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Pendant un an, le réalisateur du documentaire «Au bord du monde» a suivi des sans-abri perdus dans un Paris indifférent. Il a répondu à vos questions.
Alain Les SDF que l’on voit dans votre film ont-ils monnayé leur présence? Que leur avez-vous donné en échange de votre intrusion dans leur vie?
Claus Drexel On ne les a pas rémunérés. Déontologiquement, ça ne se fait pas dans un documentaire. Si on paye quelqu’un, il devient un acteur, on peut lui demander de faire des choses. On voulait avoir des gens qui soient libres de nous dire ce qu’ils ont envie. Mais évidemment, la parole qu’ils nous ont offerte, c’est un cadeau d’une valeur inestimable. On leur a toujours apporté ce dont ils avaient besoin: des vêtements, à manger, ou même de l’argent, mais ce n’était pas une rémunération.
Ce qui est important, c’est que mon producteur reverse une partie des recettes du film à des associations pour que tous les sans-abri puissent en profiter et pas exclusivement ceux qui ont témoigné dans le documentaire.
Carl Comment s’est dessiné l’angle de votre documentaire?
C. D. Ma démarche était l’inverse de celle d’un journaliste. Volontairement, je ne me suis absolument pas documenté avant, parce que je ne voulais pas être influencé par les expériences que d’autres avaient faites avant moi. Je voulais faire ce film un peu comme un extraterrestre arrivant de nuit sur Terre, à l’heure où tous les parisiens dorment, qui se fait une idée de notre monde, grâce aux échanges avec les sans-abri.