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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 2 avril 2015

Crash de l’A320 : le diagnostic de dépression est un fourre tout

Le Monde.fr | 
Par Gérard Pommier, psychiatre, professeur de psychopathologie à l'université Paris VII, membre du collectif Anti D.S.M 

Le mardi 24 mars, l'A320 des Germanwings s'écrasait dans les Alpes du sud. Selon les premières nouvelles il s'agissait d'un acte volontaire du copilote. La presse a annoncé assez vite ce qui pouvait en être les motifs. Sur les ordonnances, les papiers chiffonnés d'Andreas Lubitz, de même qu'à partir de ce qui a pu filtrer des dossiers, les journaux ont fait état d'une « dépression » et d'un « burn out ». Trouvera-t-on quelque part un diagnostic plus précis ?

C'est peu probable. Au cas où Lubitz aurait rencontré un psychiatre averti, formé à la psychiatrie classique, un psychiatre encore au moins capable de différencier la psychose de la névrose, ce dernier aurait été obligé d'écrire son diagnostic dans les termes dérivés du D.S.M. 5 de la psychiatrie américaine, qui sont des « non-diagnostics ». Le terme « dépression » veut dire « triste », et cette dépression peut-être aussi bien causée par un deuil normal, qu'être le symptôme d'un état grave. De même « burn-out » veut dire « fatigué », état qui peut recouvrir aussi bien un excès de travail qu'une fatigue psychique de cause indéterminée.


Le bûcher des ardentes

LE MONDE DES LIVRES | Par 


Dans « Sorcière ? », le Macédonien Venko Andonovski évoque les procès en sorcellerie qui ont conduit tant de femmes à la mort. Un beau plaidoyer contre l’intolérance (Illustration : femme accusée de sorcellerie et condamnée au bûcher, vers 1700).


Au premier abord, c’est l’histoire de quelqu’un qui écrit une histoire. Déjà vu ? Pas quand cette histoire est presque toujours tue. « Cela me frappe, explique Venko Andonovski, de passage à Paris en mars à l’occasion du Salon du ­livre. On parle de nombreux génocides – arménien, juif, ­khmer… –, mais on ­évoque rarement l’ampleur des massacres de femmes qui ont eu lieu à travers ­l’histoire. »

Né en 1964 à Kumanovo, en Macédoine, Venko Andonovski est professeur de littérature à l’université de Skopje, la capitale. Il est aussi sémioticien – un grand amateur de Gérard Genette, critique littéraire et auteur d’une trentaine d’œuvres en macédonien, récits, romans, pièces de théâtre, essais, couronnés par de nombreux prix. Andonovski raconte qu’un jour, alors qu’il résidait à l’université de Zagreb, en Croatie, comme professeur invité, il est tombé sur de vieux comptes rendus de procès en sorcellerie. « Peu de romans abordent ce thème, dit-il. Cela m’a donné envie de m’en emparer. » Au début de Sorcière ?, Andonovski a placé un paragraphe éloquent qui jette tout de suite le lecteur dans le vif du sujet : « En Europe, entre le Xe et le XVIIIsiècle, près d’un demi-million de femmes ont été condamnées au bûcher sous prétexte d’être des sorcières et d’avoir signé un pacte avec le diable, c’est-à-dire d’avoir eu des relations sexuelles avec lui », écrit-il. Il note que « les accusations venaient le plus souvent de la part des maris ».

