En soi, l'initiative paraît tellement évidente qu'on s'étonne encore qu'elle demeure confidentielle. L'idée qu'un patient puisse se rendre de lui-même, sur ses jambes et non par brancard, sur sa table d'opération est en passe d'être généralisée à l'Institut mutualiste Montsouris. Après la chirurgie ambulatoire, le bloc central suivra cet automne.
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
vendredi 3 avril 2015
La HAS proposera un protocole pour la rédaction des certificats relatifs aux soins sans consentement
Si la loi oblige la production d'un certificat médical afin de contrôler le bien-fondé d'une hospitalisation sans consentement, elle n'en définit pas le contenu. La HAS rappelle dans une note de cadrage les enjeux liés à la qualité de ces documents et annonce la création d'un groupe de travail chargé d'établir un protocole pour leur rédaction.
La Haute Autorité de santé (HAS) publie une note de cadrage relative aux protocoles pour la rédaction des certificats dans le cadre des soins sans consentement, validée par le collège en mars 2015. Ce projet s'inscrit dans le cadre du programme pluriannuel de la HAS relatif à la psychiatrie et à la santé mentale 2013-2016 qui vise dans son troisième thème, "droits et sécurité en psychiatrie", à améliorer la prise en charge des patients en soins sans consentement. Concrètement, il s’agit de "mettre à la disposition des professionnels des protocoles concernant le contenu des certificats, voire des modèles de documents, qui tiennent compte du stade de la procédure, de leurs destinataires et de leurs finalités", explique la HAS, dans les situations de maintien d’une personne en hospitalisation complète, de passage de l’hospitalisation complète en programme de soins, de retour en hospitalisation complète d’une personne en programme de soins ou encore de la levée de l’hospitalisation complète. Les situations d’admission et la période d’observation de 72 heures ne sont pas concernées, précise-t-elle.
Marc Bétrémieux est élu président du Syndicat des psychiatres des hôpitaux
01/04/15
Le conseil national du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) a élu le 24 mars dernier son nouveau bureau, au terme de la procédure d’élections des conseillers syndicaux régionaux et nationaux engagée fin 2014. Dans un communiqué, le SPH indique qu'ont été élus aux postes suivants :
- Président : Dr Marc Bétrémieux, CH d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), il remplace Jean-Claude Pénochet ;
- Secrétaire générale : Dr Isabelle Montet, CHI Clermont-de-l’Oise (Oise) ;
- Vice-président : Dr Michel David, CHS Fondation Bon Sauveur de Picauville (Manche) ;
- Vice-présidente : Dr Gisèle Apter Danon, CH Erasme à Antony (Hauts-de-Seine) ;
- Trésorier : Dr Pierre-François Godet, CH de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or (Rhône).
Le SPH s'est donné pour mission d'agir pour la défense de :
- la psychiatrie au sein de l'hôpital public ;
- la place du médecin à l’hôpital pour son rôle clinique auprès des patients et ses conditions d’exercice "dans un environnement institutionnel déstabilisé par les dernières réformes hospitalières" ;
- la reconnaissance des spécificités de la psychiatrie "contre la réduction gestionnaire et face à l’organisation territoriale prévue dans la future loi de santé". Le SPH demande la reconnaissance de l'implication des professionnels "dans l’élaboration, la validation, l’animation et le suivi des projets d’organisation et de planification sanitaire sectoriels et intersectoriels" ;
- la reconnaissance de la variété des pratiques.
Le SPH dénonce par ailleurs les "dérives sécuritaires" et la judiciarisation conduisant parfois à faire porter aux praticiens la responsabilité de l'évaluation des comportements.
