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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 27 janvier 2014

Quand la pauvreté se révèle dans les grandes villes

MARIE PIQUEMAL

Voilà de quoi nourrir le débat à l’approche des élections municipales. Une étude, publiée ce mardi par le bureau d’analyse Compas (Centre d’observation et de mesure des politiques d’action sociale), révèle les taux de pauvreté, ville par ville. Où vivent les plus démunis ? Ont-ils quitté les centres des grandes villes avec la flambée des prix de l’immobilier ? Louis Maurin, consultant pour le bureau Compas et directeur de l’Observatoire des inégalités, a dépiauté avec sa collègue Violaine Mazery les données fiscales de 2011 fournies par l’Insee, ajoutant les prestations sociales et retirant les impôts, pour avoir une vision la plus juste possible des niveaux de vie. Les résultats réservent quelques surprises.

LE TAUX DE PAUVRETÉ VARIE DE 7% À 45%

Dans une ville comme Roubaix (Nord) par exemple, 45% des ménages sont considérés comme pauvres, c’est-à-dire disposant de moins de 60 % du revenu médian national (1) (après impôts et prestations sociales). Soit moins de 977 euros par mois en 2011. A l’extrême opposé, à Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison ou Versailles, près de Paris, seuls 7 % des habitants vivent avec moins de 977 euros par mois. «Quand on parle de pauvreté de façon globale en France, on oublie qu’il existe d'importants écarts entre les villes. On a fait le calcul sur les cent plus grandes communes, le taux de pauvreté varie de 7 à plus de 40 %, ce qui fait un rapport de un à six, c’est énorme», commente Louis Maurin. Rappelons qu’à l’échelle nationale, 14,3 % des ménages sont en dessous du seuil de pauvreté.

DE LA PAUVRETÉ PARTOUT, UN PEU MOINS À L'OUEST

Comparer les taux de pauvreté des communes de plus de 50 000 habitants ne permet pas définir des zones géographiques où serait concentrée la pauvreté. «Notre classement fait ressortir des communes de localisation très diverse», indique l’étude. Parmi les communes dont la population est le plus en difficulté, on trouve des villes du Nord comme Roubaix, Calais ou de l'Est comme Mulhouse.
Apparaissent aussi, en haut du classement, la Réunion, avec 44 % de personnes en dessous du seuil de pauvreté à Saint-Pierre, 43 % à Tampon et 39 % à Saint-Paul. Suivi de près par Fort-de-France, en Martinique, avec un taux de pauvreté de 33 %.

Les villes du sud de la France métropolitaine ne sont pas épargnées non plus, notamment Béziers (33 %), Perpignan (32 %), Avignon (30 %) ou Nîmes (29 %). On trouve aussi des grandes villes de la banlieue parisienne comme Aubervilliers, Pantin, Sarcelles. Enfin, certaines grandes métropoles comme Marseille, Montpellier ou Lille figurent aussi parmi les communes qui comptent le taux de pauvreté le plus élevé. «Seul l’Ouest de tradition moins inégalitaire et moins marqué par la crise, est moins représenté», dans ce classement.
«Il est intéressant de voir que si on change d’échelle des communes comparées, les résultats varient»,  souligne Louis Maurin. En prenant les villes de plus de 10 000 habitants, le classement n’est plus du tout le même. En tête: cinq communes de La Réunion, notamment la ville du Port qui enregistre un taux de pauvreté de 55 % ! Suivent des villes du Nord de la France, avec Roubaix et Denain qui comptent 45 % d’habitants en dessous du seuil. Puis, la banlieue parisienne se distingue très nettement: Clichy-Sous-Bois (45 %), Grigny (43 %), Garges-Les-Gonesse (40 %), La Courneuve (40 %).

