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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 11 novembre 2012

Invitation — Entrée libre (Attention : portiques de sécurité à l’entrée du Palais de justice de Paris. Venir avec une demi-heure d’avance) :
Le Syndicat de la magistrature, à l’occasion de son 46econgrès, organise un colloque sur le thème « Liberté, sécurité, soins : la nouvelle diagonale du fou » qui se tiendra au Palais de justice de Paris, salle des Criées le vendredi 23 novembre 2012 de 14 heures à 19 heures.
Ce colloque a pour ambition de dresser un bilan critique de l’application de la loi du 5 juillet 2011 et d’ouvrir des pistes de réflexion pour une réforme des soins psychiatriques, rendue indispensable notamment par la décision du Conseil constitutionnel du 20 avril 212 ; il réunira de nombreux intervenants, dont Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté, Nicole Questiaux, membre de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, ainsi que des soignants, des représentants d’usagers, des magistrats étrangers, ...
Vous êtes cordialement invités à venir assister à nos travaux dont vous trouverez le programme complet ci-dessous et en pièce jointe.
N’hésitez pas à diffuser largement dans vos réseaux !
Bien cordialement,
Le bureau du Syndicat de la magistrature

L'encyclopédie des bébés, Tome 3 : Psychanalyse du nourrisson 
de Daniel Goossens
Si le bébé se conduit comme un ivrogne, il mérite aussi le respect

Suite et fin des divagations de notre prof-chercheur en intelligence artificielle, et accessoirement auteur de BD. Goossens va se lancer à sa manière dans une étude psychologique du nourrisson, afin de répondre à des questions que tout le monde se pose, notamment : pourquoi les bébés se perdent dans les grands magasins si ce n’est pour chercher inconsciemment leur mère ? L’auteur nous livre quelques bons conseils lorsque l’on croise un bébé abandonné sur le parvis d’une église ou souffrant de solitude : ne pas oublier de lui faire un petit signe amical.

Tout ça est passionnant, toujours alimenté par des « brochettes de spécialistes » et surtout le billet de l’inénarrable Jacques Boudinot. Amateur d’humour absurde, pré
cipitez-vous sur cette encyclopédie élaboré avec soin par le maître en la matière, j’ai nommé Daniel Goossens. Vous n’en saurez pas davantage sur les bébés et leurs mystères, mais vous serez vraisemblablement secoué de crises de rire nerveux pour peu que vous rentriez dans son univers…

Jean-Martin Charcot, la face cachée d'un neurologue

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
Figure mythique de la neurologie et de la psychiatrie, le professeur Jean-Martin Charcot (1825-1893) voit son image sensiblement écornée dans le film Augustine, d'Alice Winocour, en salles depuis le 7 novembre. Dans le rôle principal, Vincent Lindon incarne avec finesse et profondeur cette sommité médicale, pour qui fut créée la toute première chaire de neurologie du monde , en 1882, à l'hôpital de la Salpêtrière (Paris).
Mais cette oeuvre dresse le portrait sombre d'un Charcot impénétrable, mutique, aux émotions verrouillées. Un clinicien certes habité par son métier, mais débordé par ses ambitions académiques. Augustine décrit aussi sa relation ambiguë avec sa patiente éponyme (la chanteuse Soko). La parfaite incarnation de cette définition de l'hystérique selon Lacan : "Une esclave qui cherche un maître sur qui régner." Au sommet de l'échelle sociale, le mandarin va progressivement se laisser séduire par cette malade tout en bas de l'échelle, dans une société d'une froide cruauté.

Petits « bavardages » entre e-patients...


Sur Internet, on peut tout commenter, critiquer et évaluer. Même les médecins. Plusieurs annuaires en ligne référencent les professionnels de santé, au même titre que les restaurants et les coiffeurs. Les internautes sont invités à laisser leur avis de façon anonyme, ce qui entraîne parfois quelques dérapages. Face à ces pratiques, la profession s'interroge. Les médecins, eux aussi doivent-ils être notés ? Et si oui, par qui ?

