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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 28 janvier 2014

Louis Jehel, professeur en psychiatrie « L'équipe médicale va faire tout ce qui lui est possible »

Mardi 28 janvier 2014


Le professeur Louis Jehel, chef du service de psychiatrie et psychologie médicale, psychotraumatologie et addictologie, à l'hôpital Pierre-Zobda-Quitman, revient sur l'affaire Vincent Lambert et la question de la fin de vie.
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a suspendu, il y a quinze jours, la décision du CHU de Reims d'une euthanasie passive pour Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état de conscience minimale, et dont le sort est au coeur d'un conflit familial. Comment réagissez-vous en tant que médecin à une telle décision ?

On se retrouve dans une situation aberrante dans la mesure où c'est un tribunal administratif qui intervient sur une décision strictement médicale. Un tribunal administratif n'a pas la compétence médicale pour savoir quelle est la bonne décision à prendre. Il peut simplement se prononcer au vu des procédures, et donc sur la forme, mais il ne peut pas intervenir sur le contenu. Or, c'est ce qui se produit puisqu'il se prononce sur une décision médicale et vient la modifier, en se substituant à la difficulté de faire entendre quelque chose de commun aux différents membres de la même famille.
Qui doit décider de la fin de vie d'un patient majeur ? Sa famille, l'équipe médicale ? Doit-on prendre en compte le souhait du malade, même s'il remonte à plusieurs années ?
Lorsqu'on peut effectivement retrouver la trace écrite ou orale d'un message d'une personne sur son intention de ne pas voir prolonger les soins au-delà du raisonnable face à la gravité d'une situation, c'est extrêmement précieux. Cependant, certaines personnes de la famille préfèrent garder un doute avec l'idée qu'il faut persévérer jusqu'au bout pour maintenir l'espoir d'une réanimation efficace. Mais c'est vraiment l'équipe médicale qui a la connaissance de l'état de santé et des ressources possibles pour déterminer jusqu'où on peut aller au vu des éléments de compréhension dont elle dispose. C'est bien là toute la complexité de l'exercice. C'est pourquoi il est important que ce soit une équipe médicale expérimentée, et pas un seul médecin, qui interagisse avec la famille, avec des temps de rencontres et de discussions suffisamment approfondis, pour faire partager à la famille les éléments de connaissance de la situation et ce qui est possible ou non. Ce n'est pas la famille qui possède ces éléments de connaissance et les perspectives possibles de vie du malade, mais uniquement l'équipe médicale, la famille donne son ressenti et sa perception de la situation avec l'interférence des liens affectifs avec le patient, la représentation qu'elle peut se faire de la détresse traversée par cette personne et ses propres croyances.

lundi 27 janvier 2014

DSM-ROI - Le- La psychiatrie américaine et la fabrique des diagnostics Michel MINARD


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 « Michel Minard connaît bien mieux l’histoire des diagnostics psychiatriques américains que je ne la connais moi-même. J’ai pourtant étudié ces diagnostics pendant trente-cinq ans de ma vie professionnelle et j’ai personnellement joué un rôle dans leur évolution. Sa connaissance de petits détails reflète ses étonnantes compétences de détective et son appétit insatiable pour la lecture. Dans cette masse de données, son habileté à repérer et à tirer au clair les thèmes les plus importants témoigne de sa maîtrise de la théorie, mais aussi de l’ampleur de son expérience concrète de la pratique psychiatrique.

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L'Ehpad de Chambon-sur-Voueize expérimente des téléconsultations en psycho-gériatrie

24/01/14 En faisant l'acquisition de la plateforme de téléconsultation Lim Star à visée gériatrique, l'Ehpad creusois de Chambon-sur-Voueize prend une longueur d'avance sur de nombreux établissements. L'expérimentation de téléconsultation en psycho-gériatrie est suivi de près par l'ARS Limousin et le Conseil général de la Creuse.
C'est dans un cadre campagnard, plutôt plaisant même en plein hiver, que l'Ehpad et Service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) Le chant des rivières de Chambon-sur-Voueize (Creuse) prend place à 25 kilomètres de Montluçon. Intégré au cœur du village, seuls manquent à ce tableau les professionnels de santé. Un projet* de maison de santé dans le voisinage de l'Ehpad existe, mais cela n'est encore qu'un projet. En prenant la direction du Chant des Rivières, Gaële Jackson, directrice de l'Ehpad, a en quelque sorte souhaité faire venir coûte que coûte les médecins dans son établissement. Et pourquoi pas virtuellement ?