Les fausses théories de l’hyperactivité chez l'enfant

02.04.15


 Ritaline et le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant" progressent inexorablement sur le chemin du scientisme idéologique, ce "chemin pavé de bonnes intentions", qui mène à l’enfer pharmaco-toxique de la Ritaline. Selon l’idéologie scientiste pro-TADH du "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant", la perte des libertés fondamentales de l’enfant, qui est toujours plus soumis aux abus de la psychiatrie, est très préoccupante moralement. Les fausses théories, qui ont inventé le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant", ont inventé en réalité une "non-maladie", c’est-à-dire une sorte de fiction psychiatrique totalement inhumaine.
La domination pharmaco-toxique de la propagande publicitaire des laboratoires pharmaceutiques, en faveur de la promotion des prescriptions de Ritaline, soutient le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant".
Notre critique traite des dangers des fausses théories psychiatriques de l’hyperactivité qui mènent à la domination pharmaco-toxique de la vie de l’esprit de l’enfant. Notre critique traite des dangers d’une idéologie du contrôle social médicalisé de l’esprit de l’enfant, justifié par une politique de "santé publique" inhumaine.
Les idéologies socialistes totalitaires utilisent toujours la rhétorique de la "santé publique" pour aliéner la liberté de penser et d’agir en conscience de tout un chacun. La propagande socialo-populiste, en faveur de la "santé publique" éclaire la nature pharmaco-toxique du contrôle social médicalisé de l’esprit de l’enfant.
Le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant", selon la Haute Autorité de Santé (HAS), n’admet surtout pas, et ne veut surtout pas admettre, la nature normale et fondamentalement réactionnelle du comportement des enfants turbulents. La propagande pro-TADH de la Haute Autorité de Santé (HAS), selon le Communiqué de Presse du 12 février 2015, correspond à une fausse campagne de promotion de la santé chez l’enfant.
La nature utopique de l’idéologie qui domine la propagande pro-TADH de la Haute Autorité de Santé veut convaincre le monde médical de soigner une "non-maladie". Le "mythe de l’hyperactivité chez l’enfant" est une sorte de fiction psychiatrique destinée à "contrôler médicalement le comportement des enfants". On veut contrôler le comportement des adolescents instables, selon le faux "principe médical de précaution".
Le prétexte d’un "trouble psychiatrique qui n’existe pas", soit disant TDAH, doit justifier le fait que des jeunes au comportement instable soient traités comme de futurs "délinquants qui s’ignorent". C’est pourquoi des enfants remuants à l’école sont arbitrairement "supposés dangereux". Et c’est pourquoi les enfants sont soumis et drogués par des prescriptions souvent abusives de médicaments psychotropes.

Prostitution : associations et gouvernement s’offusquent du rétablissement du délit de racolage

01.04.2015

Les associations et la ministre de la Santé, Marisol Touraine, dénoncent l’adoption par un Sénat, marqué à droite, de la proposition de loi relative à la prostitution, qui rétablit le délit de racolage public, et supprime la pénalisation du client.
Les sénateurs ont adopté, le lundi 30 mars, la proposition de loi « visant à la lutte contre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, contre le proxénétisme et pour l’accompagnement des personnes prostituées » par 162 voix pour et 42 voix contre (socialistes, communistes, écologistes, et quelques UDI).
Le texte a été au préalable profondément remanié par rapport à celuivoté par l’Assemblée nationale, en décembre 2013, et l’avis de la commission spéciale du Sénat de juillet 2014. Depuis, le Sénat a changé de majorité et la commission spéciale sur le sujet a été renouvelée de moitié.
Le texte voté par le Sénat supprime l’article 13, qui abrogeait le délit de racolage public, institué sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en 2003. En revanche, il confirme la suppression de la pénalisation du client, réintroduite par la commission spéciale le 25 mars dernier.
Les sénateurs ont également adopté un amendement permettant un blocage des sites Internet utilisés par les réseaux de proxénétisme ou de traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle.

« Régression des droits des femmes », pour Touraine

La ministre de la Santé a fait part de son regret de voir « la régression des droits des femmes dans le texte adopté ». Marisol Touraine s’en prend au délit de racolage : « Cela fait des femmes, des hommes, mineurs et majeurs, maintenus sous la coupe des réseaux internationaux de traite des êtres humains, des coupables, au lieu de les reconnaître comme des victimes. Il constitue un obstacle majeur à leur accompagnement par les associations spécialisées », écrit-elle. Elle déplore également la suppression de la pénalisation des clients : « Cela nous prive d’un outil majeur pour faire reculer la demande, et donc la prostitution. »

