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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 29 mai 2011

30 avril 2011

Le moment philosophique des années 1960 en France
sous la direction de Patrice Maniglier

5
Avril 2011 - PUF, Paris -
Collection Philosophie française contemporaine

Les années 1960 furent le théâtre de l'un des épisodes les plus brillants de l'histoire de la pensée philosophique en France. Elles s'ouvrirent sur le triomphe public du structuralisme, avec La Pensée sauvage de Lévi-Strauss, se continuèrent par le renouvellement du marxisme proposé par Althusser et de la psychanalyse par Lacan, et s'achevèrent avec une série d'oeuvres comme celles de Foucault, Deleuze, Derrida et Lyotard, qui ont décidé du visage de la philosophie contemporaine.

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samedi 28 mai 2011

L’aidant sexuel selon une femme handicapée

Par MAUDY PIOT Psychanalyste, présidente de "Femmes pour le dire, femmes pour agir"

Récemment Libération a publié plusieurs textes ayant trait à la prostitution. L’un était signé de Philippe Huneman, philosophe, «Payer pour jouir, est-ce mal ?» ; dans ce même numéro une déclaration de Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale ; enfin une réponse à Roselyne Bachelot signée d’Alexis Girszonas, étudiant et conseiller municipal, membre du PS, sous le titre : «Sexe et handicap : ma réponse à Roselyne Bachelot».

Plusieurs thèmes se télescopent. Dans le premier cas il s’agit de promouvoir une politique «abolitionniste tempérée» en incriminant les «clients». Dans le second cas, tout au contraire, il s’agit d’aménager la législation sur le proxénétisme en autorisant les services d’aidants sexuels pour les personnes handicapées. Mais dans les deux cas, on parle bien de prostitution. Quel que soit l’habillage sémantique, les aidants sexuels (femmes ou hommes) représenteraient une forme de prostitution professionnalisée.

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mercredi 25 mai 2011

Quel avenir pour la psychiatrie : un asile-prison extensif, ou une liberté à reconquérir ?

Edition : Contes de la folie ordinaire  
Psychiatre des Hôpitaux23 mai 2011
Quel avenir pour la psychiatrie : asile-prison extensif, ou une liberté à reconquérir ?

1 L’asile-prison étendu au domicile en 2011

N’est-il pas pertinent d’anticiper et de montrer aux élus et à chaque citoyen les conséquences de cette loi sur l’obligation des
soins
, surtout depuis que nous savons que l’UNAFAM a demandé de la compléter dès septembre d’un « Plan Psychique »[1] élaboré à la demande du Président de la République ?

L’idéologie
de ce plan et ses propositions concrètes viennent éclairer l’idéologie de la loi.

L’UNAFAM s’appuie sur deux idées simples : la première, théorique, se veut la contradiction de la définition des Maladies mentales par Henri Ey, de notoriété mondiale, celui-ci les définissait comme « des pathologies de la liberté » au croisement de paramètres multiples. L’UNAFAM affirme que cela n’a pas de sens car selon elle les troubles psychiques sont le fait de troubles organiques, que la chimie et l’éducation peuvent remettre en ordre. Cette idée lui permet d’imposer une seconde idée : les malades mentaux sont des êtres ayant « perdu leurs capacités », il suffit donc de les entourer de toute une suite de mesures de protection auxquelles ils doivent se soumettre et obéir.

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Hospitalisation d’office : examen express à l’Assemblée
24/05/2011

Les députés ont bouclé lundi au pas de course l’examen en seconde lecture du projet de loi réformant les soins psychiatriques sous contrainte. Le vote solennel doit avoir lieu le mardi 31 mai, avant un retour du texte au Sénat.

Programmés tout au long de cette semaine, les débats à l’Assemblée sur la réforme de l’hospitalisation sous contrainte ont tourné court. Lundi, les députés ont achevé l’examen du projet de loi en seconde lecture en ne modifiant que très légèrement le contenu de ses 15 articles revus par les sénateurs le 13 mai dernier.

Du côté de l’opposition, hormis une motion de rejet préalable du texte non adoptée en ouverture de séance, des députés de gauche ont tenté en vain quelques retouches, comme la réduction de la période obligatoire d’observation en hospitalisation de 72 à 48 heures lorsqu’une procédure de soins sous contrainte est engagée. Le rapporteur UMP Guy Lefrand a précisé que cette période de 72 heures taxée de « garde à vue psychiatrique » ne constituait qu’un délai maximal. « Si, au bout de vingt-quatre, trente-six ou quarante-huit heures, le psychiatre estime que le patient peut sortir, il peut l’autoriser à le faire », a-t-il ajouté. Hormis les amendements rédactionnels ou de coordination adoptés, un amendement du rapporteur du projet de loi a supprimé la précision apportée par les sénateurs concernant la notion de soins sans consentement en tant que soins auxquels le patient n’est pas à même de consentir du fait de ses troubles mentaux. « C’est une périphrase particulièrement longue, qui ne correspond pas à la réalité puisqu’elle ne tient pas compte des patients hospitalisés d’office et qui est suffisamment complexe pour que les administrateurs du Sénat eux-mêmes n’aient pas réussi à l’introduire partout dans le texte », a justifié Guy Lefrand.

Un rapport sur l’IPPP.

