éclatante nébuleuse philosophique qui gravite autour.

Comme beaucoup d’autres, j’ai eu le sentiment d’assister à l’émergence d’une théorie unifiée des sciences humaines. On avait l’impression que l’on pouvait réunir une théorie du sujet individuel renouvelée par la psychanalyse, une théorie renouvelée de la société à travers le structuralisme lévi-straussien, le tout appuyé sur une science de la production humaine la plus spécifique : le langage. Face à ce monde qui s’ouvrait, l’université officielle faisait figure d’institution sclérosée et dépassée. Mai 68 a été un mouvement placé sous le signe d’un extraordinaire appétit de savoir. Des relais de toutes espèces ont fonctionné pour donner à cet élan théorique une répercussion des plus larges, puisque le mouvement était animé par un esprit ultra-démocratique.

Mêmes éblouissements théoriques, mais importantes divergences politiques. Pour quelle raisons ?

Marcel Gauchet : Là où je me distingue d’Elisabeth Roudinesco, c’est sur le plan politique. Dans tous les auteurs qui ont été cités, il y en a un que j’ai d’abord lu avec intérêt pour vite constater ses limites, c’est Louis Althusser. La grande division politique de l’époque, parmi ceux qui se réclamaient de l’avant-garde intellectuelle, passait entre le communisme, majoritaire, et l’ultragauche, minoritaire. 
Le hasard des rencontres m’a fait bénéficier de l’héritage de Socialisme ou barbarie, le groupe de Cornelius Castoriadis et de Claude Lefort. De fait, il y a eu deux Mai 68. Un premier politiquement léniniste, qu’il soit communiste, trotskiste ou maoïste, et un second plus difficile à étiqueter mais qu’on peut dire libertaire, avec ses nuances spontanéistes, anarchiste ou ultragauchiste, aux côtés duquel je me situais.




L'Atih divulgue ses chiffres clés de l'hospitalisation 2014 en MCO, SSR, HAD et psychiatrie

L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih) a mis en ligne le 24 juillet ses chiffres clés de l'hospitalisation 2014 à partir des données collectées dans le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). L'occasion de disposer d'une vision synthétique de l'activité hospitalière en MCO, SSR, HAD et psychiatrie.

lundi 27 juillet 2015

Stephen Hawking et Elon Musk réclament l’interdiction des « robots tueurs »

Le Monde.fr |  Par 

C’est une nouvelle charge portée contre les dangers potentiels de l’intelligence artificielle (IA). Dans une lettre ouverte publiée lundi 27 juillet, plus d’un millier de personnalités, dont une majorité de chercheurs en IA et en robotique, ont réclamé l’interdiction des armes autonomes, capables « de sélectionner et de combattre des cibles sans intervention humaine ».

Parmi les signataires, on retrouve Elon Musk, le célèbre PDG du constructeur de voitures électriques Tesla et de SpaceX, et l’astrophysicien britannique Stephen Hawking, qui avaient déjà fait part publiquement de leurs inquiétudes concernant l’IA. Mais aussi le cofondateur d’Apple Steve Wozniak, le linguiste américain Noam Chomsky ou encore Demis Hassabis, le fondateur de DeepMind, une entreprise consacrée à l’intelligence artificielle rachetée par Google.


« Une course à l’armement »


Publiée à l’occasion de l’IJCAI, une conférence internationale sur l’intelligence artificielle, qui se tient du 25 au 31 juillet à Buenos Aires, la lettre dénonce un danger imminent :


Près de deux millions de blouses blanches en France

27.07.2015

La France compte moins de deux millions de professionnels de santé, dont 220.000 médecins et environ 600.000 infirmiers, selon l'édition 2015 d'un panorama publié par la direction générale de l'offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé. Dans le détail, la DGOS, recense quelque 353.000 professionnels de santé dits "médicaux" (médecins, dentistes, pharmaciens, sages-femmes), et 1,529 million de professionnels de santé "non médicaux" ou paramédicaux (infirmiers, kinés, orthophonistes...).