Une plateforme tout en discrétion

Au fond d'une pièce dédiée, un chariot blanc sur roulettes où trône un écran d'ordinateur, une webcam et des outils médicaux connectés passeraient presque inaperçus. Il s'agit d'une plateforme de télémédecine baptisée "Lim Star" conçue par la société alsacienne Néolinks. La pièce de l'Ehpad qui accueille cette plateforme comporte ce chariot, quelques chaises et une petite table, rien d'extraordinaire à première vue. Et pourtant ce matériel innovant semble devoir insuffler une vraie révolution de la prise en charge des résidents de l'Ehpad de Chambon-sur-Voueize. En s'approchant de l'objet, on aperçoit un clavier lisse lavable pouvant être facilement désinfecté mais aussi un stéthoscope, un dermatoscope ou encore un otoscope. Bientôt, l'Ehpad devrait acquérir un échographe pour compléter la panoplie. Tous ces outils d'examen clinique sont reliés à un ordinateur, de façon à pouvoir transférer les données qu'ils collectent. Un lit permet de réaliser des consultations de résidents couchés. 

Un surveillant violemment agressé par un détenu schizophrène







 
Par CATHERINE BOUTEILLE

Un détenu atteint de schizophrénie a-t-il sa place en détention ? Alors que l’on s’était intéressé, la semaine dernière, à la manière dont l’altération du discernement pouvait jouer sur un verdict, suite à la condamnation d’Adrien Frère à dix ans de réclusion criminelle pour le viol d’une Raismoise invalide, un surveillant pénitentiaire a été violemment agressé par un détenu souffrant de troubles psychiatriques.



Roche: échec de deux études sur un traitement contre la schizophrénie

21 janv. 2014

Le groupe pharmaceutique suisse Roche annoncé mardi l'échec de deux études de phase III sur la bitopertine, un traitement expérimental contre la schizophrénie. 
Dans le cadre de ces deux études, l'adjonction de la bitopertine au traitement antipsychotique n'a pas réduit de façon significative les symptômes négatifs par rapport au  à vingt-quatre semaines, a indiqué le groupe bâlois dans un communiqué.

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Connaître n’est pas mesurer

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
Tout a peut-être commencé chez de très lointains ancêtres avec la récupération des « restes » des repas destinés à être consommés le lendemain, y compris sous la forme élaborée de soupes ou gratins. Eviter le gaspillage : qui ne souscrirait à un tel principe ? Puis on a affiné, innocemment, des outils mathématiques pour rechercher « l’efficacité » : recherche opérationnelle, optimisation discrète ou continue, etc.
Il devint alors nécessaire de quantifier : les ressources disponibles, leur utilisation, le comportement des utilisateurs. Peu à peu s’est répandue la croyance naïve que tout est mesurable et quantifiable, voire que c’est la seule manière d’appréhender le réel. Une manière de prendre au pied de la lettre l’expression attribuée au philosophe français Léon Brunschvicg (1869-1944) : « Connaître, c’est mesurer » qui a inspiré, à rebours, le titre de cet article (1).

L'inceste est toujours un crime, changeons la loi

Collectif féministe contre le viol

campagne « L’inceste est toujours un crime ».