IL RESTE DES QUARTIERS PAUVRES À PARIS


Paris (cliquer sur les arrondissements pour avoir les données)
Là encore, tout est une affaire de focale. Pris dans son ensemble, Paris compte 14 % de pauvres, et se situe donc dans la moyenne nationale (14,3 %). Mais si l’on regarde par arrondissement, le tableau n’est plus du tout le même. Les écarts sont importants : on compte trois fois plus de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le XIXe, XVIIIe et XXe arrondissements que dans le VIIe ou VIIIe. Louis Maurin va plus loin. «Quand on observe encore plus dans le détail, quartier par quartier, la pauvreté réapparaît encore plus. Dans un arrondissement comme le XIXe, vous avez 200 000 habitants. Donc, forcément la moyenne cache des disparités.» En scrutant quartier par quartier, on retrouve des taux de pauvreté très élevés. Entre 35 et 50 % dans les quartiers de Belleville, La Villette ou la Goutte d’or.
Marseille (cliquer sur les arrondissements pour avoir les données)
Même travail sur Lyon et Marseille. Là encore, la moyenne à l’échelle de la ville, cache de fortes disparités entre les arrondissements. A Marseille, surtout. Dans le IIIe arrondissement, le bureau Compas évalue le taux de pauvreté à 55%. Et à 43% et 44% dans les arrondissements voisins du Ier et IIe, autour du Vieux port. «Qu’on arrête de dire que la pauvreté n’est aujourd’hui présente qu’en périphérie et dans les petites villes. Cette étude montre que ce n'est pas vrai», conclut Louis Maurin.
A LIRE AUSSI notre décryptage sur les inégalités à Marseille
Lyon (cliquer sur les arrondissements pour avoir les données)
(1) Le revenu médian national est celui qui partage la population en deux parties égales. 50% de la population dispose de moins, et 50% dispose de plus pour vivre.

samedi 25 janvier 2014

La sexualité, sujet tabou dans les hôpitaux psychiatriques

Le Monde Blogs 

Dans les institutions psychiatriques, la sexualité des patients fait l’objet d’un interdit tacite. Pourtant, elle existe, clandestine et dangereuse. Sujet tabou en France, moins en Suisse ou en Allemagne.
Amours fous, sexe tabou. Guillaume Duchemin
Amours fous, sexe tabou. Guillaume Duchemin
« On a beaucoup discuté avec Sandra, maintenant on aimerait passer à la vitesse supérieure … Mais partager le même lit est interdit à l’hôpital », confie Malik (tous les prénoms ont été changés pour des raisons de confidentialité), la trentaine, les traits marqués mais le regard doux, un paquet de cigarettes dans une main, la main de son amie Sandra dans l’autre. Assis dans un coin de la cafétéria, le jeune couple boit un café. Sandra a gardé son bas de pyjama vert. Ils ont fait connaissance il y a trois mois à l’Etablissement public de santé mentale de Ville-Evrard (Seine-Saint-Denis), où ils sont toujours patients.
Sur le site principal de l'hôpital, les patients peuvent séjourner des mois, voire des années. Ils sont près de 200 à vivre dans des pavillons de deux étages répartis dans un parc de 70 hectares. Ils se retrouvent dans une cafétéria qui leur est réservée. La salle bariolée, décorée de leurs œuvres d’art, est pleine d’éclats de rire, de folie, de violence. Les relations s’y tissent.
Sexualité interdite
Selon le rapport intitulé Prévention de la transmission du VIH en psychiatrie, synthèse d'une recherche menée sous la direction du Dr Christiane Charmasson en 1997 dans cinq établissements psychiatriques français, dont celui de Ville-Evrard, près des trois quarts du personnel interrogé disaient avoir eu connaissance de relations sexuelles entre patients au sein de l’hôpital. Une situation à laquelle ils doivent faire face sans avoir été formés et sans disposer de directive précise.


Réparer les vivants

MAYLIS DE KERANGAL

Parution : 02-01-2014

AÏE – Rester assis trop longtemps est dangereux pour la santé

Le Monde Blogs 23 janvier 2014
Les méfaits de la position assise, expliqués par le "Washington Post".
Les méfaits de la position assise, expliqués par le "Washington Post".
En 2009, 75 % des actifs français travaillaient dans le secteur tertiaire, selon l'Insee. Sur ces 25,6 millions de personnes, il y a fort à parier que la grande majorité passe sa journée dans un bureau, devant un ordinateur… On se doute que rester assis toute la journée n'est pas très bon pour la santé, mais en quoi, exactement ?
A l'aide de quatre experts, le Washington Post vous explique tout dans une infographie méthodique, qui fait l'inventaire des effets néfastes pour le corps de la position assise ("sitting disease"), des plus évidents, comme le mal de dos, aux plus inquiétants, comme le cancer du colon.
Ainsi l'on apprend qu'être assis huit heures par jour – la moyenne pour un adulte américain, relève le quotidien – provoque des maux "de la tête aux pieds". Petit passage en revue des réjouissances : maladies du cœur et du pancréas, dégénérescence des muscles, problèmes de circulation, et même… ralentissement du cerveau, parce qu'assis "tout ralentit" !

