La dépendance à l’alcool est responsable chaque année en France de 50 000 décès. Une vraie maladie qui reste aujourd’hui encore taboue. Comment aborder la prise en charge ? Quels sont les outils à disposition des médecins ? Les réponses du Pr Michel Lejoyeux, chef de service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Beaujon (Clichy) et président d’honneur de la Société française d’Alcoologie.
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
dimanche 6 septembre 2015
Les chirurgiens-dentistes s'engagent pour l'accès aux soins bucco-dentaires du public handicapé
- HOSPIMEDIA
Signataire de la charte Romain Jacob depuis décembre 2014*, l'Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) s'est attachée à organiser et fédérer la réflexion relative aux soins des personnes handicapées à l'ensemble de la profession dentaire. Soulignant dans un communiqué "l'enjeu majeur de santé publique et d'intégration sociale" que représente l'état de santé bucco-dentaire des personnes en situation de handicap, l'UFSBD annonce la signature, le 26 août au Conseil national de l'ordre, d'une charte de mobilisation interprofessionnelle.
"La santé dentaire est un indicateur de santé générale autant sur le plan de la pathologie que sur le plan psychique."Extrait de la charte Romain Jacob
Aux côtés de l'UFSBD, l'Ordre national des chirurgiens-dentistes (ONCD), la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), l'Union des jeunes chirurgiens-dentistes (UJCD) et la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL) se sont donc engagés à respecter sept piliers pour l'amélioration de la santé bucco-dentaire (voir l'encadré). Ceux-ci, précise l'UFSBD, reposent sur deux éléments fondamentaux : la prévention et la mise en place d'un parcours de santé individualisé. Les signataires de la charte s'engagent notamment à "promouvoir la fédération des acteurs dans chacune des régions pour répondre aux besoins spécifiques de l'accès aux soins et à la santé" des personnes en situation de handicap.
De la jalousie pathologique
07/08/2015
“La jalousie est de toutes les maladies de l’esprit celle à qui le plus de choses servent d’aliment et le moins de choses de remède.” (Montaigne, Essais)
S’appliquant à l’être humain, le champ de la psychiatrie peut recouvrir les thèmes les plus divers, comme le prouve une étude menée à l’Université de São Paulo (Brésil) sur les « sujets avec une jalousie pathologique », connue parfois sous le terme « syndrome d’Othello », en référence au personnage de la célèbre tragédie de Shakespeare. Contrairement à la notion classique de vaudeville associée à ces situations triangulaires (comme le tryptique femme, mari et amant), les dysfonctionnements dans les relations amoureuses peuvent entraîner des conséquences moins légères que celles suggérées par le théâtre de boulevard (à moins de se remémorer l’origine de ce nom, associé au boulevard du Temple à Paris, surnommé jadis « boulevard du Crime en raison des nombreux mélodrames et histoires de meurtres qui y étaient présentés »).
Éthique Les administrateurs des établissements privés non lucratifs ont trois leviers d'actions éthiques
08/04/15
La Fehap a réuni le 7 avril les administrateurs des établissements privés non lucratifs. Pour cette sixième université de printemps, l'éthique était au programme. Alice Casagrande, directrice de la formation et de la vie associative à la fédération, revient pour Hospimedia sur cet événement et évoque aussi le nouveau guide des administrateurs.
Chaque année depuis 2010, la Fehap invite ses administrateurs pour une université de printemps. Après avoir consacré la précédente édition aux pratiques de gouvernance et au pilotage des organisations privées non lucratives, la manifestation 2015 s'est concentrée sur la thématique de l'éthique. Pour Alice Casagrande, directrice de la formation et de la vie associative à la Fehap, un administrateur peut avoir une action éthique tout d'abord à travers "le projet associatif qui doit développer les différentes valeurs portées par les établissements privés non lucratifs et qui les différencient des autres secteurs". L'administrateur peut également être le garant de l'éthique "en soutenant et développant différentes sortes d'instances". Celles-ci peuvent être par exemple des instances de prise de parole des usagers, de participation ou de réflexion éthique à proprement parler. "Il appartient au conseil d'administration de montrer comment les établissements ou les services qui composent l'association vont pouvoir être nourris ou interpellés et bénéficier d'une réflexion éthique." Enfin "l'éthique relève de la personne même de l'administrateur et de la crédibilité du message associatif porté" qui peut se traduire dans sa façon d'aborder les difficultés sociales ou encore son regard sur le handicap et les personnes âgées en fin de vie...