Le Collectif Féministe Contre le Viol lance des le 28 janvier 2014 une campagne de sensibilisation et de prévention grand public sur les violences sexuelles à l’encontre des enfants, campagne conçue et réalisée bénévolement par l’agence PARIS en australie, axée plus précisément sur le sujet encore tabou qu’est l’inceste.
Cette campagne s’intitule : « L’inceste est toujours un crime ».
Voir dossier de presse complet dans Dernier Dossier

Voir le spot 35'' là:
www.inceste-changeonslaloi.fr

Inceste, lorsque les mères ne protègent pas leur enfant Patrick AYOUN (ed) - Helene ROMANO (ed)


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Dans les situations d'inceste, la compréhension de la dynamique familiale, et plus particulièrement du rôle tenu par la mère, est nécessaire pour la (re)construction de l'enfant. Cet ouvrage traite d’un sujet trop souvent ignoré ou évité – les mères qui ne protègent pas leurs filles – car source de multiples enjeux liés aux secrets, à la sexualité, à la transgression de cet interdit fondamental qu’est l’inceste. Qui sont ces mères qui n'ont pas su préserver leur enfant ? Qui n'ont pas su voir ? Ou qui n'ont rien dit ? Quelle est la nature du lien mère-enfant ?

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Y a-t-il des psychanalystes sans-culottes ? Philosophie, psychanalyse et politique Bernard BAAS


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Entre philosophie et psychanalyse, nulle correspondance, si l'on entend par là l'accord harmonieux de leurs discours. « Antipathie des discours », précisait lacan.
en revanche, au sens épistolaire du mot, les correspondances entre elles n'ont pas manqué, qui sont autant d'interpellations réciproques.

Car les psychanalystes ne peuvent ignorer ce que l'histoire de leur théorie doit à la conceptualité philosophique et même à l'expérience philosophique de la pensée.
Réciproquement, les philosophes ne sauraient conjurer l'ébranlement que la psychanalyse a fait subir aux illusions métaphysiques et qui les appelle à la « reprise » - qui est bien plus qu'une simple réforme - de leur questionnement et de leur discours.

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Chine : l’acupuncture pour réduire les troubles cognitifs légers

28 janvier 2014

Acupuncture et déclin cognitif : des premiers résultats prometteurs

modele-accupuncture_
modèle d’acupuncture
Selon les premier résultats d’un essai clinique réalisé par des chercheurs chinois de l’université d’Hong Kong, l’acupuncture permet d’améliorer les fonctions cognitives des personnes âgées présentant de légers troubles.
Selon des étude épidémiologiques, 8,5% des personnes âgées de plus de 70 ans à Hong Kong souffrent de troubles cognitifs légers. Les Troubles Cognitifs Légers entraient souvent des pertes de mémoire, même si les symptômes au départ sont peu importants, ils peuvent s’aggraver avec le temps et entrainer un déclin cognitif et intellectuel plus important, affectant la mémoire, la compréhension, les capacités de communication, de jugement… .
Les équipes chinoises ont lancé un essai clinique pilote en aout dernier. Pour cet essai 7 patients âgés de 65 à 79 ans et souffrant de troubles cognitifs légers ont suivi un traitement par acupuncture d’une durée de 8 semaines. Après 24 séances, il a été mesuré que leur fonctions cognitives se sont améliorées.

Transformation Amoureuse et Mariage du 13ème Type

THEATRE ROMAIN ROLLAND de VILLEJUIF

Depuis février 2013, patients et soignants des centres de jour des Hôpitaux Paul Guiraud à Villejuif et Ville-Evrard à Montfermeil, ont écrit, puis interprété et réalisé deux courts métrages de fiction dans le cadre d'ateliers avec la réalisatrice Vero Cratzborn entourée de 9 autres intervenants techniques et artistiques. 

Découvrez en avant-première ces deux films qui proposent un réel transformé, tendre, surprenant et plein d'humour.