Un neurone des « intuitions sociales » ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
Lorsqu'on parle du cerveau humain, la plupart des gens pensent aux grandes facultés, intelligence, raisonnement, conscience, puis à la taille de l'organe et à la matière qui le compose : les neurones. Chacun sait ce qu'est un neurone, et d'ailleurs la question qui revient toujours est : combien y en a-t-il dans notre cerveau ? Il est moins fréquent de se voir poser la question de la variété des types de neurones qui peuplent notre encéphale. Si motoneurone ou neurone sensoriel vous sont des termes familiers, connaissez-vous les cellules granulaires, pyramidales, étoilées, en panier ou fourchées ? Si toutes disposent d'un noyau, d'un axone (qui transmet l'influx nerveux) et de dendrites (qui le reçoivent d'autres neurones), il existe une grande diversité de formes qui sont liées à la localisation des neurones, à la nature de leurs interactions, à leur vitesse de conduction et, in fine, à leur fonction.
Des chercheurs se passionnent actuellement pour une cellule appelée le « neurone de von Economo » (NVE), du nom du célèbre anatomiste autrichien (1876-1931) qui fut le premier à le décrire. Sa particularité ? Un corps cellulaire fusiforme de grande taille, un axone très long qui lui permet de communiquer rapidement avec des régions cérébrales distantes et un arbre dendritique unique et touffu pour capter les signaux issus de différentes couches corticales. Les NVE sont très rares dans le règne animal et leur nombre augmente avec l'hominisation. Peu nombreux à la naissance, ils émergent vers le huitième mois et deviennent opérationnels vers l'âge de 3 ans.

Panser la migraine des enfants

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
« Depuis la rentrée scolaire, c’est infernal, j’ai entre trois et dix migraines par mois, et des céphalées de tension presque tous les jours. En fait, il n’y a que deux ou trois jours par mois où je n’ai pas mal à la tête », détaille Juliette (son prénom a été changé), 15 ans. Suivie de longue date au Centre de la migraine de l’enfant et de l’adolescent, à l’hôpital Trousseau (Paris), la jeune fille a appris à distinguer ses différents types de céphalées. Comme la plupart des enfants migraineux, elle souffre à la fois de migraines, des « gros maux de tête » qui évoluent par crises et obligent en général à arrêter toute activité ; et de céphalées de tension, des « petits maux de tête » moins invalidants et qui passent sans médicament.

Dessin d'enfant migraineux extrait de l'ouvrage "Migraine, céphalées de l'enfant et de l'adolescent", sous la direction de Daniel Annequin, Barbara Tourniaire et Rémy Amouroux (éditions Springer, 228 p., 50 euros).
Pour comprendre les causes de cette recrudescence des crises chez sa patiente, Daniel Annequin, responsable de ce centre de référence, fait redérouler à Juliette le fil de sa vie depuis la dernière consultation, il y a deux ans. Il la questionne sur l’ambiance au lycée, le climat familial, les facteurs déclenchants des maux de tête, leurs conséquences en termes d’absentéisme scolaire…
Au Centre de la migraine de l’enfant, structure unique en son genre en France, créé en 2002 par des spécialistes de la douleur en pédiatrie, les professionnels disposent d’un atout essentiel : le temps. La consultation peut durer jusqu’à une heure et demie, permettant aux médecins d’explorer à fond l’histoire médicale et les symptômes de leurs petits patients, mais aussi le contexte psychosocial, une dimension « souvent négligée mais fondamentale », insistent les membres de l’équipe.

Le Pr Pierre Carli dénonce "l'utilisation à deux vitesses" des hélicoptères sanitaires


Pour le CNUH, le recours aux hélicoptères sanitaires est trop peu optimisé entre hélismur et Sécurité civile. Son rapport pousse à contractualiser cette mission santé et à confier sa gestion aux ARS. Le tout en pérennisant le financement, en adaptant les structures hospitalières et en anticipant les évolutions réglementaires.

