- 14 AOÛT 2020
- PAR FANNY LESCUREUX
- BLOG : CHRONIQUES D'UNE "INADAPTÉE" SOCIALE.
Plongée en tant que patiente dans l'unité psychopathologique bruxelloise d'une clinique privée, j'essaye de peindre ici quelques unes de mes expériences dans ce lieu qui symbolise pour moi tant la financiarisation de la santé que l'abandon du secteur de la psychiatrie.
* EDIT * J'ai quelque peu édité l'article original, majoritairement pour des raisons orthographiques ou syntaxiques, mais j'ai également ajouté le laconique texte du site de la clinique Saint-Jean sur le service de psychopathologie, ainsi que modifié le nombre exact de lits du service dans un soucis de précision. De même j'ai ajouté la notion du "saint T.O" (logique de garder un haut taux d'occupation des lits disponibles dans une logique de rentabilité qui s'applique malheureusement dans les clinique belges comme dans les cliniques françaises, peu de chance donc que Saint-Jean échappe à la règle) et quelques données chiffrées sur le nombre supposé de personnel encadrant par patients en fonction du type de service issu de la revue "Évolution de la psychiatrie à Bruxelles, Lydwine Verhaegen, Anne Wery" pour le comparer à ce que j'ai vu.
« Le mot qui me paraît le plus perfide n'est pas le mot fou […] le mot est tellement galvaudé maintenant qu'il n'a plus beaucoup de pouvoir en lui. Le mot que je redoute moi, c'est malade mental ; c'est-à-dire à partir du moment ou ce personnage indécis, dont on riait, qu'on excluait, qu'on disqualifiait, mais à la limite si vous voulez qu'on acceptait, qui faisait partie du plasma social ; à partir du moment ou cet individu a reçu un statut précis, il est devenu LE malade et en tant que malade il doit être respecté mais en tant que malade il doit aussi tomber sous un pouvoir qui est le pouvoir canonique et institutionnel du médecin. » Michel Foucault, interviewé par Jacques Chancel pour France Inter, 1975
La détresse et les pathologies psychiques n'ont dans la plupart des cas rien à envier à la douleur physique. Doivent-ils être considérés et traités différemment ?
C'est dans cette optique que souffrant d'angoisses et de dépression j'ai, un jour de printemps 2020, contexte du COVID aidant, fait le difficile choix de franchir le cap de l'hospitalisation et par delà ce dernier, le cap de la honte qui colle souvent aux baskets du dépressif.