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Quand la pauvreté se révèle dans les grandes villes

MARIE PIQUEMAL

Voilà de quoi nourrir le débat à l’approche des élections municipales. Une étude, publiée ce mardi par le bureau d’analyse Compas (Centre d’observation et de mesure des politiques d’action sociale), révèle les taux de pauvreté, ville par ville. Où vivent les plus démunis ? Ont-ils quitté les centres des grandes villes avec la flambée des prix de l’immobilier ? Louis Maurin, consultant pour le bureau Compas et directeur de l’Observatoire des inégalités, a dépiauté avec sa collègue Violaine Mazery les données fiscales de 2011 fournies par l’Insee, ajoutant les prestations sociales et retirant les impôts, pour avoir une vision la plus juste possible des niveaux de vie. Les résultats réservent quelques surprises.

LE TAUX DE PAUVRETÉ VARIE DE 7% À 45%

Dans une ville comme Roubaix (Nord) par exemple, 45% des ménages sont considérés comme pauvres, c’est-à-dire disposant de moins de 60 % du revenu médian national (1) (après impôts et prestations sociales). Soit moins de 977 euros par mois en 2011. A l’extrême opposé, à Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison ou Versailles, près de Paris, seuls 7 % des habitants vivent avec moins de 977 euros par mois. «Quand on parle de pauvreté de façon globale en France, on oublie qu’il existe d'importants écarts entre les villes. On a fait le calcul sur les cent plus grandes communes, le taux de pauvreté varie de 7 à plus de 40 %, ce qui fait un rapport de un à six, c’est énorme», commente Louis Maurin. Rappelons qu’à l’échelle nationale, 14,3 % des ménages sont en dessous du seuil de pauvreté.

DE LA PAUVRETÉ PARTOUT, UN PEU MOINS À L'OUEST

Comparer les taux de pauvreté des communes de plus de 50 000 habitants ne permet pas définir des zones géographiques où serait concentrée la pauvreté. «Notre classement fait ressortir des communes de localisation très diverse», indique l’étude. Parmi les communes dont la population est le plus en difficulté, on trouve des villes du Nord comme Roubaix, Calais ou de l'Est comme Mulhouse.
Apparaissent aussi, en haut du classement, la Réunion, avec 44 % de personnes en dessous du seuil de pauvreté à Saint-Pierre, 43 % à Tampon et 39 % à Saint-Paul. Suivi de près par Fort-de-France, en Martinique, avec un taux de pauvreté de 33 %.

Les villes du sud de la France métropolitaine ne sont pas épargnées non plus, notamment Béziers (33 %), Perpignan (32 %), Avignon (30 %) ou Nîmes (29 %). On trouve aussi des grandes villes de la banlieue parisienne comme Aubervilliers, Pantin, Sarcelles. Enfin, certaines grandes métropoles comme Marseille, Montpellier ou Lille figurent aussi parmi les communes qui comptent le taux de pauvreté le plus élevé. «Seul l’Ouest de tradition moins inégalitaire et moins marqué par la crise, est moins représenté», dans ce classement.
«Il est intéressant de voir que si on change d’échelle des communes comparées, les résultats varient»,  souligne Louis Maurin. En prenant les villes de plus de 10 000 habitants, le classement n’est plus du tout le même. En tête: cinq communes de La Réunion, notamment la ville du Port qui enregistre un taux de pauvreté de 55 % ! Suivent des villes du Nord de la France, avec Roubaix et Denain qui comptent 45 % d’habitants en dessous du seuil. Puis, la banlieue parisienne se distingue très nettement: Clichy-Sous-Bois (45 %), Grigny (43 %), Garges-Les-Gonesse (40 %), La Courneuve (40 %).

