NEUROLOGIE
Des spécialistes du cerveau alertent sur l'urgence à relancer la recherche
Anne Jeanblanc
Des spécialistes du cerveau alertent sur l'urgence à relancer la recherche
Anne Jeanblanc
16/09/2010
Le cerveau manque de têtes chercheuses ! C'est ce qu'estiment la Société des neurosciences, la Société française de neurologie et la Fédération pour la recherche sur le cerveau qui organisent, jeudi, au Collège de France à Paris, un colloque baptisé "Priorité cerveau". Leur objectif est de relancer l'idée d'un "plan cerveau" pour la prise en charge de l'ensemble des maladies neurologiques et psychiatriques. "Il faut renforcer la recherche fondamentale en lien avec les neurologues et les psychiatres, afin de mieux comprendre le cerveau pour pouvoir le réparer", estime le neurobiologiste Étienne Hirsch, de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris.
Actuellement, les spécialistes estiment qu'en Europe, 127 millions de patients sont touchés par une ou plusieurs maladies du cerveau, dont environ 15 millions en France. En Europe toujours, 35 % des dépenses de santé sont liées à ces pathologies et, rien qu'en France, les coûts induits par les maladies mentales et neurologiques atteignent les 40 milliards d'euros par an. "Et pourtant, les investissements pour la recherche dans les affections du système nerveux ne s'élèvent qu'à 4 milliards d'euros pour l'ensemble de l'Europe", regrette le Pr Olivier Lyon-Caen, de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Les deux tiers de ces dépenses sont attribués aux troubles psychiatriques. La recherche en psychiatrie dispose de moins de 2 % du budget global de la recherche en France, alors que les maladies mentales touchent 18 % de la population.
Coordonner toutes les actions existantes
À l'occasion du colloque "Priorité cerveau", les spécialistes vont présenter un ouvrage portant le même titre*, qui établit un état des lieux de la recherche et qui expose les dix priorités sur lesquelles devrait être fondé le "plan cerveau". Parmi elles, les neurologues "exigent une ligne de financement propre pour la recherche sur le cerveau qui pourrait émaner d'une fondation dédiée". Ils souhaitent une réorganisation de la recherche, afin de "la rationaliser, la coordonner et lui donner une plus grande lisibilité nationale et internationale". À l'image de l'Institut national du cancer (INCa), ils proposent la création d'un "grand institut national sur le cerveau et ses maladies avec un réel plan cerveau fédérant les nombreuses actions existant déjà, mais non coordonnées (plan Alzheimer, AVC, autisme, etc.), et associant tous les acteurs de la recherche et de la société".
Parmi les autres priorités, ils placent en tête de la liste le renforcement de la recherche fondamentale sur la connaissance du développement, du vieillissement et de la physiologie du cerveau, puis le renforcement du caractère pluridisciplinaire de la recherche en neurosciences, avec la chimie, les nanotechnologies, les mathématiques et les sciences humaines et sociales. De plus, ils suggèrent de créer des centres de recherche "translationnelle" entre la recherche fondamentale, la neurologie et la psychiatrie. "Il suffirait de dix à quinze centres en France, situés idéalement dans les grandes structures hospitalo-universitaires", selon le Pr Lyon-Caen. Enfin, pour faciliter l'accès aux données et donc rendre la recherche plus efficace, les neurologues demandent la création de centres de gestion, de stockage et d'analyse des données cliniques, d'imagerie et biologiques pour les maladies neurologiques et psychiatriques.
* Ouvrage collectif sous la direction du Pr Olivier Lyon-Caen et d'Étienne Hirsch, éditions Odile Jacob, 432 pages, 29 euros.
Parmi les autres priorités, ils placent en tête de la liste le renforcement de la recherche fondamentale sur la connaissance du développement, du vieillissement et de la physiologie du cerveau, puis le renforcement du caractère pluridisciplinaire de la recherche en neurosciences, avec la chimie, les nanotechnologies, les mathématiques et les sciences humaines et sociales. De plus, ils suggèrent de créer des centres de recherche "translationnelle" entre la recherche fondamentale, la neurologie et la psychiatrie. "Il suffirait de dix à quinze centres en France, situés idéalement dans les grandes structures hospitalo-universitaires", selon le Pr Lyon-Caen. Enfin, pour faciliter l'accès aux données et donc rendre la recherche plus efficace, les neurologues demandent la création de centres de gestion, de stockage et d'analyse des données cliniques, d'imagerie et biologiques pour les maladies neurologiques et psychiatriques.
* Ouvrage collectif sous la direction du Pr Olivier Lyon-Caen et d'Étienne Hirsch, éditions Odile Jacob, 432 pages, 29 euros.