Intervention au CHU : " Un traitement inacceptable "
24/08/2015
Cette lectrice n’en revient pas de l’accueil réservé à sa mère de 95 ans, col du fémur cassé, qui a dû attendre plus de 24 heures avant opération.
Dominique Isembert nous a envoyé un long courrier pour se plaindre du traitement qu'a reçu sa mère de 95 ans après qu'elle a fait une chute dimanche 9 août. L'ambulancier, intervenu sur place, oriente la vieille dame vers le CHU faute d'orthopédiste ce jour-là à la Polyclinique, premier choix de la famille.
Arrivée à 19 h, la patiente n'intègre sa chambre qu'après 23 h. « Lundi matin, nous appelons et l'infirmier nous dit son opération est programmée pour 14 h, elle ne sera dans sa chambre que 4 heures après, (et ils peuvent)appeler vers 18 h - 18 h 30, pour savoir si tout c'est bien passé », explique Dominique Isembert. A 18 h, elle décide de se rendre sur place. « En arrivant, l'horreur, elle n'a toujours pas été opérée, nous allons demander des explications au bureau des infirmiers, et on nous répond, " écoutez elle est toujours programmée pour être opérée, nous vous en dirons plus dans 1 heure, 1 heure ½ ". »
Le temps passe sans plus d'informations. Nouvelle demande auprès d'une infirmière. « Elle est toujours programmée pour l'opération », lui répond-on. « Est-ce-que vous vous rendez compte qu'elle a 95 ans, que ce matin on lui dit vous serez opérée à 14 h, il est 20 h 30 et vous ne savez toujours pas », s'insurge la fille. « Vous êtes au CHU, il y a des urgences à passer avant, si vous vouliez qu'elle soit opérée plus vite, il fallait l'emmener dans une clinique privée », lui répond l'infirmière. […]
samedi 5 septembre 2015
L’appartement des enfants fous
LE MONDE DES LIVRES | | Par Florence Bouchy
La première chose dont s’inquiète Mary Dorsan, lorsqu’on la rencontre, c’est la réserve de mouchoirs à sa disposition. A chaque fois qu’elle parle de son premier livre, Le présent infini s’arrête, elle se met à pleurer, explique-t-elle, envahie par l’émotion ou, plutôt, par des émotions variées et contradictoires. Si ses yeux s’embuent souvent, et de manière assez imprévisible, l’écrivaine contiendra pourtant ses larmes cette fois-ci.
Infirmière psychiatrique, engagée et passionnée, constamment sur le qui-vive, elle consacre ici son énergie à s’emporter contre la Haute Autorité de santé (HAS) et les agences régionales de santé (ARS), « remplies d’experts qui ne sont pas sur le terrain avec des patients », à qui elle rêve d’« envoyer en pleine figure » son « gros livre, dont le format et le poids font penser à un pavé ». Le terrain qu’elle connaît, c’est celui d’un appartement thérapeutique situé dans une cité de la banlieue parisienne. Sept adolescents atteints de troubles psychiatriques lourds, « mais aussi, précise-t-elle, de troubles de l’attachement et du lien », autour desquels se relaient nuit et jour les équipes. Un quotidien où « patients et soignants, écrit Mary Dorsan, savent qu’ils souffrent ensemble de se connaître, de se fréquenter, de se lier, de se délier, de s’aimer ou de se haïr ». En rupture avec leurs familles, avec l’école, avec la société, ces jeunes expriment chacun à sa manière, mais le plus souvent par la violence, leur souffrance.
Et puis un jour l’impensable se produit : « J’ai craché sur un patient, explique l’infirmière. C’est arrivé. J’ai éprouvé de la honte, du regret, de la culpabilité, des remords. Ensuite, j’ai essayé de penser : “Comment se fait-il que j’aie pu faire une chose pareille ?” C’était l’effondrement de tout mon système de valeurs. » C’est d’abord pour trouver une explication à ce crachat que Mary Dorsan – elle écrit sous pseudonyme pour préserver la confidentialité des échanges avec ses patients et ses collègues – s’est tournée vers l’écriture. « Je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à me représenter à moi-même ce que je sentais quand j’étais avec ces jeunes, dit-elle. Il me semble que ce que l’on vit avec eux est irreprésentable. Ce livre est une tentative de réponse, avec les moyens de la littérature, à cette impossibilité. »
En mai 2013, un mois après « ce crachat », Mary Dorsan commence donc à noter les dialogues et à relater très fidèlement les scènes qui lui semblent révélatrices de ce quotidien hors du commun. Mais l’impossibilité de dire « je » lui apparaît très rapidement : « J’étais obligée de partir de ce que je vivais. Mais parler de soi, c’est dégoûtant. Etre au centre, être le truc qui capte, être le truc qui analyse, sent, regarde, c’est trop de soi. Ça suscite le dégoût. » Elle se projette donc dans un personnage qu’elle nomme « Caroline », qu’elle peut ainsi évoquer avec la distance que permet la troisième personne.