Le bureau est complété de conseillers chargés des délégations représentatives des champs d’actions du syndicat :
[Usagers] L'association France Alzheimer et maladies apparentées appelle les personnes malades à faire part de leur ressenti
02/04/15
L'association France Alzheimer et maladies apparentées lance avec l'institut Opinion way une enquête nationale, afin de recueillir la parole des personnes malades. Elle souhaite ainsi connaître le ressenti de ces personnes, sur leur vie quotidienne avec la maladie, sur les liens qui les unissent à leurs proches aidants, sur le regard porté par la société sur la maladie, mais également connaître leurs attentes et espoirs. Les résultats de cette enquête seront présentés lors de la prochaine journée mondiale de lutte contre la maladie d'Alzheimer, le 21 septembre 2015, qui aura justement pour thème la parole des personnes malades. Les réponses peuvent être envoyées jusqu'au 18 juin prochain.
Le dépistage génétique prénatal de la trisomie 21 très efficace en population générale
02.04.2015
Crédit photo : PHANIEZoom
Les résultats d’une nouvelle étude, publiée cette semaine dans le « New England Journal of Medicine », viennent confirmer la supériorité des tests génétiques par rapport à l’approche standard – reposant sur l’évaluation de la clarté nucale et des marqueurs sériques maternels – pour le dépistage prénatal non-invasif de la trisomie 21, en population générale.
Si plusieurs études avaient déjà démontré la supériorité du test génétique non-invasif (TGNI) chez les femmes à haut risque de trisomie 21 fœtale, les études en population générale étaient plus rares.
Un test sensible à 100 %
Dans un essai financé par le laboratoire américain Ariosa Diagnostics, et portant sur 15 841 femmes, le TGNI a permis de détecter 100 % des cas de trisomie 21 survenus à l’accouchement, tandis que le dépistage prénatal standard n’en a détecté que 79 %. Le test génétique s’est aussi révélé plus spécifique, avec un nombre de faux positifs de l’ordre de 0,06 %, contre 5,4 % avec l’approche traditionnelle. Comme le soulignent les auteurs d’unéditorial accompagnant l’étude, tout résultat positif avec le TGNI doit être confirmé par amniocentèse pour réaliser un diagnostic de trisomie, néanmoins, cette approche permet de réduire le nombre d’amniocentèses non-nécessaires et les risques de fausses couches qui leur sont associées.
Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme : les associations s’inquiètent d’un amendement à la loi de santé
02.04.2015
Quelques dizaines de parents d’enfants autistes se sont rassemblées ce jeudi devant le ministère de la Santé, pour défendre le droit à la scolarisation de leurs enfants et le développement de méthodes innovantes de prise en charge. « Nous sommes ici pour défendre les méthodes éducatives et comportementales innovantes, qui donnent de bons résultats, la scolarisation en milieu ordinaire et le respect des choix parentaux de prise en charge », a expliqué à l’AFP M’Hammed Sajidi, président Vaincre l’autisme, l’association qui a organisé ce sit-in à l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme. Vaincre l’autisme, comme d’autres associations de parents, s’inquiète notamment d’un amendement socialiste au projet de loi santé, portant sur la mise en place d’un « dispositif permanent d’orientation » au sein des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), à partir des « besoins » de la personne et des « ressources mobilisables ». Les parents craignent que ce texte donne « les pleins pouvoirs » aux MDPH, qui pourraient décider « unilatéralement » d’envoyer les enfants dans des établissements en Belgique, faute de places en France, dans des hôpitaux de jour ou même des hôpitaux psychiatriques.
jeudi 2 avril 2015
La légalisation du cannabis toujours pas du goût des sénateurs
02.04.2015
GUSTOIMAGES/SPL/PHANIEZoom
Pour Esther Benbassa, la deuxième tentative n’aura pas été la bonne. Après un débat écourté début février sur le même sujet, la sénatrice écologiste a échoué à faire passer sa suggestion de légaliser le cannabis en France. Le Sénat a en effet rejeté jeudi la proposition de loi de cette élue d’Ile-de-France destinée à autoriser l'usage et la vente "contrôlés" de cannabis. Déjà rejeté en commission, il y a quelques semaines, le texte a été enterré par les sénateurs qui ont voté contre les trois articles composant la proposition de loi, qui n'avait dès lors plus lieu d'être. "Il semble que notre Haute Assemblée ne soit pas encore prête à accepter la légalisation du cannabis mais le débat est lancé", a déclaré l'auteure de la proposition, Esther Benbassa. "Je suis certaine que dans quelques années, nous suivrons l'exemple des pays qui l'ont légalisé", a-t-elle ajouté.