Le cas spécifique de l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (IPPP) a par ailleurs été abordé lundi dans l’Hémicycle. Les députés ne sont pas revenus sur une disposition introduite par les sénateurs qui prévoit une modification du statut de cette institution, comme l’a recommandé le contrôleur général des lieux de privation des libertés (CGLPL) dans un avis publié en mars dernier. « Nous avons la volonté de faire évoluer cette structure en structure d’accueil sanitaire. Il faut travailler pour cela sur la modification de son statut. Nous avons six mois pour élaborer un rapport et vous faire des propositions. Nous pourrons alors avoir une idée plus précise de la structure à mettre en place pour remplacer l’IPPP », a déclaré Nora Berra.
DAVID BILHAUT

Point de vue

Soins sans consentement en psychiatrie : de la prééminence du juge sur le préfet

25.05.11

La révision de la loi des soins sans consentement en psychiatrie, qui vient d'être votée en première lecture par les deux Assemblées, a rencontré une opposition forte des professionnels sur un point central : l'importance des pouvoirs accordés aux Préfets. La révision de cette loi a été réclamée par le Conseil Constitutionnel qui a rappelé récemment que seule l'autorité judiciaire est fondée à prononcer des mesures de contrainte. Ainsi, à l'Assemblée Nationale et au Sénat, en ne prenant en compte que les aspects sécuritaires, on a bien introduit un contrôle par le Juge mais on a laissé subsister une rivalité d'autorité entre Préfets et Juges qui viendra immanquablement compliquer de nombreuses situations. Il va de soi que nous réclamons de la simplicité et de la cohérence : un seul maître à bord pour décider de l'obligation de soin ! Le Juge est bien entendu la personne la plus appropriée, il constituera enfin un interlocuteur visible pour les malades qui pourront s'exprimer avec un être humain et n'en seront plus réduits à déchiffrer des documents administratifs souvent abscons. Pour nous, il est clair qu'il appartient à la Police et aux Préfets de faire respecter l'ordre public; le travail des médecins consiste à soigner les malades et à rédiger le cas échéant des certificats médicaux ; c'est au Juge qu'il revient de prononcer les obligations de soins.

Si l'introduction du Juge est ressentie favorablement par la plupart des acteurs de terrain, un autre problème persiste : sa mise en application. Deux modalités sont prévues : - soit une " visio conférence " entre le Juge, le patient, son avocat et ses médecins, depuis une salle de l'hôpital : il s'agit là d'une modalité granguignolesque qui méconnait totalement les problèmes de santé présentés par nos malades : vous imaginez un patient délirant persécuté ou mystique, et de plus en crise (le contrôle devant inter venir dans les premiers jours), s'exprimer devant une caméra! ? - soit un transport des patients au tribunal pour une audience, ce qui ne sera jamais réalisable, nulle part en France. En effet, en psychiatrie, les patients sont toujours accompagnés par des soignants pour des raisons thérapeutiques et de sécurité; or l'on connaît la pénurie que connaissent actuellement nos hôpitaux en infirmiers qui ne pourront donc pas accompagner les malades au Tribunal. D'ailleurs, a-t-on seulement un peu réfléchi à ce qui allait se passer au niveau du Tribunal ? Par exemple, à Paris plusieurs centaine de patients devront être auditionnés chaque semaine : a-t-on prévu des salles d'attente spécifiques au Tribunal ? Y aura-t-il sur place du matériel adapté, la possibilité de faire des injections médicamenteuses, si nécessaire…? Car il ne faut pas se leurrer les malades devront attendre leur tour pour être entendus par le Juge: d'où la possibilité de survenues d'états d'agitation, sans compter les risques de fugues etc. Et le transport, comment l'organiser? Par convois (de sinistre mémoire), dans des camions spécialisés, comme pour les détenus ? Mais il se trouve justement que nos malades ne sont pas des détenus et que se sont eux qui vont pâtir le plus de cette situation (je vous le demande : aurait-on l'idée de transporter au tribunal un accidenté de la route fraichement hospitalisé, pour s'assurer de la légalité de ses soins ? Ou un comateux en phase de réveil ?). Il n'est absolument pas raisonnable pour la santé des patients d'envisager de tels transports: ils ont à ce stade de leur maladie besoin de soins et d'attention et certainement pas d'aller attendre au Tribunal. La seule réponse possible pour que le système fonctionne et pour que la Loi soit respectée, c'est que ce soit le Juge qui se déplace, comme dans tous les pays civilisés : à Bruxelles, Stockholm ou Amsterdam aussi bien qu'aux Etats-Unis ou qu'en Australie, le Juge tient audience deux à trois fois par semaine dans chaque hôpital.

Docteur Gilles Vidon, chef du service de psychiatrie générale du XIIe arrondissement de Paris


Sondage : 82 % des Français disent faire confiance aux médicaments

24/05/2011
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Réalisé en pleine polémique sur l’affaire Mediator, un sondage TNS Sofres (1) pour le compte du syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique (LEEM) montre que 82 % des Français font toujours confiance (plutôt ou tout à fait) au médicament, une confiance accrue lorsque les médicaments sont délivrés sur ordonnance (94 %). Ce qui n’empêche pas les mêmes Français de considérer à 94 % que les médicaments sont des produits actifs présentant certains risques.   Imprimer 

Selon cette même étude, 42 % des personnes interrogées déclarent prendre des médicaments tous les jours et 70 % des Français disent respecter leur traitement à la lettre. Parmi les « sources de confiance » pour informer sur les médicaments, les Français classent d’abord, et de très loin, les médecins (82 %) puis les pharmaciens (57 %) devant les proches et associations (8 %). Mais deux Français sur cinq trouvent malgré tout insuffisante l’information délivrée par les médecins sur les médicaments prescrits.
Le jugement porté à l’égard des industriels du médicament se révèle très mitigé. Certes 85 % des Français jugent que ces entreprises ont un rôle primordial ou important dans la découverte des nouveaux traitements. Mais 80 % d’entre eux estiment que les laboratoires communiquent mal sur leur activité et leur rôle dans la société. Tous les détails et commentaires dans notre édition de jeudi.
C. D.

