Victimes directes, spectateurs, endeuillés, ou encore téléspectateurs, les enfants n'ont pas été épargnés par les tragiques évènements de Nice. Comment écouter et prendre en charge leur souffrance ? Éléments de réponse avec le Pr Thierry Baubet, pédopsychiatre à l’Hôpital Avicenne (Bobigny) et responsable de la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) du 93.
| 15.07.2016
Le Quotidien du médecin : Quel peut être l'impact d'un tel attentat sur les enfants ?
Pr Thierry Baubet : La notion que les enfants ont de la mort est différente de celle des adultes. Elle se construit progressivement : avant 6 ans, les enfants pensent que la mort est temporaire ; ils jouent à être morts. La pensée de l'irréversibilité intervient après 6 ans, puis vient à la préadolescence la conscience de la dégradation du corps. Ceux qui ont vu hier soir des morts, des corps très abîmés, des scènes d'horreur absolue, ne peuvent plus rester dans le « faire semblant ». Le trauma et le deuil peuvent affecter les enfants à tout âge. Il peut donc y avoir une prise en charge des bébés jusqu'aux grands adolescents ; seules les techniques changent, mais toutes doivent prendre en compte l'entourage familial.