Tuer beaucoup et de manière spectaculaire pour être célèbre

 
La recherche de la célébrité à tout prix pourrait expliquer la multiplication des meurtres aux Etats-Unis.
Jeudi soir, dans un restaurant de Manhattan, j’écoutais l’éminent psychiatre légiste Dr. Michael Welner parler des tueurs de masse devant un petit groupe d’enquêteurs professionnels. Au même moment, un homme ouvrait le feu dans un cinéma de Louisiane tuant deux spectatrices. Le portable du télégénique Dr. Welner s’est mis à sonner: à peine avait-il fini le tour des plateaux télé après la fusillade du Tennessee de la semaine dernière qu’il était déjà de nouveau sollicité. Le rythme des mass killings, ces tueries de masse par un seul individu est étourdissant aux Etats-Unis. Pourquoi le phénomène est-il distinctement américain ?
Michael Welner fait souvent la tournée 
des plateaux de télévisions pour intervenir 
après un meurtre de masse.

Le psychiatre ne rentre pas dans les débats politiques sur le contrôle des armes à feu. Il est de ceux qui estiment qu’avant toute chose, «people kill people» et que ces actes sont des «choix délibérés», plus courants aux Etats-Unis que dans d’autres pays occidentaux. Pourquoi ?

Un taux de suicide alarmant au Luxembourg

Le Quotidien LUXEMBOURG 26/07/2015


La ministre de la Santé, Lydia Mutsch, était vendredi aux côtés duPremier ministre pour le briefing sur les travaux du gouvernement. (Photo : Fabrizzio Pizzolante)
La ministre de la Santé, Lydia Mutsch, était vendredi aux côtés du 
Premier ministre pour le briefing sur les travaux du gouvernement. 
(Photo : Fabrizzio Pizzolante)

Face aux chiffres alarmants du taux de suicide au Luxembourg, le gouvernement a adopté un plan de prévention et quelque trente actions ciblées.

Prévention du suicide, mesures d’hygiène pour les tatouages, les piercings et autres décorations sur la peau et surtout une interdiction pour les mineurs de se livrer à ces pratiques sans autorisation parentale… La ministre de la Santé, Lydia Mutsch, s’est penchée sur de gros dossiers au Conseil de gouvernement, vendredi.
Un millier de suicides entre 2000 et 2013, 85 rien que pour l’année 2014. Des chiffres alarmants qui ont poussé le gouvernement à mettre en place un plan de prévention contre le suicide. Le sujet ne devait plus être «tabou», comme l’avait rappelé le Premier ministre, Xavier Bettel, à son arrivée au pouvoir.

Santé psychique : les pairs praticiens offrent leur aide

SUISSE  

Déjà connue en Suisse alémanique, au Royaume-Uni ou en Amérique du Nord, cette nouvelle formation romande est réservée aux personnes qui ont elles-mêmes souffert dans leur santé mentale. 
Déjà 90 dossiers déposés pour la seconde volée de cours pour devenir pair praticien. Elle devrait démarrer en 2016. Avec une exigence incontournable inédite: avoir soi-même déjà été hospitalisé en psychiatrie. «Ce qui montre clairement que cette formation n’a pas pour but de concurrencer le personnel médical existant, mais bien d’apporter une aide supplémentaire aux personnes en souffrance psychique.»
Psychologue FSP, Esther Hartmann a été chargée d’élaborer ce nouveau cursus par l’association romande Pro Mente Sana en collaboration avec la Coraasp (Coordination romande des associations d’action en santé psychiatrique). A l’école d’études sociales et pédagogiques (eesp) de Lausanne, la première volée, qui a terminé fin octobre 2014 les quelque 150 heures théoriques et 50 heures de stage demandées, avait déjà fait le plein, avec 35 dossiers déposés pour quinze places disponibles.

Droit Le respect des droits des personnes handicapées doit passer par la réforme des système juridiques

Les droits des personnes déficientes intellectuelles font-ils l'objet d'une égale reconnaissance devant la loi et l'accès à la justice ? Un rapport de l'AJuPID, projet de l'Union européenne tente de faire le clair sur la question. En ressort la frilosité de certains gouvernements malgré les besoins de réforme pointés du doigt par les auteurs.