Vous vous demandez ce que vos patients pensent de vous ? Un petit tour sur Internet vous permettra peut-être d'obtenir une réponse. En effet, plusieurs sites proposent à leurs utilisateurs de noter les professionnels et de donner leur avis sur de nombreux commerces et services de proximité. C'est ce qu'on appelle la recommandation sociale. Jusqu'ici, les commentaires concernaient surtout la restauration et le tourisme. Mais les praticiens commencent eux aussi à être auscultés par leurs patients. En témoignent les avis d'internautes de plus en plus nombreux sur les différents annuaires de référencement.

« Excellent médecin tant par sa qualité d'écoute que par ses très bons diagnostics. Très disponible », peut-on ainsi lire sur le site justacote.com au sujet d'un médecin rennais. « C'est un médecin bienveillant, droit et à l'écoute, sérieux et professionnel sans être alarmiste », félicite une internaute sur Qype.fr, un site concurrent. Et si les avis sont majoritairement positifs, les critiques peu flatteuses ne manquent pas. « Très désagréable. Il me répond très mal et s’énerve. Je crois qu’il a un ego surdimensionné », peste une utilisatrice nantaise. On trouve aussi des remarques liées à la disponibilité des praticiens, le temps d'attente ou encore les tarifs pratiqués. « Médecin sans reproche particulier, si ce n'est qu'il est en honoraires libres, soit 40 € la consultation », note un patient parisien sur Google adresses, le service de recommandation sociale du géant de l'informatique.

Le plaidoyer de Christian Lajoux pour l’innovation


Christian Lajoux quittera ses fonctions fin décembre et revient dans son dernier livre sur ses six ans à la tête du Leem (Les entreprises du médicament). Occasion pour lui de tourner la page Mediator et d’appeler le nouveau gouvernement à bâtir une politique industrielle autour du médicament.
De ses six ans passés à la tête du Leem, les deux dernières auront incontestablement été les plus rudes pour Christian Lajoux. Le patron des patrons de laboratoires le suggère fortement dans un livre sorti jeudi en librairie. À la veille de quitter ses fonctions fin décembre, il y livre son testament politique sous un titre qui pourtant ne laisse la place ni à la nostalgie, ni à l’assoupissement : « Médicament : l’état d’urgence ».

LE REPÉRAGE DE L’ANOREXIE MENTALE


Face à un adolescent qui semble avoir une conduite anorexique, il faut savoir poser les bonnes questions. Retour sur les recommandations françaises de 2010 et sur les modalités de repérage de l'anorexie mentale.

Paul-Laurent ASSOUN
"Leçons psychanalytiques sur La Jalousie"
Paris, Anthropos, 2011

Information du 08.11.12 11:03
A nouveau, Paul-Laurent Assoun nous captive tant par le choix du thème de son livre, par la justesse de vue de ses références théoriques, que par l’adéquation de ses investigations métapsychologiques, de sa pensée et de son approche scientifique de la clinique. Cette dernière leçon psychanalytique qui vient de paraître a pour originalité de traiter d’un sujet sortant du cadre conceptuel proprement psychanalytique contrairement aux autres thèmes de ses leçons Les phobies, L’angoisse, Le masochisme, Masculin et Féminin, Le transfert et Le fantasme


Rapport pacte social à l’hôpital retardé

Annoncé à la fin de l’année puis dans la première quinzaine de janvier, le rapport commandé à Edouard Couty sur le pacte social à l’hôpital devrait désormais être remis à la ministre dans la seconde quinzaine de janvier. Des débats intenses, une exigence de parole exprimée par les participants seraient à l’origine de ce retard.
Information du 08.11.12 11:03
Le CIANE lance une grande enquête auprès des femmes sur leurs accouchements
Télécharger le communiqué (pdf) CP_Questionnaire_Ciane_20120305 
Le CIANE lance une enquête par internet sur le déroulement des accouchements et la manière dont les vivent les femmes. Celles-ci auront ainsi accès à une plateforme leur permettant de s’exprimer, ce qui rencontre manifestement un besoin très grand des femmes: l’enquête mise en ligne fin février a recueilli en 5 jours 1700 réponses, par le seul jeu du bouche à oreille !