(1) 2023 personnes interrogées à domicile en face à face, janvier et février 2011.


Centre hospitalier Saint Jean de Dieu - Lyon

Recherche clinique en psychiatrie. Avancée des sciences dans la pratique

23/05/2011
La 3ème édition de la journée recherche clinique en psychiatrie organisée par le CH Saint Jean de Dieu aura lieu le Vendredi 7 Octobre 2011 sur le thème "Avancée des sciences dans la pratique".
Qu'apportent aujourd'hui la science et en particulier les nouvelles technologies, la génétique, les sciences cognitives, l'éthologie, à la connaissance des maladies psychiatriques, à leur diagnostic et à leur traitement ?

L'articulation entre les neurosciences et les autres approches du fonctionnement psychique n'est plus à démontrer. Il est devenu banal que cliniciens et soignants empruntent à l'une et à l'autre des disciplines leurs outils de diagnostic et de soins.

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Contre l'exclusion scolaire, "s'appuyer sur les ressorts propres à chaque enfant"

23.05.11

Près de 70 millions d'enfants non scolarisés dans le monde, dont 28 millions vivant dans un pays pauvre en conflit : ces chiffres résument le fossé qui reste à combler pour atteindre le second des huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui vise à ce que tous les enfants puissent bénéficier, d'ici à 2015, d'un cycle complet d'études primaires.
A ce constat, le Bureau international catholique de l'enfance (Bice), qui organise du 23 au 25 mai, à Paris, un congrès sur le droit à l'éducation des enfants en rupture familiale et sociale, en ajoute un autre : l'aide financière et administrative restera impuissante à ouvrir l'accès à l'enseignement de ces jeunes en grande difficulté si elle ne tient pas compte de leurs besoins spécifiques.

"Dans ce domaine, on réfléchit encore trop en termes de besoins matériels plutôt qu'avec une approche des droits de l'homme,
affirme Alessandra Aula, secrétaire générale adjointe du Bice et organisatrice du congrès. Et surtout, il manque une réflexion qualitative sur les approches qui permettraient de mieux inclure dans les systèmes éducatifs les enfants déracinés culturellement et psychologiquement." Une réflexion à laquelle entendent contribuer ces trois journées de débats, consacrées aux "bonnes pratiques" éducatives mises en oeuvre ici et là dans le monde.

Ces enfants, qui sont-ils ? Avant tout des enfants des rues, dont le nombre atteint, selon l'Unicef, plusieurs dizaines de millions dans le monde. Mais aussi des enfants de migrants, pour qui la première difficulté est de s'intégrer dans le système d'éducation de leur pays d'accueil. Ou encore des enfants vivant dans un contexte parental fragilisé par une grave maladie, des violences ou de la maltraitance.

Pour tous ces jeunes en difficulté psychologique et sociale, éducateurs et pédagogues avancent un mot-clé : "résilience". Cette capacité individuelle à surmonter les pires épreuves de la vie n'est pas une solution magique, encore moins un substitut à une politique économique et sociale.

"Accepté pour lui-même"

C'est une "modalité de croissance", qui passe avant tout par les réseaux de soutien social. "Cela peut être une institution, une famille, un groupe de personnes où l'enfant se sentira accepté pour lui-même de façon inconditionnelle", précise la psychologue Susana Rocca, professeur auprès de l'université Unisinos (Sao Leopoldo, Brésil). Alors seulement peuvent s'ébaucher les piliers de la résilience : estime de soi, sens de la vie et de l'humour, compétences, connaissance.

Programmes de médiation, activités créatrices et expressives, ateliers favorisant une approche ludique des contenus scolaires : un certain nombre de "bonnes pratiques", éprouvées et adaptées à des enfants en grande difficulté dans de multiples pays, démontrent "la nécessité absolue de s'appuyer sur les ressorts propres à chaque enfant, afin de lui faire prendre conscience de ses capacités pour le sortir d'une spirale d'exclusion", insistent les experts du Bice.

Ainsi le projet Fenix. Un programme expérimental de "renforcement cognitif et motivationnel" né au Brésil en 2007 sous l'égide de l'université de l'Etat de Bahia, en collaboration avec l'université de Turin (Italie), qui a depuis lors été appliqué de façon systématique, de 2008 à 2011, à plus de 400 enfants, tant à Salvador de Bahia que dans le Piémont italien.

Le principe : des ateliers destinés à de petits groupes de cinq ou six enfants, animés par des enseignants formés à l'accompagnement et au soutien émotionnel. "Durant les rencontres de l'atelier, qui ont lieu une ou deux fois par semaine, les enfants jouent sur des logiciels à un jeu de langue, un jeu de mathématiques et un jeu développant les processus cognitifs", explique Cristina Coggi. Professeur de pédagogie expérimentale à l'université de Turin, elle supervise la mise en oeuvre du projet Fenix en Italie, où "42 % des enfants étrangers ne seraient pas en règle au regard de la scolarité".