IL RESTE DES QUARTIERS PAUVRES À PARIS


Paris (cliquer sur les arrondissements pour avoir les données)
Là encore, tout est une affaire de focale. Pris dans son ensemble, Paris compte 14 % de pauvres, et se situe donc dans la moyenne nationale (14,3 %). Mais si l’on regarde par arrondissement, le tableau n’est plus du tout le même. Les écarts sont importants : on compte trois fois plus de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le XIXe, XVIIIe et XXe arrondissements que dans le VIIe ou VIIIe. Louis Maurin va plus loin. «Quand on observe encore plus dans le détail, quartier par quartier, la pauvreté réapparaît encore plus. Dans un arrondissement comme le XIXe, vous avez 200 000 habitants. Donc, forcément la moyenne cache des disparités.» En scrutant quartier par quartier, on retrouve des taux de pauvreté très élevés. Entre 35 et 50 % dans les quartiers de Belleville, La Villette ou la Goutte d’or.
Marseille (cliquer sur les arrondissements pour avoir les données)
Même travail sur Lyon et Marseille. Là encore, la moyenne à l’échelle de la ville, cache de fortes disparités entre les arrondissements. A Marseille, surtout. Dans le IIIe arrondissement, le bureau Compas évalue le taux de pauvreté à 55%. Et à 43% et 44% dans les arrondissements voisins du Ier et IIe, autour du Vieux port. «Qu’on arrête de dire que la pauvreté n’est aujourd’hui présente qu’en périphérie et dans les petites villes. Cette étude montre que ce n'est pas vrai», conclut Louis Maurin.
A LIRE AUSSI notre décryptage sur les inégalités à Marseille
Lyon (cliquer sur les arrondissements pour avoir les données)
(1) Le revenu médian national est celui qui partage la population en deux parties égales. 50% de la population dispose de moins, et 50% dispose de plus pour vivre.

samedi 25 janvier 2014

La sexualité, sujet tabou dans les hôpitaux psychiatriques

Le Monde Blogs 

Dans les institutions psychiatriques, la sexualité des patients fait l’objet d’un interdit tacite. Pourtant, elle existe, clandestine et dangereuse. Sujet tabou en France, moins en Suisse ou en Allemagne.
Amours fous, sexe tabou. Guillaume Duchemin
Amours fous, sexe tabou. Guillaume Duchemin
« On a beaucoup discuté avec Sandra, maintenant on aimerait passer à la vitesse supérieure … Mais partager le même lit est interdit à l’hôpital », confie Malik (tous les prénoms ont été changés pour des raisons de confidentialité), la trentaine, les traits marqués mais le regard doux, un paquet de cigarettes dans une main, la main de son amie Sandra dans l’autre. Assis dans un coin de la cafétéria, le jeune couple boit un café. Sandra a gardé son bas de pyjama vert. Ils ont fait connaissance il y a trois mois à l’Etablissement public de santé mentale de Ville-Evrard (Seine-Saint-Denis), où ils sont toujours patients.
Sur le site principal de l'hôpital, les patients peuvent séjourner des mois, voire des années. Ils sont près de 200 à vivre dans des pavillons de deux étages répartis dans un parc de 70 hectares. Ils se retrouvent dans une cafétéria qui leur est réservée. La salle bariolée, décorée de leurs œuvres d’art, est pleine d’éclats de rire, de folie, de violence. Les relations s’y tissent.
Sexualité interdite
Selon le rapport intitulé Prévention de la transmission du VIH en psychiatrie, synthèse d'une recherche menée sous la direction du Dr Christiane Charmasson en 1997 dans cinq établissements psychiatriques français, dont celui de Ville-Evrard, près des trois quarts du personnel interrogé disaient avoir eu connaissance de relations sexuelles entre patients au sein de l’hôpital. Une situation à laquelle ils doivent faire face sans avoir été formés et sans disposer de directive précise.


Réparer les vivants

MAYLIS DE KERANGAL

Parution : 02-01-2014

AÏE – Rester assis trop longtemps est dangereux pour la santé

Le Monde Blogs 23 janvier 2014
Les méfaits de la position assise, expliqués par le "Washington Post".
Les méfaits de la position assise, expliqués par le "Washington Post".
En 2009, 75 % des actifs français travaillaient dans le secteur tertiaire, selon l'Insee. Sur ces 25,6 millions de personnes, il y a fort à parier que la grande majorité passe sa journée dans un bureau, devant un ordinateur… On se doute que rester assis toute la journée n'est pas très bon pour la santé, mais en quoi, exactement ?
A l'aide de quatre experts, le Washington Post vous explique tout dans une infographie méthodique, qui fait l'inventaire des effets néfastes pour le corps de la position assise ("sitting disease"), des plus évidents, comme le mal de dos, aux plus inquiétants, comme le cancer du colon.
Ainsi l'on apprend qu'être assis huit heures par jour – la moyenne pour un adulte américain, relève le quotidien – provoque des maux "de la tête aux pieds". Petit passage en revue des réjouissances : maladies du cœur et du pancréas, dégénérescence des muscles, problèmes de circulation, et même… ralentissement du cerveau, parce qu'assis "tout ralentit" !