Psilocybine, quand la psychiatrie observe la création, les années 60 à Sainte-Anne
Centre d'Etude de l'Expression
PROCHAINEMENT – EXPOSITION – PSILOCYBINE
Psilocybine, quand la psychiatrie observe la création, les années 60 à Sainte-Anne Exposition organisée par le Centre d’Etude de l’Expression au Musée Singer-Polignac du 19 septembre au 29 novembre 2015 Du mercredi au dimanche de 14h à 19h – Accès gratuit L’homme a toujours été à la recherche de substances susceptibles de modifier son humeur, son regard, sa perception du monde que ce soit pour des raisons rituelles, à l’occasion de cérémonies...
17èmes Rencontres Vidéo en Santé Mentale 19 & 20 novembre 2015 Cité des Sciences et de l'Industrie Paris
Invité d'honneur Jean-Michel Carré, cinéaste
Bande annonce de son film Sexe, amour et handicap
vendredi 4 septembre 2015
"L'Homme qui répare les femmes
03.09.2015
Le documentaire choc "L'Homme qui répare les
femmes", consacré au célèbre gynécologue congolais Denis Mukwege, est
"interdit" de diffusion en République démocratique du Congo, a
annoncé mercredi Kinshasa. Le ministre des médias et porte-parole du gouvernement
congolais considère que, dans ce film consacré à l’action du médecin dans cette
clinique pour reconstruire les femmes victimes de viol, "il y a une
volonté manifeste de nuire, de salir l'image de notre armée et aucun pays au
monde ne peut le tolérer. C'est pourquoi nous avons interdit la diffusion de ce
film chez nous".
jeudi 3 septembre 2015
Chimères Violences
Numéro 85 - Revue semestrielle
Coordination : Marco CANDORE - Jean-claude POLACK - Christiane VOLLAIRE
Parallèlement à la question désormais classique des violences extrêmes, on s'interrogera sur les formes implicitement acceptées de violence et d’aliénation, masquées sous les oripeaux de misère, d'inégalité, d'endettement : la globalisation comme mode d'être, et les violences policières qui y sont structurellement liées. Lire la suite ... |
Cynthia Fleury, singularités plurielles
ROBERT MAGGIORI
CRITIQUE
Dans «les Irremplaçables», la philosophe et psychanalyste repense le concept d’«individuation» ou «souci de soi», par opposition à la notion d’individualisme, terreau privilégié de toutes les dérives antidémocratiques.
On le sait : «Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui tous ont été remplacés.» Mais c’est à une distance sidérale de ce genre d’évidences ou de clichés que se situe les Irremplaçables.Pour saisir le propos qu’y déploie Cynthia Fleury, professeure à l’American University de Paris, il faut plutôt songer à cette formule du Canadien Christopher Hodgkinson : «Personne n’est indispensable, chacun est irremplaçable.» L’irremplaçabilité est en effet ici celle des sujets particuliers, qui se forment chacun dans la«non-linéarité de la vie» et sont liés entre eux de telle façon qu’ils puissent librement et dans la justice, «faire société».
Migrants : aider, un peu, beaucoup
SYLVAIN MOUILLARD , MARIE PIQUEMAL ET THOMAS LABORDE
DÉCRYPTAGE
Face à l’inaction des Etats européens, les initiatives se multiplient pour venir en aide aux réfugiés. Gros plan sur cinq d’entre elles.
A Saint-Malo, la psychiatre consulte à distance par écran
03-09-15
Le centre hospitalier de Saint-Malo se lance dans la télémédecine. Ce jeudi, la psychiatre Anne-Marie Hemery a donné une consultation à deux patientes, en Ehpad, à Cancale.