Population carcérale et nombre de lits en psychiatrie, l’hypothèse de Penrose

Publié le 01/04/2015






Également généticien et psychiatre, pionnier des études sur le contexte génétique dans les déficiences intellectuelles, le mathématicien anglais Lionel Sharples Penrose (1898–1972) est connu pour une illusion célèbre, « l’escalier paradoxal de Penrose », découverte en collaboration avec son fils, le mathématicien et physicien Roger Penrose, spécialiste en particulier de questions cosmologiques (trous noirs, gravitation quantique à boucles). Prototype de figure impossible, cette étrange structure fut popularisée par M.C. Escher dans sa gravure Montée et Descente où des moines parcourent un escalier où le haut se confond indéfiniment avec le bas[1]. Et Roger Shepard (un chercheur en psychologie cognitive) a réalisé une « illusion auditive », la gamme de Shepard[2] correspondant à une transposition de cet escalier de Penrose en psycho-acoustique, une discipline impliquée notamment en matière de compression du son, comme dans le fameux format mp3.

Or dès 1939, Penrose formula l’hypothèse d’une corrélation inverse entre le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux psychiatriques et l’effectif des populations carcérales. En d’autres termes, pour paraphraser Victor Hugo (« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons »), à trop vouloir tailler dans les dépenses de santé, on risque de pousser des marginaux vers la délinquance et l’incarcération, faute de prise en charge mieux adaptée. Dans le même esprit, on a dit aussi qu’à l’image de l’Empire Romain avec son fameux « Panem et circenses » (Du pain et des jeux) résumant la politique d’évergétisme[3], l’état achète la paix sociale en accordant des allocations (équivalent du « pain » antique) et en instituant des divertissements, formes modernes des « jeux du cirque » : télévision, compétitions sportives, jeux de hasard, courses hippiques…
Une étude britannique a évalué l’application de cette « loi de Penrose » à l’évolution psychiatrique et carcérale dans 6 états d’Amérique latine depuis 1990, année où fut signée la Déclaration de Caracas[4]. Les auteurs constatent une « diminution de 2 % à 72 % » du nombre de lits dans les services psychiatriques de ces pays et, parallèlement à cette réduction (parfois drastique) de l’offre intra-hospitalière de soins en psychiatrie, une « augmentation de 16 % à 273 % du nombre de personnes emprisonnées. » L’analyse des données confirme l’existence d’une « relation inverse » statistiquement significative entre le nombre de lits en psychiatrie et la taille des populations carcérales : en moyenne, la disparition d’une place en psychiatrie s’accompagne de 5,18 prisonniers supplémentaires (intervalle de confiance à 95 % [IC95] : 3,10–7,26 ; p = 0,001) mais cette association est ramenée à 2,78 prisonniers en plus (IC 95 : 2,59–2,97 ; p< 0,001) après la prise en compte d’un facteur confondant (la croissance économique). Et cette « loi de Penrose » demeure « pratiquement inchangée » en intégrant une autre variable, l’inégalité des revenus. Les auteurs estiment qu’il est nécessaire de consacrer d’autres recherches à la « compréhension des raisons » de cette association inverse prévue par Lionel Penrose.
[1] http://mcescher.frloup.com/oemonteedescente.php
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Gamme_de_Shepard
[3] http://www.herodote.net/evergetisme-mot-48.php
[4] En Novembre 1990, des pays d’Amérique latine ont signé la Déclaration de Caracas visant (entre autres objectifs) à « promouvoir le respect des droits humains et civils des malades mentaux, et à restructurer l’organisation des soins psychiatriques. » [http://www.coedu.usf.edu/zalaquett/gua/CaracasDeclarationMentalHealthAmsterdam.pdf]
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Mundt AP et coll.: Psychiatric hospital beds and prison populations in South America since 1990, does the Penrose hypothesis apply? JAMA Psychiatry, 2015; 72: 112–118.