Si « Le Généraliste » était paru en mars 1928 Les hallucinations lilliputiennes d’Anatole France
02.04.2015
« C’est M. Leroy qui nous l’apprend dans une déclaration faite à la Société Clinique de Médecine Mentale. Dans les formes classiques d’hallucinations lilliputiennes, ce sont des personnages minuscules, de petits animaux, des poupées, des bonshommes généralement habillés de coloration vive qui défilent, jouent, courent, sous les yeux du sujet amusé avec une intense sensation de mouvement et de vie. Un de nos confrères anglais, Marion Alexander, de l’asile de Morningside, à Édimbourg, en a publié l’année dernière un exemple curieux. Une démente croyait voir autour d’elle un grand nombre d’enfants si petits qu’elle pouvait les tenir dans ses mains. Elle leur avait donné des noms, leur parlait d’une voix caressante, s’intéressant à leurs ébats, les suivant des yeux sur son lit ou sur ses genoux, les admonestant s’ils s’éloignaient, tremblant de frayeur qu’ils fussent écrasés si on ouvrait la porte de sa chambre.
Puisque nous parlons aujourd’hui de ces visions particulières, je rappellerai, en passant, ajoute M. Leroy, combien l’œuvre d’Anatole France est remplie de ces personnages lilliputiens : “ Le Crime de Sylvestre Bonnard ”, “ Thaïs ”, etc. La chose s’explique d’autant mieux que le maître a présenté, lui aussi, des hallucinations lilliputiennes ainsi qu’il me l’a fait savoir dans une lettre personnelle. »
(« L’Informateur Médical »)
Lorsque l’enfant ne paraît pas
LE MONDE | | Par Nicolas Weill
Pour beaucoup de parents, comprendre le désir d’enfant éprouvé par les couples et les femmes dits « infertiles », plongés dans le processus de la procréation médicalement assistée (PMA), constitue une mission au mieux difficile, voire impossible.
Pour les premiers, la parentalité double l’amour d’une myriade de tâches concrètes ; pour les seconds, l’enfant reste un horizon d’attente, un vide dont les taux de réussite de la PMA rendent le comblement incertain. Ce roman-récit aidera incontestablement à combler ce fossé bien réel.
Maïa Brami, auteure de livres pour la jeunesse et l’adolescence, a su avec une grande subtilité retracer, dans L’Inhabitée, les espoirs, souvent déçus, de celles et ceux qui peuplent en nombre les cabinets et les cliniques où l’on pratique fécondations in vitro (FIV) ou injections intracytoplasmiques de spermatozoïdes (ICSI).
Tantôt lyrique, tantôt cru, tantôt drôle, la basse continue du livre joue sur un double registre. Sans cesse, la poésie du cœur d’une écrivaine de 32 ans, à qui la « maternité est interdite », est confrontée au nécessaire prosaïsme médical pas toujours gagné à la philosophie en vogue du care (qui met en avant le soin et l’attention portés au patient).
Crash de l’A320 : le diagnostic de dépression est un fourre tout
Le Monde.fr |
Par Gérard Pommier, psychiatre, professeur de psychopathologie à l'université Paris VII, membre du collectif Anti D.S.M
Le mardi 24 mars, l'A320 des Germanwings s'écrasait dans les Alpes du sud. Selon les premières nouvelles il s'agissait d'un acte volontaire du copilote. La presse a annoncé assez vite ce qui pouvait en être les motifs. Sur les ordonnances, les papiers chiffonnés d'Andreas Lubitz, de même qu'à partir de ce qui a pu filtrer des dossiers, les journaux ont fait état d'une « dépression » et d'un « burn out ». Trouvera-t-on quelque part un diagnostic plus précis ?