Dans la suite des premiers éléments divulgués en mars 2013 lors des Journées annuelles d'études de l'Association française des utilisateurs des hélicoptères sanitaires hospitaliers (AFHSH, lire ci-contre), le Pr Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), a remis le16 janvier dernier son rapport final au ministère des Affaires sociales et de la Santé. Et le constat évoqué il y a un an n'a pas varié d'un iota : entre les hélismur et les hélicoptères d'État (Sécurité civile, Gendarmerie...), il existe actuellement "une utilisation à deux vitesses des moyens héliportés pour les urgences médicales" qui impose désormais d'"uniformiser" la prise en charge des patients. En effet, "l'implantation des hélicoptères n'est pas optimisée, insuffisante dans certains cas, redondante dans d'autres", commente Pierre Carli, pointant l'absence de stratégie nationale de couverture du territoire. Par conséquent, importe-t-il d'une part de formaliser un contrat de la mission santé pour les hélicoptères sanitaires, et d'autre part de confier aux ARS le soin d'élaborer une organisation régionale de ces équipements.

Geneviève Fioraso promet de nouvelles expérimentations d'accès aux études de santé en 2014



C'est dans le cadre du musée du Quai Branly à Paris, après avoir écouté le Cœur Paris 4 Sorbonne, que Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a présenté ce 21 janvier ses vœux au monde de le Recherche et de l'Enseignement supérieur et dressé un bilan de l'année 2013. Une année marquée par trois textes de lois d'importance. La loi du 8 juillet 2013, qui a permis entre autres la création des Écoles supérieures de professorat et d'éducation (Espe). La loi du 22 juillet 2013, dont le fil conducteur, a rappelé Geneviève Fioraso, est "la contribution de l'enseignement supérieur et de la recherche au redressement de notre pays". Enfin, dernier texte important adopté, la loi du 6 août 2013, portant révision de la loi de bioéthique, qui autorise sous condition la recherche sur les cellules souches embryonnaires. "Nous avons trouvé un bon équilibre entre les impératifs de la recherche et les notions d'éthique", s'est félicité Geneviève Fioraso. Et de rappeler que dans le domaine de la recherche biomédicale, la France, ces dernières années, avait chuté de la 5e à la 17e place mondiale. 
Pour 2014, la ministre a annoncé que "des textes importants sont d'ores et déjà prêts… Les textes sur l'expérimentation des conditions d'accès aux études de santé vont aussi nous permettre de diversifier l'accès aux études de médecine".

Des parlementaires invitent à se préparer sans tarder à la médecine personnalisée



L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), saisi par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, vient de publier un rapport sur la médecine personnalisée. Quelle que soit la définition retenue, indiquent alors les parlementaires*, elle implique "un changement de paradigme dans l'approche du traitement de la maladie qui entraîne des bouleversements socio-économiques importants dans le secteur de la santé et exige de garantir l'égalité d'accès au soins et la protection des citoyens". Il faut dès lors "s'y préparer sans tarder", estiment-ils. Ils évoquent en effet de nouveaux métiers et de nouveaux acteurs, notamment les biologistes du génome et les bio-informaticiens, ou encore la mise en commun des savoirs des grands laboratoires de l'industrie pharmaceutique, la définition de normes de gestion des données génétiques et des dossiers médicaux personnels... Et au-delà de l'oncologie, qui est le domaine essentiel de la médecine personnalisée, elle devrait aussi être plus utilisée dans le champ de la prévention, considèrent les auteurs.

vendredi 24 janvier 2014

L'inquiétante étrangeté de l'art brut s'expose à Sainte-Anne

LE MONDE | Par 

"Qui trace", de Michèle Burles (1948), collection Alain Bourbonnais, dans le cadre de l'exposition d'"art brut" à l'hôpital Sainte-Anne de Paris (14e) jusqu'au 16 février 2014.
"Qui trace", de Michèle Burles (1948), collection Alain Bourbonnais, dans le cadre de l'exposition d'"art brut" à l'hôpital Sainte-Anne de Paris (14e) jusqu'au 16 février 2014. | MICHÈLE BURLES