L’Arlésienne du « jeu vidéo pour fille »

Dans deux articles publiés en octobre et novembre par le Huffington Post Britannique, dont l’un est traduit le 6 novembre par la version française du site, Peter Hofstede, directeur du développement des jeux chez SpilGames, exhorte les acteurs du jeu vidéo à explorer "un immense filon encore inexploité par le secteur du jeu vidéo" : le "gaming pour les filles".
Sans la moindre interrogation, le joueur des dernières décennies y est décrit comme un “adolescent garçon jouant des heures sur sa console", comme un "core-gamer", deux stéréotypes ici présentés comme les seuls profils types constituant le public des jeux vidéo (1).
Le terme de "joueuse" n’est pas présent une seule fois au sein de l’article : le jeu vidéo est un domaine de “joueurs”, les adolescentes en sont exclues, considérées comme un public spécifique et non-acquis qu’il faut conquérir par une offre ciblée. Dans sa version française, l’article est même illustré par une photographie de la série The Big Bang Theory montrant le personnage de Penny, stéréotype de la "dumb-blonde" qui ignore tout des technologies et des cultures qui les entourent, et dont le petit-ami constitue son seul lien avec cette culture dite "geek".
Remake

Remake

Jean Imbeault
collection Penser rêver
Parution :  octobre 2012

Résumé

En abordant l'empreinte freudienne dans Le guépard ou la portée de la pensée d'Aristote dans Head on, J. Imbeault cherche à circonscrire l'échange et la concordance entre cinéma et psychanalyse.

Quatrième de couverture

Remake est le livre d'un psychanalyste qui a beaucoup aimé - et qui aime encore - voir des films. Son ambition n'est pas d'en proposer une interprétation psychanalytique. Au contraire, il a constaté que le cinéma jetait sur certaines difficultés concrètes de l'analyse une lumière différente, un éclairage plus net. Onze films sont ici repris - remake veut dire reprise -, résumés, décomposés et recomposés avec l'idée de mettre au jour la concordance entre le cinéma et la psychanalyse.

La progression n'est pas celle d'une dissertation, mais d'un journal. Autant de dates, autant de séances : comme dans une cure, des histoires qui d'abord semblent se tenir, puis deviennent bientôt obscures ; des fragments qui se détachent tout seuls de ces histoires ; des hypothèses, des conjectures, des constructions qui s'éteignent peu à peu dans le silence ; quelques éclairs ; des répétitions insistantes...

Le livre s'emploie à refaire - réfection, autre sens de remake - des bouts de la théorie freudienne et de sa pratique. C'est le livre d'un amoureux de l'analyse, qui, jour après jour, cède au cinéma de la vie.

Hôpital : la commission des Affaires sociales du Sénat revient sur l’encadrement de l’activité libérale

Mercredi, la commission des Affaires sociales du Sénat a examiné le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2013. Présidée par la sénatriceAnnie David (Isère, groupe communiste), la commission a rejeté l’amendement voté par les députés (en première lecture) sur l’encadrement de l’exercice de l’activité libérale à l’hôpital, qui a provoqué le courroux des praticiens hospitaliers.
Le rapporteur général Yves Daudigny (AisnePS) s’est dit« complètement en phase sur le fond du problème avec Christian Paul », député (NièvrePS) auteur de l’amendement sur l’activité libérale. Mais la ministre de la Santé ayant confié une mission similaire à la conseillère d’État Dominique Laurent, la commission a préféré faire marche arrière pour une « question de timing », a-t-il expliqué. « Il n’a pas paru opportun que le législateur vienne introduire des mesures qui pouvaient paraître stigmatisantes pour la profession médicale », a ajouté YvesDaudigny.
La commission des Affaires sociales a par ailleurs adopté d’autres amendements relatifs à l’assurance-maladie : amélioration des modalités de contrôle de la tarification à l’activité (T2A), anticipation de la prescription en DCI pour les médicaments, possibilité de substitution pour les médicaments biosimilaires, majoration du forfait CMU-C pour l’ensemble des organismes gestionnaires (et pas seulement pour laCNAM).
Une nouvelle contribution sur l’huile de palme a aussi été adoptée au profit de la Sécurité sociale, afin d’inciter l’industrie agroalimentaire à lui substituer des composants moins nocifs pour la santé.
› A. B.-I
lequotidiendumedecin.fr 07/11/2012