C'est peu probable. Au cas où Lubitz aurait rencontré un psychiatre averti, formé à la psychiatrie classique, un psychiatre encore au moins capable de différencier la psychose de la névrose, ce dernier aurait été obligé d'écrire son diagnostic dans les termes dérivés du D.S.M. 5 de la psychiatrie américaine, qui sont des « non-diagnostics ». Le terme « dépression » veut dire « triste », et cette dépression peut-être aussi bien causée par un deuil normal, qu'être le symptôme d'un état grave. De même « burn-out » veut dire « fatigué », état qui peut recouvrir aussi bien un excès de travail qu'une fatigue psychique de cause indéterminée.
Le bûcher des ardentes
LE MONDE DES LIVRES | | Par Florence Noiville
Au premier abord, c’est l’histoire de quelqu’un qui écrit une histoire. Déjà vu ? Pas quand cette histoire est presque toujours tue. « Cela me frappe, explique Venko Andonovski, de passage à Paris en mars à l’occasion du Salon du livre. On parle de nombreux génocides – arménien, juif, khmer… –, mais on évoque rarement l’ampleur des massacres de femmes qui ont eu lieu à travers l’histoire. »
Né en 1964 à Kumanovo, en Macédoine, Venko Andonovski est professeur de littérature à l’université de Skopje, la capitale. Il est aussi sémioticien – un grand amateur de Gérard Genette, critique littéraire et auteur d’une trentaine d’œuvres en macédonien, récits, romans, pièces de théâtre, essais, couronnés par de nombreux prix. Andonovski raconte qu’un jour, alors qu’il résidait à l’université de Zagreb, en Croatie, comme professeur invité, il est tombé sur de vieux comptes rendus de procès en sorcellerie. « Peu de romans abordent ce thème, dit-il. Cela m’a donné envie de m’en emparer. » Au début de Sorcière ?, Andonovski a placé un paragraphe éloquent qui jette tout de suite le lecteur dans le vif du sujet : « En Europe, entre le Xe et le XVIIIe siècle, près d’un demi-million de femmes ont été condamnées au bûcher sous prétexte d’être des sorcières et d’avoir signé un pacte avec le diable, c’est-à-dire d’avoir eu des relations sexuelles avec lui », écrit-il. Il note que « les accusations venaient le plus souvent de la part des maris ».
Les fausses théories de l’hyperactivité chez l'enfant
Ritaline et le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant" progressent inexorablement sur le chemin du scientisme idéologique, ce "chemin pavé de bonnes intentions", qui mène à l’enfer pharmaco-toxique de la Ritaline. Selon l’idéologie scientiste pro-TADH du "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant", la perte des libertés fondamentales de l’enfant, qui est toujours plus soumis aux abus de la psychiatrie, est très préoccupante moralement. Les fausses théories, qui ont inventé le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant", ont inventé en réalité une "non-maladie", c’est-à-dire une sorte de fiction psychiatrique totalement inhumaine.
La domination pharmaco-toxique de la propagande publicitaire des laboratoires pharmaceutiques, en faveur de la promotion des prescriptions de Ritaline, soutient le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant".
Notre critique traite des dangers des fausses théories psychiatriques de l’hyperactivité qui mènent à la domination pharmaco-toxique de la vie de l’esprit de l’enfant. Notre critique traite des dangers d’une idéologie du contrôle social médicalisé de l’esprit de l’enfant, justifié par une politique de "santé publique" inhumaine.
Les idéologies socialistes totalitaires utilisent toujours la rhétorique de la "santé publique" pour aliéner la liberté de penser et d’agir en conscience de tout un chacun. La propagande socialo-populiste, en faveur de la "santé publique" éclaire la nature pharmaco-toxique du contrôle social médicalisé de l’esprit de l’enfant.
Le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant", selon la Haute Autorité de Santé (HAS), n’admet surtout pas, et ne veut surtout pas admettre, la nature normale et fondamentalement réactionnelle du comportement des enfants turbulents. La propagande pro-TADH de la Haute Autorité de Santé (HAS), selon le Communiqué de Presse du 12 février 2015, correspond à une fausse campagne de promotion de la santé chez l’enfant.
