Pierre Bruno examine point par point les différentes dimensions de l'expérience de la cure analytique. Une psychanalyse, soit l'expérience d'une cure, suit la trajectoire d'un déchiffrement, celui de l'inconscient, jusqu'à faire l'épreuve du bord au-delà duquel cet inconscient devient réel, c'est-à-dire ininterprétable. |
Il est des vies dévastées et fulgurantes, sublimées par une oeuvre d'exception. On songe naturellement à Mozart, Van Gogh, Anne Frank et tant d'autres. Rien de tel cependant avec Henrietta Lacks : cette Américaine d'origine africaine connut un dur destin de labeur et d'infortune, dans les Etats-Unis des années 1920-1950, marqués par la ségrégation ethnique. Pourtant cette éternelle jeune femme, morte à 31 ans, est connue des laboratoires du monde entier.
C'est qu'à son insu elle aura légué à la science un héritage impérissable : les toutes premières cellules humaines immortelles au monde. Ses propres cellules, prélevées sur son utérus quelques mois à peine avant qu'un cancer ne l'emporte, en 1951. Leur nom de code : HeLa. Un sigle familier à tous les chercheurs en biologie ou médecine - tiré des premières lettres de son prénom et de son nom. "C'est une des rares lignées à avoir acquis un statut de "gold standard" de la recherche ", note Hervé Chneiweiss, président du comité d'éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
"Alignées bout à bout, les cellules HeLa, produites depuis le début de leur mise en culture, feraient au moins trois fois le tour de la Terre, s'étirant sur plus de cent mille kilomètres. Impressionnant, pour ce petit bout de femme d'un mètre cinqu ante", écrivait la journaliste Rebecca Skloot dansLa Vie immortelle d'Henrietta Lacks (Calmann-Lévy, 2011). Un film sera bientôt tiré de cette biographie.