RÉCIT
Venus de Pologne et «mal adaptés», les frères Johan et Aurélien Toinon sont accusés de l’assassinat de leur mère adoptive en 2010. Verdict ce soir.
Ils sont arrivés chacun de leur côté, sans se parler, sans se retourner l’un vers l’autre, puis se sont figés côte à côte dans le box, droits comme des i, des statues parallèles. Ça n’a pas duré longtemps. Ensuite, il y a eu un mot à voix basse, puis un autre, des regards, un demi-sourire. Johan et Aurélien Toinon sont frères et depuis la naissance compagnons de misère. Tout en eux connaît l’autre par cœur.
Lorsque, le matin du 15 juillet 2010, une voisine a découvert le corps d’Annie Toinon, 58 ans, allongée sur son lit le crâne et la mâchoire fracassés, les soupçons des gendarmes se sont assez vite portés sur ses deux derniers fils adoptifs, Johan et Aurélien. «Parce qu’ils étaient violents», dit-on dans le village de Saint-Galmier (Loire), 3 000 habitants. «Parce qu’ils ne se sont jamais adaptés.» Une enquête a été ouverte sur cette intuition, et menée surtout à charge. Les voilà aujourd’hui devant la cour d’assises de Saint-Etienne, accusés depuis une semaine de «meurtre avec préméditation». Un matricide, crime rare au parfum de mythe et de scandale. Une histoire d’adoption qui aurait mal tourné. La salle d’audience est bondée.