Une rouennaise internée en psychiatrie pour avoir frappé deux enfants sans raison

infoNormandie 28 Juillet 2015

Une rouennaise de 37 ans a été hospitalisée d'office au centre hospitalier spécialisé du Rouvray, près de Rouen, après avoir été examinée par un médecin à la demande des services de police.

Vendredi 24 juillet, dans l'après-midi, cette femme a eu un comportement bizarre, qui laisse à penser qu'elle n'a pas toute sa tête. En effet alors qu'elle marchait sur le trottoir rue Guillaume-le-Conquérant, à Rouen, elle s'en est pris brusquement et sans raison à un petit garçon de six ans qui se promenait avec sa grande sœur. Elle a ainsi frappé l'enfant au visage, lui occasionnant une plaie a la bouche.

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[Île-de-France] Le Psycom publie le "Guide de la santé mentale" en Seine-Saint-Denis

 28/07/15

Le Psycom, organisme public d'information, de formation et de lutte contre la stigmatisation en santé mentale, informe de la publication d'une première édition du "Guide de la santé mentale" en Seine-Saint-Denis, après avoir publié une version pour Paris et pour la Seine-et-Marne.

vendredi 24 juillet 2015

Si « Le Généraliste » était paru en juin 1902 Le chloroforme employé contre la simulation

17.06.2015


« Il y a quelque temps, on a fait grand cas, dans la “Chronique Médicale ”, du Pr Duplouy qui a eu recours à la chloroformisation pour résoudre un cas de surdi-mutité. Voulez-vous me permettre de rapprocher de ce cas l’idée que j’eus moi-même, mais en 1887 seulement, de soumettre à ce même mode d’anesthésie un jeune soldat atteint de “ mutisme ” pour moi fort douteux.

Une famille obtient réparation après le décès d'un résident d'Ehpad dû à un défaut d'organisation



La communauté de communes Limagne d'Ennezat a été condamnée fin juin à indemniser la famille d'un résident de l'Ehpad Le Bosquet, mort après avoir ingéré du liquide vaisselle. Le centre intercommunal d'action sociale (CIAS) est en effet gestionnaire de l'Ehpad public, situé à Ennezat (Puy-de-Dôme). Pour le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, le décès du résident en mars 2010 est dû à un défaut dans l'organisation et le fonctionnement du service (voir la décision ci-contre). Atteint de la maladie d'Alzheimer, le pensionnaire avait été admis en mai 2009 dans une unité fermée. Cette dernière accueillait au moment des faits quinze résidents et, le jour de l'accident, un seul agent social se trouvait dans le service. Or la tendance de ce résident à boire ou manger tout ce qui était à sa portée était connue de l'Ehpad, il présentait d'ailleurs "depuis son arrivée dans l'établissement un profil à risque". Ce défaut d'organisation, constitue, selon les juges, une faute "de nature a engager la responsabilité de la communauté de communes". Celle-ci a donc été condamnée à verser, au titre du préjudice moral, 15 000 euros à la veuve du résident et 5 000 à chacun de ses deux enfants. 

Handicap : la mise en accessibilité des bâtiments repoussée

Le Monde.fr avec AFP | 
Le Parlement a définitivement ratifié, mardi 21 juillet, l’ordonnance prévoyant de nouveaux délais pour la mise en accessibilité des lieux publics, prenant acte de l’impossibilité d’atteindre l’objectif de 2015 que la loi de 2005 avait fixé, au grand dam des associations de défense des handicapés.

Le Sénat a adopté définitivement le projet de loi, dans la version votée la veille par les députés. La proportion d’établissements recevant du public accessibles aux handicapés est estimée à environ 40 %.


Moins d'appels à SOS-Suicide, plus de produits de luxe : ces étranges effets de la crise grecque

 16-07-2015

CRISE DE LA DETTE – Les déboires de la Grèce, contrainte de céder devant ses créanciers pour éviter une sortie de l'euro, peuvent avoir des effets paradoxaux sur le moral de ses habitants.