Andreas Lubitz aurait été traité par un neuroleptique atypique

30/03/2015

Les révélations ont continué à se multiplier sur Andreas Lubitz, responsable du crash de l’A320 de Germanwings mardi dernier. De nombreux journaux ont notamment souhaité en connaître plus sur le traitement que suivait le copilote. Selon le Parisien ce matin et plusieurs journaux allemands, Andreas Lubitz s’était vu prescrire de un antipsychotique atypique l'olanzapine (Zyprexa) et un antidépresseur l’agomélatine (Valdoxan). Aujourd’hui, les psychiatres observent que sans aucun doute un tel traitement est totalement incompatible avec le pilotage d’un avion (ces deux médicaments font d’ailleurs l’objet d’une contre-indication en ce qui concerne la conduite automobile). Par ailleurs, la prescription d' olanzapine (qui est indiquée dans le traitement de la schizophrénie, de certains épisodes maniaques et parfois en prévention des récidives d'épisode maniaque) confirme que le diagnostic porté par les prescripteurs n'était pas celui de simple dépression comme la presse le laissait entendre en fin de semaine.
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Germanwings : un survol du secret médical en Europe et dans le Monde

04/04/2015
C’est un cas d’école pour les juristes : lorsqu’un avion sous pavillon allemand, décolle de Barcelone pour s’écraser en France, avec à son bord des passagers européens, américains, argentins et vénézuéliens, sur la base de quelle loi les familles des victimes vont-elles pouvoir engager la responsabilité de ceux qui seraient considérés comme juridiquement responsables de la tragédie du vol 9525 de la Germanwings ?
La réponse est loin d’être évidente. Selon le standard du droit européen, est compétente la loi du pays « où est survenu le dommage ». Mais comment définir ce lieu avec exactitude ? Le dommage est-il survenu au moment où l’avion s’est écrasé dans les Alpes françaises ou doit-on considérer que le sort des passagers était scellé au moment où, dans un bureau en Allemagne, les responsables de la Lufthansa ont laissé un co-pilote dépressif et aux tendances suicidaires aux commandes d’un A320 ?
La question a une importance : les lois françaises, allemandes ou espagnoles peuvent apprécier différemment la gravité de la faute qui pourrait être retenue à l’encontre la Compagnie Lufthansa.
A ce jour, il est vrai que la Lufthansa est loin d’être la seule partie mise en cause par l’opinion publiquequi s’interroge sur les "responsables" du drame. Désormais, le secret médical est fortement contesté, pour ne pas dire mis en accusation.

Mais en réalité, qu’aurait pu faire le médecin traitant français ou étranger face au cas Andreas Lubitz ? La question diffère bien évidemment selon les pays…

En France, un secret médical absolu

Le Code de la Santé Publique est catégorique : le secret professionnel institué dans l'intérêt des patients s'impose à tout médecin (Article R.4127-4 du Code de la Santé Publique).
En France, le secret médical impose au médecin de ne jamais révéler ce qu’il a pu voir à l’occasion de son examen, mais également ce qui lui a été confié par le patient.
Ainsi, le médecin français qui aurait averti les autorités civiles ou la compagnie Lufthansa de la situation du co-pilote se serait exposé (tout au moins en théorie) à de lourdes sanctions. En effet, le Code pénal prévoit en cas de violation du secret médical une peine allant jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.

Y avait-il un syndrome d’Érostrate dans l'avion ?

 04/04/2015




Beaucoup a été écrit ou dit depuis le 24 mars sur le crash de l'A320 de la Germanwings et sur ses implications aéronautiques, juridiques, financières et bien sûr médicales.  Au point que Google nous propose aujourd'hui des centaines de milliers de pages sur ce drame.
Mais ici, Alain Cohen, avec sa triple casquette de psychiatre, de spécialiste de médecine aéronautique et de féru d'histoire et de mythologie, a pris un peu plus  de hauteur pour tenter de mieux entrapercevoir les multiples facettes de cette histoire humaine (forcément humaine) . 
Par  le Dr Alain Cohen*
« –Je le connais votre type, me dit-il. Il s’appelle Érostrate. Il voulait devenir illustre et il n’a rien trouvé de mieux que de brûler le temple d’Éphèse, une des sept merveilles du monde.
– Et comment s’appelait l’architecte de ce temple ?
– Je ne me rappelle plus, confessa-t-il, je crois même qu’on ne sait pas son nom.
–Vraiment ? Et vous vous rappelez le nom d’Érostrate ? Vous voyez qu’il n’avait pas fait un si mauvais calcul. »
(Jean-Paul Sartre, Érostrate, in Le Mur) 