Au Brésil comme en Italie, la méthode semble faire ses preuves. Au point d'être désormais testée au Salvador, au Rwanda, au Cameroun et en Biélorussie.
Catherine Vincent

 Réponse paradoxale à la dopamine au cours de l’anorexie mentale
23/05/2011
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Pour la première fois une étude montre l’existence d’une perturbation neurobiologique au cours de l’anorexie mentale. L’affection créerait une réponse paradoxale à la dopamine en réponse à la nourriture. Walter Kaye et son équipe de San Diego (Californie) sont partis d’un fait connu : les patients déclarent ressentir une angoisse à l’idée de s’alimenter, contrairement aux sujets indemnes qui avouent plutôt une impression agréable.

Ils ont donc réalisé des PET-scan chez des patientes guéries depuis un an d’une anorexie mentale et chez des témoins, également de sexe féminin. Toutes ont reçu une dose unique d’amphétamine par voie intraveineuse. Elle était destinée à stimuler la libération de dopamine dans les centres de la récompense. Ce qui s’approche de la réaction d’un individu indemne face à l’idée de s’alimenter.

Alors que les témoins ont ressenti une sensation de plaisir, confirmée par une activation des centres de la récompense à l’imagerie, il n’en a rien été chez les patientes ex-anorexiques. L’amphétamine a créé un état d’anxiété et l’activation cérébrale enregistrée a porté sur les centres impliqués dans la crainte de conséquences fâcheuses.

Il existe bien une réponse paradoxale à la dopamine, qui expliquerait les difficultés de traitement. L’anomalie pourrait préexister au trouble psychiatrique, comme le confirme sa persistance après la guérison, et ne pas en être la conséquence.
› Dr G. B

« International Journal of Eating Disorders », édition en ligne du 20 mai 2011.

Les oubliés du 3e plan Douleur

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publie son évaluation du 3e plan Douleur (2006-2010). Si ce plan a permis des progrès, notamment dans le domaine de la formation des professionnels, il est passé à côté de son objectif d’amélioration de la prise en charge des patients les plus dans le besoin.

Érigée en priorité numéro 1, la prise en charge des populations les plus vulnérables restera comme un échec cuisant du troisième plan Douleur (2006-2010). Chez les personnes âgées, « l’effort a été très centré sur les institutions gériatriques et très peu a été fait pour les personnes âgées vivant à domicile ». Chez les enfants et adolescents, malgré des avancées dans la prise en charge et la prévention des douleurs aiguës, de vraies difficultés persistent pour accéder à des avis spécialisés dans le domaine de la douleur chronique. Quant aux handicapés et malades mentaux, ils ont été « les oubliés du plan », constate le HCSP.

Autre priorité et autre écueil de ce plan, la structuration de la filière de soins de la douleur. Le Haut Conseil pointe l’approche « très hospitalo-centrée » et « axée en grande partie sur la structuration des centres de douleur chronique rebelle ». En matière de formation des professionnels, le plan a permis des avancées avec l’émergence de nouveaux diplômes. Leur impact reste toutefois « tempéré par les limites qui persistent en termes de débouchés hospitaliers et de conditions d’exercice en ville des spécialistes de la douleur, à la différence du secteur des soins palliatifs ».

S’agissant des traitements, le HCSP note des avancées dans la prise en charge des douleurs induites par les actes médicaux chez l’enfant et de la douleur rebelle en situation palliative avancée chez l’adulte grâce à l’usage à domicile de certaines molécules en réserve hospitalière. En revanche, « les connaissances concernant les méthodes non pharmacologiques ont peu progressé et les obstacles au développement des thérapies non médicamenteuses restent nombreux ».

Financement opaque.

Sur les 26,7 millions d’euros prévus dans le plan, 21,4 millions d’euros ont finalement été engagés. Ce financement n’a toutefois pas soutenu la création de nouveaux réseaux de soins. Plus préoccupant, « les témoignages émanant du terrain font plutôt état de la diminution des postes que de la création d’emplois, ce qui laisse penser (sous réserve d’un bilan réel de l’utilisation des crédits) que cet argent a probablement été utilisé à d’autres fins au sein des établissements de santé », indique le HCSP.

Néanmoins, malgré ce bilan très mitigé, le Haut Conseil préconise l’élaboration d’un quatrième plan Douleur pour « donner un nouveau souffle aux actions entreprises » et « s’assurer de la poursuite de l’engagement des pouvoirs publics dans ce champ ».
DAVID BILHAUT
C. Dubois
6 mai 2011

La fermeture programmée du service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Henri Mondor de Créteil se heurte depuis plusieurs mois à l’opposition des personnels de l’hôpital mais aussi d’élus locaux de gauche et de droite droite.

Il refuse l'expertise psychiatrique : 2 ans ferme

Échappé de l'hôpital spécialisé de Poitiers, un homme a agressé sexuellement une infirmière d'Etoc-Demazy. Après avoir exhibé son sexe devant deux autres. Audience tendue hier au Mans.
Paupières lourdes, le prévenu, athlétique, dégaine des mots en guise de phrases. Passant sans cesse sa langue sur sa mâchoire en ruine. Une démarche à la caïd, l'homme fait nonchalamment craquer ses épaules tandis que la juge dresse la liste de ses nombreuses condamnations depuis 1992. Pour violences essentiellement.
Son comportement, hier, dans une petite salle du palais de justice du Mans, a plongé le tribunal - constitué de femmes - dans une ambiance peu sereine. Électrique. Il est reproché à cet homme de 39 ans d'être l'auteur d'une agression sexuelle commise au Mans le 15 avril sur une infirmière de l'hôpital spécialisé Etoc-Demazy. Et pour exhibition sexuelle à l'encontre de deux autres.