La nature utopique de l’idéologie qui domine la propagande pro-TADH de la Haute Autorité de Santé veut convaincre le monde médical de soigner une "non-maladie". Le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant" est une sorte de fiction psychiatrique destinée à "contrôler médicalement le comportement des enfants". On veut contrôler le comportement des adolescents instables, selon le faux "principe médical de précaution".
Le prétexte d’un "trouble psychiatrique qui n’existe pas", soit disant TDAH, doit justifier le fait que des jeunes au comportement instable soient traités comme de futurs "délinquants qui s’ignorent". C’est pourquoi des enfants remuants à l’école sont arbitrairement "supposés dangereux". Et c’est pourquoi les enfants sont soumis et drogués par des prescriptions souvent abusives de médicaments psychotropes.
Prostitution : associations et gouvernement s’offusquent du rétablissement du délit de racolage
01.04.2015
Les associations et la ministre de la Santé, Marisol Touraine, dénoncent l’adoption par un Sénat, marqué à droite, de la proposition de loi relative à la prostitution, qui rétablit le délit de racolage public, et supprime la pénalisation du client.
Les sénateurs ont adopté, le lundi 30 mars, la proposition de loi « visant à la lutte contre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, contre le proxénétisme et pour l’accompagnement des personnes prostituées » par 162 voix pour et 42 voix contre (socialistes, communistes, écologistes, et quelques UDI).
Le texte a été au préalable profondément remanié par rapport à celuivoté par l’Assemblée nationale, en décembre 2013, et l’avis de la commission spéciale du Sénat de juillet 2014. Depuis, le Sénat a changé de majorité et la commission spéciale sur le sujet a été renouvelée de moitié.
Le texte voté par le Sénat supprime l’article 13, qui abrogeait le délit de racolage public, institué sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2003. En revanche, il confirme la suppression de la pénalisation du client, réintroduite par la commission spéciale le 25 mars dernier.
Les sénateurs ont également adopté un amendement permettant un blocage des sites Internet utilisés par les réseaux de proxénétisme ou de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle.
« Régression des droits des femmes », pour Touraine
La ministre de la Santé a fait part de son regret de voir « la régression des droits des femmes dans le texte adopté ». Marisol Touraine s’en prend au délit de racolage : « Cela fait des femmes, des hommes, mineurs et majeurs, maintenus sous la coupe des réseaux internationaux de traite des êtres humains, des coupables, au lieu de les reconnaître comme des victimes. Il constitue un obstacle majeur à leur accompagnement par les associations spécialisées », écrit-elle. Elle déplore également la suppression de la pénalisation des clients : « Cela nous prive d’un outil majeur pour faire reculer la demande, et donc la prostitution. »
Population carcérale et nombre de lits en psychiatrie, l’hypothèse de Penrose
Publié le 01/04/2015
Également généticien et psychiatre, pionnier des études sur le contexte génétique dans les déficiences intellectuelles, le mathématicien anglais Lionel Sharples Penrose (1898–1972) est connu pour une illusion célèbre, « l’escalier paradoxal de Penrose », découverte en collaboration avec son fils, le mathématicien et physicien Roger Penrose, spécialiste en particulier de questions cosmologiques (trous noirs, gravitation quantique à boucles). Prototype de figure impossible, cette étrange structure fut popularisée par M.C. Escher dans sa gravure Montée et Descente où des moines parcourent un escalier où le haut se confond indéfiniment avec le bas[1]. Et Roger Shepard (un chercheur en psychologie cognitive) a réalisé une « illusion auditive », la gamme de Shepard[2] correspondant à une transposition de cet escalier de Penrose en psycho-acoustique, une discipline impliquée notamment en matière de compression du son, comme dans le fameux format mp3.