Dans les couloirs de l’Ehpad, à Cancale, Anouck Foisnet se déplace avec un chariot. Cette infimière en psycho-gériatrie ne transporte pas de médicaments mais un ordinateur équipé d’une caméra. Elle se dirige dans la chambre d’une personne âgée, atteinte de dépression.
« Les réfugiés d’aujourd’hui me rappellent mon père fuyant le nazisme »
LE MONDE | | Par Guy Sorman (Essayiste)
Il est parfois nécessaire de comparer ce qui n’est pas comparable. Ne serait-ce que pour éveiller les consciences anesthésiées. Entre 1933 et 1940, plusieurs millions de réfugiés échappés d’Allemagne, de Pologne, des pays baltes, fuyant le nazisme, se heurtèrent à des frontières fermées. Ils s’appelaient Nathan, Samuel ou Rachel. Nathan, par exemple, prescient, fuit l’Allemagne dès l’été 1933, cinq mois après la prise de pouvoir d’Adolf Hitler. Il veut partir pour les Etats Unis : refus de visa. Il tente l’Espagne, également refusée. Un peu par hasard, il échoue en France qui ne l’accueille pas mais ne le refoule pas non plus. Ce n’est qu’à partir de 1938 que le gouvernement Daladier, issu de la chambre du Front populaire, livra aux Allemands les juifs qui tentaient de passer en France.
Nathan survécut au régime de Vichy, en rejoignant dans les Pyrénées les rangs – clairsemés – de la Résistance, aux côtés de républicains espagnols, rescapés de la guerre civile. Nathan avait dix frères et sœurs, tous assassinés dans les camps de concentration nazis et sa mère, morte de faim dans le ghetto de Varsovie. Ces six millions de victimes de la Shoah ne suscitèrent pas – en dehors du peuple juif – une grande émotion, jusqu’au procès d’Adolf Eichmann à Jérusalem en 1961.
Auparavant, l’extermination des juifs avait été immergée dans l’inconscient collectif, comme une sorte d’accident collatéral de la guerre mondiale. Franklin Roosevelt et Winston Churchill, informés de leur situation, dès 1933, avaient toujours refusé que ce que l’on n’appelait pas encore la Shoah, ne les détourne de leur stratégie globale, la défaite des nazis et l’alliance avec le régime de Joseph Staline.
Les réfugiés d’aujourd’hui
Venons-en à ce qui n’a aucun rapport avec ce qui précède : la fuite, par millions, des réfugiés de Syrie, d’Irak et d’Erythrée. Sans rapport parce que Latifa, Ali et Ahmed ne sont pas massacrés avec la même efficacité industrielle que le furent Samuel, Nathan et Rachel ? Sans rapport pourquoi ?
Devrait-on croire que ceux-là courent le risque de se noyer dans la Méditerranée, de mourir étouffés dans un camion, de crever de soif sur une route grecque, parce qu’Ali, Latifa et Ahmed sont des touristes ou trivialement à la recherche d’un emploi en Angleterre ?
Non, eux aussi fuient l’extermination : ils prennent le risque de mourir noyés parce qu’ils savent que l’alternative c’est d’être gazé, mitraillé, bombardé, affamé. Ce n’est pas la Shoah. Ou n’est-ce pas encore la Shoah ? Comment, d’ici quelques années, nommera-t-on cette marée humaine qui déferle vers l’Europe ? Comment justifiera-t-on dans nos livres d’histoire et nos lamentations officielles cet exode que les Européens, les peuples et leurs gouvernements, tentent de réduire à une « crise » technique qui exigerait seulement quelques ajustements légaux dans la définition du statut de réfugié ?
[...]
Brigitte Bourguignon défend une refonte des formations du travail social basée sur un socle commun
- HOSPIMEDIA
Le rapport de la députée Brigitte Bourguignon (SRC, Pas-de-Calais) chargée d'élaborer un plan d’action de revalorisation du travail social suggère l'adoption d'une définition commune et d'un socle officiel de compétences. La fin de sa mission ouvre aussi d'autres chantiers possibles.
Chargée de conduire une concertation spécifique sur les évolutions possibles de l’architecture des diplômes du travail social, Brigitte Bourguignon, députée (SRC, Pas-de-Calais), a remis mercredi 2 septembre son rapport "Reconnaître et valoriser le travail social". Il s'agit souligne-t-elle en conclusion de "valider les points de consensus" et non pas d'imaginer un nouveau dispositif de formation. Le sujet est effectivement sensible. Dans le cadre des réflexions des états généraux du travail social, la commission professionnelle consultative du travail social et de l'intervention sociale (CPC) a essuyé une véritable levée de boucliers de la part des syndicats. Elle a en effet voulu revoir le système par la mise en place d'un diplôme par niveau (lire ci-contre). Il est vrai qu'actuellement près d'une quinzaine de diplômes d'État sont délivrés en France dans le secteur du travail social.
