Molécule extraite d’un champignon hallucinogène, la psilocybine suscite un net regain d’intérêt, notamment au sein de la prestigieuse université américaine. « Le Monde » retrace son histoire, indissociable de celle d’un étonnant personnage obsédé par le sujet : le banquier Robert Gordon Wasson.
Du temps où il était soldat, Nicholas Ige ne portait guère les hippies dans son cœur. « A l’armée, on s’en moquait souvent. Désormais, je me surprends à parler comme eux, parfois », confie cet Américain de 30 ans, cheveux ras, muscles saillants. Il a servi dix ans sous les drapeaux, et dit avoir tué« au moins » quarante-six personnes en Afghanistan. « Il arrivait qu’on se congratule, entre militaires, juste après avoir éliminé un ennemi. »
Aujourd’hui, Nicholas Ige a repris les études, à l’université Harvard, sur la Côte est des Etats-Unis, et assure être devenu « une meilleure personne ».
A l’entendre, le secret de cette transformation serait une molécule, la psilocybine, extraite d’un champignon hallucinogène, le psilocybe. Comme elle est interdite sur une grande partie du territoire américain, il s’en est procuré auprès d’un thérapeute clandestin. Une vingtaine de sessions, avec à chaque fois des doses importantes, et in fine ce constat positif : « La psilocybine m’a reconnecté aux autres, au monde. »