Depuis la fin du mois de juin, la Grèce a connu un regain de tensions financières. Entre les négociations pour un troisième plan d'aide, le référendum du 5 juillet et les menaces de faillites bancaires, le pays est passé par toutes les émotions. On aurait légitimement pu penser les Grecs abattus, épargnant le moindre euro pour se préparer à un hypothétique Grexit. Pourtant chez certains, c'est exactement le contraire qui semble s'être produit.
Pour éviter de voir leurs économies réduites à peau de chagrin en cas d'abandon de l'euro, des Grecs ont ainsi eu la fièvre acheteuse : "Jusqu'au week-end dernier, les gens ont acheté beaucoup de choses pour protéger leur argent", explique à un journaliste de l'AFP Andréas Triantaphylidis, vice-président de l'Association des commerçants d'Athènes. Entre le 27 juin et le 10 juillet, les ventes d'appareils électroniques et de produits de luxe ont selon lui grimpé de 30 % par rapport à l'an dernier. Beaucoup de clients, qui ne peuvent plus accéder à leurs économies puisque les banques sont toujours fermées, ont choisi d'utiliser leur carte bancaire pour convertir autant que possible leur épargne en biens tangibles. "La semaine dernière, nous avons eu beaucoup de clients. Ils voulaient acheter tout ce qu'ils pouvaient, de peur de perdre la moitié de leurs économies", témoigne une employée de bijouterie d'Athènes dans le même reportage.

C’est arrivé le 10 juillet 1393 Mort de Guillaume de Harcigny

10.07.2015


Né en 1310, Guillaume de Harcigny, qui soigna Charles VI de sa folie, est né à Laon, ses parents, agriculteurs à Harcigny, au cœur de la Thiérache, étant venus vivre de leurs revenus sur les hauteurs de la montagne couronnée, rue des Cordeliers. Après avoir commencé son éducation médicale dans le chef-lieu de l’Aisne auprès d’un chanoine de la cathédrale, Guillaume d’Harcigny, après avoir été nommé maître en médecine à Paris complète sa formation en Italie, puis en Palestine, Syrie et Egypte où il s’initie à la médecine orientale auprès des médecins arabes.
À son retour, il s’installe à Laon dans sa maison natale et ouvre un cabinet à Noyon. Il opère, tout au long de son exercice des cures si remarquables qu’on vient le consulter de tous les coins du diocèse, notamment pour les maladies mentales, Guillaume d’Harcigny a, en effet, beaucoup appris au contact des médecins arabes et de leur pharmacopée riche de potions sédatives. Sa réputation ne cesse alors de grandir et l’écho de son nom se fait entendre jusqu’à la Cour. C’est ainsi qu’il devient l’ami d’Enguerrand VII de Coucy, l’un des quatre Officiers de la Couronne, Bouteiller de Charles VI.

La crise de folie de Charles VI

Aussi lorsque le roi est pris d’une crise de folie dans la forêt du Mans le 5 août 1392, tuant quatre de ses hommes, le sieur de Coucy fait appel à Guillaume d’Harcigny. Après avoir été désarçonné, Charles VI a été maitrisé par son entourage et ramené du Mans à Creil « pour lui faire prendre l'air sain sur les bords de l'Oise ». Là, selon Froissart, il est « mis entre les mains de Maître Guillaume de Harselli, médecin le plus expérimenté de France qui lui osta premièrement, la fièvre continue, puis luy fist retrouver le goust et luy fist revent son sens, non sans assuré qu'il avait auparavant. Harselli employa pour dompter la furie du Roy et luy fist une cage de fer qui se voist encore au château de Creil, pour retenir tant qu'il fust furieux pour luy faire voir lear ».