Après l’émotion suscitée en France par les attentats de janvier, le crash de l’A320 de la Germanwings replonge à nouveau la société (en Europe et au-delà) dans une consternation affligée. D’autant plus que, cette fois-ci (bien qu’un scénario alternatif soit toujours possible, surtout pour les aficionados des théories du complot voyant des "mains invisibles" partout), il ne semble exister aucun arrière-plan idéologique ou terroriste à l’origine de cette catastrophe, mais la folie d’un seul homme… Ou surtout d’un homme seul ?

Décès de la doyenne des Français



Deux jours après le départ de la doyenne de l’humanité, celle des Français a à son tour tiré sa révérence. Marie Brudieux est décédée jeudi à Draveil (Essonne), à 114 ans. Cette ancienne femme de chambre, née le 26 mars 1901 à Saint-Salvadour (Corrèze), était entrée en mars 2004 en soins de longue durée à l'hôpital Joffre-Dupuytren de Draveil. Très affaiblie, elle venait de fêter son 114e anniversaire en présence de son neveu, la seule famille qui lui restait. Elle a été retrouvée morte à 6H00 du matin. C'est désormais, selon l'Inserm, Olympe Amaury, née le 19 juin 1901 à Tracy-sur-Loire (Nièvre) et qui réside dans une maison de retraite du Loiret, qui reprend le titre.
 

Loi de santé : des amendements pour la suppression de l’Ordre Infirmier

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NEURONAUTE, LE POLO POUR ÉPILEPTIQUE

Neuronaute, le vêtement connecté conçu par Bioserenity pour analyser les crises d'épilepsie
L’épilepsie, c’est difficile à diagnostiquer. Les protocoles d’observation à l’hôpital coûtent cher, et puis il est rare d’observer une crise en direct. Or, sans diagnostic précis, pas de traitement adéquat. D’où des examens qui peuvent s’étaler sur plusieurs mois. La startup française Bioserenity assure avoir résolu la question, avec un vêtement bardé de capteur. Le Neuronaute, constitué d’un t-shirt et d’un bonnet, suit en temps réel le patient et enregistre tous les paramètres physiologiques. Et permet, affirme l’entreprise, de réaliser en diagnostic en trois semaines.

mercredi 1 avril 2015

Aux Mozards, la psychiatrie désaccordée

Par Éric Favereau 30 MARS 2015

C’est un lieu historique de la psychiatrie publique de l’après-guerre : le secteur de Corbeil, au sud de Paris. Historique, car en 1971 Lucien Bonnafé a créé «les Mozards» dans le désert sanitaire de l’Essonne. A Corbeil-Essonnes, ce lieu ouvert a permis à ce psychiatre de mettre en pratique le désaliénisme, notion qu’il défendait entre toutes. Lucien Bonnafé, homme magnifique, était un militant communiste lié au milieu surréaliste. Pendant la guerre, il a dirigé l’hôpital Saint-Alban, établissement perdu en Haute-Loire où, avec un psychiatre espagnol anarchiste, François Tosquelles, il a jeté les bases de la psychothérapie institutionnelle, à l’origine du secteur. «Mais enfin qu’est-ce que c’est que la psychiatrie de secteur ? C’est essayer des pratiques faisant penser autrement», lâchait-il aux sceptiques.