Or dès 1939, Penrose formula l’hypothèse d’une corrélation inverse entre le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux psychiatriques et l’effectif des populations carcérales. En d’autres termes, pour paraphraser Victor Hugo (« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons »), à trop vouloir tailler dans les dépenses de santé, on risque de pousser des marginaux vers la délinquance et l’incarcération, faute de prise en charge mieux adaptée. Dans le même esprit, on a dit aussi qu’à l’image de l’Empire Romain avec son fameux « Panem et circenses » (Du pain et des jeux) résumant la politique d’évergétisme[3], l’état achète la paix sociale en accordant des allocations (équivalent du « pain » antique) et en instituant des divertissements, formes modernes des « jeux du cirque » : télévision, compétitions sportives, jeux de hasard, courses hippiques…
Une étude britannique a évalué l’application de cette « loi de Penrose » à l’évolution psychiatrique et carcérale dans 6 états d’Amérique latine depuis 1990, année où fut signée la Déclaration de Caracas[4]. Les auteurs constatent une « diminution de 2 % à 72 % » du nombre de lits dans les services psychiatriques de ces pays et, parallèlement à cette réduction (parfois drastique) de l’offre intra-hospitalière de soins en psychiatrie, une « augmentation de 16 % à 273 % du nombre de personnes emprisonnées. » L’analyse des données confirme l’existence d’une « relation inverse » statistiquement significative entre le nombre de lits en psychiatrie et la taille des populations carcérales : en moyenne, la disparition d’une place en psychiatrie s’accompagne de 5,18 prisonniers supplémentaires (intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 3,10–7,26 ; p = 0,001) mais cette association est ramenée à 2,78 prisonniers en plus (IC 95 : 2,59–2,97 ; p< 0,001) après la prise en compte d’un facteur confondant (la croissance économique). Et cette « loi de Penrose » demeure « pratiquement inchangée » en intégrant une autre variable, l’inégalité des revenus. Les auteurs estiment qu’il est nécessaire de consacrer d’autres recherches à la « compréhension des raisons » de cette association inverse prévue par Lionel Penrose.
[1] http://mcescher.frloup.com/oemonteedescente.php
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Gamme_de_Shepard
[3] http://www.herodote.net/evergetisme-mot-48.php
[4] En Novembre 1990, des pays d’Amérique latine ont signé la Déclaration de Caracas visant (entre autres objectifs) à « promouvoir le respect des droits humains et civils des malades mentaux, et à restructurer l’organisation des soins psychiatriques. » [http://www.coedu.usf.edu/zalaquett/gua/CaracasDeclarationMentalHealthAmsterdam.pdf]
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Gamme_de_Shepard
[3] http://www.herodote.net/evergetisme-mot-48.php
[4] En Novembre 1990, des pays d’Amérique latine ont signé la Déclaration de Caracas visant (entre autres objectifs) à « promouvoir le respect des droits humains et civils des malades mentaux, et à restructurer l’organisation des soins psychiatriques. » [http://www.coedu.usf.edu/zalaquett/gua/CaracasDeclarationMentalHealthAmsterdam.pdf]
Dr Alain Cohen
Andreas Lubitz aurait été traité par un neuroleptique atypique
30/03/2015
Les révélations ont continué à se multiplier sur Andreas Lubitz, responsable du crash de l’A320 de Germanwings mardi dernier. De nombreux journaux ont notamment souhaité en connaître plus sur le traitement que suivait le copilote. Selon le Parisien ce matin et plusieurs journaux allemands, Andreas Lubitz s’était vu prescrire de un antipsychotique atypique l'olanzapine (Zyprexa) et un antidépresseur l’agomélatine (Valdoxan). Aujourd’hui, les psychiatres observent que sans aucun doute un tel traitement est totalement incompatible avec le pilotage d’un avion (ces deux médicaments font d’ailleurs l’objet d’une contre-indication en ce qui concerne la conduite automobile). Par ailleurs, la prescription d' olanzapine (qui est indiquée dans le traitement de la schizophrénie, de certains épisodes maniaques et parfois en prévention des récidives d'épisode maniaque) confirme que le diagnostic porté par les prescripteurs n'était pas celui de simple dépression comme la presse le laissait entendre en fin de semaine.