Six semaines de dévouement remarquable au service du roi

Guillaume de Harcigny établit alors son diagnostic : « Cette maladie est survenue au prince par coulpe [excès]. Il tient cela de tempérament moite de sa mère [Jeanne de Bourbon devenue folle à 35 ans], d'un grand affaiblissement du cerveau et d'excès commis à diverses époques [allusion au penchant connu du roi pour la dive bouteille]. » Le médecin conclut qu'il faut employer des médicaments appropriés au tempérament de son patient et les graduer d'après ses forces. Il interdit toutes visites à l'exception du duc d'Orléans et du duc de Bourgogne. Même s’il est alors octogénaire, Guillaume de Harcigny reste sans désemparer au chevet de son patient. Finissant par lui ôter la « fièvre lente », il préconise au roi de pratiquer modérément le cheval, la chasse à l'alouette ou à l'épervier pour « lui ôter des pratiques violentes et de fatigue ». Durant six semaines, du 15 août au 30 septembre 1392, va ainsi soigner Charles VI avec un dévouement remarquable.

En cette fin septembre, « quand Maître Guillaume de Harcigny vit que le roi était en bon point, il en fut tout joyeux ; ce fut raison car il avait fait belle cure », Le médecin présente alors le roi aux princes et déclare : « Le Roi, Dieu mercy est en bon état. Je vous le rends et livre. Dorénavant qu'on le garde de le courroucer et de le mercantolier car encore n'est-il pas bien ferme dans tous ses esprits, mais petit à petit son cerveau s'affirmera. Déduits, oubliances et déports de raison lui seront profitables de toutes autres choses. Mais du moins que vous pourrez, ni le chargez et travaillez de conseils car il a et aura encore, en toute saison le chef faible et tendre car il a été battu et formené de très dure maladie. »

Les princes du royaume vont tenter en vain de retenir Guillaume de Harcigny auprès du roi en lui offrant un traitement tellement élevé qu'il aurait lieu d'en être satisfait. On lui propose de devenir « Premier médecin du prince avec la faculté de pouvoir requérir l'envoi de quatre chevaux pris dans les écuries royales toutes les fois qu'il lui prendrait la fantaisie de venir à la Cour ». Las, Guillaume de Harcigny décline tous les honneurs : « Je ne serai désormais qu'un vieil homme faible et impotent ; je ne pourrais, en conséquence, supporter l'ordonnance de la Cour. Bref, je veux retourner à ma maison nourricière à Laon ». Les princes du royaume accèdent aux vœux du vieil homme et le laissent revenir sur sa terre natale après lui avoir fait don de mille couronnes d'or.

Guillaume d’Harcigny ne tarde pas à mourir, non sans avoir, auparavant, par testament, légué six mille florins d'or pour l'entretien des remparts entourant la ville de Laon ainsi que diverses sommes aux abbayes, aux couvents, aux églises et hostelleries pour venir en aide aux plus démunis. Un montant a été également défini pour sa sépulture. Le village d’Harcigny n’est pas oublié non plus par Guillaume qui reçoit cinq cents florins pour « avoir des ornements pour faire le service de Dieu dans ladite église ».

L’impressionnant transi de Guillaume de Harcigny

Du tombeau du médecin laonnois, il ne reste que le transi le représentant réalisé un an après sa mort. Alors que le gisant représente les défunts vêtus du costume qui les caractérise ( roi, évêque, chevalier...), le transi est une sculpture funéraire qui montre le défunt à l’état de cadavre. L’horreur et la putréfaction remplacent les sourires et les costumes d’apparat. Le transi de Guillaume de Harcigny est le plus ancien témoignage de ce type de sculpture conservé en France. Ce très haut-relief sculpté dans un monolithe de calcaire beige contenant des restes de fossiles et des grains de glauconie verdâtre est censé rappeler la décomposition. La dépouille, allongée sur le dos, très droite, montre un homme d’une stature haute et mince, au corps assez bien conservé un an après la mort. Le visage est squelettique et les cheveux ont poussé, les côtes apparaissent, mais les fessiers sont encore présents. Guillaume de Harcigny ne joint pas les mains dévotement, mais tente, de ses phalanges sèches, de cacher un sexe pourri depuis longtemps... Sur une inscription en latin au bas du tombeau, on peut lire : « Je rends mon âme à Dieu et mon corps à la terre ».