Le principe de la psychiatrie de secteur, c’est le refus de la ségrégation du malade mental. Cela nécessite de la part de l’équipe soignante un travail d’intégration, de maintien ou de réintégration du patient dans son milieu familial social. A Corbeil, puis partout en France, c’est devenu la règle. Mais «aujourd’hui, ce secteur historique est menacé», alerte le psychiatre Paul Bretécher, une des figures du secteur de Corbeil. «Attendez, rétorque Jean-Michel Toulouse, le directeur de l’hôpital Sud-Francilien, dont il dépend, ce n’est pas la fin d’un CDD qui vous met en péril.» Ce directeur n’a pas tout à fait tort, ni tout à fait raison. A l’heure de la rigueur, le monde de la psychiatrie publique subit un durcissement budgétaire bien réel.

mardi 31 mars 2015

Détenus de scène à l’Odéon

ANNE DIATKINE

Ils sont dehors. Onze détenus de Fleury, 20 ans et des poussières, sur la terrasse du théâtre de l’Odéon. Ils sont dehors, et des cris s’échappent lorsqu’ils découvrent le ciel dégagé, la vue sur les toits, l’air «qui caresse le visage, ce n’est pas le même air qu’on a en promenade, c’est un air qui étouffe, celui-là !» Walid (1) fait mine qu’une main invisible s’approche de lui. «Quelle douceur !» Les garçons hèlent un groupe de jeunes filles en foulard sur le parterre du théâtre. Des passantes. Elles rient avec ces acteurs inconnus qui les encouragent à monter. Impossible, l’entrée est réservée aux professionnels ! Pas de surveillants ici, encore moins de «pinces», mais cinq conseillères pénitentiaires d’insertion et de probation, qui entourent la sortie. Ils sont dehors, donc, dans ce haut lieu de la culture qui n’était, il y a peu, qu’«une station de métro sur la ligne 4» pour la plupart. Aucun ne risquerait le moindre geste qui mettrait en péril cette sortie. Car que fait-on dans un théâtre, lorsqu’on y a pénétré par l’entrée des artistes ? Eh bien, on y joue !

Andreas Lubitz, enfermé dans le cockpit et en lui-même

CORINE PELLUCHON
Le geste d’Andreas Lubitz qui, le 24 mars, a volontairement précipité l’Airbus A320 de la Germanwings sur une montagne, provoquant la mort de tous les passagers et de l’équipage, pourrait donner raison à Kant qui rapprochait le suicide du meurtre. Celui qui est prêt à se donner la mort, parce que la vie ne lui apporte pas ce qu’il désire, se traite comme un moyen en vue d’une fin et serait également prêt à faire la même chose avec la personne d’autrui.
Cette manière de mettre sur le même plan les devoirs envers soi-même et les devoirs envers autrui présente des inconvénients, parce qu’elle ne tolère aucun vice privé et aboutit, selon la formule de Ruwen Ogien, à «criminaliser les crimes sans victimes», comme la gourmandise, l’onanisme, l’indécence.
De même, le fait qu’il n’y a pas, chez Kant, de différence de nature entre les devoirs envers soi-même et les devoirs envers autrui ne permet pas de comprendre l’essence du meurtre. On ne peut pas estimer que l’individu suicidaire est un meurtrier en puissance ni supposer que tous les meurtriers sont également désireux de se tuer. Le meurtre est le fait de mettre fin à la vie de quelqu’un d’autre sans le consentement de ce dernier. Il est, comme dit Levinas, la volonté d’exercer son pouvoir sur ce qui échappe à son pouvoir.
Il y a bien une violence dans le suicide qui est, comme le meurtre, un acte définitif et irréversible. Ce geste peut être aussi une manière d’accuser la société qui n’a pas été capable d’offrir à la personne ce à quoi elle pensait avoir droit. L’individu ne parvient pas à imaginer que la vie pourrait être autre chose que la répétition du même. Ce manque de possible souligne aussi la difficulté qu’il éprouve à se défaire de la logique de la puissance pour lâcher prise, et être disponible à ce que Henri Maldiney appelait la transpassibilité, le fait d’espérer l’inespérable, au-delà de toute attente. Le meurtre partage avec le suicide cette obsession de la maîtrise, mais c’est le sentiment d’impuissance qui conduit une personne à se tuer.