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Germanwings : un survol du secret médical en Europe et dans le Monde
04/04/2015
C’est un cas d’école pour les juristes : lorsqu’un avion sous pavillon allemand, décolle de Barcelone pour s’écraser en France, avec à son bord des passagers européens, américains, argentins et vénézuéliens, sur la base de quelle loi les familles des victimes vont-elles pouvoir engager la responsabilité de ceux qui seraient considérés comme juridiquement responsables de la tragédie du vol 9525 de la Germanwings ?
La réponse est loin d’être évidente. Selon le standard du droit européen, est compétente la loi du pays « où est survenu le dommage ». Mais comment définir ce lieu avec exactitude ? Le dommage est-il survenu au moment où l’avion s’est écrasé dans les Alpes françaises ou doit-on considérer que le sort des passagers était scellé au moment où, dans un bureau en Allemagne, les responsables de la Lufthansa ont laissé un co-pilote dépressif et aux tendances suicidaires aux commandes d’un A320 ?
La question a une importance : les lois françaises, allemandes ou espagnoles peuvent apprécier différemment la gravité de la faute qui pourrait être retenue à l’encontre la Compagnie Lufthansa.
A ce jour, il est vrai que la Lufthansa est loin d’être la seule partie mise en cause par l’opinion publiquequi s’interroge sur les "responsables" du drame. Désormais, le secret médical est fortement contesté, pour ne pas dire mis en accusation.
Mais en réalité, qu’aurait pu faire le médecin traitant français ou étranger face au cas Andreas Lubitz ? La question diffère bien évidemment selon les pays…
En France, un secret médical absolu
Le Code de la Santé Publique est catégorique : le secret professionnel institué dans l'intérêt des patients s'impose à tout médecin (Article R.4127-4 du Code de la Santé Publique).
En France, le secret médical impose au médecin de ne jamais révéler ce qu’il a pu voir à l’occasion de son examen, mais également ce qui lui a été confié par le patient.
Ainsi, le médecin français qui aurait averti les autorités civiles ou la compagnie Lufthansa de la situation du co-pilote se serait exposé (tout au moins en théorie) à de lourdes sanctions. En effet, le Code pénal prévoit en cas de violation du secret médical une peine allant jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.
Y avait-il un syndrome d’Érostrate dans l'avion ?
04/04/2015
Beaucoup a été écrit ou dit depuis le 24 mars sur le crash de l'A320 de la Germanwings et sur ses implications aéronautiques, juridiques, financières et bien sûr médicales. Au point que Google nous propose aujourd'hui des centaines de milliers de pages sur ce drame.
Mais ici, Alain Cohen, avec sa triple casquette de psychiatre, de spécialiste de médecine aéronautique et de féru d'histoire et de mythologie, a pris un peu plus de hauteur pour tenter de mieux entrapercevoir les multiples facettes de cette histoire humaine (forcément humaine) .
Par le Dr Alain Cohen*
« –Je le connais votre type, me dit-il. Il s’appelle Érostrate. Il voulait devenir illustre et il n’a rien trouvé de mieux que de brûler le temple d’Éphèse, une des sept merveilles du monde.
– Et comment s’appelait l’architecte de ce temple ?
– Je ne me rappelle plus, confessa-t-il, je crois même qu’on ne sait pas son nom.
–Vraiment ? Et vous vous rappelez le nom d’Érostrate ? Vous voyez qu’il n’avait pas fait un si mauvais calcul. »
(Jean-Paul Sartre, Érostrate, in Le Mur)
Après l’émotion suscitée en France par les attentats de janvier, le crash de l’A320 de la Germanwings replonge à nouveau la société (en Europe et au-delà) dans une consternation affligée. D’autant plus que, cette fois-ci (bien qu’un scénario alternatif soit toujours possible, surtout pour les aficionados des théories du complot voyant des "mains invisibles" partout), il ne semble exister aucun arrière-plan idéologique ou terroriste à l’origine de cette catastrophe, mais la folie d’un seul homme… Ou surtout d’un homme seul ?
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