Architecte de formation, Alain Bourbonnais (1925-1988) a été l'un des continuateurs du travail de l'artiste Jean Dubuffet. Initié par lui à l'« art brut », il lui consacre une galerie à partir de 1972, où il amasse une collection si considérable qu'il finit, en 1982, par la transférer dans un village de Bourgogne, où elle devint La Fabuloserie. On peut toujours la visiter, à Dicy, dans l'Yonne.
On peut aussi en visiter une anthologie en une centaine de dessins et assemblages présentés à l'hôpital Sainte-Anne dans les salles souterraines du Centre d'étude de l'expression. Le lieu est éminemment historique, puisque c'est à Sainte-Anne qu'eurent lieu, à partir de 1950, des expositions consacrées à ce qui était désigné alors le plus souvent comme « art des fous ». Le Centre lui-même y a été fondé il y a trente ans et demeure l'un des pôles de la recherche sur ces formes très difficilement explicables de création.

«au bord du monde» : la montée des marges

DIDIER PÉRON


«Vivre dehors, ça casse, ça use, ça tue. On n’est pas en état, on tient pas le coup…» C’est Wenceslas qui parle, assis sur un banc, son chariot chargé à bloc et garé derrière lui. Avec sa barbe et son bonnet de marin, il a l’air d’un capitaine jovial en attente d’un départ imminent pour une destination lointaine. Mais en réalité, ses grandes traversées le mènent non à l’aventure du grand large, mais aux abords des magasins rutilants de la Madeleine, à Paris, pour récupérer la nourriture invendue qui lui permette de tenir. Il dit qu’après quatre ans à la rue, il en a marre. DansAu bord du monde, ils sont une dizaine de personnes à s’exprimer ainsi frontalement, racontant leur expérience de la pauvreté.
Claus Drexel a tourné pendant un an, d’avril 2012 à mars 2013, il est sorti «en maraude» avec son équipe quatre ou cinq nuits par semaine, accumulant une centaine d’heures de rushs : «Les deux premiers mois, on a circulé dans Paris avec les équipes du Samu social, on a rencontré énormément de monde et, au terme de cette première approche, on a tourné avec une quarantaine de personnes [il n’en reste qu’une dizaine dans le film, ndlr], et je me suis rendu compte qu’il y avait une pluralité de problèmes possibles à traiter. Mais ce qui m’a touché, c’est que certaines personnes sont confrontées à des problèmes qui vont bien au-delà des questions économiques.» Les moments de tournage sont donc nocturnes, à l’heure où l’activité sociale reflue, où le bruit incessant des voitures se fait moins harcelant. Les sites les plus prestigieux de la capitale (la Concorde, le Louvre, le Jardin des Plantes, l’Arc de Triomphe…) défilent, étrangement déserts. «Je suis un grand admirateur de Werner Herzog, explique Claus Drexel, Français d’origine bavaroise, longtemps chef op et auteur d’un long métrage de fiction, Une affaire de famille, sorti en 2008. Pour reprendre ses termes, il y a la réalité comptable et la réalité extatique. Je voulais styliser le film de telle sorte que ces SDF que nous rencontrions apparaissent comme les derniers survivants d’un Paris post-apocalyptique. Paris, c’est une ville archétypale, la cité d’or dont ces SDF seraient les gardiens veillant sur des monuments historiques qui sont aussi leurs seuls refuges.»

Il faut garder une psychiatrie de proximité

PAR SANDRINE DELOCHE PÉDOPSYCHIATRE ET YANN DIENER PSYCHANALYSTE, POUR LE COLLECTIF 14


Ernesto est l’enfant fou et génial de la Pluie d’été, publié par Duras en 1990. Ernesto est en retard sur certaines choses, en avance sur d’autres. Il est «dans sa bulle». Il refuse d’aller à l’école, «parce qu’on y apprend des choses qu’on ne sait pas». Ernesto aurait pu bénéficier de consultations au centre médico-psychologique (CMP) de son quartier. Les CMP font partie des secteurs de pédopsychiatrie mis en place dans les années 70 : structures extra-hospitalières, lieux d’accueil à taille humaine, loin de l’asile, ils sont inscrits dans la ville. Les enfants et leurs parents y viennent plus facilement qu’à l’hôpital, à la recherche d’une adresse pour parler des angoisses, des traumatismes, des difficultés scolaires et autres cauchemars qui peuvent compliquer la vie jusqu’à la rendre impossible. Le travail des équipes de secteur se fait en partenariat avec les écoles spécialisées, les hôpitaux de jour, les jardins d’enfants, dans un maillage local qui permet d’appréhender la complexité d’un symptôme dans son contexte. La proximité avec le lieu d’habitation de l’enfant et de sa famille permet ce travail d’orfèvre, sans lequel bien des instituteurs ne tiendraient pas longtemps, sans lequel la violence des adolescents serait encore plus vive.