Un neurone des « intuitions sociales » ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
Lorsqu'on parle du cerveau humain, la plupart des gens pensent aux grandes facultés, intelligence, raisonnement, conscience, puis à la taille de l'organe et à la matière qui le compose : les neurones. Chacun sait ce qu'est un neurone, et d'ailleurs la question qui revient toujours est : combien y en a-t-il dans notre cerveau ? Il est moins fréquent de se voir poser la question de la variété des types de neurones qui peuplent notre encéphale. Si motoneurone ou neurone sensoriel vous sont des termes familiers, connaissez-vous les cellules granulaires, pyramidales, étoilées, en panier ou fourchées ? Si toutes disposent d'un noyau, d'un axone (qui transmet l'influx nerveux) et de dendrites (qui le reçoivent d'autres neurones), il existe une grande diversité de formes qui sont liées à la localisation des neurones, à la nature de leurs interactions, à leur vitesse de conduction et, in fine, à leur fonction.
Des chercheurs se passionnent actuellement pour une cellule appelée le « neurone de von Economo » (NVE), du nom du célèbre anatomiste autrichien (1876-1931) qui fut le premier à le décrire. Sa particularité ? Un corps cellulaire fusiforme de grande taille, un axone très long qui lui permet de communiquer rapidement avec des régions cérébrales distantes et un arbre dendritique unique et touffu pour capter les signaux issus de différentes couches corticales. Les NVE sont très rares dans le règne animal et leur nombre augmente avec l'hominisation. Peu nombreux à la naissance, ils émergent vers le huitième mois et deviennent opérationnels vers l'âge de 3 ans.

Panser la migraine des enfants

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
« Depuis la rentrée scolaire, c’est infernal, j’ai entre trois et dix migraines par mois, et des céphalées de tension presque tous les jours. En fait, il n’y a que deux ou trois jours par mois où je n’ai pas mal à la tête », détaille Juliette (son prénom a été changé), 15 ans. Suivie de longue date au Centre de la migraine de l’enfant et de l’adolescent, à l’hôpital Trousseau (Paris), la jeune fille a appris à distinguer ses différents types de céphalées. Comme la plupart des enfants migraineux, elle souffre à la fois de migraines, des « gros maux de tête » qui évoluent par crises et obligent en général à arrêter toute activité ; et de céphalées de tension, des « petits maux de tête » moins invalidants et qui passent sans médicament.

Dessin d'enfant migraineux extrait de l'ouvrage "Migraine, céphalées de l'enfant et de l'adolescent", sous la direction de Daniel Annequin, Barbara Tourniaire et Rémy Amouroux (éditions Springer, 228 p., 50 euros).
Pour comprendre les causes de cette recrudescence des crises chez sa patiente, Daniel Annequin, responsable de ce centre de référence, fait redérouler à Juliette le fil de sa vie depuis la dernière consultation, il y a deux ans. Il la questionne sur l’ambiance au lycée, le climat familial, les facteurs déclenchants des maux de tête, leurs conséquences en termes d’absentéisme scolaire…
Au Centre de la migraine de l’enfant, structure unique en son genre en France, créé en 2002 par des spécialistes de la douleur en pédiatrie, les professionnels disposent d’un atout essentiel : le temps. La consultation peut durer jusqu’à une heure et demie, permettant aux médecins d’explorer à fond l’histoire médicale et les symptômes de leurs petits patients, mais aussi le contexte psychosocial, une dimension « souvent négligée mais fondamentale », insistent les membres de l’équipe.