La statue a été sauvée des destructions de la Révolution, les habitants de Laon s’étant alors montré reconnaissants des dons généreux que Guillaume d’Harcigny avait faits pour sa ville natale. Le Directoire du gouvernement autorisa donc, en 1791, l’église des Cordeliers étant passé « bien national », la réinhumation du transi et des restes osseux dans la nef de la cathédrale Notre-Dame. En 1841, sous la conduite d'un médecin, on exhuma le transi mais les ossements conservés dans une boîte en plomb se perdirent...

En 1853, le Conseil de fabrique de la cathédrale fit don du transi de Guillaume à la ville de Laon. Il fut alors transporté, non sans casse, dans la chapelle des Templiers. Depuis sa restauration en 2003 par les Ateliers du Centre de Recherche et de Restauration, à Versailles, le transi de Guillaume de Harcigny se trouve désormais dans le hall d'accueil du Musée municipal d'Art et d'Archéologie de la ville de Laon.

Institut universitaire en santé mentale de Montréal La visioconférence pour réduire le trouble de l'anxiété

QUEBEC 7 juillet 2015


La psychothérapie par visioconférence pourrait diminuer de façon importante les symptômes des personnes atteintes du trouble d'anxiété généralisée (TAG), selon une étude réalisée à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
Cinq individus souffrant d'un TAG ont pris part à la recherche comprenant 14 séances hebdomadaires d'une heure chacune via visioconférence.

Après l’épilepsie, SynapCell s’ouvre à d’autres pathologies




Corinne Roucard, présidente, et Yann Roche, directeur général de SynapCell. La société compte conquérir 5 à 10 % du marché mondial pour la maladie de Parkinson, l’autisme et la schizophrénie dans les trois ans.

Corinne Roucard, présidente, et Yann Roche, directeur général de SynapCell. 

Leader sur le marché mondial de l’épilepsie, la société ouvre sa technologie prédictive de l’efficacité des médicaments à trois autres pathologies du cerveau : Parkinson, autisme et schizophrénie. En jeu : réduire les échecs de mise sur le marché des traitements. Un gain considérable pour les laboratoires pharmaceutiques.

Après 10 ans de recherche sur les pathologies du cerveau, développant des solutions prédictives pour optimiser le développement de médicaments, SynapCell a développé une technologie qui lui a permis de s’imposer au premier rang mondial sur le marché de l’épilepsie (60 % de parts de marché).

Politique de santé Le cadrage des expérimentations sur l'accompagnement des patients donne la part belle à la recherche


 - HOSPIMEDIA
Christian Saout, secrétaire général délégué du Ciss, vient de rendre son rapport de mission à Marisol Touraine. Sur les bases de la stratégie nationale de santé, il y décline le cadrage des expérimentations prévues au titre de l'article 22 de la loi de Santé. À savoir, l'accompagnement à l'autonomie des patients.

En quoi consisteront les expérimentations des projets d'accompagnement à l'autonomie des patients, prévues à l'article 22 de la loi de Santé ? C'est ce à quoi a tenté de répondre Christian Saout, secrétaire général délégué du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) dans le rapport "Cap Santé !". Remis à la ministre de la Santé ce 20 juillet, le document décline le cadrage concret des actions à implémenter en la matière... et pave la route à "une plus grande démocratie sanitaire" appelée de ses vœux par Marisol Touraine dans le cadre de la stratégie nationale de santé.