Remarques sur le Rapport d’information sur la santé mentale et l’avenir de la psychiatrie

 |  PAR FZANNIER

Bien que formulant une proposition essentielle concernant le recours aux psychologues en première intention, dans les pathologies psychiques et/ou mentales, et la prise en charge de ce recours par l'assurance maladie, ce rapport laisse de côté des questions importantes.
On constate notamment que "santé psychique" et "santé mentale", sont toujours relativement confondues, dans l'esprit du législateur et de certains médecins, alors que le distinguo psychologie-psychothérapie vs médecine-psychiatrie, tient principalement à cette différence.

Rappelons que le psychisme est un paradigme dégageant les savoirs psychopathologiques de leurs racines biologiques et médicales, et instituant une dimension de l'esprit relativement autonome par rapport à celles-ci. 
La formalisation de cette dimension, dont nous sommes essentiellement redevables à Freud, est l'objet principal de la psychologie clinique.

Rappelons également que "la réalité psychique est une forme d'existence particulière qu'il ne faut pas confondre avec la réalité matérielle" (S. Freud), ce qui n'est pas pris en compte dans ce rapport où santé psychique et santé mentale sont amalgamées.

En d'autres termes, il est bien question de troubles psychiques, mais ceux-ci sont abordés uniquement dans le cadre médical psychiatrique, comme si c'était toujours le cas, et comme si cela allait de soi.
L'expression "handicap psychique lié à une pathologie mentale" est employée une seule fois, alors que ce sont les principaux cas relevant de la psychiatrie, à proprement parler. 


Le rôle de la psychiatrie chez les enfants et les adolescents

À l'occasion du congrès psychiatrique de la francophonie, nous nous interrogeons sur le rôle de la psychiatrie chez les enfants et adolescents victimes de troubles de l'humeur, de l'anxiété ou des conduites alimentaires. Comment sont-ils pris en charge ? Les méthodes sont-elles efficaces et adaptées ?

Les failles psychiatriques des humoristes



24/01/2014

Les comédiens présentent des traits de personnalité habituellement associés à des troubles psychiatriques, révèle une étude.
On connaissait les liens étroits entre folie et activité artistique: Antonin Artaud et ses délires devenus poèmes, le peintre Gérard Garouste et son combat contre la maniaco-dépression… Aujourd'hui, ce sont les acteurs, notamment comiques, qui sont passés au crible de la psychiatrie. Une étude dévoilée dans le British journal of Psychiatry a en effet montré que des comédiens pratiquant la scène (364 acteurs testés) ont au moins trois traits de personnalité communs avec le profil de trouble de personnalité de type «schizotypie». Ces caractéristiques communes sont la tendance à l'impulsivité, aux comportements antisociaux, et une certaine peur de l'intimité…
Chez les humoristes plus particulièrement (523 comiques soumis à un questionnaire sur internet), on relève en plus une forte tendance à l'introversion. Ces traits n'ont pas atteint une telle fréquence chez les 831 personnes exerçant une activité professionnelle autre et qui formaient le groupe de contrôle. «Les qualités créatives qui génèrent l'humour ressemblent de manière frappante au style cognitif des personnes schizophrènes et bipolaires», explique Gordon Claridge, coordinateur de l'étude menée au département de psychologie expérimentale d'Oxford.