Colloque de l’association Franco-Argentine de psychiatrie et de santé mentale

La psychanalyse a été pendant le XXème siècle la référence théorique et clinique en psychiatrie et en santé mentale. A partir des années ’80, cette hégémonie commence à décliner au profit de la psychiatrie biologique, américaine notamment. Aujourd’hui, alors que le prestige de la psychanalyse est remis en cause dans le monde, la France et l’Argentine restent les deux bastions où elle garde une place prépondérante dans la santé mentale. Ce colloque rendra compte des implications réelles de la psychanalyse dans les champs social et clinique de ces deux pays. 
Avec
Xavier Bonnemaison, Serge Cottet, Susana Elkin, Bruno Falissard, 
Bernard Golse, Juan Pablo Lucchelli, Julia Martin, 
Bernard Odier, Alfredo Oliveira, Martin Reca,
Isabelle Salmona, Emilio Vaschetto, Dominique Wintrebert
MAISON ARGENTINE – CITE UNIVERSITAIRE
37, Bd. Jourdan 75014 Paris.
1er DECEMBRE 2012 14h – 19h.
Entrée libre
Inscriptions : Juan Pablo Lucchelli
lucchelli@hotmail.com  – Tél : 0142030802
Mais que se passe-t-il dans la tête d'un enfant qui apprend à lire ?
Jean-Pierre Winter explore les mécanismes de l'apprentissage de la lecture. Extrait de "Transmettre (ou pas) de Jean-Pierre Winter (2/2).
L'éducation, l'enseignement, la psychanalyse, les religions, la religion posent des questions tellement massives que pour chacun de ces thèmes, j'essaierai de resserrer le propos sur un point précis qui servira d'appui pour entamer la réflexion. Je vais ici me pencher plutôt sur la question de l'enseignement, qui n'est pas sans rapport avec l'éducation. Je partirai d'une affirmation de Freud que l'on trouve dans l'Introduction à la psychanalyse.
L'idée qu'il introduit a surpris bien du monde, au point de déclencher chez beaucoup d'éducateurs, de philosophes, de pédagogues une espèce de passion visant à la récuser. Freud écrit :  « Le petit bonhomme est déjà entièrement formé dès la quatrième ou la cinquième année et se contente de manifester plus tard ce qui a été déposé en lui à cet âge. » 
Autrement dit – si Freud ne se trompe pas –, à quatre ou cinq ans, les jeux sont faits ! Quand le petit bonhomme entre à l'école pour y recevoir un enseignement, on peut se demander ce qu'il vient y faire.

Qui pour me soulager de mon acte ? De la place de l’homme à l’embryon.
Publié dans :  Psychanalyse à l'hôpital

Publié le :  29 octobre 2012
par Annie Ascher – Texte présenté aux journées de Mars 2011 -
version .doc téléchargeable : De la place de l’homme à l’embryon A.Ascher
Résumé:
         En 1987 un groupe de soignants du C.H.R.U. de Lille ,désorientés par  les progrès récents de la technoscience médicale s’interroge sur les effets de la P.M.A.
          Bien que la femme ait une place prédominante lors de ce parcours éprouvant ,ce groupe questionne la place de l’homme et/ou du père lors de cette procréation hors sexe.Emerge la question :qu’est-ce que la guérison en matière de stérilité?
          Le médecin est ,de plus en plus,mis en demeure de traiter des malades en tentant de les guérir, ou plutôt ,hélas, de rectifier ce qui fait défaut.Cette dernière démarche est sous-tendue par l’illusion de la toute-puissance thérapeutique démentie par la rencontre avec la catégorie de  l’impossible.pointe alors la différence structurelle entre le symptôme conçu par la médecine et le symptôme psychanalytique, voire le sinthome .
          Enfin serait-il encore possible  en 2012 d’animer un tel 