« Pourquoi avez-vous refusé de vous soumettre à une expertise psy
chiatrique demandée le 18 avril lors de votre présentation en comparution immédiate », demande au prévenu la présidente Savary. « Pas envie de parler de ça ! », riposte l'homme aux muscles tendus. « C'était dans votre intérêt vu votre personnalité complexe », poursuit la juge.


Placé sous curatelle renforcée, l'homme s'est échappé de l'hôpital spécialisé de Poitiers le 18 mars. Il y avait été placé à la demande d'un tiers. « C'est quelqu'un de fuyant avec qui on ne peut rien mettre en oeuvre », témoigne à l'audience sa responsable de tutelle venue de Poitiers. À toutes les questions posées par la juge, le prévenu place sa mère au centre des débats.


Et sur les faits ? « Difficile pour lui de se concentrer plus de trois secondes », avouera son avocate. Pourtant les trois infirmières sont unanimes. Sa présence, le 15 avril, avait été repérée dans l'hôpital psychiatrique manceau. Puis l'homme est entré dans un pavillon, « le sexe sorti du pantalon. Et en érection. » Trois infirmières lui demandent de se rhabiller. Il refuse, se dirige vers la sortie. C'est au moment où une des soignantes regagne la porte de son bureau que l'homme tourne les talons, se jette sur elle, la plaque contre le mur. Et se frotte à elle. Elle sera blessée au bras. Puis l'homme s'enfuit. Avant de jeter des pierres qu'il tenait dans ses poches.


« Étiez-vous en érection
 ? » fait préciser la présidente. « Non, je sortais des toilettes, Madame. Je venais ici pour voir un ami », se défend-il.


« Ce cas est très inquiétant. Il agit comme un prédateur »
, pointe la procureure Jousserand qui requiert deux ans de prison ferme et un suivi socio-judiciaire de cinq ans, « faute d'autres solutions pour protéger la société ».


La défense plaide l'irresponsabilité pénale : « Il n'a pas conscience d'être malade. Il ne peut être qu'irresponsable des faits qui lui sont reprochés. » Son avocate indique même qu'il a déjà été hospitalisé dans une unité spécialisée pour malades difficiles, « présentant ainsi un danger pour autrui ».


Après délibération et par décision contradictoire, le tribunal condamne Mohamed Ahmed Ali, né à Djibouti, à trois ans de prison dont un avec sursis. Avec l'obligation de soins.


Une audience qui met une fois de plus le doigt sur la charnière fragile séparant la psychiatrie du monde judiciaire.
Thierry SOUFFLARD. 


Comment la Sécu veut mobiliser les médecins généralistes pour lutter contre les inégalités de santé

Lors de la seconde réunion conventionnelle, l’Assurance-maladie a présenté aux représentants des syndicats de médecins libéraux ses idées pour réduire les inégalités de santé. Paiement à la performance, éducation thérapeutique et ciblage de certains territoires pourraient ainsi prendre place dans la nouvelle convention.

Les médecins généralistes peuvent agir sur les inégalités de santé? L’Assurance maladie pense que oui. La semaine dernière, lors de la seconde réunion de négociation en vue de la prochaine convention médicale, l’Assurance-maladie s’est livrée à un long rappel des notions bien établies en commençant par l’indicateur de l’espérance de vie à 35 ans : 47 ans pour un cadre dont 34 sans aucune incapacité ; 41 ans pour un ouvrier dont 24 sans aucune incapacité. De même, entre 35 et 64 ans, la mortalité est 2,5 fois plus importante entre un homme non diplômé et un homme qui a fait des études supérieures. Or, c’est le « cancer qui contribue le plus fortement aux inégalités de mortalité selon le niveau d’éducation, notamment pour les hommes » note la CNAMTS.


Autre indicateur : la mortalité prématurée varie de 1 à 1,5 selon les départements. Or, toutes ces inégalités ont plutôt tendance à se creuser. Par exemple, la mortalité par maladies coronariennes a diminué de 32 % entre 1970 et 1990, de 47 % chez les cadres et les professions libérales mais seulement de 14 % chez les ouvriers et les employés. « On considère que les déterminants des inégalités de santé se jouent bien en amont du système de soins, » admet la CNAMTS. Expositions aux risques professionnels et habitudes de vie sont d’abord en cause. Pour autant, « il ne faudrait pas en conclure trop rapidement que le système de santé ne joue aucun rôle, insiste la CNAMTS. Tout d’abord le système joue déjà un rôle par la solvabilisation des soins qu’il organise. Cependant, les services de soins peuvent, dans certains cas, ne pas corriger ou même amplifier les inégalités ». Le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont mis en place des politiques visant explicitement la réduction des inégalités de santé qui dans les deux cas utilisent comme levier le renforcement des soins primaires. C’est visiblement de ces deux exemples que Frédéric van Roekeghem voudrait s’inspirer.

Discrimination positive ?

Après ces longs préliminaires, le directeur de l’Uncam a commencé à exposer aux partenaires conventionnels ses « pistes de réflexion » sur le rôle des médecins libéraux dans la réduction des inégalités de santé s’offrant au passage un petit plaidoyer pro domo. « Le médecin traitant est le premier élément de réponse en ajoutant la dimension population à la relation individuelle médecin malade » estime Frédéric van Roekeghem. Le CAPI « qui promeut une démarche pro-active pour atteindre des résultats en population participe aussi de cette évolution, » a-t-il aussi risqué devant les syndicats qui avaient été unanimement réticents devant cette forme de contractualisation individuelle. Enfin, les « politiques menées pour maintenir une offre de soins dans les zones défavorisées constituent un autre axe » ajoute-t-il, même si lors de la même réunion il a admis le résultat plutôt maigre de l’avenant 20 (le bonus de rémunération en zones défictaires) avec un apport net de l’ordre de 50 médecins pour un coût total estimé à 19,7 millions d’euros.