Etats Généraux Infirmiers 2014 Préparer l’exercice de demain

SNPI 
Etats Généraux Infirmiers
Nous espérons votre participation lors desEtats Généraux Infirmiers du mardi 25 mars 2014 à Paris, à l’initiative de trois syndicats infirmiers :
- le SNPI pour les infirmières salariées du privé et du public
- le SNIIL pour les infirmières libérales
- le SNIES pour les infirmières de l’éducation nationale
Le colloque se déroulera sur une journée, sous la forme de tables rondes et échanges avec la salle, pour montrer ce qu’une IDE peut déjà faire aujourd’hui, et quelle sera l’IDE de demain, afin de positiver sur uneprofession infirmière en évolution : pratiques avancées, éducation thérapeutique, consultations infirmières, infirmières cliniciennes, infirmières spécialistes cliniques,…

Développer de nouvelles réponses associatives adaptées aux besoins des personnes handicapées avançant en âge

Les membres du Groupement de priorités de santé "Avancée en âge des personnes handicapées" organisent une journée consacrée au développement de nouvelles réponses associatives adaptées aux besoins des personnes handicapées avançant en âge. Manifestation en présence de Patrick Gohet, Inspecteur général des Affaires sociales et auteur du rapport "L’avancée en âge des personnes handicapées. Contribution à la réflexion".

Les 14 missions de service public seraient supprimées au profit de bloc de service dans la loi Santé

Le 17 décembre dernier, la commission présidée par Bernadette Devictor sur le Service public hospitalier (SPH) et le Service territorial de santé (STS) a tenu sa dernière réunion. La notion de STS a été plus précisément définie.
Selon le relevé de conclusions de la dernière réunion plénière de la commission pilotée par Bernadette Devictor sur le Service public hospitalier (SPH) et le Service territorial de santé (STS), qu'Hospimedia s'est procuré, le SPH pourrait être "rétabli en bloc de service avec la suppression des 14 missions de service public". Cette réunion plénière, la dernière, s'est tenue le 17 décembre dernier. Lors de la réunion du 14 novembre, la DGOS avait analysé les conséquences d'une réintroduction du SPH à l'identique et, au regard du droit communautaire, avait jugé l'opération mal aisée (lire ci-contre). Toujours selon le relevé du 17 décembre, le SPH serait en lien avec les missions d'intérêt général et serait l'un des acteurs du STS.

2e Rencontres annuelles FHF des cadres : "Impact des innovations sur le management"

Les 2e Rencontres annuelles FHF des cadres se tiendront le 13 février prochain à Montrouge avec pour thème central : "L'impact des innovations sur le management".

Au menu des débats :
  • l'actualité métiers et diplôme (réingénierie du diplôme "cadre de santé" et perspectives de formation des cadres hospitaliers, nouveau répertoire des métiers),
  • les évolutions de la certification,
  • concept et mise en œuvre des chemins cliniques,
  • l'impact des innovations sur le management, les relations et l'organisation, les technologies et les réseaux sociaux, les pratiques et les métiers.

jeudi 23 janvier 2014

La détresse des femmes, fruit d'une histoire de lutte !

Le Monde.fr | Par 
Face à ce qui apparaît, dans les débats parlementaires, à une remise en cause du droit à l'avortement, de nombreux internautes ont réagi en postant des messages de soutien à l'interruption volontaire de grossesse.
Face à ce qui apparaît, dans les débats parlementaires, à une remise en cause du droit à l'avortement, de nombreux internautes ont réagi en postant des messages de soutien à l'interruption volontaire de grossesse. | Twitter/Imnotalone
Le terme « détresse » apparaît en 1974. A cette époque, les femmes qui le pouvaient avortaient à l'étranger. Des avortements clandestins avaient lieu en France où les femmes et les médecins qui le pratiquaient, risquaient la peine de prison. Dans ce contexte, il s'agissait de «mettre fin à une situation de désordre et d'injustice et d'apporter une solution mesurée et humaine à un des problèmes les plus difficiles de notre temps ».
Il est connu que des services sociaux, des médecins, des miltants et des militantes, aidaient des femmes à avorter. Le terme de « détresse » s'est justifié alors pour obtenir le consensus parlementaire permettant que l'avortement soit toléré en France pour mettre fin à une situation où la loi répressive était ouvertement bafouée, voire ridiculisée...
Ce terme, qui n'a rien de juridique, est ainsi maintenu dans la loi de 2001, au profit d'autres avancées estimées prioritaires comme l'allongement des délais de 10 à 12 semaines de grossesse, la suppression de l'entretien pré-interruption volontaire de grossesse obligatoire pour les femmes majeures, la possibilité pour les mineures d'avorter sans autorisation parentale et ce, pour faire reconnaitre l'avortement comme un droit légitime des femmes.