Ressources humaines La DGOS précise aux directeurs les contours de leur future commission des conditions de travail

07/07/15


La commission dédiée aux risques psychosociaux (RPS) se précise pour les directeurs. En effet, la DGOS présente ce 8 juillet en Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière (CSFPH) un projet de décret — dont Hospimedia a eu copie (à télécharger ci-contre) — détaillant le contour de cette commission des conditions de travail. Comme évoqué mi-mars (lire ci-contre), celle-ci est instituée auprès des trois comités consultatifs nationaux (CCN) existant actuellement pour les directeurs d'hôpital (DH), les directeurs d'établissement sanitaire, social et médico-social (D3S) et les directeurs des soins (DS). Toutefois, cette nouvelle instance dédiée aux RPS devrait à terme n'en faire qu'une seule si, conformément aux orientations du projet de loi de modernisation de notre système de santé, ces trois CCN se fondent en un seul comité commun aux trois corps.

jeudi 23 juillet 2015

La guerre des civilisations n’aura pas lieu

 RUWEN OGIEN 

Portrait d’un antipsychiatre

22/07/2015




Sous la plume d’un universitaire de Bristol (Royaume-Uni), la revue History of Psychiatry consacre un article à Franco Basaglia (1924-1980). Principal chef de file du mouvement «antipsychiatrique » en Italie, Basaglia n’hésite pas à proposer au premier congrès international de psychiatrie sociale (à Londres, en 1964) une communication au titre explicite : « La distruzione dell’ospedale psichiatrico come luogo di istituzionalizzazione » (La destruction de l’hôpital psychiatrique comme lieu d’institutionnalisation). Basaglia « transforme de l’intérieur l’institution » qu’il dirige (l’hôpital psychiatrique de Gorizia, une ville du nord-est de l’Italie) : de nombreux patients sont « libres d’aller et venir à leur guise », les salles restent ouvertes, des «assemblées générales » réunissent régulièrement les soignants et les patients volontaires pour renforcer la participation démocratique des usagers à la vie communautaire. L’institution n’a plus comme finalité tacite d’exclure le malade, marginalisé par sa problématique psychiatrique, mais de réhabiliter le sujet en lui. Refusant de se cantonner à la seule dimension médicale et technique de la psychiatrie, Basaglia souligne la nécessité d’appréhender et d’amender aussi sa dimension politique et sociale, afin de faire « émerger le patient comme sujet » et de ne plus ancrer la pratique institutionnelle dans une exclusion implicite de la folie.
Rappelons que les conceptions de Basaglia ont largement inspiré la fameuse loi 180 du 13 Mai 1978 en Italie[2] encadrant la « désinstitutionalisation » et le remplacement de la traditionnelle psychiatrie asilaire par des réseaux de psychiatrie communautaire. On peut estimer que, dans la crise actuelle de la psychiatrie (étiquettes nosographiques dès le plus jeune âge, désaffection de la spécialité contrastant paradoxalement avec une inflation des diagnostics psychiatriques et des prescriptions, obsession sécuritaire de la société…), Basaglia conserve toute son actualité, comme « empêcheur de penser en rond », pour reprendre le nom d’une maison d’édition créée à l’initiative de la philosophe Isabelle Stengers et de l’essayiste Philippe Pignarre. L’auteur souligne notamment l’intérêt de relire les écrits de Basaglia dans le cadre d’un mouvement culturel et historique plus large (l’attrait de la liberté cher aux années 1960) et de garder de cet « antipsychiatre » audacieux l’image d’un précurseur.
Dr Alain Cohen
John Foot: Photography and radical psychiatry in Italy in the 1960s. The case of the photobook Morire di Classe (1969), History of Psychiatry, 2015; 26: 19-35.
John Foot: Television documentary, history and memory. An analysis of Sergio Zavoli’s The Gardens of Abel, Journal of Modern Italian Studies, 2014 Vol. 19, No. 5, 603–624. [http://dx.doi.org/10.1080/1354571X.2014.962258]
Franco Basaglia : Préface au livre Le jardin des mûriers. Dix ans d’antipsychiatrie italienne,
Sud/Nord (Eres), 2005/1 n° 20, p. 169-174. DOI : 10.3917/sn.020.0169
Mario Colucci & Pierangelo Di Vittorio: Le 68 de la psychiatrie italienne : l’effet Basaglia. Cahiers d’Histoire, 2009 (107) 37–44. [
 http://chrhc.revues.org/1327 ]

Corbeil : le mal-être des équipes de psychiatrie

Sebastien Morelli | 21 Juil. 2015



Corbeil-Essonnes. Les équipes de psychiatrie dénoncent les suppressions de poste au profit du retour à l’équilibre financier du Centre hospitalier Sud francilien.
Corbeil-Essonnes. Les équipes de psychiatrie dénoncent les suppressions de poste au profit du retour à l’équilibre financier du Centre hospitalier Sud francilien. (LP.)