Aujourd’hui, pour aller plus loin, l’Assurance maladie voudrait « renforcer le paiement à la performance avec des thèmes dont on sait qu’ils sont importants en termes d’impact sur la santé ». Lors de la précédente convention, l’idée avait déjà circulé de permettre aux généralistes de coter un acte technique pour un frottis en plus de la consultation afin d’inciter ces praticiens à en faire davantage. En revanche, l’hypothèse de centrer certains objectifs sur les populations défavorisées semble difficile à mettre en oeuvre de l’aveu même de l’Assurance maladie : peu d’indicateurs, concentration sur certaines zones et certains médecins et risque de stigmatisation. Mais, l’Assurance maladie imagine de « cibler des territoires pour y développer des actions particulières » en proposant aux généralistes d’avoir une action spécifique dans ces zones, en incitant à un travail pluridisciplinaire ou en favorisant l’éducation thérapeutique.
Véronique Hunsinger

Appel à Candidature : réévaluation des antipsychotiques atypiques dans le traitement de la schizophrénie chez l’adulte

Clôture de l'appel le 22 avril 2011

Appel à candidature d’experts en vue de la réévaluation des antipsychotiques atypiques dans le traitement de la schizophrénie chez l’adulte.

Mission et composition

Des experts seront recrutés pour participer à la réévaluation du service médical rendu et de l’amélioration du service médical rendu des antipsychotiques atypiques dans le traitement de la schizophrénie chez l’adulte.

Une analyse de la littérature médicale et scientifique sera effectuée par la HAS.

Les experts recrutés auront pour mission de réaliser une analyse critique des études présentées et de répondre le cas échant à des questions portant sur la schizophrénie et la prise en charge thérapeutique de la maladie.

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dimanche 22 mai 2011

Psychiatrie : le Sénat vote, la lutte continue…
21 mai 2011

Malgré le psychodrame en commission1, le Sénat a finalement adopté sans modification significative la loi sécuritaire sur les soins psychiatriques, par 172 voix pour, et 151 voix contre (323 voix exprimées sur 335 votants).

Il était hors de question pour le gouvernement d’aboutir au rejet d’un projet emblématique de la politique sécuritaire de Sarkozy. L’exécutif s’est toutefois trouvé sur la défensive face à une contestation qu’il n’attendait pas.

Les navettes parlementaires vont se poursuivre en mai et juin, en vue d’une adoption définitive du texte en juillet.

Un nouveau rassemblement unitaire a eu lieu à l’occasion du vote au Sénat, et la mobilisation va continuer contre un texte dont la mise en application va s’avérer complexe, dans l’état de crise de la psychiatrie publique.

Comme le soulignait le tract du NPA distribué lors du rassemblement du 10 mai, « La mise en place d’un traitement purement sécuritaire de la folie est l’autre face du démantèlement du service public de psychiatrie, qui s’accélère dramatiquement aujourd’hui. Tout le dispositif de soins, permettant d’accueillir, au plus près, sans condition, la souffrance là ou elle émerge, est fragilisé. Insidieusement les obstacles se multiplient rendant l’accès aux soins difficile. Le regroupement et la disparition des CMP2 les éloigne des patients. Les délais d’attente s’allongent, les procédures administratives injustifiées se développent pour les soins ambulatoires (demandes de cartes Vitale, de papiers d’identité, facturation de soins qui doivent être gratuits). Elles créent autant de faits accomplis qu’il suffira ensuite de légaliser, pour en finir avec cette politique de santé publique qu’est la politique de secteur. Les conditions d’hospitalisation se dégradent. La gestion d’entreprise de l’hôpital est destructrice du soin (services en permanence saturés, manque de disponibilités soignantes, réponses hâtives et avant tout médicamenteuses qui détruisent toute possibilité de construire une relation soignante).

Notre combat unitaire pour le retrait du projet sécuritaire doit se prolonger en un combat pour un service public de psychiatrie ayant le moyen d’assurer un accueil digne et humain de la folie. »

1. La commission des Affaires sociales a préalablement rejeté le texte, la gauche étant majoritaire lors de la séance.
2. Centres médico-psychologiques
(Information transmise par Virginie BORDES)

Cinéma Les 3 Luxembourg


Festival

VOUS ETES FOUS ?!!

du 15-06-2011 au 21-06-2011


L’Appel des Appels s’est constitué pour résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social.

La psychiatrie subit aujourd’hui de plein fouet ces attaques; la folie est assignée à un dispositif d’évaluation fondé sur la norme, la performance, l’impératif  de sécurité, et la rentabilité. La folie redevient un objet de crainte, de rejet. À l’Appel des Appels, nous sommes particulièrement sensibles aux effets de ces mutations sur les plus fragiles d'entre nous . C'est pourquoi nous voulons élargir le débat au-delà de ceux qui y sont directement engagés par leur profession ou du fait de leurs difficultés.  Nous affirmons que nous sommes confrontés à un problème politique, et qu’il ne concerne pas seulement "les fous", dont nous serions protégés par des mesures de dépistage et de mise à l'écart, mais nous tous, et nos enfants qui sont entraînés dans des processus de fichage et d'évaluation systématisés dans un but affiché de prévention.