Le Pr Pierre Carli dénonce "l'utilisation à deux vitesses" des hélicoptères sanitaires


Pour le CNUH, le recours aux hélicoptères sanitaires est trop peu optimisé entre hélismur et Sécurité civile. Son rapport pousse à contractualiser cette mission santé et à confier sa gestion aux ARS. Le tout en pérennisant le financement, en adaptant les structures hospitalières et en anticipant les évolutions réglementaires.

Dans la suite des premiers éléments divulgués en mars 2013 lors des Journées annuelles d'études de l'Association française des utilisateurs des hélicoptères sanitaires hospitaliers (AFHSH, lire ci-contre), le Pr Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), a remis le16 janvier dernier son rapport final au ministère des Affaires sociales et de la Santé. Et le constat évoqué il y a un an n'a pas varié d'un iota : entre les hélismur et les hélicoptères d'État (Sécurité civile, Gendarmerie...), il existe actuellement "une utilisation à deux vitesses des moyens héliportés pour les urgences médicales" qui impose désormais d'"uniformiser" la prise en charge des patients. En effet, "l'implantation des hélicoptères n'est pas optimisée, insuffisante dans certains cas, redondante dans d'autres", commente Pierre Carli, pointant l'absence de stratégie nationale de couverture du territoire. Par conséquent, importe-t-il d'une part de formaliser un contrat de la mission santé pour les hélicoptères sanitaires, et d'autre part de confier aux ARS le soin d'élaborer une organisation régionale de ces équipements.

Geneviève Fioraso promet de nouvelles expérimentations d'accès aux études de santé en 2014



C'est dans le cadre du musée du Quai Branly à Paris, après avoir écouté le Cœur Paris 4 Sorbonne, que Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a présenté ce 21 janvier ses vœux au monde de le Recherche et de l'Enseignement supérieur et dressé un bilan de l'année 2013. Une année marquée par trois textes de lois d'importance. La loi du 8 juillet 2013, qui a permis entre autres la création des Écoles supérieures de professorat et d'éducation (Espe). La loi du 22 juillet 2013, dont le fil conducteur, a rappelé Geneviève Fioraso, est "la contribution de l'enseignement supérieur et de la recherche au redressement de notre pays". Enfin, dernier texte important adopté, la loi du 6 août 2013, portant révision de la loi de bioéthique, qui autorise sous condition la recherche sur les cellules souches embryonnaires. "Nous avons trouvé un bon équilibre entre les impératifs de la recherche et les notions d'éthique", s'est félicité Geneviève Fioraso. Et de rappeler que dans le domaine de la recherche biomédicale, la France, ces dernières années, avait chuté de la 5e à la 17e place mondiale. 
Pour 2014, la ministre a annoncé que "des textes importants sont d'ores et déjà prêts… Les textes sur l'expérimentation des conditions d'accès aux études de santé vont aussi nous permettre de diversifier l'accès aux études de médecine".

Des parlementaires invitent à se préparer sans tarder à la médecine personnalisée



L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), saisi par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, vient de publier un rapport sur la médecine personnalisée. Quelle que soit la définition retenue, indiquent alors les parlementaires*, elle implique "un changement de paradigme dans l'approche du traitement de la maladie qui entraîne des bouleversements socio-économiques importants dans le secteur de la santé et exige de garantir l'égalité d'accès au soins et la protection des citoyens". Il faut dès lors "s'y préparer sans tarder", estiment-ils. Ils évoquent en effet de nouveaux métiers et de nouveaux acteurs, notamment les biologistes du génome et les bio-informaticiens, ou encore la mise en commun des savoirs des grands laboratoires de l'industrie pharmaceutique, la définition de normes de gestion des données génétiques et des dossiers médicaux personnels... Et au-delà de l'oncologie, qui est le domaine essentiel de la médecine personnalisée, elle devrait aussi être plus utilisée dans le champ de la prévention, considèrent les auteurs.