Délégation des actes de soins infirmiers : les syndicats s'insurgent

31.03.15

Plusieurs syndicats d'infirmiers libéraux, notamment Convergence infirmière et la Fédération nationale des infirmiers (FNI), s'insurgent contre l'article 30 du projet de loi de santé qui prévoit que des actes de soins infirmiers pourront être délégués à des professionnels des établissements et services médico-sociaux.

Des professionnels de santé lancent une "charte de la santé solidaire"

31.03.2015

Alors que l’examen du projet de loi santé débute aujourd’hui à l’Assemblée nationale, des professionnels de santé libéraux, salariés ou hospitaliers, des responsables d’associations de patients, des responsables administratifs et des universitaires ont profité de cette journée pour dévoiler une « Charte pour une santé solidaire ». Parmi la centaine de signataires on retrouve notamment le patron de Sciences Po santé, Didier Tabuteau (photo), le diabétologue André Grimaldi,l’hématologue Jean-Paul Vernant ou le psychiatre Bernard Granger, mais- aussi une douzaine de généralistes : Théo Combes, président du SNJMG, Didier Ménard, président du Syndicat de la médecine générale, Mady Denantes, Emilie Frelat, Jean-Jacques Boucart, Christian Bensimpon, Maud Gelly, Yves Gervais, Gladys Ibanez, Dora Lévy, Alain Beaupin et Anne-Marie Magnier.
D’après des propos rapportés par Le Monde, l’objectif de cette charte est d’énoncer "les fondements du système de santé de demain " et que "le débat public s’engage " en défendant un système de santé " fondé sur la solidarité ". Les signataires précisent en introduction de la charte "La santé est notre bien le plus précieux (…) Elle impose une politique de prévention et de réduction des inégalités sociales et territoriales de santé. Elle suppose également de garantir l’égalité d’accès aux soins quand survient la maladie. C’est pourquoi la protection sociale de la santé doit être financée par la solidarité " ajoutant qu’il faut toutefois distinguer "ce qui relève de la solidarité, et, à ce titre, devrait être entièrement financé par la collectivité, et ce qui relève de choix personnels".

Le gouvernement veut en finir avec les remises à la rue à la fin de l’hiver

LE MONDE |  | Par 


« Nous prenons acte de la volonté de sortir de la gestion au thermomètre et de l’urgence et nous jugerons aux résultats », souligne Christophe Robert, le délégué de la fondation Abbé-Pierre (photo d'illustration).


L’approche du 31 mars fait monter l’angoisse des 8 000 personnes hébergées dans les centres d’accueil d’hiver, dont les fermetures s’échelonneront du 1er avril au 30 juin. La ministre du logement, Sylvia Pinel, a assuré, le 24 mars, que 2 000 de ces places seront pérennisées à l’année, qu’il y aura des solutions pour les autres. « Personne ne sera à la rue », a-t-elle promis.

Mais pour Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion (Fnars), qui gère des centres d’hébergement, « le compte n’y est pas : beaucoup de personnes restent dehors car le 115, numéro d’urgence départemental pour les sans-abri, ne trouve pas de solution dans un cas sur deux ». M. Gueguen égrène la liste des centres qui vont fermer : « 780 places à Paris, 130 au fort de Nogent, à Fontenay-sous-Bois, où l’Armée du salut, qui le gère, a été prévenue à la dernière minute, 340 en Seine-Saint-Denis, 75 dans le Val-d’Oise, 108 à Troyes, 135 à Montpellier… »

Mme Pinel a aussi annoncé un plan sur trois ans pour réduire le recours aux hôtels, qui, en 2014, a représenté 40 000 nuitées pour un coût de 170 millions d’euros. Pour cela, le gouvernement ouvrira, en trois ans, 9 000 logements loués dans le parc privé. Des associations joueront les intermédiaires : ce sont elles qui sous-loueront les logements aux bénéficiaires en garantissant leur accompagnement social et le paiement des loyers aux propriétaires.