« Vous êtes fous !? » est  un festival de films documentaires qui traitent de la folie et des institutions. Nous avons choisi le film documentaire, car il témoigne de manière directe, éclatante et sensible de la place et de l’image du fou dans notre  société, ainsi que des soins qui lui sont apportés. Et nous avons privilégié trois axes pour aider à mieux saisir  les relations complexes entre notre société et la folie l’aspect historique, la situation institutionnelle actuelle, et  ce qui se joue dans les lieux de soins alternatifs.

Tous les documentaires présentés seront accompagnés de débats où interviendront les réalisateurs, des professionnels du soin mais aussi des plasticiens, juristes, sociologues, philosophes répondant à l’Appel des Appels .

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Sava SekuliĆ


Sous le vent de l'Art Brut 
Collection Charlotte Zander



17 janvier - 26 août 2011
La  Halle Saint Pierre accueillera du 17 janvier au 26 août 2011 une partie de la collection Charlotte Zander.
Abritée au château de Bönnigheim, en Allemagne, cette collection unique et riche de 4 000 œuvres, dédiée à l’art outsider, est historique. En effet, elle rassemble un grand nombre de créateurs fous, naïfs, visionnaires, autodidactes de toute sorte qui se sont imposés sur la scène de l’art moderne et en ont bouleversé l’esthétique. Cette collection est également pionnière dans son esprit, car elle a œuvré à défendre et célébrer, au-delà des catégories de l’art brut, de l’art naïf et de l’art singulier, cette large famille des créateurs marginaux, qui ont inventé des manières révolutionnaires de penser et de peindre.
Parmi les 49 artistes de l’exposition Wölfli, Carlo, Madge Gill, Lesage, Crépin, Walla ou Scottie Wilson sont considérés comme les grands classiques de l’art brut et Rousseau ou Bauchant comme les maîtres incontestés de l’art naïf. A leurs côtés, Bill Traylor, Boix-Vives, Wallis et Séraphine de Senlis viennent rendre contestables de telles frontières en nous offrant des fascinants témoignages de création inspirée et inventive. L’exposition sera également  l’occasion de découvrir trois artistes amplement présents dans la collection Charlotte Zander mais encore méconnus en France : Bosilj et Sekulic et l’énigmatique Schröder-Sonnenstern dont les visions inouïes ont pourtant attiré l’attention des surréalistes.  

Richard ANTILHOMME - André Bauchant - Anselme BOIX-VIVES - Ilija BOSILJ - Tim BROWN - Ida BUCHMANN -  Rosie CAMANGA -  CARLO - Fleury-Joseph CREPIN - Préfète Duffaut - Curtis Lee FARLEY - Johann FISCHER - Auguste Forestier - Pietro Ghizzardi - Madge GILL - Thomas GRUNDMANN - Margarethe HELD - Jeffry HILL -  Chris HIPKISS -  Vojislav Jakic - Rosemarie Koczÿ   Augustin LESAGE - Gaston MOULY - Jean-Pierre NADAU - Michel NEDJAR - NIKIFOR - Heinrich Nüsslein -  Prospère PIERRE-LOUIS - Vasilij Romanenkov - Henri ROUSSEAU - Robert Saint-Brice   Louisianne Saint Fleurant - Friedrich SCHRÖDER-SONNENSTERN - Sava SekuliĆ - Zbyněk Semerák - Séraphine DE SENLIS - Matija Skurjeni - Louis SOUTTER - Wolfgang TEUCHER - Bill Traylor - Daniel TROPPY - Oswald TSCHIRTNER - Willem VAN GENK - Germain VAN DER STEEN   Auguste WALLA -   Alfred WALLIS - Scottie WILSON - Josef WITTLICH - Adolf Wölfli.
    
                  
Ilija BOSILJ  - Sava SekuliĆ - Friedrich SCHRÖDER-SONNENSTERN            

L’art brut in Zanderland

Il est des collections prisons. Il est des collections volières. Des collections disciplinaires où les œuvres, esclaves d’une doctrine esthétique, défilent sous l’uniforme d’un parti-pris formel. Et des collections buissonnières où chacune n’est là que pour nous inviter à ouvrir la porte étroite de la cage conceptuelle. A la seconde série appartient la Collection Charlotte Zander. C’est à ce volatile programme que souscrit aujourd’hui la Halle Saint-Pierre. C’est à cet élan d’échanges et de liberté qu’elle invite son public. Dans cette pelote prodigieusement colorée, patiemment enroulée par Charlotte Zander, le commissariat de l’exposition de la Halle Saint-Pierre a délibérément tiré un fil et c’est celui de l’art brut.

En puisant quelques pépites dans une collection unique par sa façon de combiner art naïf, art brut et outsider art, l’exposition de la Halle Saint-Pierre s’emploie à affiner les critères qui permettent de se reconnaître dans le maquis de la création autodidacte de qualité. Elle montre combien la notion d’art brut est toujours pour cela un sésame, à condition que son emploi ne soit pas restrictif. A rebours des tentatives qui visent à diluer l’art brut dans le mainstream pour le faire servir de vitamine à un art conceptuel épuisé, elle en renouvelle la validité sur le mode d’une ouverture à des formes d’art voisines et pourtant différentes. Si elle s’attache à illustrer une fois de plus la spécificité de l’art brut, c’est sans en faire un bunker. A son public qui sait qu’on décloisonne d’autant mieux la pensée qu’on dispose de repères souples pour appréhender un domaine complexe, cette exposition propose d’en finir avec l’étanchéité immuable des catégories. Loin de durcir les frontières entre elles, elle veut contribuer, suivant en cela l’exemple de Charlotte Zander, à les rendre sinon poreuses du moins communicantes. Son point de vue étant celui de l’art brut qui se fonde sur l’opposition et les correspondances entre Conscient et Inconscient, elle contribue à en étendre le champ par des incursions exploratoires sur des territoires limitrophes qui réservent plus de surprises que l’on croit.