Les urgences hospitalières sont à bout de souffle
LE MONDE | | Par François Béguin
Des services fermés l’été par manque de médecins urgentistes, d’autres au bord de l’embolie l’hiver lors de l’épidémie de grippe… Victime de son succès – plus de 18 millions de passages en 2013, contre 7 millions en 1990 –, le modèle français des urgences est à bout de souffle. Dans la continuité des recommandations faites en juillet par le docteur Jean-Yves Grall et dans la lignée de l’accord signé en décembre 2014 sur le décompte du temps de travail des médecins urgentistes, la ministre de la santé, Marisol Touraine, devrait annoncer d’ici à fin octobre une importante réforme de l’organisation territoriale de ces services.
Alors que près de 3 000 personnes ont manifesté le 22 août à Valognes, dans la Manche, pour protester contre la fermeture temporaire des urgences de la ville, les mesures à venir seront scrutées avec attention par certains élus locaux. La publication par Le Figaro, lundi 31 août, d’une liste de 67 services (sur un total de 650) possiblement menacés de fermeture parce qu’ils accueillent moins de 10 000 patients par an, a été accueillie avec colère et incompréhension dans leurs communes.
Maisons de naissance : quand l'administration assume la démédicalisation de la naissance...*
05/09/2015
L’opportunité de mettre en place une "expérimentation" de maisons de naissance en France est discutée depuis au moins une décennie. Cette année 2015 pourrait voir ce projet ardemment soutenu par un grand nombre de sages-femmes enfin se "concrétiser". Un décret précisant les modalités de cette expérimentation a été publié le 1er août dernier : le 6 décembre devrait voir lancés les premiers essais, qui seront sans doute peu nombreux. Depuis toujours, les obstétriciens se sont montrés hostiles à l’idée de voir se développer de tels espaces, s’inquiétant notamment de risques accrus pour la sécurité des patientes. Loin des déclarations polémiques, le docteur Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens français (SYNGOF) revient pour nous sur ce sujet délicat, en en rappelant la genèse et les enjeux (la sécurité de la naissance, l’émancipation des sages-femmes…), en soulevant différents points d’achoppement peu évoqués (la rémunération des sages-femmes, leur assurance en responsabilité civile) et en soulignant que ce sujet, très médiatisé, masque d’autres préoccupations plus prégnantes.
Par le Docteur Bertrand de Rochambeau, Président du SYNGOF
Les sages-femmes et la sécurité de la naissance
Le caractère indispensable du rôle joué par les sages-femmes dans le monde de la santé des femmes est un truisme qui a du mal à être reconnu par tous. Ce paradoxe trouve son origine dans l’histoire de la médecine et dans la place des femmes dans notre société. En France, longtemps indépendantes, les sages-femmes sont passées sous l’autorité des accoucheurs au cours de la deuxième partie du 20ème siècle, avec la naissance de l’obstétrique médicalisée du monde moderne qui se pratique dans les maternités. Cela a défini les conditions de la sécurité de la naissance.
Comment est née l’idée des maisons de naissance
En France où les résultats périnataux et de mortalité maternelle ne sont pas les meilleurs d’Europe, la sécurité est un sujet sensible. L’évolution des conditions de la naissance, depuis la fin du siècle dernier se fait vers une concentration de l’offre : 1757 maternités en 1972 à 535 en 2010, au double motif de la sécurité et des coûts de structure. On voit se développer de « super-maternités » qui accouchent plus de 3000 femmes annuellement. Ici se concentre le progrès médical et technologique appliqué à la naissance. Cette évolution n’a laissé que peu de place, dans bien des structures mais pas dans toutes, à l’intimité, à l’accueil des familles, au déroulement physiologique du travail de l’accouchement qui sont l’esprit des maisons de naissance. Les résultats périnataux stagnent en France depuis 2005. Les données de la Cochrane révèlent que cet interventionnisme produit une iatrogénie mesurable. La demande de structures dédiées à l’accouchement normal est minoritaire en France, comme dans les pays qui l’ont adopté il y a des années.
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