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Compte courant du sperme

26 octobre 2012

Il y a un pouvoir encore plus fort que celuique confère l’argent, la politique ou la célébrité. Une puissance face à laquelle on ne peut que plier, s’agenouiller, se tenir pour vaincu d’avance. Ce privilège est celui que les femmes ont acquis depuis quelques décennies sur la sexualité masculine. Et je ne fais pas allusion aux actes indélicats, voire brutaux, commis contre elles par des hommes et qui impliquent une responsabilité juridique, corollaire d’une faute de leur part. Je veux parler des situations dans lesquelles, même si un homme n’a pas commis la moindre faute, même s’il s’est montré doux, attentionné et s’est mis entièrement au service du plaisir d’une femme, celle-ci peut le contraindre par la voie judiciaire à devenir père de l’enfant qu’il a engendré.
Récemment, les médias ont dévoilé deux affaires qui nous ont rappelé l’ampleur de ce pouvoir : Rachida Dati, qui assigne le milliardaire Dominique Desseigne en reconnaissance de paternité, et une ancienne conquête de Jean-Luc Delarue, dont l’enfant âgé de 12 ans pourrait obtenir un tiers de sa succulente succession. On dira qu’il est dégueulasse qu’une société qui a donné aux femmes le pouvoir de décider librement de la maternité (contraceptifs, avortement, accouchement sous X) oblige les hommes à devenir pères des enfants qu’ils ont conçus parfois par une imprudence ou un simple accident.
Même si une femme s’empare du sperme d’un homme à l’insu de celui-ci ou contre son gré, la paternité sera malgré tout attribué à l’homme.

Docteurs, montrez la langue ! L'éditorial du "Monde des livres"

LE MONDE DES LIVRES | 
Chers psychanalystes, il est grand temps de retourner à Freud. Voilà ce qui vient à l'esprit en lisant la correspondance du maître viennois avec sa fille Anna, que nous saluons aujourd'hui. Il s'agirait moins d'un retour aux sources conceptuelles que de retrouvailles avec le style. Car il en va de la psychanalyse comme de toutes les théories révolutionnaires : le coup d'envoi, c'est la rencontre d'une idée et d'une écriture. Et le coup de blues, maintenant, c'est aussi l'oubli de la langue par des thérapeutes qui font pourtant métier de lui prêter l'oreille. Ainsi s'expliquerait la marginalisation de la psychanalyse sur les tables des libraires : pour un livre bien écrit, combien d'autres jargonnent ? Quand on est un ami de la psychanalyse, on lui doit de dire cette vérité. Me revient en mémoire le cas d'une sommité du freudisme français, homme fort estimable au demeurant, qui se plaignait de voir ses tribunes refusées par Le Monde. Comme de bien entendu, il voulait croire à une omerta ourdie par d'occultes réseaux, conspirant jour et nuit à le bâillonner. Or, sa prose était illisible. Ce qu'il a bien fallu lui expliquer.
Oui, chers psychanalystes, cela ne tient qu'à vous, vous pouvez encore renouer avec Freud, retrouver cet homme de style auquel Patrick J. Mahony rendait hommage naguère (Freud, l'écrivain, Les Belles Lettres, 1990), comme le font à leur tour Edmundo Gomez Mango et J.-B. Pontalis dans un essai qui paraît sous le titre Freud avec les écrivains (Gallimard, "Connaissance de l'inconscient", 398 p., 21 €). Le père de la psychanalyse "utilise toutes les ressources de la langue pour incarner sa propre pensée", rappellent les auteurs, qui reviennent sur son amour pour Goethe ou Shakespeare et sur ses échanges avec Stefan Zweig, Thomas Mann ou Romain Rolland, ses contemporains. Exploration de l'inconscient et horizon du roman, vérité du désir et beauté du concept, soin des âmes et jouissance de l'écriture : le vrai retour à Freud, c'est le retour à la littérature.