Aussi ne s’est-on pas contenté de réunir ici quelques unes des vedettes dont sont familiers les amateurs d’art brut : Carlo Zinelli, Fleury Joseph Crépin, Johann Fisher, Auguste Forestier, Augustin Lesage, Gaston Mouly, Michel Nedjar, Bill Traylor, Oswald Tschirtner, August Walla, Scottie Wilson, Josef Wittlich, Adolf Wölfli, pour ne citer que les plus connus qui ne sont pas les moins fameux. Certes, le visiteur ne sera pas frustré de leurs images. Il sera même comblé sur le triple plan des retrouvailles, du méconnu, de l’inédit.

Mais il ira à la découverte (à la redécouverte pour les plus informés) de créateurs trop peu souvent présentés dans notre pays, bien qu’importants : Ilija Bosilj et Sava Sekulic notamment. Surtout, il aura le loisir de considérer d’un œil neuf, c’est à dire d’un œil alternativement porté sur la réalité extérieure des tableaux et sur le contenu latent de ceux-ci, quelques unes de ces œuvres estampillées « naïves » mais où le vent de l’art brut trouve cependant à souffler :  André Bauchant dont on ne peut s’empêcher de soupçonner l’anguille brute sous la roche naïve ; Anselme Boix-Vives, Saint-Brice et Gaston Mouly que l’on pourrait être tenté de traiter de naïfs alors que les signes de prédation archaïque clairement à l’œuvre dans leurs compositions florales exotiques ou farouchement ludiques  font définitivement pencher du côté brut de la force psychique ; Séraphine se laissant hypnotiser jusqu’au délire par sa toile et ses couleurs.

Le rôle de l’art brut et des créations qui lui sont apparentées, c’est de nous donner accès à la chimère, de débusquer son refuge à partir duquel nous construisons, sans le savoir, notre petit for intérieur. Devant les terrifiantes images de Friedrich Schröder-Sonnestern, le frisson qui nous saisit nous persuade combien celui qui les a faites s’est aventuré loin en terrain exposé pour assigner à l’Autre sa place et nous le rendre du même coup moins dangereux. Le profit psychique est d’autant plus évident qu’il s’accompagne de plaisir esthétique. Avec l’art brut, « l’esprit s’achoppe à l’inouï », selon une formule d’ Edmond Jabès.

-    Jean-Louis Lanoux, extrait du texte du catalogue

     
André Bauchant

 
                                    Séraphine DE SENLIS                                                                                         WALLA

         
      Margarethe HELD                                            Louisianne Saint Fleurant
         
                                             NIKIFOR                                                        Préfète Duffaut   
                          
 
Henri ROUSSEAU
Commissariat de l’exposition : Martine Lusardy, Directrice de la Halle Saint Pierre
Responsable Communication/Presse : Olga Caldas
Tél. : 01 42 58 72 89  

La Mélancolie de Michel Houellebecq
Couverture ouvrage
Michel David
Éditeur : L'Harmattan
Résumé : Le psychanalyste Michel David nous livre un portrait de Michel Houellebecq qui permet d’aiguiser notre regard en direction d’un écrivain mélancolique.
Cécile VOISSET-VEYSSEYRE

À chacun(e) son il(e), la sienne n’est pas le mien. Mais si la possibilité d’une île est celle de l’amour en désespoir de cause et si le désespoir est la forme supérieure de la critique, alors oui il faut méditer et imaginer pour que l’impossible se dissipe et que les rapprochements élémentaires s’opèrent enfin : pour être à l’heure. Le méditatif n’est-il pas un mélancolique ? La Mélancolie de Michel Houellebecq  le dit pour commencer en couverture par le portrait d’un penseur au regard profond, dirigé vers le bas. La gravité du personnage tient dans ce plongeon où il n’est peut-être pas seulement question de perte mais où il est aussi question, sûrement, de retrouvailles ; il se pourrait que cet enfant de Saturne traîne sa mélancolie tout au long d’une vie de chien dont il parle au beau milieu de nulle part, à perte de vue. Ce livre bienveillant l’envisage comme son allié, plutôt que comme son patient ; il rend raison de son inscription scripturale dans cette Espagne péninsulaire à la langue où tout peut à peu près rimer, autant que dans cette Angleterre insulaire qui mit au monde l’Anatomy of Melancholy. C’est un portrait aimant : voyons.

L’étude sérieuse de Michel David, membre de l’association de la Cause freudienne c’est-à-dire à l’école lacanienne, est d’une lecture plutôt agréable ; ses différents moments s’enchaînent aisément, doucement, jusqu’à faire aimer un sujet insaisissable. Cette tentative d’interprétation s’exprime comme suit : “Nous parlons ici précisément de la littérature car elle s’occupe, comme la psychanalyse, du désir et du ‘transfert’ entre les êtres et que c’est tout son objet” . Sous l’autorité du Séminariste, on lit : “Lacan a raison : on ne psychanalyse pas une œuvre, mais on peut essayer de l’analyser, de la commenter et d’approcher comment la création littéraire peut ici, par l’abord de la zone dépressionnaire, être toujours en débat, en tension avec sa source et ce qui la menace d’épuisement et de disparition” .

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