Cette fois, ce sont les psychiatres qui aimeraient pouvoir s’allonger dans un divan afin d’être écoutés et entendus. Les équipes de psychiatrie du Centre hospitalier Sud francilien (CHSF), qui couvrent les secteurs de Corbeil-Essonnes, Evry, Vigneux-sur-Seine et Yerres, soit un bassin de 500 000 habitants (*), disent être à bout.

En cause, un manque de moyens humains de plus en plus criant.
« Nous subissons des suppressions de postes depuis 15 ans. Nous avions déjà prévenu que nous arrivions à la limite. Cette fois, elle est dépassée », dénonce Paul Brétecher, médecin psychiatre à Corbeil. Et ce, alors que lacrise économique touche « les populations les plus pauvres, les plus précaires, qui sont les plus demandeurs de soins en psychiatrie », pointent les médecins. Ils ont listé les manques à une quinzaine de postes dont au moins six psychiatres, trois psychologues, quatre infirmiers pour les adultes et une vingtaine de postes pour les enfants. Les médecins craignent que cela aboutisse à des délais d’attente pouvant atteindre les neuf mois. Ils s’alarment également des recours aux CDD, empêchant le suivi des patients. Tout cela au nom de la « logique économique implacable de l’administration qui exige le rétablissement de l’équilibre financier du CHSF (NDLR : le déficit devrait être d’environ 15 M€ en 2015 contre 35 M€ en 2012), sachant que la psychiatrie est un secteur bénéficiaire. »

Amine Benyamina, psychiatre au département de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Paul Brousse à Villejuif









l'émission du vendredi 24 juillet 2015

Amine Benyamina 

L’invité du 5/7 du vendredi 24 juillet est Amine Benyamina, psychiatre au département de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Paul Brousse à Villejuif. Il est responsable du centre d'addictologie. Il commente une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) qui analyse la consommation de substances psychoactives licites et illicites des jeunes de 17 ans à l’échelle régionale.

mercredi 22 juillet 2015

C’est arrivé le 21 juillet 1801 Le Dr Itard prend en charge Victor, l’enfant sauvage

21.07.2015

« On l'a attrapé dans la forêt. Il vivait tout nu. Il se nourrissait de glands et de racines. Il ne savait pas parler. On l'a emmené à Paris pour en faire “un homme“. » Ainsi le Dr Jean-Marc Gaspard Itard commence son « Rapport sur l’éducation et les progrès de l’enfant sauvage de l’Aveyron » . Celui-ci avait été aperçu pour la première fois en 1797 dans une forêt du Tarn, mais fut seulement capturé deux ans plus tard après une battue. Conduit au village de Lacaune, il est confié à une veuve . Refusant toute autre nourriture que des végétaux crus, le sauvageon parvient au bout d’une semaine à fausser compagnie à la vieille femme.

Entièrement nu, voûté, les cheveux hirsutes et le corps parsemé de 25 cicatrices...

Reprenant son errance, il passe du Tarn dans l’Aveyron où il finit par être débusqué par trois chasseurs le 8 janvier 1800. Entièrement nu, voûté, les cheveux hirsutes et le corps parsemé de 25 cicatrices, l’enfant apeuré sort des bois pour aller se réfugier dans la maison du dénommé Vidal, teinturier à Saint-Sernin-sur-Rance. Au bout de trois jours, l’« enfant-loup », sourd, muet et marchant à quatre pattes est confié à un orphelinat de Sainte-Affrique avant d’être transféré le 4 février à Rodez. Le « sauvage » ne consent à manger que des pommes de terre et des châtaignes, qu'il hume avec circonspection avant de les engloutir.

Victor, l'enfant sauvage de l'aveyron