vendredi 24 janvier 2014

L'inquiétante étrangeté de l'art brut s'expose à Sainte-Anne

LE MONDE | Par 

"Qui trace", de Michèle Burles (1948), collection Alain Bourbonnais, dans le cadre de l'exposition d'"art brut" à l'hôpital Sainte-Anne de Paris (14e) jusqu'au 16 février 2014.
"Qui trace", de Michèle Burles (1948), collection Alain Bourbonnais, dans le cadre de l'exposition d'"art brut" à l'hôpital Sainte-Anne de Paris (14e) jusqu'au 16 février 2014. | MICHÈLE BURLES

Architecte de formation, Alain Bourbonnais (1925-1988) a été l'un des continuateurs du travail de l'artiste Jean Dubuffet. Initié par lui à l'« art brut », il lui consacre une galerie à partir de 1972, où il amasse une collection si considérable qu'il finit, en 1982, par la transférer dans un village de Bourgogne, où elle devint La Fabuloserie. On peut toujours la visiter, à Dicy, dans l'Yonne.
On peut aussi en visiter une anthologie en une centaine de dessins et assemblages présentés à l'hôpital Sainte-Anne dans les salles souterraines du Centre d'étude de l'expression. Le lieu est éminemment historique, puisque c'est à Sainte-Anne qu'eurent lieu, à partir de 1950, des expositions consacrées à ce qui était désigné alors le plus souvent comme « art des fous ». Le Centre lui-même y a été fondé il y a trente ans et demeure l'un des pôles de la recherche sur ces formes très difficilement explicables de création.

«au bord du monde» : la montée des marges

DIDIER PÉRON


«Vivre dehors, ça casse, ça use, ça tue. On n’est pas en état, on tient pas le coup…» C’est Wenceslas qui parle, assis sur un banc, son chariot chargé à bloc et garé derrière lui. Avec sa barbe et son bonnet de marin, il a l’air d’un capitaine jovial en attente d’un départ imminent pour une destination lointaine. Mais en réalité, ses grandes traversées le mènent non à l’aventure du grand large, mais aux abords des magasins rutilants de la Madeleine, à Paris, pour récupérer la nourriture invendue qui lui permette de tenir. Il dit qu’après quatre ans à la rue, il en a marre. DansAu bord du monde, ils sont une dizaine de personnes à s’exprimer ainsi frontalement, racontant leur expérience de la pauvreté.
Claus Drexel a tourné pendant un an, d’avril 2012 à mars 2013, il est sorti «en maraude» avec son équipe quatre ou cinq nuits par semaine, accumulant une centaine d’heures de rushs : «Les deux premiers mois, on a circulé dans Paris avec les équipes du Samu social, on a rencontré énormément de monde et, au terme de cette première approche, on a tourné avec une quarantaine de personnes [il n’en reste qu’une dizaine dans le film, ndlr], et je me suis rendu compte qu’il y avait une pluralité de problèmes possibles à traiter. Mais ce qui m’a touché, c’est que certaines personnes sont confrontées à des problèmes qui vont bien au-delà des questions économiques.» Les moments de tournage sont donc nocturnes, à l’heure où l’activité sociale reflue, où le bruit incessant des voitures se fait moins harcelant. Les sites les plus prestigieux de la capitale (la Concorde, le Louvre, le Jardin des Plantes, l’Arc de Triomphe…) défilent, étrangement déserts. «Je suis un grand admirateur de Werner Herzog, explique Claus Drexel, Français d’origine bavaroise, longtemps chef op et auteur d’un long métrage de fiction, Une affaire de famille, sorti en 2008. Pour reprendre ses termes, il y a la réalité comptable et la réalité extatique. Je voulais styliser le film de telle sorte que ces SDF que nous rencontrions apparaissent comme les derniers survivants d’un Paris post-apocalyptique. Paris, c’est une ville archétypale, la cité d’or dont ces SDF seraient les gardiens veillant sur des monuments historiques qui sont aussi leurs seuls refuges.»