Seront aussi créées, dans ce but, 1 500 places en résidences sociales et 2 500 en centres d’hébergement, notamment pour les familles. « Il faut vraiment changer de logique, arrêter le gaspillage financier et surtout humain, plaide Sylvain Mathieu, chargé par le ministère du logement de piloter ce chantier. Il s’agit de réduire les nuitées hôtelières de 40 000 à 30 000. La ville de Londres a réussi à le faire », argumente-t-il.


Nolwenn Febvre : l’hôpital, même pas peur

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |  | Par 

L’enfant flotte dans son lit d’hôpital comme un naufragé sur son radeau, au milieu de l’océan. Recroquevillé, minuscule, cramponné à la main de sa mère qui, elle, semble sereine. Federica a vu son fils de 5 ans qui, quelques jours plus tôt, avait pourtant pleuré durant l’intégralité de la consultation d’anesthésie, partir vaillamment au bloc opératoire et en revenir sans davantage de sanglots. « Accompagné », apprécie-t-elle, par un jeu vidéo.


Nolwenn Febvre, fin mars 2015.


Ce tour de passe-passe anti-angoisse, elle le doit à Nolwenn Febvre, une infirmière anesthésiste qui a transformé le service de chirurgie pédiatrique de l’hôpital Sud, à Rennes, en vaste jeu pour enfants, les patients en héros, les médecins en bonshommes numériques. Et a ainsi arrêté les pleurs.

Trop souvent, le soir, dans sa tête, résonnaient les hurlements entendus dans l’antichambre de la salle d’opération. Petits terrorisés malgré les calmants, adultes pas loin de l’être autant au moment de s’éclipser. En 2011, usée par dix années de bloc, la jeune quadragénaire rêve de missions moins rudes. Mais envoie, sait-on jamais, un courriel au fabricant de jouets nantais Moulin Roty : n’aurait-il pas quelques doudous à offrir pour rassurer les enfants opérés en urgence ? Une centaine d’entre eux, arrivés en renfort, apaisent patients et soignants, moins impuissant face à la tristesse.


L’argent viendra du ferrailleur


Comment en financer d’autres ? Nolwenn Febvre embringue infirmiers et médecins anesthésistes dans un même élan et dans une association (Les P’tits Doudous de l’hôpital Sud) qui n’envisage pas de solliciter la direction financière. Trop de restrictions budgétaires. L’argent viendra du ferrailleur du coin : les 40 blocs opératoires du CHU se mettent à collecter les fils des bistouris électriques et les lames des laryngoscopes pour intubation, auparavant jetés après usage. Du cuivre et de l’Inox pour 200 euros par mois. Et 4 500 doudous à prix d’ami.

Le lapin a du bon mais n’empêche pas les hurlements quand les parents s’éloignent. C’est à la maison qu’un beau jour la solution saute aux yeux de l’infirmière, épouse d’informaticien et mère de deux enfants, tous scotchés à leur tablette. Un jeu vidéo qui reproduirait l’univers hospitalier avec des étapes à franchir jusqu’à l’opération, dès lors dédramatisée. Elle cherche l’application adaptée. 
Vainement. Même les Canadiens, si pionniers, n’y ont pas pensé. « Alors, on va la créer », dit-elle aux membres de l’association. Ils rient de bon cœur avant de comprendre que la présidente ne plaisante pas.


Un enfant hospitalisé se concentre sur le jeu vidéo « Le héros c’est toi ! ».


La loi Touraine aux bons soins des députés

ERIC FAVEREAU

C’est l’histoire de l’arbre qui cache la forêt. En l’espèce, d’une mesure - le tiers payant - qui monopolise les débats autour du projet de loi santé et masque toutes les autres mesures qu’il contient. Pourtant ce texte qui commence à être débattu ce mardi au Parlement, est bourré d’autres choses et rempli de dizaines de petits articles qui peuvent transformer à terme nos rapports avec la santé. Au tout début, avant que n’éclate la controverse sur le tiers payant, la principale critique adressée au projet de loi de Marisol Touraine était son côté fourre-tout et le manque de visibilité de l’ensemble. Avec un texte de 57 articles (et près de 2 000 amendements déposés), il y a de quoi, c’est vrai, perdre la tête. Revue de quelques mesures phares.