Elisabeth Roudinesco: "Freud pense la famille comme une tragédie"

LE MONDE DES LIVRES | 
Marié en 1886 avec Martha Bernays, Sigmund Freud a six enfants, nés entre 1887 et 1895. La correspondance avec ses cinq premiers, Mathilde, Martin, Oliver, Ernst et Sophie, est publiée chez Aubier. Celle avec Anna, sa cadette, chez Fayard. Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse, collaboratrice du "Monde des livres", en assure la préface. Entretien.
C'est un Freud très investi dans les affaires familiales qui se révèle dans ces deux correspondances. Il maintient les liens, aide financièrement ses enfants et leur témoigne de la tendresse. Que représente pour lui la famille ?
La famille a une importance capitale dans la vie de Freud et dans sa doctrine. La psychanalyse est née de la transformation du statut de la famille en Europe, marquée par l'abaissement de la toute-puissance des pères, par la montée du féminisme et par l'importance des droits de l'enfant. Freud s'occupe de jeunes femmes hystériques en rébellion contre des frustrations sexuelles. Il s'intéresse comme tous les savants de son époque à la sexualité infantile.

mercredi 7 novembre 2012

«Augustine», psy causes

Par DIDIER PÉRON
Hosto . Alice Winocour retrace les relations troubles entre le professeur Charcot et son cobaye.
«Les femmes qui entraient à la Salpêtrière […] appartenaient à la catégorie des servantes nerveuses ou surmenées ; ou des concierges, lectrices de faits divers ; ou des filles ; ou de petites "Bovary" bourgeoises, désireuses de se rendre intéressantes, et qui avaient entendu parler du mal à la mode…» Le ton méprisant de l’article de Léon Daudet, qui avait assisté avec son père, Alphonse, aux fameuses présentations de malades hystériques organisées tous les mardis par le professeur Charcot dans son service, en dit long sur l’état d’esprit de nombreux observateurs de l’époque.
Alice Winocour, 36 ans, signe avec Augustine un premier film qui revient sur ce moment fascinant de la psychiatrie au seuil de la psychanalyse (Freud sera brièvement l’élève de Charcot et son traducteur en allemand) qui se noue dans la relation entre le grand praticien, mondialement célèbre, détenteur de la première chaire de «maladie du système nerveux» (créée en 1882 à Paris), et ses patientes convulsives, toujours plus nombreuses et pâmées, atteintes de diverses paralysies, insensibles à la douleur en certaines parties de leur corps mais sans lésion ou pathologie organique.
Rencontres vidéo en santé mentale 2012
22 novembre 2012
Programme Colloque 2012

Patients et Traitements Psychiatriques à l’Écran, 5 et 6 décembre 2012, EHESS Paris, salles de conférence Réseau Asie.

Colloque pluridisciplinaire organisé par Jean-Christophe Coffin (MCF Paris V Descartes), Nausica Zaballos (doctorante Centre Alexandre Koyré – IRIS) et Alessandro Manna (doctorant IRIS)

«Être là», cellules grises

Par GÉRARD LEFORT
Taule. Régis Sauder a passé trois semaines avec l’équipe psy de la prison des Baumettes, à Marseille. Plongée dans la folie sous écrous.

Images floues, zoom frénétique, cadre traviolisé, son syncopé. Les premiers instants du documentaire Etre là sont agités et pourraient rebuter tant ils semblent citer le style de n’importe quel générique d’une série américaine «moderne». Le choix du noir et blanc semble relever, lui aussi, d’une afféterie esthétique. Or, pas du tout. Lorsque Etre là prend son envol, ces choix formels s’imposent comme des nécessités.
Mégalithes moraux. Le réalisateur, Régis Sauder, a passé trois semaines à l’été 2011 en compagnie d’une équipe de psy de la prison des Baumettes, à Marseille. Accéder avec lui à cette «bulle» est une épreuve qui pousse de lourdes portes et bouscule bien des a priori. Alors oui, ça doit chahuter. Le noir et blanc est lui aussi un parti pris dicté par les circonstances. Dans ce «monde à part» de la psychiatrie en milieu carcéral, on apprend à pas de loup que les relations humaines se nouent et se dénouent en contrastes tranchés où surgissent des mégalithes moraux. Rien de moins que le Bien et le Mal. Alors oui, le noir et blanc est idoine.